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toit à ne point violer le ferment prêté à la république, & à ne point céler des droits qui appartiennent à S. M.; qu'il leur confeilloit en même tems, de répondre au médiateur ruffe, que le canal du Fahr waffer étant confiruit fur le fond de la mer, & non fur le territoire de l'abbaye d'Oliva, ils ne pouvoient enfreindre la convention de Pétersbourg, par laquelle Dantzig étoit excepté de la ceffion de la PruffeOccidentale, avec toutes les poffeffions; que pleins de confiance dans la générofité de S. M. Imp. de toutes les Ruffies, ils efpéroient de la magnanimité de cette princeffe, qu'elle propoferoit à la ville d'autres moyens d'accommodement avec S. M. Pruf., plus conformes à l'état dans lequel elle se trouvoit avant le 13 Septembre 1772 & à cette époque, plus compatibles avec fa propre confervation, moins contraires à la convention de Pétersbourg du 5 Avril 1772, & plus faciles à concilier avec la fidélité qu'ils doivent au roi & à la république de Pologne ; qu'en conféquence, les trois ordres, liés par le ferment qu'ils ont prété au roi, leur maître, ne pouvoient donner d'autre réponse que celles qu'ils venoient de faire ; que le comte de Golowkin avoit été témoin lui-même de l'émeute excitée par les bourgeois, lorfque les trois ordres, dans la vue feulement de complaire à S. M. Imp., étoient difpofés à s'écarter de leur devoir par une réponse favorable aur prétentions de S. M. Pruf., & qu'ils le fupplioient de propofer à la ville d'autres moyens d'accommodement, d'après les motifs qu'ils venoient d'expofer. Le comte de Golowkin se borna à entendre la lecture de la note, qu'il refufa de recevoir, & il déclara aux députés du magiftrat qu'il attendoit l'ordre de fon rappel. En effet, quelques jours après, ce miniftre partit pour fe rendre à Konigsberg.

Depuis ce moment, la ville eft dans l'incertitude fur le fort qu'on lui prépare, & l'on s'attend à yoir inceffamment les Pruffiens la refferrer plus éJuillet, 1774. ae. quing

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troitement que jamais. On a déjà publié dans toutes les chaires des worder d'Elbing, une ordonnance qui défend, à l'égard de Dantzig, toute importation & exportation, & la même défenfe doit fe faire dans les diftricts de Marienbourg & de la Pomérélie. Nous nous attendons,en conféquence, à éprouver les plus grandes difficultés pour nous procurer plufieurs denrées, & furtout du bois à brûler; mais les Prufliens n'en auront pas moins pour Te défaire de leurs productions, puifqu'ils n'ont point d'autre débouché que cette ville. D'un autre côté, les commis de la douane pruffienne vifttent, depuis quelques jours, avec autant de rigueur que de dureté, tous les caroffes qui fortent d'ici pour aller à la promenade; ils n'en ont excepté jufqu'à préfent que les voitures des magiftrats. Toutes ces entraves font le prélude du reffentiment des Pruffiens qui commencent à fe renforcer dans nos environs; le fecond bataillon du régiment de Templin entra, le 7 au foir, dans nos faubourgs; il vient de confifquer plusieurs charriots, & leurs chevaux, fous le prétexte que les ballots de laine vuides dont ils étoient chargés, avoient feryi à introduire ici des marchandises de contrebande. Nous fommes continuellement fur nos gardes, & l'on fait les difpofitions néceffaires pour garantir la ville de toute furprise.

Le 20, un huffard pruffien ayant bleffé à la tête un garçon épicier, la populace s'ameuta, & fondit fur les enrôleurs pruffiens qui font encore ici; ils couroient rifque d'être affommés fi la garde ne fût venue à leur fecours, & ne les eût conduits en lieu de fûreté. Il n'eft point de petit événement qui, dans les circonftances préfentes, ne puifle avoir des fuites très-fâcheufes.

Le prince primat,qui réfide toujours en cette ville, vient de faire publier un mandement qui ordonne des prieres & des meffes pendant trois jours,

dans fon diocese, pour le repos de l'ame du feu roi de France, comme fils ainé de l'églie.

ALLEMAGNE.

LUBECK (le 30 Juin.) Il paffe pour conftant qu'il va fe faire un échange entre le roi de Pruffe & le roi d'Angleterre, en fa qualité d'électeur de Hanovre. S. M. Pruf. propofe de céder à S. M. Brit., pour la principauté de Saxe-Lauenbourg, un diftrict du territoire de la Vieille Marche, nommé Dromeling, & quelques baillages du pays de Halberstadt. La confommation de ce projet nous feroit très - préjudiciable, par rapport auk droits que la principauté de Lauenbourg prétend avoir fur le baillage de Bergedorff, que nous poffédons en commun avec la ville de Hambourg, & dont le monarque pruffien ne manqueroit pas de fe remettre bientôt en poffeffion. Ces droits avoient été révendiqués autrefois par la maifon de Brunswick-Hanovre, qui fe contenta alors d'une fomme d'argent une fois payée.

