par la même caufe, à Lozerno, près de Stamp fen. Les habitans, qui étoient partis pour MarieZell, n'avoient laiflé chez eux que des impotens, & des enfans. Ceux-ci allumerent dans un verger, un grand feu qui fe communiqua à un bâ timent voifin, & il y eut 120 maisons réduites en cendres. Áprès de pareils exemples, on eft tenté de confeiller aux fideles, de prier dieu chacun dans fa paroiffe.

Si l'on en croit quelques lettres de la Bulgarie la révolte qui s'eft allumée dans le camp du grandvifir avant la conclufion de la paix, a été plus forte qu'on ne l'a dit. Les troupes européennes ont combattu contre celles d'Afie, & il y a eu beaucoup de fang répandu; on ajoute que le vifir avoit été fi troublé, qu'il avoit donné ordre de mettre le feu aux bagages de l'armée.

ITALI E.

ROME (le 7 Août.) Aux obfeques folemnelles de Louis XV, célébrées ici en l'église royale St. Louis, on auroit fouhaité pouvoir réunir fous un même point de vue, dans la décoration, le ta bleau des principaux événemens de fon regne; mais l'emplacement n'étoit pas affez vafte; d'ail -leurs, on n'a pas eu le tems néce faire pour l'exé cution d'un pareil projet; il a fallu, par conféquent, faire un choix, & l'on a jugé devoir préféfer aux actions les plus éclatantes de ce monarque, fes vertus pacifiques : furtout on a penfé que l'or ne pourroit fe rappeller fans attendriffement dans la capitale du monde chrétien ces traités & ces alliances qui, en fai ant le bonheur de la France, ont affuré la tranquillité de l'Europe, & rendu la mémoire de Louis XV auffi chere aux nations étrangeres qu'à fes fujets mêmes. Ainfi c'eft moins au vainqueur de Fontenoy, de Rocoux. & de

Laufeldt qu'à Louis le bien-aimé, au pacificateur des nations, au pere de la patrie, que cette pompe funebre a été confacrée.

Toute l'églife & même la façade extérieure étoient tendues en noir, à l'exception des pilaftres de la grande nef & du chœur, qui fous un affemblage des plus beaux marbres, des pentes d'hermine & de velours noir, garnies de galons & de crépines d'or, ornoient les façades. Audeffus du fronton de la grande porte, deux figures qui repréfentoient la force & la prudence, fervoient de fupport aux armes de France & de Navarre; deux renommées, affifes fur des trophées militaires, étoient placées fur les portes latérales. Au milieu de la grande nef s'élevoit une pyramide foutenue par un grand piédeftal quarré qui pofoit fur un foubaffement de forme circulaire, divifé en plufieurs degrés. On avoit enrichi de bas-reliefs en ftuc le piédeftal & la pyramide, & l'on en avoit doré les moulures. Tout le refte du catafalque étoit peint, & imitoit les marbres les plus précieux Quatre figures, plus grandes que nature, repréfentant la religion, la juftice, la -bienfaifance & la paix, étoient affifes aux quatre coins du piédeftal. Le traité de Belgrade, par lequelle le roi pacifia les trois empires, d'Allemagne, de Turquie & de Ruffie, faifoit le fujet du basrelief du piédeftal du côté de la façade principale; on y voyoit la France affife dans le veftibule du temple de la paix, diftribuant des rameaux d'olivier aux empereurs d'orient & d'occident, & à la Ruffie; enfuite on avoit représenté le roi, qui, après les campagnes de Flandre, préféra la paix aux avantages de la victoire. Le traité de Vienne qui régla l'état de l'Italie, & valut la Lorraine à la France, étoit le fujet du troifieme bas-relief. Enfin, dans le quatrieme, on avoit exprimé le zele du roi pour la religion, la protection &

l'encouragement que ce prince accordoit aur fciences, aux arts & au commerce. Au-deffus du piédestal, dans le focle qui portoit la pyramide, quatre mafques antiques repréfentant les différens âges, indiquoient la briéveté de la vie humaine. Des médaillons couronnés de feftons de laurier & d'olivier ornoient la pyramide. Le traité de Verfailles, le pacte de famille, le mariage de S. M., celui de Monfieur & de Mgr. le comte d'Artois étoient repréfentés dans ces médaillons, comme autant de gages de la paix & de la félicité publique. Les médailles dont Louis XV a fait préfent au pape régnant ont fourni le fujet de ces bas-reliefs. Au-deffous des médaillons, à chaque face de la pyramide, on avoit répété l'inscription fuivante, gravée en lettres d'or:

LUDOVICo XV.

Regi Chriftianiffimo Patri Patria.

