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a acheté pour la fomme de 16 mille ducats, le palais de l'évêque de Cujavie, qu'il avoit habité jufqu'à préfent à bail. Le prince Sulkowski, palatin de Gnefne, a acheté de fon côté la maifon que le même prélat a nouvellement fait bâtir dans la rue Trompette. Le premier de ces feigneurs a payé, dit-on, les terres qu'il a acquifes du comte Potocki, pour la fomme de 900 mille florins, en billets à ordre ou obligations fur divers feigneurs, auxquels il a rendu des fervices dans les circonftances préfentes. Il vient auffi de recevoir, quoique marié, la croix de Malte, en récompenfe de fon zele pour les intérêts de cet ordre dans l'affaire d'Oftrog.

Il arrive ici affez souvent des détachemens ruffes qui escortent des chariots où se trouvent des hommes habillés à la polonoife avec des femmes & des enfans. Dans la derniere guerre de Pruffe, beaucoup de foldats ruffes avoient déferté, & s'étoient établis & mariés en Pologne; mais lors de nos derniers troubles, les Ruffes, en parcourant le royaume ont eu occafion de découvrir leurs anciens concitoyens : ils les ont réclamés partout où ils les ont trouvés, & ce font les mêmes que 'l'on reconduit en Ruffie avec leurs femmes & leurs enfans. Par cette feule tranfmigration, la Pōlogne perd un grand nombre d'habitans.

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On voit ici un imprimé allemand de 54 pages in-4°., intitulé: Apologie ou Défenfe des hifto"riens polonois anciens,&c. 1774. C'est une réponfe à l'imprimé allemand qui a paru à Berlin, & qui a été annoncé dans les gazettes de cette année, fous le titre de Détails hiftoriques & d'inforf mation concernant les ducs de Pomeranie de la branche de Dantzig. L'auteur de l'apologie prouve, par le témoignage des écrivains allemands & danois, ainfi que par des titres, que ce qu'on appelle la Pomérelie a fait partie du royaume de

Pologne dans les tems les plus anciens connus; & pour ce qui regarde la prétendue identité des deux maifons ducales de Poméranie, dont l'une a regné fur l'Oder pendant plus de cinq fiecles, & l'autre fur la Viftule pendant environ un fiecle, l'auteur foutient que ces deux maisons n'étoient pas la même ou deux tiges d'une même maifon; & il le prouve par des titres auffi authentiques que ceux de l'information, ainfi que par l'aveu des écrivains allemands mêmes, & nommément de Dreger, qui a recueilli tous les titres concernant les deux Poméranies, & dont le recueil a été imprimé à Berlin en 1768.

Il a d'ailleurs été publié, fur ces mêmes objets, différens écrits, outre ceux qui ont été annoncés dans les gazettes de 1773. Tels font ceux intitulés: Difcuffion des raisons alléguées dans l'expofé des droits de S. M. le roi de Pruffe fur la Pomérelie, &c. in-4°. 1773. Difcuffion hiftorique des droits du roi de Pruffe fur la Pomérelie, in-4°. 1773. (en latin). Notes juftificatives pour le précis des recherches fur la Pomeranie, & fupplément à ce précis. 1773. Ce dernier imprimé regarde feulement la généalogie des princes qui ont regné fur la Viftule ou à Dantzig, telle qu'elle a été publiée dans l'expofé de Berlin, & les preuves dont on prétend l'étayer. Cette difcuffion, qui devroit paroitre devenue inutile par le traité que les puiffances co-partageantes ont forcé les Polonois à figner en 1773, n'eût pas été probablement réveillée aujourd'hui, fi l'information ou les droits hiftoriques imprimés à Berlin depuis cette fignature en 1774, n'y avoient pas donné lieu.

N. B. La proteftation que le général-major Wilczewski avoit préfentée au grod de Warfavie, n'y a pas été admife, comme on l'avoit d'abord cru (1ere. quinzaine de Juin, pag. 13.)

On a refufé de la recevoir, fous le prétexte que la lei de la pluralité rendoit l'oppofition d'un feul infuffifante.

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DANTZIG (le'7 Juin.) Cette ville eft dans la crife le plus violente : tout annonce la ruine de fon commerce, & la perte de fa liberté. Avant que de rendre compte de ce qui s'y paffe actuellement, nous allons mettre fous les yeux de nos lecteurs les pieces qui ont précédé, & préparé la révolution. En rapportant (2e. quinzaine de Mai, p. 23 & 24) les propofitions que le Sr. Benoît, miniftre de Pruffe, a remifes à la délégation, nous avons obfervé que de tous les objets de commerce qui y étoient compris, la délégation n'avoit approuvé que l'abolition de l'étape de Dantzig. Ce droit d'étape confifte en ce que les denrées & les marchandifes de Pologne qui defcendent la Viftule, pour être exportées à l'étranger, doivent néceffairement paffer par les mains des Dantzikois, fans pouvoir être vendues directement par les propriétaires polonois aux marchands anglois, hollandois, ou autres. Le magiftrat alarmé des entreprises faites par la cour de Berlin fur un privilege auffi précieux, a fait diftribuer aux miniftres de Ruffie & d'Autriche ainfi qu'aux différentes cours de l'Europe, le mémoire fuivant:

