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judicieusement notre géographe, eft, fans doute, l'effet des vapeurs qui s'exhalent du

fond.

La métropole de Naples poffede, comme l'on fçait, une fiole remplie du fang de St. Janvier, que l'on fait liquéfier, & couler en approchant cette fiole de la tête du faint. « C'est dommage, dit l'auteur, que ce prétendu miracle ne fe faffe qu'à l'aide du mercure,que l'on fait entrer adroitement par une foupape, Le gouvernement, dans tous les pays, devroit lévir contre ces nouveaux Comus, qui fe jouent des chofes les plus facrées, en cherchant à en impofer à la crédule populace par leurs tours, de force ou plutôt d'adreffe): de pareils faltimbanques font un tort irréparable à la religion ».

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Entre Pouzzol & Naples, on trouve une caverne appellée la grotte du chien, & qui eft creusée au niveau d'un petit lac nommé Agnano, dont l'eau, quoiqu'affez claire & fans mauvais goût, bouillonne prefque partout, fans qu'on s'apperçoive d'aucune chaleur. Les vapeurs qui fortent de cette grotte, font très-fortes: fi l'on preffe contre terre le mufeau d'un chien, il meurt en moins de 2 minutes: un flambeau présenté à l'entrée de la caverne, s'éteint auffitôt. On regarde ces vapeurs comme vitrioliques & métalliques: de-là vient, dit-on, que, par leur pefanteur naturelle, elles s'élevent feulement de 4 pouces en hiver, & d'un pied en été. Tom. III. Part. 1.

C

Elles n'ont d'ailleurs, ni la fraîcheur, ni l'élafticité néceffaires pour la refpiration, & il n'en faut pas davantage pour faire mourir les animaux dans cette grotte, qui, par elle-même, n'a rien de nuifible.

Au nord du lac Agnano, l'on voit une montagne dont le fommet paroit tout blanc, & pouffe continuellement des vapeurs épaiffes & de la fumée. Au milieu de cette montagne eft une vallée qui a 2300 pas de long fur mille de large: on l'appelle Solfatara, c'est-à-dire, la foufriere, & les hibitans des environs y ramaffent quantité de foufre. Lorsqu'on y marche, l'on entend la terre réfonner fous les pieds, comme un tambour on fent même l'eau bouillir, & l'on en voit fortir la fumée par plufieurs trous avec une groffe pierre; la force de la vapeur la jette bientôt très-loin de-là.

lly a dans cette vallée un grand étang, dont l'eau noire, très-efficace contre plusieurs maladies, bout fans ceffe. Elle a 68 degrés de chaleur celles de Barege & de Bagneres, quoique fort chaudes, ne vont pas au delà de 40. On remarque que lors des agitations de la mer, cet étang eft beaucoup plus couvert de foufre qu'à l'ordinaire. Autour de cette vallée, on apperçoit plus de 2 mille trous, d'où il fort continuellement une fumée de foufre, d'alun, de fel ammoniac & d'autres minéraux, que les médecins regardent comme très-propres à guérir diverLes infirmités.

Le long du lac Agnano, l'on trouve auffi quantité de petites cellules voutées, dans lefquelles, auffitôt qu'on y eft entré, l'on fent une fueur par tout le corps. On affure que ces étuves naturelles, appellées étuves de St. Germain ( du nom d'un évêque de Capoue,dont parle St. Grégoire dans fes Dialogues), font de la plus grande efficacité contre la goutte, les rhumatifmes, les autres maladies de cette efpece, & même contre les ulceres intérieurs.

Nous terminerons cet extrait en rappor· tant une anecdote affez finguliere, & qui a beaucoup contribué aux révolutions que la ville de Bénévent a éprouvées. « Adelchife, femme de Sicard, duc de Bénévent, ayant été vue, par hazard, toute nue (en 832) par un citoyen de cette ville, réfolut de s'en venger. Quelque tems après, elle invita toutes les femmes des principaux habitans à fe rendre au palais, comme pour leur donner une fête. Lorfqu'elle les eut en fon pouvoir, elle leur fit couper à toutes leurs vêtemens jufqu'à la ceinture, & les fit promener, en cet état, dans les rues & dans les places de la ville ».

M. Maffon paroit avoir profité des divers matériaux qu'il a eu fous les yeux; mais l'on pourroit peut être defirer un peu plus d'ordre dans quelques parties de fon ouvrage, & plus de correction dans fon ftyle.

Refutation de l'ouvrage qui a pour titre: Dialogues fur le commerce des bleds. Grand in-8°. de 318 p. A Londres, & fe trouve à Paris, chez les freres Etienne.

D

Es écrivains qui joignent à des connoiffances profondes en matiere économique, des vues épurées, un zele défintéreffé pour le bien public, follicitent, d'une voix unanime, la liberté entiere du commerce des grains. Leurs principes fondamentaux, & d'où découlent les autres, ainfi que toutes leurs conféquences, font, comme on fçait, le droit facré & inviolable de la propriété, & les progrès de l'agriculture, fans Jefquels il ne peut y avoir ni richeffes, ni bonheur dans un état. Il est évident, difent-ils, qu'on ne peut empêcher le culti vateur de vendre fa denrée au prix le plus avantageux, fans atteinte à fa proporter priété, & qu'on ne doit jamais efpérer d'étendre les progrès de l'agriculture, qu'en laiffant au cultivateur la liberté d'en tirer tout le profit poffible.

Ne pourroit-on pas néanmoins répondre à nos fçavans économistes, qu'ils fuppolent dans l'ordre focial une propriété abfolue, qui ne semble pas y être en effet. En eft-il qui ne foit fubordonnée à celle de

l'état, qui ne foit dans l'obligation de se facrifier dans le cas d'une défense légitime, pour le maintien de la police intérieure &c. ? Voilà donc la propriété individuelle grevée de charges plus ou moins onéreufes, fuivant les circonftances; mais à quoi lui ferviroit d'employer une partie de les fruits à défendre la patrie, à y entretenir le bon ordre, fi les citoyens mouroient de faim? D'où ceux-ci tireroient-ils leur fubfiftance, fi ce n'eft de la terre, c'eft-à-dire, de la propriété celle-ci a donc encore une obligation, celle de nourrir les membres de la fociété à des conditions raifonnables. Ces feigneurs qui étoient, fous la feconde race des rois de France, tenus de nourrir le fouverain lors de fon paffage fur leurs fiefs, font l'image de cette efpece d'impôt; la loi de la conceffion les y avoit affujettis. Le régime focial l'exigeoit de tous les propriétaires: il ne peut être dans les principes d'une fociété réguliere, que la propriété répandue fur un très-petit nombre de citoyens, enleve ou difpute la nourriture à la claffe infiniment plus nombreuse des falariés ou des non-poffeffionnés. La néceffité de veiller à fa fubfiftance eft pour elle dans l'ordre politique, comme dans l'ordre de la nature, le correctif peut-être le plus fage de l'inégalité du partage des terres. Il s'eft fait, n'en doutons point, à la formation des fociétés, un pacte fondé fur le vœu de la na

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