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ratification du traité du 24 Mai 1772, entre le feu roi, & le prince-évêque de Liege.

Lorfque l'académie françoife fut préfentée à L. M., le Sr. Greifet, directeur de cette compagnie, prononça le difcours fuivant, adreilé au roi,

SIRE,

L éloquence la plus noble ne feroit pas aujourd'hui moins infufilante que ma foible voix, pour bien offric à votre Maj. le premier hommage de fon académie françoife, & notre plus profond refpect. La feule idée qui me rallure c'eft qu'en ce moment, Sire, toutes les voix de vos fujets font égales: il n'en eft qu'une une même éloquence, ce cri unanime de tous les cœurs, ces tendres acclamations univerfelles, le figne le plus sûr de l'amour des peuples, le plus éloquent éloge du fouverain,

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Si nous ne craignions, Sire, de renouveller la dou leur de votre Maj., l'académie françoife acquitteroit au pied du trône, le tribut de reconnoiffance que nous devons à la mémoire d'un monarque plein de bonté àmi de la paix, ami des beaux arts, & qui honora toujours l'académie de fes regards; mais le cœur fenfible de votre majesté nous commande le filence.

Quelle eft intéreffante & chere cette fenfibilité fi précieufe qui annonce le pere du peuple! & combien vivement elle nous retrace l'ame fublime, l'ame célefté qui vous l'a tranfmife! L'augufte auteur de vos jours, Sire, ce prince adoré qui, par toutes les vertus regna fur tous les cœurs; ce génie immortel refpire tout entier dans l'ame de votre. majefté, dans votre amour pour la religión, pour la vérité, pour la félicité pu blique. Les brillantes deftinées dont ce grand prince fut privé, vont être remplies par le regne fortuné de votre majesté, fur la plus noble des monarchies, fur cette nation généreufe, franche, fenfible, fi diftinguée par fon amour pour fon maître, pour laquelle cet amour eft un befoin, une gloire, un bonheur; nation fi digne, par fes fentimens, de l'amour de fon roi.

Le Sr. Greffet complimenta enfuite la reine en

ces termes..

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MADAME,

Il ne reftoit plus à la nation qu'un fentiment dont ellè peur offrir l'hommage à votre maj., celui du plus pro

fond refpe& qui nous amene au pied du trône: le tribur de tous les autres fentimens vous avoit été offert d'une voix unanime, dès que votre préfence augufte & chere a paré nos climats. Tous les titres faits pour commander, réuffir & plaire, titres héréditaires dans votre augufte maison, la bienfaifance, la fenfibilité pour l'infortune, l'efprit aimable, & la vertu embellie de toutes les graces qui la font adorer, avoient commencé. votre empire fur tous les cœurs françois.

Au milieu de l'enchantement univerfel, au milieu de ces attendriffantes acclamations qui précedent, accompagnent & fuivent vos traces, daignez, Mme., en recevant, avec bonté, le premier hommage de l'académie françoife, lui permettre d'espérer que votre Maj. voudra bien quelquefois honorer fes travaux d'un regard.

Les lettres, les beaux arts & le génie font les organes & les dépofitaires de la gloire des empires. Quelle époque plus brillante pouvoit les animer & les infpirer, que le regne fortuné qui commence! En écrivant, Madame, pour le plus puiffant & le plus aimable des rois; en écrivant, pour votre majefté, l'hiftoire, l'éloquence & la poéfie n'auront que des fuccès à célébrer, des vertus à peindre, & la vérité à exprimer.

On affure que le comte du Muy, miniftre d'état au département de la guerre, a obtenu du roi que les grades militaires ne feront pas le prix de la faveur & des follicitations; mais qu'ils ne fe ront accordés à l'avenir qu'à l'ancienneté des fervices.

Le parlement vient de juger un procès affez épineux, & dont voici le fujet. Le titulaire d'un office de directeur & tréforier de la monnoie d'Amiens fait vente de cet office pour une fomme beaucoup fupérieure à celle de la finance. Il paffe avec l'acquéreur plufieurs actes, & furtout un éerit, par lequel il confent à la nullité du contrat fi l'acquéreur ne peut obtenir l'agrément. Cet agrément prêt à être donné, eft cependant refufé, & au mois de Février fuivant, l'office eft fup. primé par l'édit de 1772 concernant les monnoies.. L'acquéreur demande alors la reflitution de ce qu'il avoit payé d'avance. Le vendeur foutient que

le contrat de vente doit être exécuté, & que fi l'agrément a été refufé, c'est par l'intrigue & łes démarches de l'acquéreur, qui a lui-même follicité le refus, au lieu de joindre fes efforts aux fiens pour l'obtenir; que la fuppreffion éventuelle de l'office ne change rien aux conventions antérieures arrêtées entre les parties, & confommées par les paiemens déjà faits & la tradition, d'autant que ces conventions ont empêché le titulaire de vendre fon office à d'autres. Cependant, l'arrêt a jugé en faveur de l'acquéreur, & le contrat de vente a été annullé.