Il eft notoire que dans le cours des négociations de la délégation actuellement affemblée à Warfovie pour régler les affaires de commerce entre la Pologne, les royaumes & états voisins, & pour conclure les articles féparés qui concernent cet objet, parmi divers autres points extrêmement préjudiciables aux droits, aux libertés & au commerce de Dantzig, on a fait la propofition fuivante que désormais la nation polonoife & la nation pruffienne devoient avoir la liberté de commercer directement, réciproquement & fans empêchement, avec d'autres nations étrangeres, quelqu'éloignées qu'elles fuffent; propofition que la délégation a déjà envisagée comme très-avantageuse aux

deux nations. Or, il eft évident par les détails dans lef quels nous allons entrer, que l'exécution de ce projet entraîneroit la perte du droit de port que la ville de Dantzig a poflédé légitimement prefque depuis qu'elle exifte, &, par une fuite infaillible, la chute de fon commerce, & la deftruction totale de la ville. En effet, longtems avant qu'elle fe fût foumife à la domination des rois de Pologne, elle jouiffoit fous fes anciens fouverains les grands maîtres de l'ordre teutonique, du privilege en vertu duquel les marchandifes étrangeres qui y étoient importées, ne pouvoient être vendues qu'aux feuls bourgeois; il n'y avoit que peu de jours dans l'année où il fût permis aux étrangers de commercer avec des étran gers. Ce droit, fans lequel le commerce de Dantzig n'auroit pu fe foutenir, la ville le poffédoit lorfqu'elle abandonna fes anciens fouverains, & qu'elle paffa volontairement fous la domination polonoife. Les féréniffimes rois de Pologne confirmerent ce droit, ainfi que tous les autres, s'obligerent à maintenir la ville dans la paifible jouillance de fes privileges, & n'auroient pas manqué de remplir cet engagement, fi quelqu'une des nations étrangeres eût jugé qu'il lui fût avantageux d'attaquer les prérogatives de la ville, ou de les lui contefter. Mais pendant une longue fuite de fiecles, bien loin que ce malheur arrivât, prefque toutes les nations commerçantes, dans le tems même que leur commerce en général, & celui qu'elles faifoient en particulier avec Dantzig étoient les plus étendus, veilloient au contraire, à ce que fes privileges de commerce fuffent confirmés par les trai tés de paix; ce qui prouve que le propre intérêt des nations étrangeres eft lié avec la conftitution du commerce de cette ville. Or, fi l'on permettoit à toutes les nations de se servir du port de Danzig comme d'un port de paffage, ce ne feroit plus une ville dont le commerce avec prefque tous les peuples de l'Europe a fleuri depuis tant de fiecles, qu'on auroit laiffée fous la domina tion des rois de Pologne, mais un lieu abandonné qui tomberoit bientôt dans l'oubli. En effet, Danzig & chacun de ses habitans fe trouveroient dans l'impossibilité de procurer aux marchands étrangers qui commercent avec cette ville, les avantages & les commodités qui depuis un tems immémorial ont maintenu fi heureufement l'étroite liaison entre les nations étrangeres & la couronne de Pologne ; & la nation poloñoife elle-même reconnoîtroit infailliblement par la fuite, mais trop tard, le préjudice que ce changement total de commerce ne Juillet. 1774. re. quinz.

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manqueroit pas d'occafionner. D'après l'exposé succînt de ces principes généraux, veuillent les puiffances qui ont eu jufqu'à ce jour la générofité de prendre part à la confervation de Dantzig, & de fon commerce, fe déter miner à garantir cette ville de la ruine dont elle eft me nacée, & à la maintenir dans la poffeffion de fon ancien droit d'emporii, en travaillant à faire rejetter les pro pofitions rapportées ci-deffus, & qui tendent à détruire la ville de Dantzig, & à obtenir que dans le traité de commerce à conclure par la délégation, on n'arrête & on n'établiffe rien qui foit contraire aux droits, libertés, privileges, & à la profpérité dont les Dantzikois ont toujours joui, à l'ancienne constitution & à la nature de fon commerce! A Dantzig, le 10 Mai 1774.

On fe flattoit que la préfentation de ce mémoire produiroit quelque effet, & qu'enfin la médiation de la Ruffie, & les bons offices de quelques autres cours détourneroient les malheurs qui menaçoient Dantzig, lorfque le comte de Golow kin, miniftre plénipotentiaire de l'impératrice de Ruffie, remit à une députation du fénat de cette ville un mémoire conçu en ces termes :

L'impératrice, ma fouveraine, ne peut, fans que fa dignité en foit bleffée, fupporter plus longtems la conduite double & artificieufe par laquelle la ville de Dant zig s'opiniâtre à éluder tout accommodement entr'elle & la cour de Berlin. Il y a longtems qu'elle auroit da livrer à l'abandon que méritent fes menées indécentes, une communauté qui méconnoît autant ce qu'elle eft que ce qu'elle doit à la puiflance qui a bien voulu s'intéreffer à fes affaires: S. M. impériale ne confommera pas l'aveuglement où des confeils finiftres ont jetté & retien nent encore Dantzig. Cette ville a été trompée par l'efpoir de jouer un rôle important à la faveur des troubles qu'elle exciteroit entre de grands états, en laissant subfifter une médiation sous laquelle elle croira pouvoir roujours fe réfugier, quelqu'écart qu'elle fe foit permis. C'est pour la derniere fuis que je parlerai aux Dantzikois, & que je m'efforcerai de vaincre leur opiniâtreté, A cette fin, & pour montrer que les vues & les démar ches de ma cour dans cette affaire, n'ont été fufcep tibles d'aucune variation, je reprends & propofe de nou. veau, mais pour la derniere fois, les principes fur lefquels a dú fe faire, felon l'équité & le fentiment de ma sou

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