Un globe d'or portant les armes de France & de Navarre, avec la couronne de même métal, terminoit la pyramide. Un grand dais noir, doublé d'hermine, garni de galons & de crépines d'or, furmonté par des trophées & des génies qui fou tenoient les pentes du dais, étoit au-deffus du catafalque. Cette décoration étoit éclairée par quatre grands candelabres dans le goût antique, outre un grand nombre de luftres placés aux arcades & au maitre-autel.

Le Sr. Barberi, architecte romain, a eu la direction de cer appareil funebre, fon deffin ayant été préféré par le cardinal de Bernis à plufieurs autres préfentés par différens artistes. Un grand chœur de mufique, compofé des meilleurs muficiens de Rome, chanta la meffe. Elle fut célébrée par le prélat Mathei, archevêque de Rhodes: les archevêques d'Athenes & d'Apamée, & les évêques de Pirge & de Carpentras firent l'abfou te. Le cardinal de Bernis avoit invité à ce servi

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ce les cardinaux, les miniftres des cours étrangeres, le cardinal fecrétaire d'état, le cardinal d'York, le cardinal de Zélada, & les cardinaux fujets de la cour de Naples; ils y affifterent tous, ainfi que les auditeurs de rote des cours de France, d'Efpagne, d'Allemagne, & toute la prélature napolitaine. Le facré college & la prélature en corps ne purent y être invités, parce qu'il n'y avoit pas affez de place dans le chœur & dans la nef. Les ambaffadeurs, les envoyés & les réfidens des autres cours, les princes feudataires de Naples & une grande partie de la nobleffe romaine furent placés dans les tribunes à côté du chœur. A tous les autels de l'églife, depuis la pointe du jour jufqu'à midi, on célébra des mefles pour le roi.

S. S., le facré college en corps & la prélature romaine avoient déjà rendu les mêmes honneurs à la mémoire de Louis XV, dans la chapelle papale tenue à cet effet le 4 Juillet.

Les affaires qui font foumises à l'examen de la congrégation de rebus jefuitarum fe multipliant de jour en jour, le fouverain pontife a jugé à propos de joindre les cardinaux Conti & Malvezzi à ceux qui la compofent. Elle rendit, le 11 au matin, un décret approuvé de S. S., pour faire arrêter le foir, dans fa propre maifon, Don Jor feph Bari, chanoine de l'églife collégiale de St. Euftache, qui fut tranfporte au château St. Ange; le motit de fa détention n'eft pas connu. Le frere Jean-Baptifte Welzhofer, coadjuteur de la fociété éteinte, & compagnon de l'affiftant d'Allemagne, qu'il a fervi pendant l'espace d'un an au château St. Ange, où il avoit été enfermé avec lui, ayant préfenté une requête à la congrégation pour ob→ tenir fa liberté, cette grace lui fut accordée le 13;

lui eft enjoint de garder le plus profond filen ce fur ce qui concerne les ex-jésuites enfermés dans ce château.

- On dit que l'églife de Jéfus fera donnée à nation efpagnole, & qu'on leur vendra, pour le prix de 400 mille écus, la manufacture qui y eft coniy tiguë. Le corps de St. Ignace & le tableau qui le repréfente, feront tranfportés à l'églite du college romain, & l'on fubftituera au dernier la repré fentation de la conception, protectrice d'Espagne. L'argenterie & les riches ornemens de cette églife ne font pas compris dans la vente.

Dans une excavation faite depuis peu à Ponte rotto, on a trouvé environ 300 médailles antiques de différens empereurs romains, plufieurs centaines de livres de plomb qui formoient un aqueduc, & plufieurs groffes pierres à bâtir, appellées travertins.

Les lettres de Civita-Vecchia portent que depuis plufieurs nuits on voit un grand feu fur le mont Argentaro, & qu'on croit que ce font quelques brouffailles épaiffes qui ont pris feu par la grande châleur qu'il fait maintenant.

NAPLES (le 16 Août.) Le marquis de Foglia ni, depuis fon retour de Sicile, a repris fa placa au confeil d'état, & affifte régulierement à ceux qui fe tiennent 3 fois par femaine en présence du roi. Ce feigneur fe difpofe à fe rendre à Madrid, pour y juftifier fon administration auprès de S. M. Cath., qui l'a toujours honoré d'une eftime parti culiere. On croit qu'il s'embarquera furle vaiffeau de guerre efpagnolle St. Janvier, qui eft arrivé dans ce port le 2 de ce mois, chargé de divers préfens pour cette cour, & d'environ 250 mille piaftres deftinées à l'entretien des ex-jéfuites efpagnols qui font dans l'état eccléfiaftique. Le commandant & les officiers de ce vaiffeau eurent l'honneur d'être préfentés au roi le 4.

Le corps entier des miquelets, qui étoit répan→ du dans diverfes provinces du royaume, s'eft ren