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d'Alger, que le mufti, ou chef de la religion de cette régence barbarefque eft un de nos concitoyens. Enlevé à l'âge de 10 ans par des corfaires de ce royaume, il y fut circoncis & inftruit dans la religion mahométane. Il fit en peu de tems des progrès rapides dans l'étude de l'alcoran, & montra tant de talens qu'il parvint de grade en grade à celui de cadi ( chef de la juftice), & enfin à celui de grand prêtre de la loi de Mahomet. Dans cette éminente dignité, il s'eft concilié l'eftime générale, & les grands ont pour lui la plus haute vénération.

Les généraux danois de Huth & de Hauch s'étant rendus depuis peu à Elféneur pour examiner les fortifications du château, cette circonftance, l'équipement d'une efcadre & le corps d'armée fuédois, qui fe raffemble dans la Scanie, ont réveillé l'attention de ces fpéculatifs qui faififfent la moindre apparence pour fonder leurs conjectures. Ils s'appuyent auffi beaucoup fur des avis de la Suede, fuivant lefquels on travaille avec diligence à l'armement d'une flotte à Carlfcron : on y a depuis peu lancé à l'eau un vaiffeau de 70 canons & deux frégates, & il y a encore fur les chantiers 3 vaiffeaux de guerre, $3 & 4 grandes galeres, pour former une flotte refpectable au printems prochain. D'autres politiques, qui font plus pacifiques, parce qu'ils font mal leurs affaires en tems de guerre, prétendent que le général Conway, qui eft en Allemagne, eft chargé de conclure un traité d'alliance entre les cours de Vienne, de Pétersbourg, de Berlin & de Londres, dont l'objet fera de maintenir une paix générale. Il feroit defirable pour le bien de l'humanité que ce beau projet fût auffi facile à exécuter qu'à concevoir.

On revient encore fur les motifs de la disgrace du baron de Saldern, qui ne feront peut-être ja

mais exactement connus. On affure qu'il avoit conçu un projet qui, par les changemens qu'il auroit opérés dans l'adminiftration du militaire & dans la direction du département des affaires étrangeres, lui auroit donné la plus grande influence dans le gouvernement.

On apprend que le Sr. François Angeli, colonel au fervice de Ruffie, que tant de gazettes avoient envoyé pieds & poings liés dans les déferts de la Sibérie, a pafié dernierement fain & libre à Konigsberg. On affure que c'et un militaire plein d'honneur, né en France, & qui du fervice de Danemarck a paffé à celui de Ruffie.

Ce fut le 17 du mois dernier, ainsi que nous l'avons dit, que les préliminaires de la paix entre les deux puiffances belligérantes furent fignés à Buyuck-Kainardi, ou Rutfchoux-Kanardshi par le prince de Repnin, comme plénipotentiaire de la part de la Ruffie, & le Nifrangi-RefmiAchmet-Effendi, & Ibrahim, Nicenib-Reis- Effendi du camp, de la part de la Turqu'e; tous les articles du traité furent confirmés, le 27, par le grandvifir & le maréchal de Romanzow en vertu de feurs pouvoirs. Voici les détails qu'on a pu recueillir jufqu'ici fur ce grand événement. La défaite du Reis-Effendi, en affurant aux Ruffes des facilités pour leurs opérations ultérieures en Bulgarie avoit tellement découragé la milice ottomane que le grand- vifir allarmé avoir dépêché un courier à Conflantinople pour annoncer qu'il ne fe croyoit plus en état d'arrêter les progrès de l'ennemi, & pour folliciter à conclure la paix, à quelque prix que ce fût. Le maréchal de Romanzow de fon côté, ne négligeoit aucun moyen de tirer avantage de fes premiers fuccès. Pour en impofer encore plus aux Ottomans, il partagea fon armée en quatre corps. Le premier bloqua Siliftrie; le fecond affiégea Rutzczuk; le troifieme rompit la

communication entre Warna, & le quatrieme, tour nant ce camp, fe mit en pofture d'intercepter la communication entre Schumla & Andrinople. Cette manœuvre adroite, exécutée avec des corps trèsfoibles, produifit l'effet que le général s'en promettoit. Une terreur panique fe répandit dans le camp du grand-vifir,qui conçut lui-même les plus grandes allarmes. Toutes fes troupes lâcherent le pied, pillerent le camp, & cette armée fi formidable peu de jours auparavant, par fa maffe, fe diffipa au point qu'on affure qu'il ne reftoit plus que 12 mille hommes au grand-viíir. Le défordre étoit tel que fi un détachement ruffe fe fût approché de Schumla, il auroit pu faire prifonnier le grand-vifir, & fe feroit emparé de la caiffe militaire & de l'étendard de Mahomet. Dans cette affreufe fituation il ne reftoit à Mouffun-Oglou d'autre parti à prendre que de précipiter la conclufion de la paix avant qu'on fût inftruit du trifte état où il fe trouvoit réduit. Le maréchal de Romanzow fut cependant informé de la terreur que fes premiers fuccès & fes nouvelles difpofitions avoient répandue dans l'armée turque; il en profita pour impofer la loi, & pour faire accepter, non-feulement les conditions inférées dans l'ultimatum de Braila, que les Turcs avoient rejetté au mois de Mai dernier mais encore celles qui avoient été proposées aux congrès de Fockiani & de Bucharest, enforte que l'avantage qui résulte de ce traité pour la Ruffie, furpaffe toute attente. On s'étonnera longtems de cet événement, & la poftérité aura peine à le

croire.

