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de profedeur pendant le fecond hiver de fon féjour dans cette capitale avant de la quitter, il prononça un difcours fur le cerveau. De retour à Gottingue, il s'y appliqua de nouveau, fous M. de Haller, à li phyfiologie, à la botanique & furtout à l'anatomie. Après avoir difféq é, pendant deux années, une multitude de cadavres, il reçut le bonnet de docteur, & publia pour differtation inaugurale, un traité complet fur la cinquieme paire des nerfs du cerveau: par ce traité, dit M. F., il fe fit une réputation à laquelle on parvient rarement d'auffi bonne heure. « Ce n'est pas, ajoute-t-il, qu'on ne vît bien que M. Meckel prenoit & reconnoiffoit pour guide M. de Hailer mais en honorant fon maitre par fa gratitude, iĺ l'honoroit encore plus par fes propres lumieres, & par les découvertes qui lui appartenoient inconteftablement... Déjà sa célébrité lui attiroit des controverses: il en avoit eu avec M. Schaarfchmidt, pendant fes études à Berlin; il en eut avec M. le Cat, au fujet de fa differtation inaugurale ».

Revenu à Berlin, vers la fin de 1748, il préfenta cette differtation à M. de Maupertuis, qui en fut très-fatisfait. « En me rappellant, dit l'auteur l'accueil que M. Meckel reçut de M. de Maupertuis, je me fens comme forcé de jetter encore quelques fleurs fur la tombe de cet illuftre préfident, dont la mémoire me fera toujours chere. Il étoit ami & protecteur-né du fçavoir folide & du vrai mérite. Je n'ai jamais vu de meilleures intentions pour le bien des lettres & pour l'honneur de l'académie, que les fiennes; & malgré tous les outrages dont de vils adverfaires ont voulu l'accabler, il eft conftant qu'il avoit autant de grandeur d'ame & de noblefie de fentiment, qu'ils ont montré de baffeffe & de lâcheté. Je ne fais pas l'apologie de toutes fes démarches; je n'en fais que la comparaifon, & je vojs

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cette comparaifon victorieuse pour lui ».

M. Meckel fut admis à l'académie de Berlin le 8 Mai 1749, & vers le même tems, nommé démonftrateur de l'école des accouchemens, nouvellement fondée dans cette ville. Enfin, après la mort de M. Buddeus, il obtint la chaire d'anatomie. Cette science & la phyfiologie, dit M. F., étoient les principaux objets de les études, & c'eft auffi dans ces deux genres qu'il s'eft le plus diftingué... Il a fait des diffections, des defcriptions & des découvertes fur les nerfs, qui furpaffent de beaucoup tout ce qu'on avoit auparavant. Il poffédoit à un degré fupérieur l'art des injections; & fes préparations anatomiques étoient des chefs-d'œuvre qui excitoient la curiofité, & fixoient l'attention de tous les connoiffeurs. Il a donné des conjectures fpécieufes fur le fiege de la couleur des negres; il a confidérablement érendu la théorie des va ffeaux lymphatiques, & rétabli en particulier la communication de ces vaiffeaux avec les veines: le célebre Monro, en s'occupant des mêmes objets, parvint, en même tems, aux mêmes résultats, fans la moindre apparence de plagiat de part & d'autre; fingularité peu commune, & qu'on pourroit comparer à celle de l'invention du calcul de l'infini... M. Meckel a fait auffi des recherches intéreffantes fur la caufe du petit calibre des veines pulmonaires, fur la pefanteur du cerveau, qui diminue avec l'âge, fur l'endurciffement de cet organe au feu, fur les indices de folie qu'on y trouve &c. &c.

Il auroit, fans doute, mis au jour un plus grand nombre d'ouvrages (*), fi la pratique de la médecine, dans laquelle il s'engagea prefqu'auffi

(*) L'aîné des fils de M. Meckel, qui marche avec le plus grand fuccès fur fes traces, fe propofe de donner. inceffamment une édition complette des œuvres de fon pere.

tôt qu'il fut domicilié à Berlin, ne l'en eût empêché. Il réuniffoit toutes les parties qui font le grand médecin, & il en a donné une infinité de preuves peniant le cours de plus de 20 années. J'ai cru, en le fuivant de l'œil pendant cet efpace de tems, remarquer qu'il étoit plus propre à la guérifon des maladies aiguës, violentes, fouvent défefpérées, gri'à celle des maladies chroniques & lentes. Il avoit dans les premieres, des idées heureres & des reffources admirables;

pour ainfi /

ce qui venoit peut-être de ce qu'il tendoit alors, re, tous les refforts de fon efprit, extrêmem ent vif, & qui n'aimoit pas à fuivre en détail) ecours des longues infirmités. Il ne perdoit point de vue un malade en danger; il réitéroi fes vifites plufieurs fois par jour, & aux eures qui pouvoient offrir des momens critiques : on voyoit l'intérêt, l'inquiétude, l'affection peints fur fon vifage; & l'on pouvoit juger que le malade ne couroit plus les mêmes rifques, lorfque M. Meckel diminuoit le nombre de fes vifites, & ne paroiffoit plus auffi affecté. De cette maniere, & quoique d'ailleurs il parût ordinairement févere & même impérieux, il gagnoit la confiance, & il a poffédé celle d'une infinité de perfonnes, qui, en le perdant, ont cru tout perdre ».

