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qu'au 15 Juillet prochain; mais après le 31 Aott, il n'em pourra circuler aucune au deffous du poids fixé par cette ordonnance, qui eft fondée fur les réfolutions prifes à ce fujet par la chambre des communes le 9 Mai dernier. Dès que le befoin de circulation l'exigera, on refrappera les pieces d'or.

Le 14 du mois dernier, les commiffaires du roi s'étant rendus au parlement, y approuverent 4 bills. Le 1er. concerne des fubfides à lever par billets d'échiquier; le deuxieme impofe un droit fur les toiles de coton, & en permet l'ufage; le troifieme a pour objet de prévenir les inconvéniens réfultans de la naturalifation, & le quatrieme garantit les intérêts des emprunts für les biens des Indes occidentales, & autres.

Le 16, les communes réfolurent de fupplier le roi de faire payer 5 mille liv. fterl. pour l'impreffion des journaux de leur chambre, avec promeffe de rembourfer cette fomme à S. M.

Le 17, on propofa dans la chambre des pairs de convenir avec celle des communes des changemens à faire au bill concernant le Canada Il y eut à ce fujet de grands débats, dans lefquels le comte de Chatham fe diftingua beaucoup. Il taxa ce bill de mauvaise politique, & dit qu'il réduiroit ce vafte pays au defpotifme; qu'on vou. loit lui impofer une loi odieufe, qui détruiroit tous les principes de l'équité & de la droiture, principalement en ce qui regarde la décifion des procès par jurés, & l'acte d'habeas corpus; privileges que tous les vrais patrio. tes voudroient conferver aux dépens de leur fang, & qui font les deux boulevards qui mettent en fureté le corps & les biens; qu'il étoit ridicule de croire que les Canadiens, nés fous le pouvoir arbitraire, étoient incapables de goûter les douceurs des loix modérées & de la liberté; que le nouveau bill établiroit un gouvernement contraire à l'ordonnance du roi de 1763, qui promettoit l'obfervation des loix britanniques, & que le pouvoir accordé au gouverneur & au confeil du Canada étoit tyrannique. Le duc de Glocefter & d'autres lords furent du fentiment du comte de Chatham; mais le comte de Darmouth & d'autres pairs s'y oppoferent, & la propofition fut approuvée à la pluralité de 25 voix contre 7. On en donna

avis aux communes.

Les moyens accordés pour fournir au payement des fubfides de l'année préfente monten; à 6674470 liv. fterl. Ainfi il restera un excédent de 514810 liv. fterl.

Le 22, le lord-maire, accompagné des aldermans, & de la communauté de cette ville, fe rendit à St. James pour

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préfenter au roi une requête contre le bill tendant à réformer l'adminiftration du Canada. Arrivés au palais, ils reçu rent réponse par un chambellan, que, comme leur demande regardoit un bill paffé aux deux chambres du parlement. S. M. ne pouvoit rien répondre. Alors le tord-maire envoya un de fes officiers atturer le roi de fes refpecs, & lui dire qu'il étoit venu avec fa permission pour lui présenter une adreffe. Ils furent tous admis auprès de S. M., & on lut l'adreffe par laquelle on prioit le fouverain de refufer fon confentement à ce bill qui viole les conftitutions civiles & religieufes, de ne point perdre de vue les intérêts des négocians, & de ne pas permettre que la catholicité foit établie dans les états britanniques. Le roi répendit que l'affaire étant au parlement, il ne pouvoit rien décider. Cette réponse attira à S. M. les imprécations de la populace, qui l'infulta groffierement en allant au parle. ment, & en revenant.

Le même jour le roi fe rendit à la chambre des pairs; & y ayant mandé les communes, il donna son cenfentement au bill tendant à rembourfer un million fterling fur les annuités à 3 pour 100; à celui qui établit certains droits au Canada; à celui qui tend à réformer l'adminiftration du même pays; à celui qui concerne la monnoie d'or, & autres. Après quoi S. M. termina la féance du parlement par un difcours que nous rapporterons l'ordinaire prochain, & elle prorogea le parlement au 4 Août fuivant.

