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DE FRANCE,

DEPUIS

LA RÉVOLUTION DE 1789;

Écrite d'après les mémoires et manuscrits
contemporains, recueillis dans les dépôts
civils et militaires.

Par F.-EMMANUEL TOULONGEON, ancien militaire,
ex - constituant, membre de l'Institut national, et de la
Légion d'honneur.

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Chez TREUTTEL et WÜRTZ, libraires, ancien hôtel de
Lauraguais, rue de Lille, n° 17, vis-à-vis les Théatins;
Et à STRASBOURG, même maison de commerce.

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DE FRANCE,

DEPUIS 1789.

NEUVIÈME ÉPOQUE.

AN DEUXIÈME.

ARGUMENT. État de la Convention après le 9 thermidor. Affaires d'Espagne, Affaires d'Italie et de Genève. Conquête de la Hollande. Kosciusko en Pologne. Affaire de Quiberon. Combat naval de Jean-Bon SaintAndré. Clôture des Jacobins.

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An 2.

AUSSITÔT que les grands sacrifices à la vin- IX. Epdicte publique furent consommés; dès que Robespierre et ses principaux complices furent exécutés, et avec eux soixante et onze membres de la commune de Paris, la hache s'arrêta. Cette terrible hécatombe apaisa un moment les mânes de tant de victimes: mais l'effroi restant encore après la terreur, on se Tome V.

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An 2.

IX. Ep. félicitait avec inquiétude, on jouissait avec crainte, et les vainqueurs même n'osaient pas se décerner les honneurs du triomphe.

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Après avoir fait tomber les têtes des coupables, il fallut encore long-temps composer avec leur système. On n'osait pas dire que le régime révolutionnaire fût aboli; au contraire, on affectait de déclarer qu'il subsistait toujours; et leg thermidor ne fut long-temps la date de la réforme des abús de ce réque gime. Toujours, comme auparavant, la Convention se sentait pressée par les deux partis opposés. Placée entre eux, obligée de les contenir l'un et l'autre, elle n'osait s'allier à aucun des deux le parti favorisé n'eût profité de son avantage que pour la détruire ellemême. La crainte du retour de l'ancien régime balançait la terreur que venait d'inspirer le nouveau. On n'osa pas d'abord détruire le tribunal révolutionnaire. Trois mois après le 9 thermidor, un décret de la Convention plaça avec solennité au Panthéon les cendres de Marat à côté de celles de Jean-Jacques Rousseau, et en retira ignominieusement celles de Mirabeau, le seul homme dont le génie eût pu prévenir les systèmes et les calamités qui suivirent sa mort.

An 2."

La puissance formidable des sociétés popu- IX. Ep. laires balança encore long-temps les pouvoirs de la Convention. Les deux partis opposés que celle-ci avait à combattre suivaient constamment le même plan. Ne pouvant donner un gouvernement à la France, on s'appliquait à empêcher qu'elle ne s'en donnât un. Les anarchistes du dedans voulaient le désordre, parce qu'ils en vivaient; les anarchistes politiques du dehors voulaient aussi le désordre, espérant que la lassitude ramenerait enfin au seul ordre qui leur convenait.

Les anarchistes Jacobins, au moins ceux des premiers rangs, n'étaient plus des fanatiques de liberté; l'enthousiasme était relégué dans les dernières classes, instrument qui n'était employé qu'au moment du besoin? tous ceux qui pensaient avant d'agir, appartenaient, comme émissaires, aux différentes factions, ou ne tenaient qu'à eux-mêmes comme résidu de ces hommes qui, par différens motifs d'intérêt personnel ou d'intérêt de parti, s'étaient dévoués à toutes les chances de la révolution, et lui avaient donné de tels gages, qu'ils croyaient ne pouvoir plus attendre que d'elle, sûreté et asyle. Ces hommes, encore nombreux, étaient d'autant plus dif

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