La comteffe de Valentinois, qui vient de mourir fans enfans, & qui avoit plus de 140000 liv. de rentes, a donné par fon teftament, une partie de fon bien à fes amis, à fes gens d'affaires, & à fes domestiques; entr'autres, 15000 liv. de rente au Sr. Boudot, fon procureur, 10000 à fon notaire, & aux autres à proportion. Elle a fait fa légataire univerfelle la ducheffe de Fitzjames; elle a légué fa belle maifon de Paffy, où il y a pour 50000 écus ou environ de mobilier, au comte de Stainville, frere du duc de Choifeul, & 100000 liv. au comte de Biffy. Elle n'a rien laiffé à fa famille de SaintSimon.

Le grand maitre des cérémonies s'eft rendu aujourd'hui au parlement, pour l'inviter au fervice qui doit fe faire, le 27 de ce mois, dans l'églife royale de St. Denis, pour le repos de l'ame de Louis XV. On ne fait point encore quel fera le prince du fang qui fera les honneurs de cette augufte cérémonie funebre. Jufqu'à préfent, il n'y a que le fervice qui ait reçu des or-. dres.

La cour, qui doit aller paffer quelques jours à la Muette, fe rendra à Compiegne le 4 du mois prochain,

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Le Sr. Turgot, intendant du Limoufin, vient d'être nommé ministre secrétaire d'état au département de la marine, à la place du Sr. de Boy

nes.

La daine de Parabere, abbeffe de l'abbaye royale de Notre-Dame-lès-Saintes, après avoir donné des preuves, de fon attachement pour la maison royale durant la maladie du feu roi & des trois princeffes, fes auguftes filles, a fait vou, lorfqu'elle a été inftruite de l'inoculation de Sa Maj., de recevoir gratis, dès que le roi feroit rétabli deux demoiselles de condition, d'en élever deux autres, & de nourrir & entretenir deux pauvres jufqu'à ce qu'ils euffent appris un métier.

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L'inoculation de S. M., des princes fes freres, & de Mad. la comteffe d'Artois, eft le triomphe de cette opération, fi longtems combattue & qui va être généralement adoptée. Le Sr. de la Condamine avoit prévu cet événement, & c'est ainfi qu'il s'exprime dans un mémoire, lu en Novembre 1758, dans une affemblée publique de l'académie royale des fciences. « L'inoculation je le répete, s'établira quelque jour en France, & l'on s'étonnera de ne l'avoir pas adoptée plutôt; mais quand arrivera ce jour ? Oferai-je le dire? ce ne fera peut-être que lorsqu'un événement pareil à celui qui répandit parmi-nous en 1752 de fi vives alarmes, & qui fe convertit en tranfports de joie (la petite-vérole de M. le Dauphin ), réveillera l'attention publique; ou, ce dont le ciel veuille nous préferver, ce fera dans le tems funefte d'une catastrophe femblable à celle qui plongea la nation dans le deuil, & parut ébranler le trône en 1711. Alors, fi l'inoculation eût été connue, la douleur récente du coup qui venoit de nous frapper, la crainte de celui qui menaçoit encore nos plus cheres efpérances, nous euffent fait recevoir comme un préfent du ciel,

e préfervatif que nous négligeons aujourd'hui. Mais à la honte de cette forte raifon qui ne nous diftingue pas toujours affez de la brute, le paffé, le futur font à peine impreffion fur nous; le préfent feul nous affecte. Ne ferons nous jamais lages qu'à force de malheurs? Ne conftruirons-nous un pont à Neuilly qu'après que Henri IV aura couru rifque de la vie en y paffant le bac? N'élargirons-nous nos rues qu'après qu'il les aura tein-tes de fon fang »?.

Le 11 de ce mois, l'abbé Delille, élu par l'académie françoife à la place du Sr. de la Condamine, prit fa place à l'académie, & fit fon difcours de remerciment, auquel l'abbé de Radonvillers répondit. L'abbé Delille termina la féance par la lecture d'une fatyre en vers fur le luxe, qui a mérité l'applaudiffement général.

Le Sr. Darquier, de l'académie royale des fcien-ces de Toulouse, & corfefpondant de celle de Paris, a revu, dans fon obfervatoire à Toulouse le Icr. de ce mois, à 8 heures & demie du foir les bras de Saturne égaux en longueur & en lumiere. Il avoit annoncé cette réapparition, pourt le même jour, dans un mémoire lu le 14 Avril, à l'aflemblée-publique.

Le notaire G... vient de faire banqueroute : il se trouve déjà chez lui un vuide de près d'un million on ne conçoit pas comment on a pu avoir tant de confiance dans un homme qui faifoit une dépense au-deffus de fon état.

Dans le tems que les Romains poffédoient l'Efpagne, ils avoient des mines qu'ils faifoient exploiter, & dont ils tiroient une grande quantité d'or & d'argent: depuis longtems, la cour de Ma drid s'étoit peu occupée de cette exploitation; plus jalouse de celle du Pérou, elle y bornoit fes foins.. Des particuliers françois fe font réunis à des ef. pagnols, & ont formé une compagnie pour ex-

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