Nous terminerons l'extrait de cet éloge, écrit d'un ftyle facile & fans prétention, en rappor tant ce que dit l'auteur fur les vertus de M. Meckel. « J'ai vu en lui d'excellentes qualités; je n'y ai point vu de vices; & pour les foibleffes de l'humanité, perfonne n'en eft exempt leur degré même ne dépend pas de nous cela tient proprement au limon dont nous fommes pêtris. M. Meckel étoit droit, integre, généreux, bienfaifant, charitable ces grandes attentions pour les malades périclitans, il les accordoit aurant & plus aux pauvres qu'aux riches. En un mot, l'intérêt ne m'a jamais paru diriger aucune de fes

démarches. Il étoit bon ami, & n'a manqué à aucun des devoirs de l'amitié. Il prenoit de grands foins, & n'épargnoit aucunes dépenfes pour l'éducation de fa famille &c. ». Tel étoit M. Meckel, qu'une maladie du poumon enleva le 18 Septembre dernier.

Eloge de M. Le Gouz de Gerland," ancien grand bailli du Dijonnois, de l'académie des fciences, arts & belles lettres de Dijon. Par M. Maret fecrétaire-perpétuel de l'académie, pour la partie des fciences. Grand in-8°. avec figures. A Dijon, chez Caufle. 1774.

'Académie de Dijon, en perdant M. Le-Gouz

de Gerland, avoit à regretter un ami de tous les arts, un de ces hommes qu'une curiofité vive, une fenfibilité active entraînent fucceffivement d'une connoiffance à l'autre. Hiftorien, poëte, phyficien chymie, antiquaire, voyageur philofophe, mécanicien, deflinateur, M. Le-Gouz fut tout cela; mais il fut plus encore pour le corps littéraire au nom duquel M. Maret prend la parole; il fut fon bienfaiteur, & lui devint auffi précieux que fon fondateur même.

C'eft à la générosité de ce citoyen diftingué par fa naiflance, fes emplois & fes talens, que l'académie de Dijon doit fes établiffemens les plus utiles. Elle jouit aujourd'hui d'un cabinet d'hiftoire naturelle, qui confifte en plantes marines, en madrepores, & madreporites, en dépouilles d'animaux, en minéraux, en pétrifications, en coquilles précieufes, & furtout en une collection très confidérable de poiffons, que M. LeGouz fit tranfporter dans une des falles de l'académie. Les buftes des grands hommes qui illuftrent la province, & qui décorent le lieu de l'af

femblée, font encore un des bienfaits de M. LeGouz, dont prefque toute la vie n'eft qu'un cours de bienfaifance.

M. Maret, dans fon éloge, donne une notice de tous les ouvrages qu'a laiffés ce célebre académicien, mais dont le plus grand nombre eft refté imparfait, tel qu'un traité sur l'éducation, une vie de Pompée, un voyage d'Italie, des vues fur l'électricité, dont il avoit le premier montré les phénomenes à fa patrie, des réflexions fur la fertilité des terres &c. Il parcourt les différentes differtations qu'il a lues aux affemblées de l'académie, & qui font partie du recueil de fes mémoires, & juftifie par tout ce qu'il dit, les regrets qu'a caufés fa perte, non-feulement au corps académique dont il étoit membre, mais encore à toute la province.

« La fortune & la naiffance, dit l'orateur, avoient mis M. Le-Gouz en relation avec tout ce que la fociété avoit de plus grand. Son humanité l'avoit engagé à fe rapprocher de tous les ordres de citoyens ; & fans hauteur comme fans baf feffe, il s'étoit concilié tous les cœurs.

S. A. R. Mgr. le duc d'Orléans, régent, lui avoit accordé l'entrée de fon laboratoire de chymie, & l'avoit honoré d'une faveur qui, fans la mort prématurée de cet augufte protecteur, eut affuré à M. Le-Gouz un fort brillant & glorieux.

A Rome, il fut accueilli avec bonté par un fouverain pontife dont les vertus & les talens relevoient l'éclat de la tiarę, par Bénoît XIV. L'illuftre & fçavant Paffionéi, plufieurs prélats, & la princeffe Borghefe l'honorerent de leur amitié, ainfi que les princes de la maifon de Stuard.

L'eftime de mylord Harington, vice-rei d'Irlande, de mylord Efpencer, du célebre M. Ellis, furent le prix de fes voyages en Angleterre. Vous ne me demanderez pas, Meffieurs, dit l'orateur, vous qui connoiffez M. Le-Gouz, vous

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