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dans ses terres, meurt subitement ; quelques personnes ont cru pouvoir assurer qu'il s'était brûlé la cervelle. La retraite de ce magistrat, qui étoit criblé de dettes, donna lieu à cette épigramme :

« Le pape, touché de l'accident de l'arche»vêque de Sens et de l'ex-garde des sceaux, » fera présent au premier d'un parachute écar» late, et à l'autre d'un chapeau vert..... »

Louis XVI rappelle les membres du parlement qui avoient été exilés à la même époque que le duc d'Orléans. Il donne à M. Necker le titre de sur-intendant des finances, et il ordonne une nouvelle convocation des notables du royaume, pour procéder à la formation des états-généraux.

Le 23 septembre, par une déclaration du roi, le parlement de Paris et les autres cours du royaume sont rétablis dans leurs droits, usages et prérogatives. Le parlement de Paris enregistre cette déclaration le 25, et déclare qu'il ne cessera de réclamer auprès du roi la forme des états-généraux de 1614. On sait que cette forme étoit le vote par ordre, et non par tête; ce qui donna la prépondérance aux deux ordres privilégiés.

Novembre 1788. L'ouverture de l'assemblée

des notables se fait le 6 novembre 1788; il s'élève de grands débats sur la composition des états-généraux, sur la question de savoir si le tiers-état aura un nombre de représentans égal à celui des deux autres ordres réunis, et si aux états-généraux on y votera par ordre ou par

tête.

Décembre 1788. Le 5 décembre, le parlemeut de Paris s'assemble avec les pairs ; il arrête qu'il sera fait au roi des supplications respectueuses pour la forme des états-généraux, semblable à celle de 1614. Le roi répond le 9 qu'il n'a rien à dire à son parlement; que la nation une fois assemblée, il se concertera avec elle pour améliorer le sort de l'état et faire le bonheur de son peuple. ...

A cette époque, le comte d'Artois, le prince de Condé, le duc de Bourbon, le duc d'Enghien et le prince de Conty adressent un mémoire au roi sur les dangers que court l'existence de la monarchie; ils s'étendent beaucoup sur les prétentions du tiers-état. On peut en juger par l'extrait suivant :

« Une révolution se prépare dans les prin»cipes du gouvernement; elle est amenée par » la fermentation des esprits Des institutions

réputées sacrées, et par lesquelles cette mo

» narchie a prospéré pendant tant de siècles, » sont converties en questions problématiques.. » Le style des différentes demandes des pro» vinces, villes et corps, annonce et prouve » un systême d'insubordination raisonnée et le » mépris des lois de l'état.... Tout auteur » s'érige en législateur... L'éloquence ou l'art » d'écrire, même dépourvu d'études, de con> noissances et d'expériences, semblent des » titres suffisans pour régler la constitution des empires... Quiconque avance une proposi tion hardie, quiconque propose de changer » les lois de l'état, est sûr d'avoir des lecteurs et des sectateurs... Les opinions dont s'in» dignent aujourd'hui les gens de bien, passe

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ront dans quelque tems pour être régulières » et légitimes... Les droits du trône ont été > mis en question . . . L'inégalité des fortunes sera bientôt présentée comme un objet de » réforme ... Il a été observé à votre majesté combien il est important de conserver dans » la formation des états-généraux, la distinc» tion des ordres, le droit de délibérer séparé.. Sans cela, qui peut douter qu'on ne vit un grand nombre de gentilshommes » attaquer la légalité des états-généraux, faire » des protestations, les faire enregistrer dans

ment...

» les parlemens, les signifier même à l'assem. » blée des états?... Dès-lors aux yeux d'une > partie de la nation, ce qui seroit arrêté dans > cette assemblée n'auroit plus la force d'un » vœu national; et quelle confiance n'obtien» droient pas dans l'esprit des peuples des

protestations qui tendroient à les dispenser » du paiement des impôts consentis dans les » états Ainsi, cette assemblée si desirée et » si nécessairę, ne seroit qu'une source de > troubles et de désordres, &c. »

Ce discours, répandu avec profusion, fit beaucoup de bruit dans le public. On étoit étonné que Monsieur, frère du roi, ne l'eût pas signé; et chacun se demandoit pourquoi le duc d'Orléans ne s'étoit pas réunis aux princes de son sang.

Pendant la deuxième assemblée des notables (le 8 décembre), on vit paroître une pétition des six corps de Paris, qui traitoit de la formation des états généraux; ils s'exprimoient ainsi :

« Les lois, les usages, la raison, voilà la » règle des états comme la règle des particu» liers... Au défaut des lois, les usages peuvent » gouverner les hommes . . . Si les usages sont mauvais, la raison exige absolument qu'on les

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change...

change... C'est donc à la raison qu'il apparà tient de juger souverainement les lois et les de créer, de conserver ou de pros› crire ... Appliquons ces principes.

» usages,

» La loi, l'usage, la raison doivent présider » à la formation des états-généraux ».

Les principes de cette pétition etoient en faveur du tiers-état, pour qu'il eût double représentation, et qu'on votat par tête aux états-généraux. On désigna comme l'auteur de cette pétition un médecin, nommé M. Guillotin. Elle fut déposée chez un notaire pour recevoir la signature des habitans, Le parlement de Paris considéra, cette pétition comme un appel au peuple contre les deux premiers ordres; il manda à sa barre l'auteur et le dépositaire; ce qui fit dire à un plaisant :

« Le parlement touche-t-il à sa fin?
» Il mande, à ce que l'on publie,
» Le notaire et le médecin ;
» Ah ! que cela sent l'agonie.

La clôture de l'assemblée des notables se fit le 12 décembre 1788. Le résultat de ses délibérations fut porté au conseil d'état du roi. Le clergé et la noblesse renoncent à leurs priviléges pécuniaires,

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