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jesté ayant assemblé les notables pour lui dire la vérité, il se croyoit obligé d'énoncer sa pensée; et afin qu'on n'eût aucun doute sur sa conduite, il offroit de signer sa déclaration. Le bureau l'ayant applaudi, il s'expliqua en

ces termes :

« J'ai dit dans la dernière séance, qu'il falloit > attaquer le monstre de l'agiotage, plutôt que » de le nourrir; on croit communément que le > gouvernement vient de donner plusieurs mil» lions en faveur des agioteurs. Je propose au bureau, que le roi soit supplié d'ordonner » un examen sérieux par des personnes non suspectes de tous les bons du roi, pour ses » domaines, ainsi que des titres des bons,

rentes, échanges ou achats, qui sont ou qui » devroient être à la chambre des comptes; de » manière que sa majesté puisse faire connoître » la valeur des dons qu'elle a faits; revenir sur » les marchés onéreux qui n'ont pas été l» quidès, et rompre ceux, où, depuis son » avénement au trône, elle auroit été lésée » d'outre moitié ».

M. de Lafayette s'élève fortement contre les échanges de domaines qu'on a fait faire au roi. Il dit, que pour la seigneurie de l'Orient et la terre de Cholet, ne valant pas ensemble cent

quatre-vingt mille livres de rente, on a donné, au prince de Guémenée la principauté de Dombes, estimée quarante-huit mille livres de rente, sans compter huit cents mille livres payées à M. de l'Aubespine, qui en avoit obtenu la concession; et douze millions cinq cents mille livres payables en vingt ans. Après avoir prouvé plusieurs échanges très-onéreux, il cite particulièrement celui du comté de Sancerre, pour huit mille arpens de bois, dont trois mille quatre cents, dans le comté de Blaisois, valant à eux seuls plus que le comté de Sancerre; et indépendamment, une forte somme au baron d'Espagnac qui en étoit le propriétaire. Enfin, M. le marquis de Lafayette persiste à ce qu'on prenne connoissance de tous les bons du roi pour ces échanges, et qu'on présente à l'assemblée des notables les états de recette et de dépense.

Ce discours fit une grande sensation dans les sept bureaux de l'assemblée des notables ; ils demandèrent avec instance, au roi, les états de recette et de dépense, qui les fit remettre; e dans lesquels on vit que, la recette de l'année 1786, fut de quatre cent douze millions neuf cent vingt-quatre mille livres, ci 412,924,000-1.

La dépense fut de cinq cent quatre-vingt-treize ›

millions cinq cent quarante - deux mille quatre cents livres, ci 593.542,400 1.

Déficit de cent quatre-vingt millions six cent dix-huit mille quatre cents 1, ci 180,618,400 1.

Dans la recette de 1786, on voit que les fermes générales, prix du bail, déduction faites des charges, donnoient à l'état la somme de cent huit millions six cents mille liv., ci 108,600,000 1. La régie des postes et messageries, huit millions cinq cents mille livres, ci 8,500,000 1.

La loterie (royale) six millions, ci 6,000,000 1. Trois millions quatre cents millel., formant le cinquième du don gratuit que payoit le clergé tous les cinq ans, ci 3,400,000 1.

Dans la dépense de 1786, on voit pour le département de la guerre, une somme de cent neuf millions sept cents mille l., ci 109,700,000 1. Pour celui de la marine, cent un millions. ei 101,000,000 1.

Pour celui des affaires étrangères (y compris un million deux cents mille livres, pour objets secrets connus du roi ) la somme de vingt-un millions six cent trente-mille livres, 21,630,000 1.

Pour les dépenses de la maison du roi, celle de la reine et celle de la famille royale, la somme de trente - sept millions deux cents mille livres, ci. 37,200,000 1.

Pour les pensions, vingt- sept millions ci, 27,000,000 1.

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Pour la destruction du vagabondage et de la mendicité, la somme de un million, ci 1,000,000 1.

Pour entretien des pare, jardin et château de Saint-Cloud, deux cents mille fr., ci, 200,000l. Pour la police de Paris, le guet, les carrières et la maréchaussée de l'Isle de France, deux millions sept cents mille livres, ci 2,700,000 1.

On prouva à l'assemblée des notables, que la recette, année commune, se montoit à quatre cent soixante-quatorze millions neuf cent quarante - huit mille deux cent vingt-neuf livres six sols six deniers,

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Par les mêmes états de 1787, relatifs à la dépense, on trouve une somme six cent vingttrois millions deux cent quarante-huit mille cinq cent soixante-trois liv., ci 623,248,563 1.

Ce qui faisoit un excédent de dépenses ordinaires, aux années communes, d'une somme de cent quarante-huit millions trois cents mille trois cents trente-trois livres six sols six den. ci 148,300,333 1. 6 s. 6 d.

On remarqua, que dans cet excédent de dépense, il y avoit une somme de deux millions six cents mille francs, pour le paiement de la dette de M. le comte d'Artois, ci 2,600,000 1.

Et quatre millions quatre cent quatre-vingt mille livres, pour une partie des dépenses de la construction des barrières de Paris, ci 4,480,000l. Le reste, en dépenses ordinaires.....

Un accroissement de dépenses aussi considérables fixe l'attention des notables; Louis XVI connoissant mieux que jamais la situation de ses finances, fut effrayé lui-même d'un tel défcit. Enfin, tout calcul fait, on s'accorda à dire

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