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ses qui en dependent, ou qui peuvent y être réŋnies, ni leurs membres refpe&tifs, tant en général qu'en particulier, foient troublés ou empêchés dans la jouiffance de leurs droits, libertés & privileges bien acquis. Nous ordonnons en conféquence, à tous nos offieiers militaires & civils, commandans & colleges, particulierement à notre gouvernement, ainfi qu'au tribunal fupérieur & inf'rieur de cette notre réfidence de Berfin, qu'ils aient à fe conformer aux préfentes, comme il leur appartient, en toute obé ffance, à protéger effieacement, à fà réquifition, ladite grande loge des francsmaçons d'Allemagne, & à ne point permettre qu'elle foit troublée ou incommodée de quelque maniere que ce foit. En foi de quoi nous avons figné de notre propre feing ces très-gracieufes lettres de protection, & nous y avons fait attacher notre fceau royal.

I

Donné dans notre réfidence, royale de Berlin, le 1 Juillet, l'an de grace 1774, & de notre regne le trentecinquieme.

(L. S.) Signé FREDERIC. E plus bas COMTE LE FINCKENSTEI

VON HERTZBERG.

FRANCFORT ( le 31 Août. ) Des lettres de Nuremberg du 15 de ce mois, portent que le Sr. de Ronac, gentilhomme françois, étant defcendu de fa chaife à quelques lieues de cette ville, & la chaife ayant continué de marcher, il it avoit été attaqué par un homme à cheval, armé d'un couteau de chaffe, tandis qu'un fecond à pied fortoit du bois derriere lui pour le furpren dre. Le Sr. de Ronac voulut les contenir avec un piftolet de poche; mais il fut affailli par eux, & terraffé. Le voleur defcendit de cheval, & lui porta plufieurs coups de fon couteau de chaffe, dont un, dirigé fur la poitrine, frappa fur un reliquaire que ce gentilhomme portoit pendu à une chaîne d'or à fon col, & qui para le coup. Il en reçut un autre dans le menton, qui fortoit à travers las joue droite. Cependant il fe défendit fi vigoureufement, qu'il parvint à fon tour à terraffer

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fon adverfaire, & lui enleva fon couteau de chaffe. Le fecond voleur s'enfuit alors; mais comme le Sr. de Ronac avoit auffi été bleffé à la main en voulant faifir le couteau de chaffe, il ne put retenir le premier voleur, qui ayant donné quelques fignaux, en attira d'autres à lui. Le poflillon qui conduifoit le Sr. de Ronac, inquiet de ne pas le voir, fe mit alors à fonner du cors & revint fur fes pas; ce qui empêcha les voleurs de s'avancer plus loin. Le Sr. de Ronac, arrivé dans Nuremberg, reçut tous les fecours poffibles, & l'on envoya fur le champ diverfes patrouilles dans le bois, où ces voleurs ont leur retraite. On efpere que le fignalement du cheval & du premier voleur pourra fervir à les faire découvrir.

Quelques jours auparavant, les mêmes brigands avoient attaqué, entre Nuremberg & Wurtzbourg, le charriot de pofle qui part de Ratisbonne pour Francfort & Cologne. Après avoir enlevé de la voiture une forte fomme d'argent, ils ont fort maltraité le Sr. de Molck, fils du miniftre de Saltzbourg à la diete de l'emp re, & l'ont dépouillé de tout ce qu'il avoit.

RATISBONNE (le 20 Août.) Les politiques ont les yeux ouverts fur le voyage que le général anglois Conway, accompagné du capitaine Scott, fait à la cour de Vienne, après avoir paffé à Hanovre & à Berlin. On apprend que la bonne harmonie qui regne entre cette derniere cour & celle de Londres, a produit des négociations conformes à ces fentimens: mais l'intelligence n'eft pas la même entre Sa Maj britannique & la cour impériale, dumoins pour ce qui concerne l'électorat de Hanovre. Dans l'affemblée de la diete, qui fe tint le 29 du mois dernier

l'envoyé directorial d'Autriche lut un refcrit de fa cour, portant en substance.