Suivant un nouveau réglement de la régence de Hanovre, qui paroit accréditer l'échange dont on vient de parler, les marchandises venant de Bohêne, des foires de Leipfig & de Brunswick, ainfi que les ouvrages en fer de Schmalkade, & les houblons de la Vieille-Marche, ne feront plus. transportés à l'avenir par le canal de Boifenbourg, ni par le Mecklenbourg, pour se rendre ici; elles prendront la route de Saxe-Lauenbourg, & pafferont par le canal d'Altenbourg. Ce réglement eft exécuté avec tant de rigueur qu'on a arrêté dernierement 8 chariots, qui ont été conduits à Lunebourg; il diminue beaucoup les revenus de la douane du duc de MecklenbourgSchwerin, & porte un préjudice confidérable an commerce de fes fujets. D'un autre côté, le roi

de Pruffe fait actuellement creufer, dans le comté de Ruppin près de Neuftadt, un canal de communication entre la Doffe & la Rien. La premiere de ces rivieres, qui fe jette dans la Havel un peu au-deffus de Hauelberg, prenant fa fource près des frontieres du Mecklenbourg, peut faciliter le commerce par eau avec ce duché. On y employe un millier de, travailleurs, tant payf fans que foldats; mais, comme la proximité des confins donne lieu à la contrebande, la ferme du tabac a pofté une groffe garde dans les environs, & il y a déjà eu des voies de fait entre elle & les ouvriers.

Suivant les lettres de Pétersbourg, on commence à être fatigué de la guerre, & l'on envifige avec furprife les frais immenfes qu'elle a occafionnés; on fe permet des réflexions & des calculs fur les revenus de l'état, pour juger de ce qu'on a fait, & de ce qu'il eft poffible de faire Encore fi la paix ne fe conclut pas cette année, Ces revenus confiftent en hommes, que le def potifme adjuge au fouverain, en produits & en argent. Les Cofaques appartiennent particuliere

ent à la premiere claffe de ces revenus, & ce font les Cofaques qui fe font rangés fous les étendards de Pugatfchew. On craint qu'ils n'entraînent les Zaporogiens. Cette nation, malgré la protection que lui accorde la Ruffie, ne fçauroit s'empê-cher de donner des marques de mépris au defcendans de Doroffcnska, ancien hetman qui fe foumit aux Ruffes; ce n'eft qu'avec répugnance qu'elle fournit des hommes, & elle ne les fournit jamais fans quelque conteftation. Les Kalmouks ont, de leur côté, trouvé le moyen de n'obéir que quand ils veulent, fans qu'il y ait aucun air d'indépendance apparente dans leur fait; ils' rendent fi peu de fervices pour les fubfides qu'ils obligent la cour de leur donner, que le gouver

nement préfere prefque toujours de fe paffor d'eux. On remarque, que le nombre des domeftiques des grands diminue, quand il fau droit que le nombre des foldats augmentât. C'est des bords des grands fleuves & des principales rivieres qu'on tire des mâtelots pour la flotte; les rives du Wolga & du Jaick font occu pées par les rebelles. Les mines ont été obligées de fournir des fujets pour la marine, & Archipel eft devenu leur tombeau. Quand on fait la guerre il faut faire des fieges, ou en effuyer; il faut des voitures, des vaiffeaux, des magafins; les ouvriers de tous les genres ont été tirés des provinces où les arts les plus groffiers ne font pas encore parvenus à un degré médiocre de perfection; & ces gens font de peu de fecours, parce qu'ils n'ont appris leur art que par routine, & fouvent fans maitre. Quand un état a beaucoup d'argent, il fait fes gratifications en argent; quand il les fait en hommes, c'eft que l'argent lui manque; & la population ne gagne pas à augmenter le nombre des efclaves des ferfs.

que

C'est encore une mauvaise efpece de reffource les revenus en produits, c'eft la feconde branche des revenus de l'empire ruffe, où le payfan travaille pour une infinité d'entrepreneurs qui s'enrichiffent fans fournir de grandes richeffes à l'état. L'impératrice régnante a beaucoup foulagé les gens de la campagne en foumettant les livraifons à l'examen le plus rigoureux, en facilitant les tranfports, en rognant les aîles aux entrepre neurs, en ouvrant des débouchés au cultivateur & tout va auffi bien que peut le comporter l'efclavage, toujours plus dur pour l'efclave foumis au ferf, que pour l'efclave dépendant de la couronne. Outre les troupes qui compofent l'armée du comté de Romanzow, celles du prince Dolgorucki, du prince de Gallitzin, il en faut en Po

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