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Commerce? Ne faut-il pas que nons tirions des païs étrangers une grande partie des matieres crues dont nous avons befoin pour les foutenir.

La Scanie, le Halland, & toutes nos Provinces qui cotoyent la Norwegue, nous fontelles moins cheres que la Finlande, en bntelles moins à craindre du Dannemarck & de fes Alliez que celle-ci de la Ruffie?

Pouvons-nous croire être mieux en etat de faire tête à plufieurs Puiffances formidables, fecondez que nous ferons d'une feule, dont les fecours, plus ils feront puiflans, plus ils nous allarmeront? Ou eft-il plus raisonnable de nous flater de pouvoir prêter le collet à une feule Puiffance foutenus que nous ferons de plufieurs autres, qui quelque confiderable que leur affiftance puifle être, ne donneront aucune aprehenfion ni à notre gouvernement ni à notre liberté ?

Au refte fi la perte que le Duc de Holstein a fouffert dans le Sleswick vient de ce qu'il a pris parti dans notre derniere Guerre l'on ne fauroit la mettre fur notre compte ni nous en demander reparation. Les Miniftres de Holftein fe font mêlez de cette affaire fans que l'on le leur ait demandé, & en perfuadant le Comte de Steenbock d'y faire marcher fon armée, ils nous ont fait malheureufement perdre cette armée, la feule reffource qui pouvoit fauver nos Provinces d'Allemagne, dont la perte fut une fuite de celle de cette même armée; Outre qu'on peut raporter tous les derniers malheurs de la Suede à la Maison de Holstein, qui en faifant bâtir de grandes Fortereffes donna occafion à la Ligue entre le Danemarck,

nemarck, la Ruffie & la Pologne, qui fit éclater la derniere Guerre. Depuis Charles Gustave, que nous avons épousé toutes les querelles de la Maison de Holstein contre le Danemarck, notre complaifance pour cette même Maison n'a pas peu fervi à nous mettre toûjours à dos ce Voifin, & à nous engager dans des depenses continuelles & exceffives.

Voilà les raifons les plus folides que les deux parties alleguent contre & pour l'acceffion au Traité de Hanovre dont j'ai crû vous devoir faire part. Pour celles que les Politiques de la Baffe Cour debitent dans leurs tripots, elles font auffi dignes de leur genie qu'elles le font peu de votre attention. Vous verrez aifement en les examinant que les deux partis pretendent aller à la même fin, mais qu'ils tiennent des routes bien differentes, dont l'une paroit un chemin bâtu & aifé; l'autre un fouterain où l'obfcurité embaraffe le voyageur, & l'oblige de s'abandonner à un guide, qui, faifi de peur, n'eft guères propre à l'affurer.

Vous trouverez en faifant le paralelle de ces deux routes que l'une établit notre fûreté fur notre complaifance pour la Cour de Ruffie, l'autre fur l'apui des Puiffances que leur propre interêt rend attentives à notre propre confervation, & qui font en état de nous fecourir. L'un veut que nous choififfions les Ruffes pour nos amis de cœur, & que nous concertions entierement nos mesures avec les leurs, en brufquant la France & l'Angleterre, l'autre trouve que nous aurions tort de quitter des anciens Alliez dont nous avons éprou

éprouvé fi fouvent l'affiftance, pour nous jet ter entre les bras d'une Puiffance nouvelle, mal affermie & incertaine dans fes deffeins par raport aux differens évenemens qui les doi vent regler. L'un paroit effrayé du voisinage de la Ruffie, & nous montrant la Finlande envahie, veut que nous prenions le confeil de la peur, & que nous en faffrons le principe de nos demarches, l'autre prevoit & balance les dangers qui nous menacent, tant du Levant que de l'Occident, il travaille à nous mettre une bonne fois à couvert de ces aprehenfions qui nous rendent incapables de rien entrepren dre, & croit ne pouvoir mieux affurer notre repos qu'en faifant caufe commune avec des Puiffances qui regardent la paix de même que nous, comme le moyen de tenir en bride ceux qui voudroient la troubler. Celui-là rend les fecours, de tout autre Puiffance que la Ruf fie, incertains & équivoques. Celui-ci regarde F'affiftance qu'elle nous voudroit fournir, com me très-funefte.

