Page images
PDF
EPUB

y paffa en revue les régimens de Langerfeldt & de Krockow, & vifita les cafernes que le confeiller de guerre Lilienthal y a fait conftruire. Le 5, au matin, ce prince fe rendit à Marienwerder; il changea de relais pour aller examiner la fituation des environs de la Viftule, revint dîner dans la même ville, & admit à fa table le prince-évêque de Warmie. Le 7, S. M. partit pour le camp de Mockeraw, près Graudentz, où elle fit l'infpection de tous les régimens qui y étoient raffemblés. Le To, elle reprit la route de Potzdam. Notre magiftrat ayant été informé que le roi devoit paffer à Czarnowo, village de notre territoire, & diftant de cette ville d'environ 4 milles, réfolut de lui envoyer une députation des trois ordres pour le complimenter. Ĉe monarque avoit deffein de dîner ce jour-là en plein air fur les bords de la Viftule; mais un violent orage l'en ayant empêché, il fit un léger repas dans fa voiture, où il étoit feul avec le prince de Brunswick, les autres princes & généraux de fa fuite l'ayant précédé à Oftromensk. Ce fut dans cette circonftance que nos députés fe préfenterent à S. M., qui leur fit un accueil gracieux, leur parla de la perte qu'ils venoient de faire du bourguemaitre Klofman, qu'elle nomma le meilleur des citoyens de Thorn. Le chef de la députation lui ayant alors préfenté un mémoire, S. M. le reçut avec bonté. Les principales demandes que contient cet écrit, font: la reftitution des biens de la ville; l'ancienne franchife des douanes fur la Vifule pour les habitans de Thorn, dont ils ont joui pendant 500 ans, & enfin, la li berté du commerce & de la communication avec la Pruffe-Occidentale. Après cette courte audience, le roi pourfuivit fa route par Sulec & Inowroclaw fur Naklo, où le prince de Pruffe devoit l'attendre. S. M. y vit le nouveau canal qui joint la Viftule à la Netze, & dont l'exécution s'eft, dit

on, faite fupérieurement, de forte qu'il n'y a qu'une différence d'environ deux pouces d'eau moins que l'on n'avoit compté. On y fit paffer, en préfence du monarque, quelques petits bâtimens, qu'on avoit chargés de chaux pour les travaux. Il s'étoit rendu d'ici & des environs une foule extraordinaire de peuple à Czarnowo, qui ne pouvoit affez admirer la fimplicité de la maniere de vivre de ce prince, & fon extrême affabilité.

Le jour que le roi de Pruffe fe rendit de Marienwerder fur les rives de la Viftule, il alla reconnoitre quelle feroit la fituation la plus convenable pour y élever une fortereffe qui pût dominer la Nouvelle-Pruffe, & le rendre maitre de la Viftule. S. M. a choifi une petite ifle que ce fleuve forme près de Grabow, entre la Pomérélie & le cercle de Hockerland de la Pruffe- Electorale & dont la pofition eft d'autant plus avantageufe qu'elle eft couverte par des hauteurs efcarpées. On affure que S. M. a déjà deftiné quelques millions pour l'exécution de cette entreprise, & que plufieurs ingénieurs qui doivent y être employés, font déjà arrivés à Marienwerder.

Les. Bofniaques qui s'étoient établis dans nos environs, & ne laifoient paffer perfonne fans examiner exactement les paffeports, fe font retirés brufquement, & au moment où l'on s'y attendoit le moins. Mais les Pruffiens ont établi une douane à Laffomitz, lieu de notre territoire fur la route de Culm: ils y ont arboré l'aigle de Pruffe, & y ont fait pofer une barriere, pour qu'on ne puiffe pas éviter, pendant la nuit, la vifite des commis. Nous espérons que ces nouveaux arrangemens ne fubfifteront pas longtems.

On mande de Cracovie que les troupes Ruffes qui forment la garnison de cette ville, y font fur leurs gardes, comme fi elles étoient entourées d'en B.

nemis, & qu'elles font de fréquentes patrouilles pendant la nuit, au dedans & au dehors.

ALLEMAGNE.

HAMBOURG (le 27 Juin.) Le Sr. de Leffeps, conful de France en cette ville, vient d'être nommé conful général de France à Pétersbourg; il fera remplacé ici par le Sr. Coquebert de Montbret.

Un courier expédié de Verfailles, le 5 de ce mois. au foir, pour aller porter au comte de Vergennes, ambaffadeur de France à Stockholm, la nouvelle de fa nomination au département des affaires étrangeres, paffa ici le 11. Hier 26, il revint en cette ville, s'arrêta environ une heure chez le baron de la Houze, & reprit la route de Paris. Il a affuré que le comte de Vergennes devoit partir de Stockholm le 26.