Les lettres de Bofton, en date du 19 Mai, mandent que le général Gage y étoit arrivé, le 15, fur la frégate l'Astive, en 26 jours de trajet; qu'il y avoit été reçu avec de grandes marques d'honneur, & que tous les officiers civils & militaires, tant du roi que de la colonie, lui ayant prêté hommage, il les avoit tous continués dans leurs emplois; que le fudlendemain, il y eut une affemblée des principaux de la ville, pour prendre en considération l'acte du parlement britannique portant ordre d'en fermer le port, & en châtier les plus mutins &c. Surquoi il fut unanimemement arrêté, 1°. que le commerce de Boston étoit un arneau effentiel de la grande chaîne du commerce qui, en peu de fiecles, a élevé la Nouvelle Angleterre au point où elle eft, a donné aux provinces méridionales l'éclar qu'elles ont; aux ifles occidentales leurs richesses; en un à l'empire britannique ce haut degré d'opulence, de puiffance, d'orgueil, de fplendeur, où il fe trouve actuellement; 2°. que l'acte pour le port de Bofton étoit inconcevable, contraire à la faine politique, & plus encore aux Principes de l'humanité, qu'il falloit l'abandonner à la juste cenfure d'autrui, & en appeller au ciel & à l'univers entier.

mot,

Enfin, l'avis général fut d'envoyer une députation dans toutes les villes de la province pour leur communiquer la réfolution où étoit la capitale de fufpendre toute importation de la Grande-Bretagne & toute exportation à ce royaume, ainsi qu'aux Indes-occidentales qui en dépendent, jufqu'à ce que l'acte pour bloquer le port foit révoqué, & leur demander leur acceffion. Les négocians du port de Newbury ont été les premiers à la donnor, & ont arrêté ce qui fuit: « Qu'au cas que les autres colonies s'uniffent, ou que les autres ports de cette province y concourent, ils retiendront tous leurs navires à mesure qu'ils reviendront, après le 14 Juin 1774, ne feront point d'expédition en Angleterre &c., & n'en recevront aucune avant que le port de Bofton foit rétabli dans fes anciens droits ». Les provinces de la Nouvelle-Yorck de Pensylvanie, de Maryland & de Virginie ont accédé aut à la refolution des Boftoniens, & les ont fait affurer qu'ils feroient caufe commune avec eux. Cependant, au départ des lettres qui contiennent ces nouvelles, on fe difpofoit à transférer de Bofton à Salem le fiege du gouver nement, ainfi que l'affemblée générale, & l'on y atten doit les 4 régimens d'Irlande qui doivent s'y établir pour en impofer aux colons.

Le miniftere eft fortement occupé de toutes ces affaires; il fait dreffer de nouvelles inftructions pour tous les gouverneurs de ces colonies, & il paroît dans la ferme réfolution d'employer la force des armes pour faire exécuter l'acte du parlement contre les Boftoniens. D'un autre côté, on eft tellement animé ici contre les partifans de cette nouvelle loi, qu'on forme le projet, lors de la prochaine élection d'un nouveau parlement, de n'accorder des fuffrages qu'aux candidats qui s'engageront par ferment a faire révoquer & le bill qui concerne le port de Bofton, & celui qui réforme, ou plutôt qui détruit l'administration du Canada.

On fait dans nos ports de grands préparatifs pour le départ prochain des petites efcadres de nos vaiffeaux de guerre qui doivent aller dans la méditerranée & aux répartitions de l'Amérique. Une frégate & deux bâtimens d'approvifionnement doivent aller tenter de nouvelles dé Couvertes vers les pôles. L'efcadr: qui a eu ordre, il y a deux mois, d'aller croifer à l'embouchure de la Manche, & qui a enfuite reçu contre-ordre, vient enfin de faire voile de Portsmouth aux ordres de l'amiral Douglas. Les vaiffeaux font le Marlborough, l'Egmont & le Lenox chacun de 74 canons. Elle fera jointe à Plymouth par

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BRUXELLES (le 7 Juillet.) Monfeigneur l'archiduc, aċcompagné du prince Starhemberg, miniftre plénipotentiaire, du comte de Lamberg & du fecrétaire d'état de Crumpipen, partit le 20 du mois dernier pour Tournay, d'où il fe rendit à Oftende, Bruges, Gand, & autres villes de la Flandre autrichienne, pour y voir les coupures, l'éclufe de Schlikén, les ouvrages de mer &c. S. A. R. revint ici le 27, & alla joindre à Tervuren le duc Charles, notre gouverneur-général. On croit que l'archiduc ne tardera pas à prendre la route de la Hollande; mais ce prince, qui a puifé dans les leçons d'une augufte mere les maximes qui conftituent la véritable dignité, a fait prier les commandans de la république de lui permettre de garder un parfait incognito, & de ne donner d'autres ordres que ceux qui pourront contribuer à l'inftruction qu'il fe propofe de retirer de fon voyage.

