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plufieurs précautions qui annoncent qu'on y eft inquiet, & qu'on craint quelque entreprise de la part des Cofaques du Dnieper, qui ne femblent pas déguiser affez l'intérêt qu'ils prennent à la révolte de leurs confreres du Jaïck & du Volga dont les fuccès commencent à allarmer. La concorde ne regne pas trop entre le peuple & la garnifon de Kiow, parce que cette derniere empiete, autant qu'elle peut, fur les droits de la bourgeoifie, & que le magiftrat, indépendant de l'étatmajor, ne néglige rien de fon côté pour s'afftrer la confervation de fes privileges. Ces altercations pourroient être favorables à tout parti contraire au militaire ruffe, qui n'eft point aimé. On attend de nouvelles troupes dans ces quartiers. Quoique les Cofaques ne fe foient pas encore hautement déclarés, on voit affez qu'ils n'attendent pour le faire, que quelques nouvelles favora bles des expéditions de leurs camarades, & l'on femble craindre que ces avis ne puiffent un jour arriver, parceque cette guerre de détail, qui fe fait dans l'intérieur de l'empire, haraffe extrêmement les troupes réglées, & rend inutiles les pro jets les mieux concertés, & les manœuvres les plus prudentes, contre des hommes féroces qui paroiffent & difparoiffent à chaque moment, pour mettre en défaut la fagacité des chefs, & furprendre les troupes déforientées & fatiguées, comme cela est déjà arrivé plus d'une fois. On a remarqué qu'il y avoit de tems en tems dès étrangers parmi les Cofaques, & que beaucoup de ces. derniers vont & viennent d'un district à l'autre ; ce qui ne peut être qu'un espionage dangereux. On ne donte point qu'il n'arrive bientôt des troupes polonoises; mais on pourroit prédire que leurs forces feront contrebalancées par d'autres Polonois, qui ne cherchent que l'occafion de faire éclater leur reffentiment. Il ne pourroit arriver de cir

conftance plus fâcheuse qu'un foulevement qui enlevât des villes de garantie à l'empire ruffe elles deviendroient le repaire des rebelles, leur entrepôt, & le point de communication entre les ennemis du dedans & ceux du dehors, comme on paroit avoir lieu de le craindre.

On apprend de Pétersbourg que la commiffion pour le nouveau code de loix, qui a fait tant de bruit, & dont les preffes de l'académie ont publié l'inftruction en tant de langues, eft tout-àfait fans activité. Les circonftances peut-être font la cause de la lenteur qu'on apporte à l'exécution de ce projet. Quelques perfonnes cependant pen fent qu'il eft de nature à ne pouvoir en avoir jamais dans un empire tel que la Ruffie, placé fous différens climats, habité par des peuples d'hu meur & de religion tout à-fait oppolées. Il fe roit bien fâcheux que ce plan le plus fage & le plus beau qui ait été jamais conçu par un fou verain, & qui l'a été au milieu du defpotifme, reftât fans effet; c'eft à la grande princeffe qui a voulu elle même fubftituer des loix à la volon té arbitraire de ies prédéceffeurs, & les oppofer comme un frein à celle de fes fucceffeurs, à ne pas abandonner fon ouvrage. Elle a voulu le bien; elle doit le réaliser; fon génie lui en fournira les moyens, & elle fe doit à elle-même d'achever ce qu'elle a commencé, d'ôter des regrets à la pof térité, qui s'écrieroit avec douleur: elle forma un projet unique en faveur de fon peuple; mais ce ne fut qu'un projet.

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Le bruit fe répand en ce moment, que Pugatf chew eft parvenu à envelopper les troupes ruffes envoyées contre lui, & qu'il les a totalement détruites, Cette nouvelle peut avoir été forgée. par les ennemis de la Ruffie; mais il n'en eft pas moins certain que le chef de la rébellion n'a ja mais été ni pris, ni fes hordes anéanties, comme

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en l'a débité à Pétersbourg. Tout annonce qu'i a des liaisons dans l'intérieur de l'empire, & mê- · me avec des militaires. Un colonel ruffe, nommé François Angeli, ayant été convaincu d'entretenir une correfpondance de cette efpece, & d'avoir excité fecrétement plufieurs Ruffes à la révolte, vient d'être envoyé en Sibérie, chargé de fers. On prétend même que fi fes projets n'avoient pas été découverts à tems, toute l'armée de Gallitzin fe feroit réunie aux rebelles.

On ne prévoit pas encore quels endroits la cour de Berlin reconnoitra pour les bornes de fes nouvelles poffeffions en Pologne. Les vaivodies d'Inowroclaw & de Lenczic fubiront, fuivant toute apparence, le même fort que celles de Marienbourg, de Culm & de Pomérélie. Les troupes pruffiennes s'y étendent de plus en plus ; & à mesure qu'elles avancent, elles plantent. des poteaux aux armes de leur fouverain.