Si nous fuivons l'un, nous aurons le plai fir de nous repaitre des riches aparances, qu'on nous prefente, quoiqu'elles foient Erès eloignées: fi nous écoutons les avis de l'autre, nous trouverons des avantages peut-être moins éblouiffans, mais prefens & folides.

L'on veut que nous menagions foigneufe ment l'eau du Danube pour éteindre le feu qui fe pourroit prendre chez nous, pendant qu'il ne fait point de cas de celle de la Mer qui eft à notre porte; l'autre croit devoir s'affurer preferablement de celle-ci, fans neanmoins boucher la fource de celle là. L'un enfin fait Tome III.

T

mar

marcher d'un pas égal les interêts de Son AIteffe Royale, & le bonheur & la paix, & la fureté de notre chere patrie, & fait dependre la plus grande partie de notre bonheur, de la reftitution du Duché de Slefwick; & l'autre croit ne devoir pas s'écarter des intentions des Etats, ni exposer tout le Royaume par une tendreffe defordonnée pour procurer la fatisfaction de Son Alteffe Royale, en fuivant des plans impraticables dans leur execution, ruineux s'ils échouent, & dangereux pour notre liberté & notre Gouvernement, s'ils reuffiffent. Au reste aucun des deux partis ne doit pretendre d'être crû fur fa parole, il faut que les faits qu'ils avancent, foient fondez fur des preuves à produire, mais ils ne peuvent tous deux exiger de nous avec juftice que nous en decidions fans examiner les pieces fans prevention, & fans nous livrer aux prejugez, qui quelques principes qu'ils puiffent avoir, étouffent fouvent, ou alterent au moins l'amour & la tendreffe que nous devons à notre Souverain, à notre chere Patrie, & à notre pofterité.

C'est à peu près dans le même tems qu'il fe repandit des copies d'un projet attribué au Comte de Baffewitz pour pacifier le Nord & regler les interêts non-feulement du Duc de Holftein Gottorp, mais encore ceux de la Suede, de la Ruffie, & de l'Electeur de Hanovre, voici cette piece, qui, puisque ce Comte fe trouve premier Miniftre, eft importante en ce qu'elle expose fon fifteme.

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Projet atribué au Comte de Baffewitz pour la pacification du Nord, du 15. Nov. 1726.

LA

ARTICLE PREMIER.

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A Czarinne prefentement regnante, gnera & gouvernera feule l'Empire de la Ruffie avec un pouvoir absolu & une autorité fouveraine jufqu'à la fin de fa vie, à moins que de fon propre mouvement, elle ne voulut refigner & conferer la regence de l'Empire à fon fucceffeur.

II. La Perfonne qui fuccedera à la prefente Czarinne, après fon decès ou fa refignation volontaire fera le Jeune Gr. Duc Pierre Alexiewitz, fils du defunt Prince Alexis Petrowitz, & à lui fuccedera fa pofterité legitime.

III. Comme il n'y a nulle aparence que les Ruffies confentent jamais au démembrement de leur Empire, le Duc de Holstein les connoiffant à fond fur cet Article, quelque juftes que fuffent les preténfions des Enfans du feu Czar du moins fur les Provinces conquifes par ce monarque, lefdits Enfans du dernier Czar laifferont à leur Neveu le Jeune Grand Duc la tranquille poffeffion de l'Emp. Ruffien, & fe contenteront de la feule jouiffance des domaines dependans du Cercle d'Oefel, d'Eftonie & de Livonie avec les revenus de la Douane de Riga.

T 2

IV.

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