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'du ici depuis quelques jours.Il confifte en 200 hom mes fousle commandement du chevalier Salajoles & a été logé au château-neuf; mais on ignore encore à quoi on le destine.

Le roi a déclaré le prince d'Aliano Colonna vise-roi de Sicile, & S. M. l'a décoré du cordon de l'ordre de St. Janvier. Ce feigneur partira le 10 du mois prochain pour Palermé.

On apprend de Sicile que, le 22 Juillet, le prélat Filingheri, archevêque de Palerme, prit poffef fion de la charge de préfident du royaume, jufqu'à l'arrivée du nouveau vice-roi, & que le régiment de Sannio, infanterie, y étoit entré la veille. Depuis le pardon général qu'on a publié, on y jouit d'une tranquillité parfaite, & l'abondance regne dans toute l'ifle.

Par les dernieres lettres de Ragufe on a appris qu'outre la navigation libre que cette république a obtenue de l'impératrice de Ruffie, elle a lieu d'ef pérer que le grand-feigneur paiera les vaiffeaux qu'elle a perdus, lorfqu'elle fut contrainte de les envoyer à fon fecours. Les mêmes lettres ajoutent qu'il y étoit arrivé deux princes polonois, oncle & neveu, avec une princeffe qu'ils traitoient avec beaucoup de refpect. On ignore abfolument leurs noms; on voit feulement qu'ils ont une fuite de 50 perfonnes, la plûpart officiers, outre 450 autres, qui ont pris la route de Conftantinople. On y attend encore une perfonne de rang, qui a une fuite de 200 hommes.

MILAN (le 15 Août.) Quatre évêques d'Allemagne ayant réfolu d'ériger un féminaire à Brera, fur le même plan du nôtre, afin d'y faire paffer les éleves qui font inftruits ici, ils avoient déjà préfenté une requête à l'impératrice pour en obtenir la permiffion mais le cardinal notre archevêque ayant été informé de ces difpofitions, a représenté

à la cour de Vienne, qu'elles étoient abfolument contraires aux conftitutions de St. Charles, fondateur du féminaire & du college helvétique de Milan. S. M. Imp. a rendu un décret qui défend toute innovation contraire à la fondation,& ordonne que les éleves continueront d'être inftruits dans le féminaire de cette ville fuivant les anciennes conftitutions.

Une femme de cette ville, jeune encore, mais qui avoit eu des chagrins qui avoient altéré fa fanté, a entrepris de fe détruire elle-même, & a choifi un genre de mort qui prouve un grand égarement d'efprit. Elle s'eft enfermée dans fa chambre, s'eft couchée, & a mis le feu à fon lit.La fumée qui fortoit par les fenêtres,ayant donné l'allarme au voisinage, on accourut; mais on n'arriva pas à tems pour fauver cette femme, & le feu ne put être éteint affez promptement pour empêcher qu'il ne fe communiquât aux maifons voifines, dont quelques-unes ont été brûlées.

Le roi de Sardaigne, pour étendre de plus en plus le commerce de fes fujets, a ordonné que l'on fit fans différer toutes les réparations néceffaires dans le port de Nice, pour le mettre en état de recevoir des vaiffeaux de quelque grandeur qu'ils foient. On dit que S. M. avance un million de livres à une compagnie de négocians qui doit fe former dans cette place, où quelques-uns font déjà paffés de Turin pour s'y établir, & pouvoir par l'avancement de groffes fommes à Lisbonne, en tirer tous les articles jugés néceffaires à l'avantage de çe port & du tréfor royal.

MODENE ( le 16 Août.) Elifabeth-Erneftine, princeffe d'Eft, fille du duc notre fouverain, eft morte le 4 de ce mois, après une longue maladie. Son corps fut inhumé le 8 au couvent des religieufes carmelites, où repofe le cœur de la dus

cheffe fa mere, Aglaé d'Orléans, fondatrice dé se monaftere.

On a publié ici un édit, daté du 30 du mois dermier, & contenant 8 articles, qui portent en subftance, que tout négociant & poffeffeur, de quelque fexe ou qualité qu'il foit, tout chef ou fupérieur d'ordre régulier, de l'un & de l'autre fexe, fera tenu, avant la fin du mois d'Août, de déclarer tous les grains, bieds, farines, &c. des anciennes récoltes qu'il aura en fa poffeffion, ainfi que les mêmes fortes de grains de la nouvelle récolte ; que pendant le mois de Septembre il déclarera le mais, & avant le 15 Décembre les chataignes &c. Quiconque ne fe conformera pas à cet édit, ou fera une faufse déclaration, fera condamné, outre la confifcation des denrées, à payer deux écus d'or d'amende par chaque boiffeau, & à des peines afflictives felon les cas. Les tuteurs, curateurs & autres perfonnes femblables feront sujets aux mêmes formalités pour leurs pupilles. A l'égard des déclara tions des achats & ventes de grains & bleds de toute nature, les particuliers fpécifieront qu'ils achetent pour leur confommation; les négocians & conducteurs, pour les revendre fuivant les régles prefcrites ; les boulangers, pour les vendre au public, &c. L'objet de cette loi eft de prévenir tout trafic illicite, tout monopole préjudiciable à la fociété & au commerce, & particulierement l'abus intolérable des contrats & conventions fecretes &c. Le duc notre fouverain ordonne auffi par cet édit aux curés des différentes jurifdictions de faire tous les ans une lifte des naiffances, des morts & des mariages, de la remettre au bon gouvernement &c.