On vient de faire un ellai de navigation dont on fe promet beaucoup d'avantages. Le navire l'Heureufe Madeleine, commandé par le Sr. Pierre Cauvin, forti de la Charente avec un chargement d'eau-de-vie, eft arrivé dans le port d'Oftende, d'où il est entré dans les canaux de Bruges & de Gand, & a continué fa route jufques dans notre baffin. Ce navire eft reparti, le 24 du mois dernier, pour Bordeaux, orné d'un pavillon dont notre magiftrat a fait préfent au capitaine. Indépendamment de cet encouragement, fa cargaifon confiftant en bois, biere, plomb en bloc, & en dragées des manufactures de ce pays, a été déclarée exempte de tous droits de fortie, en vertu d'une ordonnance du confeil des finances, rendue le 13 du même mois. Cette attention du gouvernement pour la profpénité du commerce, eft bien propre à ouvrir & à entretenir les fources du bonheur public.

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Toutes les lettres de Paris font remplies de traits de juftice, de bonté & de bienfaifance de Louis XVI, & les poëtes françois s'empreffent à l'envi de célébrer les heureux aufpices de fon regne. Cependant, ce jeune monarque, qui aime la fimplicité & la candeur, n'eft point avide de ces louanges; & l'on affure qu'une perfonne lui en avant préfenté en dernier lieu, -S. M. lui répondit: quand on dira du bien de moi je ne ferai pas fâché dé l'ignorer mais fi l'on en difoit du mal, je voudrois le fçavoir, pour me corriger. a reine partage l'amour du peuple, & la douce générofité de fon caractere lui captive tous les

cœurs.

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BOUILLON (le 1 Juillet.) M. de la Lande, de l'aca démie royale des fciences, eft arrivé en cette ville le 9 de ce mois, & en eft reparti aujourd'hui pour retourner à Paris. Ce célebre aftronome, après avoir vifité les principales villes de Hollande & les fçavans qu'elles renferment, & en avoir reçu l'accueil diftingué dû à fes talens & à fa réputation, s'étoit rendu, le 6 de ce mois à Liege, où il fut préfenté & admis à la table du princeévêque de cette ville. Le 7, il obferva Saturne, de l'obfervatoire de l'académie angloife, où le P. Mercer a raffemblé plufieurs bons inftrumens. Ils ont vu l'un & l'autre, à 9 heures du foir, l'anneau de Saturne qui commençoit à reparoitre, avec une lunette achromatique de 8 pieds, dont l'objectif a deux pouces & demi d'ouverture; mais on avoit une peine extrême à diftinguer la premiere apparence de cet anneau. M. de la Lande avoit fait le prémier fur la réapparition de l'anneau de Saturne, les premiers calculs qui ont été publiés, & que les obfervations des deux difparitions précédentes ont déjà confirmés.

Les lettres de Vienne du 29 du mois dernier portent, que Suleyman-Effendi, envoyé turc, a été admis, le 27, à l'audience de l'empereur, Suivant celles de Pologne du 23 du même mois, les troupes pruffiennes font entrées dans Zuin, ville fituée à 10 lieues de Thorn & de Pofnanie; elles y ont enlevé deux compagnies polonoifes & tué quelques foldats au régimentaire Kraczewski. Le miniftre d'Autriche à remis à la délégation le plan de fa cour pour la démarcation des frontieres, & l'on a été très-furpris d'y voir comprises la ville commerçante de Brody & quelques autres places de Podolie. Le miniftre de Pruffe s'eft borné à remettre au grand chancelier la carte qui fixe les poffeffions du roi fon maitre. La Ruffie precedera fur les le.x mêmes à la démar

cation.

Des lettres qui doivent être d'autant moins fufpectes qu'elles viennent, dit-on, de l'armée rufse, portent, que les généraux Kaminskoi & Szuwarow qui avoient paffé. le Danube à la tête de deux corps détachés, & s'étoient établis à Babadag & à Karafow, ont été délogés par les Turcs, & forcés de repaffer le fleuve, après avoir perdu 5 à 600 hommes. D'autres avis des frontieres de Ruffie font mention d'un échec confidérable effuyé par les troupes du général Czerbatow qui a fuccédé au général Bibikow. On rapporte pour tous détails que les rebelles ont furpris, au millieu de la nuit, l'armée près de Sakenaw fur le Jaik, & qu'ils ont fait un grand carnage des Ruffes,

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