La princeffe de Holftein-Gottorp partit le 21 de ce mois d'Eutin, paffa la Trave fans entrer dans Lubeck, & arriva à Wifmar, le même jour, à 8 h. du foir. Le 22, le baron de Hopken, chargé de Ja procuration du duc de Sudermanie, époufa cette princeffe dans l'églife de Ste Marie, qu'on avoit fuperbement décorée pour cette cérémonie. S. A, R. a dû s'embarquer le 23 pour la Suede.

La ville de Dantzig offre aujourd'hui l'exemple d'une fermeté républicaine qui feroit admirée dans les annales des Romains, mais que la politique de nos jours fera peut-être regarder d'un autre œil. La bourgeoifie perfifte dans la réfolution de défendre fa liberté jufqu'à la derniere extrémi❤ té; & quoique fa ruine paroiffe inévitable, furtout fi la Ruffie ne renonce pas au fyftême qu'elle a adopté, les Dantzikois fe flattent au moins d'en reculer le terme. On affure que Dantzig a dans fes murs, des vivres pour deux ans; que fa garnison eft de près de 4 mille hommes de trou

pes réglées, outre 55 compagnies bourgeoifes, exercées au maniment des armes, & qui, animées d'un côté par l'amour de ce qu'elles ont de plus cher au monde, leurs familles, leurs propriétés & leur liberté, de l'autre, perfuadées de la juftice de leur cause, se défendront avec le courage qu'infpirent le patriotifme & le défefpoir. Il faut d'ail leurs, dit-on, une armée de 50 à 60 mille hommes pour affiéger cette ville; & comme fes fortifications font dans le meilleur état, on ne pourroit s'en emparer qu'en facrifiant la moitié de ce monde. Enfin, fi les chofes en venoient à cette extrémité, l'on n'a pas encore perdu tout espoir que l'Europe fe réveille de fa léthargique infenfibilité; & l'on ofe fe promettre que touchées du malheureux fort d'une ville qui fait un des principaux chaînons du commerce, & qu'on veut dépouiller des droits dont elle a joui fans conteftation depuis une fuite de fiecles, plufieurs puiffances s'intéresseront efficacement en fa faveur. La cour de Pétersbourg feroit elle-même une faute capitale en politique, fi elle continuoit de fournir les moyens de s'agrandir à un rival d'autant plus dangereux qu'il pourroit un jour lui enlever l'empire de la baltique, qui fait un des principaux avan tages de fes états. On prétend que cette puiffance ne s'eft prêtée jufqu'à préfent avec tant de faeilité aux vues du roi de Pruffe, que parceque ce prince s'eft défifté des droits qu'il s'attribuoit fur le duché de Courlande, comme ayant fuccédé à ceux de l'ordre des porte-glaive.

Quelque plaufibles que paroiffent au premier coup d'œil, les raifons alléguées par le comte de Golovkin, dans le mémoire qu'il a préfenté au magiftrat de Dantzig, on lui répond que fa propo fition & les principes fur lefquels elle eft fondée, ne font pas auffi équitables qu'il veut les faire paroitre que, quoique l'on accorde que le port de Dantzig

foi: creufe fur le territoire d'Oliva, le contrat em phyteotique eft obligatoire des deux parts; que fi la ville remplit fes engagemens envers le propriétaire emphyteotique, ce dernier, de fon côté,eft tenu de gar der les fiens envers le poffeffeur de l'emphyteofe, & ne peut les rompre à fon gré fans manquer à la bonne foi; que le roi de Pruffe, fucceffeur de l'abbaye dans fa propriété, eft auffi entré dans toutes fes obligations, & ne peut s'arroger des droits plus étendus que n'en a eu celui dont il les tient; enfin, que dire, que l'abbaye d'Oliva n'a pu faire un pareil contrat emphyteotique, au préjudice de la maifon de Brandebourg, ce feroit-là plutôt une de ces déductions de chicane que le comte de Golowkin reproche aux Dantzikois, &c.

Des lettres de la Chine contiennent des détails intéreffans fur l'hiftoire des Calmouks Torgaits qui, en 1771, abandonnerent leurs habitations en Ruffie. Ils étoient fortis de la Grande-Tartarie au commencement de ce fiecle, après avoir eu une vive conteftation avec le kantaisch (prince) des Elutes. La Ruffié les recueillit dans le gouvernement d'Aftracan, & les employa dans fes armées. C'eft cette espece de Calmouks que la czarine Anne envoya au fecours de l'empereur Charles VI fur le Rhin, en 1734. Ces paffages fréquens, ces émigrations imprévues ont, de tout tems, caractérifé la grande nation qui, fous différens furnoms, joints au nom générique de Tartares, occupe fur notre globe une étendue immenfe depuis le Borifthene jufqu'au Japon. Cette vafte contrée, qui ne participe ni aux rigueurs du froid feptentrional, ni aux excès du chaud de la ligne, renferme une 'portion libre & errante de l'humanité entre de grands fleuves & de hautes montagnes qui ouvrent des iffues pour la fuite, ou forment des remparts pour la sûreté de l'habitation. C'est l'ancien berceau de tous les conquérans avant & après Gen

« PreviousContinue »