LIVOURNE ( le 4 Août. ) Le Sr. Rutterfurd, agent de Ruffie, reçut, la nuit du 12 au 13 du mois dernier, un courier dépêché de Pife par le comte

Alexis Orlow, avec la nouvelle de la conclufion de la paix entre les deux puillances belligéran tes. On fufpendit auffitôt le départ de tous les vaiffeaux ruffes, dont 3 avoient déjà mis à la voi→ le pour se rendre dans l'Archipel.

Suivant les lettres de l'ifle de Corfe, les brigands, qui ne font pas effrayés de l'appareil des échafauds où ils doivent tôt ou tard expier le crime de leur rébellion, font descendus des rochers inacceffibles qui leur fervent de retraite, & ont excité de nouveau quelques habitans du Niolo à prendre les armes; mais le comte de Narbonne s'étant rendu dans cette pieve, fa préfence & fes ordres y ont rétabli le calme & la tranquillité, & ce géneral eft retourné à Baftia, où l'on a conduit & emprisonné les principaux moteurs de la fermentation. Le bruit fe répand que cette isle doit être cédée au roi de Sardaigne.

Le prince Edouard connu fous le nom de prétendant, fe trouve depuis quelque tems avec la princeffe fon époufe, aux bains de Pife, où il a un train beaucoup plus brillant qu'il n'avoit à Rome. On dit qu'il doit faire un voyage en France.

On applaudit généralement à l'expérience qu'on a faite dans ce port de la machine inventée par le célebre Micheli, Bolonois, pour mesurer le chemin que fait un bâtiment fur mer. C'est, selon tous les maitres pilotes, la plus parfaite découverte qu'on ait faite en ce genre, & elle peut beaucoup contribuer à la facilité de la navigation. Le même artiste a auffi inventé une machine pour mefurer la différente rapidité de l'eau dans les dif férentes hauteurs d'une riviere.

Un enfant de 6 ans, fils d'un Napolitain établi dans cette ville, ayant eu ces jours-ci le malheur de tomber dans la mer, fans avoir été apper-çu de perfonne, a eu celui de fe noyer. On a en

fin retrouvé fon cadavre flottant fur l'eau, & tout le monde qui accouroit en foule, difoit qu'il étoit mort fans reffource. Cependant, un médecin & un chirurgien très-habiles ont voulu effayer les fecours de l'art, contre toute espérance. Ils ont exposé ce cadavre au foleil, & une demi-heure après, on a cru avoir apperçu quelques fignes de vie. On a redoublé ses foins, & au bout de 4 heures, cet enfant a repris connoiffance. Transporté fur un lit, & fortifié par des remedes, il a enfin recouvré la fanté, & même dans un état plus parfait, puifqu'avant fa chûte il avoit une fievre opiniâtre, dont il se trouve heureusement délivré. On ne peut trop citer ces fortes d'exemples pour le bien de l'humanité.

On apprend que les différends dans l'Iftrie, au fujet des frontieres, entre la cour de Vienne & la république de Venife, ne font pas encore terminés. Ces frontieres font fort mêlées & incertai nes, quoique le général de Harfch ait été chargé il y a vingt ans, de régler avec les députés vénitiens ces limites le long de la côte. On prétend que la république a fçu alors fe faire affigner toutes les contrées fertiles, tandis que l'Autriche n'a eu que les diftricts stériles & déferts, qui d'ailleurs font prefque tous féparés de la mer; deforte que les rivieres qui coulent par ces diftricts, ne peuvent conduire à la mer, fans qu'on passe sur le territoire vénitien.

Les confédérés de Bar femblent traîner le malheur partout où ils fe trouvent; ils étoient à-peine arrivés au camp du grand-vifir qu'ils ont été les témoins de la plus honteufe défection dont l'histoire faffe mention. Ils ont éprouvé la fureur vengereffe des foldats ottomans, qui ont indignement violé envers eux tant à l'armée qu'à Conftantinople, les droits facrés de l'afyle, en les fabrant, & en les dépouillant; cette foldatesque in◄