BERLIN (le25 Août.) Le roi, accompagné du prince royal de Pruffe, du prince de Wurtemberg, colonel de cavalerie, & du lieutenant-général baron de Lentulus, partit de Potzdam, le 15 de ce mois, pour fe rendre à Neiff, où tous

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les régimens de la Haute-Siléfie fe font raffemblés pour la revue S. M. ira enfuite à Breslau, qui eft le point de réunion des troupes de la BaffeSiléfie. On croit qu'après avoir affifté à toutes les manœuvres, S. M. prendra les bains de Landeker, d'où elle ne reviendra à Potzdam que le 5 du mois prochain.

Le roi de Sardaigne ayant nommé pour fon miniftre en cette cour le marquis de Grifella de Pompignan, le roi a défigné le chambellan de Keith pour fe rendre à Turin en la même qualité.

La princeffe royale étant de nouveau enceinte, on a commencé à faire des prieres publiques pour fon heureuse délivrance.

On apprend de Pillau, que le nombre des bâtimens pruffiens chargés de diverses marchandifes, eft beaucoup plus confidérable cette année que les précédentes. En jettant un coup d'œil fur les autres ports de la Baltique, on eft étonné de voir que la Pruffe foit devenue puiffance maritime en fi peu de tems.

Le feu prit le 26 Juillet, à la petite ville de Friedberg, dans le duché de Schweidnitz, & y réduifit en cendres 300 maifons, de forte qu'il n'en exifte plus que 17.

Le pape a envoyé une fomme confidérable en ette capitale; ce don du fouverain pontife eft deftiné à achever l'églife catholique de Ste. Edwige.

Le roi a accordé à la grande loge des francsmaçons de cette capitale, des lettres - patentes,

Conçues en ces termes.

Nous FREDERIC, par la grace de dieu, roi de Pruffe, margrave de Brandebourg, &c. &c. &c. fçavoir faifons à tous & chacun comme la grande loge des francsmaçons d'Allemagne, établie dans cette ville de notre réfidence, nous a très-humblement repréfenté que, pour remplir le but de l'inftitution de cet ordre, fçavoir le bienêtre & l'utilité de la fociété humaine, tant en général

qu'en particulier, le grand-maitre & les infpe&teurs de plufieurs loges régulieres & bonnes fe font réunis, & ont conçu, de concert avec la grande loge de Londres reconnue pour la plus ancienne de toutes, un acte de convention qu'ils nous ont en même tems très-humblement remis, en vertu duquel ladite grande loge d'Angleterre reconnoit la grande loge, établie en notre réfidence , pour la grande loge, d'Allemagne, y compris tous nos états refpectifs, & lui accorde, fous les conditions contenues dans ledit acte de convention, le droit non-feulement d'établir pour elle-même de nouvelles loges dans l'étendue defdits pays & états, mais encore de gouverner felon les loix & ftatuts de la franc-maçonnerie, les loges tant réunies que dépendantes qui font déjà établies en Allemagne, & dans nos états.

En conféquence, nous avons non seulement pleinement approuvé ladite convention, par notre très-gracieuse réfolution du cabinet, en date du 7 de ce mois; mais nous -avons auffi accordé à la grande & libre loge des francsmaçons en cette ville notre très-gracieufe protection, fauvegarde, & faveur royale qu'elle nous a demandée, afin qu'elle puiffe jouir d'autant plutôt des droits & privileges d'une grande loge provinciale d'Allemagne, qui lui ont été accordés par la plus ancienne grande loge de Londres, par acte en date du 30 Novembre 1773, & nous avons voulu lui en donner une affurance gracieufe & expreffe, d'autant plus que nous ne doutons point que cette marque de notre faveur, bonté & grace spéciale, ne lui ferve de nouvel aiguillon pour redoubler coutinuellement d'efforts pour l'avancement du bien-être & de la félicité de la fociété humaine.

Et en confidération de fes vues & efforts glorieux qui nous font fi agréables, nous lui accordons, par les préfentes lettres, de protection, la liberté de fe fervir des droits qui lui ont été accordés comme grande loge pro-. vinciale d'Allemagne & des états foumis à notre fceptre, ainfi que de travailler & de s'appliquer librement, publiquement & fans aucun empêchement, tant en notre réfidence que dans tous nos autres pays refpectifs, felon les loix & ftatuts de l'autorité & refpectable ordre des francs-maçons, à l'utilité & au bien-être de la fociété, Nous voulons de plus, que cette notre protection & fauvegarde royale lui ferve en toute chofe jufte & raisonnable, & lui foit de l'utilité la plus forte & la plus étendue, & nous ne voulons point que, foit cette grande loge d'Allemagne, ou les autres leges bonnes & régulie

BS

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