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cès m'auront leur plein effet qu'au Ter. Octobre prochain....

On a formé ici, depuis quelque tems, un corps de jeunes éleves militaires, fils de bas officiers & de foldats, qui font entretenus aux frais du gouvernement dans une mifon particuliere d'orphelins. Cette troupe, qui eft divifée en plufieurs efcouades, & qui a une mufique confiftant en deux cors de chaffe, deux hautbois, deux clarinettes & deux fifres, fortit de la ville, le 24, & y exé cuta plufieurs manoeuvres avec intelligence & pré cifion, en préfence d'une multitude de fpectateurs. Le 29, ces enfans eurent la permiffion de fe diver tir à la campagne, où ils danferent jufqu'au foir avec les jeunes filles qui font élevées dins le mê me établissement. Cette récréation a lieu une fois *chaque année.

L'efcadre ruffe qui mouille à l'anfe de Kiog, a célébré, le 27, la conclufion de la paix entre la Ruffie & la Porte, par un Te Deum, & plufieurs décharges d'artillerie. C'eft à bord de cette efcadre que le prince Guillaume-Augufte de Holftein Got torp a eu le malheur de périr; l'amiral Iwan Ikali Barfch, qui la commande, vient fouvent en cette capitale, avec quelques officiers de fon état-major. Elle eft compofée de 5 vaiffeaux de guerre, & d'u ne frégate.

Un forçat condamné aux travaux publics pour avoir déferté deux fois, a eu le courage, lors de l'incendie du château de Cronenbourg, de péné trer à travers les flammes jufqu'à la flêche de la tour, & d'y attacher une corde pour l'abattre; le ro ayant été informé de cette action, lui a fait donner une gratification, & lui a rendu la liberté

Il y a ici deux feigneurs orientaux qu'on qualifie du nom de princes turcs, parce qu'ils ont une fuite brillante, & qu'ils font beaucoup de dépenfe. On fçait qu'il n'y a pas d'autres princes

Aures que ceux de la famille ottomane, & qu'ils font fort éloignés de voyager, puifqu'on les tient renfermés dans le ferrail.

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POLOGNE.

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WARSOVIE (le 4 Septembre.) Dans le difcours qui fut lu au nom des trois miniftres, à l'asfemblée de la délégation du 1er. du mois dernier, on fut frappé du paffage où il eft dit : Un roz citoyen & vertueux a facrifié, par un accord folemnel avec leurs cours une partie de fes prérogatives, à l'établissement d'un gouvernement fage, ૐ d'un confeil national &c. On préfuma que le roi avoit donné fon consentement à l'établissement du conseil permanent; & pour s'affurer de fes difpofitions à cet égard, on réfolut, ainfi que nous l'avons dit, de lui envoyer une députation, compofée du prince Augufte Sulkowski, palatin de Gnefne, député du fénat; du prince Martin Lubomirski, nonce de Siradie, député de l'ordre équeftre pour la Pologne; du Sr. Tomoszewicz, l'un des nonces du diftrict de Bracklaw dans le palatinat de Wilna, député du grand-duché de Lithuanie, de quelques autres fénateurs & nonces. La miffion de ces députés étoit de demander au roi « fi ce prince avoit réellement donné fon confentement au confeil permanent, ainfi que les trois miniftres vencient d'en affurer la délégation » Mais comme ils n'avoient pas d'inftructions par écrit, ils demanderent formellement l'aveu de S. M. pour l'établissement de cé confeil, ainfi qu'on peut en juger par le difcours que le prince Sulkowski adrella au roi, le 4, lorfque la députation fut admife à l'audience de S. M. Voici ce qu'il contient.

SIRE,

Toutes les paroles qu'il vous a plu d'adreffer à la

:

la

nation étant gravées dans les cœurs de vos fideles con feillers & de tous les bons citoyens, nous nous rappellons qu'en confirmant , par votre fignature délégation établie par les états confédérés de la répu blique, V. M. a congédié l'affemblée de la diete, en difant Me fortesque meas vobis committo. Députés vers V. M. par la même délégation, de la part du fénat & de l'ordre équeftre, nous nous fervons aujourd'hui ( 1 ) de la même expreffion, en nous adreffant à un roi éclairé, à un gracieux fouverain, à un bon pere. Nous nous préfentons devant V. M., pénétrés de douleur à la vue de l'état déplorable de la république, qui, après avoir éprouvé tant de calamités, étant encore menacée de nouveaux malheurs les plus terribles, ne voit de falut qu'en remettant à V. M. fes deftinées, fortes noftras & fata reipublica.

Il eft connu à toute la Pologne & à l'Europe entiere (2), que tous les palatinats & diftrics ont été invités par les univerfaux de V. M. à la préfente diete extraordinaire pour arranger, entr'autres principaux objets de leurs foins, la meilleure forme de gouvernement. C'eft à l'accompliffement de ce même ouvrage, que la délégation a été autori fée par l'acte des limites & par fes pleins pouvoirs. Après la conclufion des malheureux traités de la ceffion des provinces démembrées, on a entamé avec les miniftres des trois cours voisines des négociations dont le but étoit de faire renaître en Pologne le bon ordre & la tranquillité. Dans les conférences longues, quoique particulieres avec les minif tres de V. M., & diverfes autres perfonnes du fénat & de l'ordre équeftre (toujours avec la déférence due au trône), on forma le projet d'un confeil permanent près de la perfonne royale, chargé de l'exécution des loix dans les intervalles d'une diete à l'autre ; & ce projet a déjà été préfenté depuis quelques mois à toute la délégation par les miniftres des trois cours, avec une déclaration, que ce projet étant arrangé entre les trois

(1) On remarque que ces paroles ont été adreffées aux membres de la diete entiere, avant qu'ils euffent renvoyé la décifion de toutes les affaires à la délégation, laquelle n'exiftoit pas encore alors, & contre le pouvoir illimité de laquelle le roi parloit.