Dantzig eft toujours dans la même fituation. On affure qu'il s'y trouve près de 20 mille hommes armés, & beaucoup d'officiers étrangers, qui ont réfolu de défendre cette ville jufqu'à la derniere extrémité.

Si l'on peut ajouter foi à quelques lettres particulieres, l'affaire qui s'eft paffée depuis peu fur le Danube, entre les Ruffes & les Turcs, a été fort vive, & très-meurtriere pour les uns & pour les autres. Des avis de Moldavie s'expliquant plus clairement, affurent que Haffan pacha a chaffé le général Kamenskoy ou Kamenski de Babadagh, & le général Suwarow de Carafow, les ayant obligés tous les deux de repaffer ce fleuve, avec perte, pour le premier, de 400 morts, & pour le fecond, de 270. D'autres avis rapportent ce qui fuit: « Les généraux Kamenskoy & Suwarow avoient pris pofte de l'autre côté du Danube, & y étoient tranquilles; mais les négociations de Août, 1774. ze. quinz.

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paix étant rompues, contre toute attente, les, Ruffes fenfibles à cet événement, ouvrirent les premiers la campagne par des hoftilités. Les généraux Kamenskoy & Suwarow firent porter leurs avant-poftes vers Bazargick, & tur le côté de Tfchumlé. Les Turcs, qui y étoient, fe retirerent, felon l'ordre qu'ils en avoient; mais ils in, formerent auffitôt l'aga des janiffaires, leur fěrafquier, des forces de l'ennemi qui s'avançoit.. Celui-ci fit à l'inftant faire à 20 mille hommes de fes troupes un mouvement qui lui réulit; car ayant donné fur l'aile gauche des Ruffes, qui étoit très-foible, il les enfonça, & les obligea de repaffer le Danube, fans avoir engagé une action, en forme, & s'être fervi beaucoup de fon canon. Ce récit détruiroit la nouvelle des avantages remé portés par les Ruffes, ainfi que le paffage du fleuve par le maréchal de Romanzow. C'eft au tems à donner le fceau de la vérité à l'une ou l'autre, de ces relations contradictoires.

BERLIN (le 26 Juiller). Le roi a élevé au grade de lieutenant-général de fes armées le St. Salenmon, général-major, & commandant de Wefel.

Nos papiers publics parlent dans les termes fuivans de l'affaire qui s'eft paflée fur les frontie res de la Pruffe & de la Pologne, entre la Netze & la Warthe, « Le régimentaire polonois Kraizewski s'opiniâtroit à tenir ferme avec une centaine de foldats de la république à Kompiela, endroit qui eft dans les limites de la province cédée au roi, On avoit poflé un détachement de Boíniaques pour obferver cette troupe polonoife. Celle-ci voulut fortir le 29 Juin, pour fourrager dans les villages voifins. Les Bosniaques tâcherent d'en empêcher les Polonais, en leur oppofant fimplement leurs lances ou bayonnettes, fans tirer n

employer d'autre violence, comme ils en avoient des ordres exprès mais les Polonois firent feu d'une embuscade, tuerent quelques Bofniaques, & bleflerent à mort un de leurs offi eiers; ce qui obligea enfin ceux-ci à fe défendre, & à donner für la troupe polonoife, qui fut difperfée & chaffée dans les forêts voifines. Telles font les véritables circonftances d'une affaire dont on fera apparemment, felon la coûtume, beaucoup de bruit, mais dans laquelle les Poloncis ont été ouvertement les aggreffeurs ».

FRANCFORT (le Août.) Le triomphe que l'inoculation a obtenu en France, fait ouvrir les yeux à ceux qui s'obftinoient à les fermer fur cette pratique falutaire. Une fociété de citoyens de Gieffen, vient de prier le Sr. Kebel, profeffeur de médecine à l'univerfité de cette ville, d'inoculer leurs enfans ; il s'eft prêté avec plaifir à leurs vues & ces jeunes gens feront rendus dans quelques jours fains & faufs à leurs familles.

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Le prince héréditaire de Bade-Dourlach a épousé, le 15 du mois dernier, au château de Carlsruhe en Souabe, la princeffe Emilie-Frédérique de HeffeDarmstadt. Ce mariage a été célébré avec beaucoup de pompe.

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Ce ne fut que le 26 du mois dernier que le chapitre de Worms procéda à l'élection d'un prince évêque : tous les fuffrages fe font réunis, comme 'on l'avoit prévu, en faveur du baron d'Erthall électeur de Mayence. La nouvelle de cette élec tion étant parvenue le même jour dans cette dermiere ville, on y donna la fête la plus brillante qu'on fe fouvienne d'y avoir vue, les bords du Rhin, le pont qui eft établi fur ce fleuve & tous les quartiers de la ville furent faperbement illuminés. On dit que les ex-jéfuites fe font diftingués dans Gette occafion.

B &

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