Que l'électorat de Hanovre cherchoit dans toutes les occafions à faire des lignes & des partis entre les états généraux de l'empire pour s'oppofer aux vues de la cour impériale, quoique la maifon de Brunswic en obtenant la dignité électorale, fe foit folemnellement engagée à entretenir une bonne intelligence avec cette cour; qu'elle avoit agi directement contre cette obligation dans toutes les occafions, furtout dans l'affaire de la vifitation de la chambre de Wetzlar, en retardant les travaux par des longueurs & des difputes inutiles, & en empêchant long-tems le renouvellement de la premiere claffe, que la plus grande partie de l'empire defiroit ardemment que toutes les repréfentations fur la conduite du Sr. Falck, fubdélégué de Bréme, avoient été inutiles, & qu'on avoit refufé de le rappeller: enfin, on allégua comme une preuve des difpofitions peu amicales de la cour de Hanovre (preuve cependant, qu'on ne cite que par occafion & comme une des moindres raifons de plainte ), que la cour impériale, ayant fait acheter un transport de chevaux dans le pays Hanovre, le gouvernement avoit exigé le payement de plus de 7000 écus de péage, fans avoir égard à l'exemption dont jouiffent les biens des princes, ni au paffeport de l'empereur, ni à la lettre réquifitoriale expédiée fur ce fujet, & jans faire attention que c'est le chef fuprême de l'empire qui confere les droits de péage, &c.

de

La cour impériale ne s'eft pas bornée à porter ces plaintes à la diete; elle a auffi chargé fes miniftres dans les cours étrangeres de les informer de ces griefs, qu'elle a de plus expofés dans une déclaration remise au miniftre de Hanovre à Vienne, & à tous ceux des princes & états de l'empire qui y résident : elle s'y plaint des désagré

mens que l'empereur & l'impératrice-reine ont effuyés de la part de cette cour électorale, fans que les représentations faites à Londres ayent rien opéré, & l'on finit par déclarer « que, vu ces difpofitions, la cour de Hanovre doit à l'avenir s'attendre réciproquement aux mêmes traitemens >>. Dans l'affemblée de la diete du II de ce mois, le miniftre d'Autriche donna de nouveaux éclairciffemens furle fujet de fes plaintes, qu'il communiqua aux miniftres abfens de la premiere féance. On a porté à la dictature publique un mémoire figné par le baron de Schwarzenaw ministre électoral de Brandebourg; c'est une protestation par laquelle S. M. pruffienne met à couvert fes droits fur la Pomérélie, en rejettant la réclamation publiée dans le mois de Mai dernier, de la part de l'ordre teutonique ( V. 2me. quinzaine de Juin pag. 31.). Cette proteftation eft conçue dans des termes fort énergiques, & ne laiffe rien à defirer du côté de fa folidité.

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VIENNE le 27 Août.) Il paroit une ordonnance de l'impératrice-reine, qui déroge à celle qui avoit été publiée précédemment, & permet dans fes états le cours des ducats de Hollande, qui y avoit été fufpendu.

L'objet du voyage de l'empereur eft de fe trouver aux manœuvres des troupes qui forment des camps en Styrie, en Bohême, en Moravie, & en Hongrie: le camp de Pefth, que S. M. I. vifitera le dernier, eft le plus confidérable; il eft de 34 mille hommes, commandés par le prince Albert de Saxe & par le général Ayaffi; celui de Prague, qui n'eft guere moins nombreux, eft fous les ordres du maréchal comte de Wied. On va former un 5me. camp près du château de Laxembourg; les troupes qui le compoferont, doivent y être rendues le rer. du mois prochain, &

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ne commenceront leurs manœuvres qu'après le retour de l'empereur; le prince Charles de Lich tenftein en a le commandement.

Suleyman Effendi, qui continue de voir ce que cette ville & ses environs offrent de plus curieux, fe rendit, le II de ce mois, aux eaux de Baaden, où il fe baigna perdant 2 heures; il en partit le foir, après avoir examiné la fource de ces eaux minérales. Le 17, il vifita la grande douane nouvellement conftruite, en admira les mar gafins, & fe rendit pour la feconde fois à l'académie des langues orientales; il y refta trois heures à confidérer différentes machines, dont on lui donna l'explication. Le 22 à 6 heures du foir, ce miniftre, accompagné de fes principaux offi sciers, fit une vifite au Sr. de Bihn, interprête de la cour, qui lui donna avec l'agrément de Ja cour un grand concert, fuivi d'un bal masqué; P'envoyé en fortit après minuit, très-fatisfait de cette affemblée, qui lui a donné une idée des amufemens des Européens.

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Quoique la vigne ait été frappée de la grande châleur en plufieurs endroits, on e pere que la vendange fera encore abondante, & que le vin fera fupérieur en qualité à celui qu'on a fait depuis 10 ans.

Entre les pélerinages qui fe font aux environs de cette capitale, il y a une chapelle dédiée à Ste. Anne, où il s'eft trouvé, cette année, une affluence extraordinaire de peuple. Une pélerine jeune & jolie, à qui tous les jeunes gens s'empreffoient de plaire, a fait naître entr'eux une rixe qui a eu des fuites funeftes; en difputant on s'échauffa, on tira les couteaux; & au premier coup de vêpres; il y avoit 5 à 6 jeunes garçons fur le carreau; les autres prirent la fuite, & n'acheverent pas le pélerinage. On a vu prefqu'en même tems un autre malheur, occafionné

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