(2) Il eft connu obferve-t on à l'Europe entiere que le roi a différé, tant qu'il lui a été poffible, la convocation de cette diete.

puiffances, il ne pourroit être fujet à aucun changement quant aux articles effentiels; mais que, dans les autres points, les réflexions & avis juftes & raifonnables de chacun des membres de la délégation feroient reçus avec des égards convenables à la perfection du plan. Cependant cet ouvrage, recommencé plufieurs fois, s'eft trouvé interrompu par divers incidens, malheureufement peut être pour la république, jusqu'à la derniere prorogation au mois de Juin, que les affaires particulieres des membres de la délégation ont rendu néceffaire. Alors les trois miniftres fouhaiterent que chacun de nous leur communiquât par écrit fes remontrances & fon avis, dans l'intervalle de cette prorogation jufqu'au 1er. Août; mais on n'en a donné aucuns.

Le jour marqué pour l'ouverture de la délégation raffemblée étant arrivé, les miniftres des trois cours déclarerent, par un difcours qui a été communiqué au public, & dont une copie fut enfuite remife au miniftre de V. M., que les ordres réitérés de leurs cours ne permettoient pas un plus long délai que de huit jours, à Ja délibération, correction & réfolution finale du projet préfenté pour l'établiffement du confeil permanent. Ils nous ont informés par le même discours, qu'ayant eu, pendant tout le tems de cette négociation, la plus grande attention à la dignité de V. M., dans l'arrangement des points qui, dans la nouvelle forme de gouvernement, pourroient regarder la dignité du trône, ils ont trouvé dans V. M. des fentimens dignes du chef d'une nation libre, difpofé par la magnanimité à lui faire des facrifices; & c'eft fur un tel exemple qu'ils nous ont follicités de hâter la décifion defirée de cet ouvrage; mais s'appercevant que les efprits étoient divifés dans nos délibérations, ils ont demandé une prorogation de nos féances pour trois jours, afin de nous donner le tems de leur communiquer par écrit nos réflexions, & en même tems de faire à V. M. une députation plus que jamais néceffaire pour fon avertiffement, « que fi le projet n'eft pas reçu le 8 de ce mois, avec ou fans corrections, les armées des trois puiffances voifines entretont de tous les côtés fur les malheureux reftes des terres de la république, & nous forceront à figner la nouvelle forme de gouvernement ».

Le miniftre de Ruffie nous a préfenté particulierement l'alternative d'une grande importance; d'un côté, la paix, la foreté au dedans & au dehors, une forme de gouvernement boane & immuable, la médiation folemnelle

de fa cour auprès des deux autres fes alliées, à l'égard des limites étendues au-delà des bornes fixées par la convention de Pétersbourg; de l'autre, la guerre ou plutôt fes effets funeftes de la part du plus fort pour le plus foible, avec toute forte d'oppreffions, dont le fou venir n'eft encore que trop récent; enfin, une réfolution de fa cour, non-feulement de retirer fa médias tion promife, & que nous aurons méprifée, mais auff avec l'affurance qu'après la fignature forcée du confeil permanent par les perfonnes qui lui font contraires, il ne nous feroit plus permis de trairer d'aucune autre matiere, de faire aucun établiffement concernant l'armée & les impôts, ni, ce qui nous touche le plus, de fixer les revenus royaux proportionnés à la dignité du trône; mais que tout feroit renvoyé aux dietes futures.

Quelle affreufe perfpective pour la patrie, fi proche de fa perte entiere! Mais un feul efpoir nous refte. Nous avons un roi polonois, os ex offibus noftris, qui, après avoir donné tant de preuves de fa vertu & de fes fen timens héroïques, daignera aujourd'hui, par un feul mot de fon confentement, tranquillifer les puiflances étrangeres, réunir les efprits divifés de la nation, & rendre heureufe la république. Il ne me convient pas affurément de donner ici des confeils à un roi dont la pénétration lui fait aifément fentir combien il eft diffi cile de faire fortir des troupes étrangeres, dès qu'elles feront une fois fur nos terres, fous quelque prétexte que re foit ; à un roi dont l'amour qu'il porte à fes fujets, ne lui permettra pas de les laiffer tomber par tant de malheurs infinis, dans le défefpoir, & à qui il me fuffic d'adreffer ces paroles de l'écriture, fainte: Domine, falva nas, quia perimus.

Pour détruire les fauffes notions que pouvoit faire naitre l'affertion des trois miniftres étrangers, le roi fir remettre à la députation, par le grand chancelier de la couronne, la réponse fuivante, qui contient un détail hiftorique de fa conduite relativement à l'affaire du confeil permanent.

D'après le difcours que S. M. vient d'entendre, elle juge qu'on define de connoître fon fentiment fur le projer du confeil permanent. Le roi fe rend à fes defies, parce qu'en route occafion, & particulierement dans une afaire auffi effentielle, il lui importe que la nation entiere foit exactement informée de tout le zele avec lequel S. M. ne ceffe de travailler à procurer à la patric

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