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CHAPITRE XX.

La France est en proie à l'anarchie.

cres. -La marinė est bouleversée.

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garde nationale. L'assemblée méprisée de l'Europe. -Traits que lui porte l'orateur anglais Burke. - Vive discussion sur la réunion à la France du comtat d'Avignon. Digression. Origine des maux du comtat.

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Le roi abandonné de ses grands officiers.

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trages qu'il reçoit.— Adresse insolente du département de Paris. Fuite du roi et de sa famille. Détails. Consternation des Parisiens. Joie secrète des royalistes. L'assemblée est dans l'anxiété. Mesures qu'elle prend. Mémoire du roi remis à l'assemblée. Analyse de cette pièce importante.

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Pendant que l'assemblée s'applaudissait de gouverner la France avec une sagesse louée même des princes étrangers, les massacres, les incendies, les horreurs de toute espèce continuaient à désoler ce beau royaume.

Le Quercy était ravagé par une bande de jacobins; la Bretagne l'était par des incendiaires. M. de Boishue avait sauvé son château d'Yvignac, près Lamballe, par sa fermeté et avec le secours de quelques soldats du régiment de Conti; M. de la Bourdonnaie, moins

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heureux dans son château de Villeblanche, avait expiré sur des charbons ardents; à Douai, une populace effrénée avait péndu plusieurs négociants. A Tulle, un capitaine de Royal Navarre, M. de Massey, avait été jeté dans des latrines après avoir été égorgé. Un autre officier venait d'être tué à Soissons; des sœurs de la Charité avaient été fouettées publiquement à Montreuil près Paris. A Castelnau, les deux frères Belude, après avoir soutenu un siége de quatre heures, dans leur propre maison, contraints de sortir par la fumée de l'incendie qui la dévorait, avaient été massacrés, et leurs têtes portées en triomphe.

Au lieu de chercher à réprimer enfin ces désordres horribles, l'assemblée continuait son plan de réforme. Un ancien procureur fit, dans la séance du 19 avril, un très long rapport sur la marine qu'il proposait de régénérer. Un ministre protestant fit de son côté un rapport sur la garde nationale qu'il voulait réformer. Il fallait que de vieux marins, et des militaires habiles eussent, pendant des heures entières, à prêter l'oreille aux déclamations de ces robins indiscrets, qui croyaient avoir la science infuse depuis qu'ils avaient été nommés députés. Les auditeurs éclairés se

trouvaient dans la position d'Annibal, lorsqu'il écouta les dissertations qu'un vieux rhéteur faisait devant lui sur l'art de la guerre. Cependant les décrets qu'ils proposèrent passèrent avec quelques modifications, à la majorité des voix; le corps de la marine fut bouleversé, et les gardes nationales réinstituées, moins pour prévenir les désordres que pour les régulariser.

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Tant de gaucheries et d'injustices avaient attiré sur l'assemblée le mépris de l'Europe entière. Les gouvernements les plus libres l'accusaient d'imbécillité et de folie, Dans une séance du parlement d'Angleterre, l'un des plus célèbres membres de l'opposition, Burke, s'élevant contre le dogme insensé de la souveraineté du peuple, s'exprima en ces termes : Quoi de plus absurde que cet axiome des démocrates français, que la nation doit gouverner la nation, ou, en d'autres termes, que le prince Prettyman doit gouverner le prince Prettyman! On peut juger du mérite de la déclaration des droits de l'homme adoptée en France par ses effets; aussitôt que cette boîte de Pandore est passée aux colonies, elle y a vomi la discorde, les assassinats, la guerre civile. Auparavant les établissements étaient

brillants de prospérité; maintenant les dernières atrocités de la Martinique et de Saint-Domingue constatent que la métropole eût fait plus sagement d'envoyer à ces îles une cargaison de coton de Smyrne, infecté de la peste, que de les gratifier d'une pacotille des droits de l'homme. La constitution française est le berceau d'une interminable anarchie. Les derniers événements de Paris en confirment la preuve. Le roi est sous la garde d'un geôlier en chef qui lui dicte son devoir de chaque jour, et lui permet ou non de respirer l'air pur de la campagne..... La constitution des Français est l'inverse de tous les principes raisonnables. Ils ont un roi de nom et prisonnier, ils n'ont point de chambre haute, et, en supprimant. toutes distinctions, ils ont banni tout centre de pouvoir.... C'est un véritable ouvrage de Goths et de Vandales; j'imaginais que les Français avaient meilleur goût. Que dirai-je du serment exigé en France, comme un moyen d'oppression et d'injustice, pour priver des milliers de citoyens de leur subsistance? etc., etc. »

Au lieu de chercher à reconquérir l'estime de l'Europe, en revenant à de plus saines doctrines, et en changeant de conduite, l'assem

III.

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blée nationale, entichée de ce faux principe, qu'en révolution il ne faut point regarder derrière soi, s'enfonçait chaque jour plus avant dans le bourbier de l'iniquité.

Un rapporteur de son comité diplomatique proposa de déclarer le Comtat d'Avignon partie intégrante de l'empire français. La proposition d'une injustice si évidente effraya toute l'Europe, qui commença à comprendre, qu'il ne manquait à l'assemblée que des forces suffisantes pour municipaliser à son profit tous les royaumes qui seraient à sa proximité et à sa convenance. Le Comtat d'Avignon et les villes qui en dépendent, appartenaient depuis des siècles, au souverain pontife, en vertu d'une acquisition dont il avait encore le titre original, mais le prince n'avait point d'armée à opposer aux ravisseurs, et c'est surtout dans l'esprit des philosophes que le droit du plus fort est toujours le meilleur.

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L'indignation des étrangers fut si vive, l'iniquité était si manifeste, qu'après quatre jours de la plus bruyante discussion, dans laquelle l'abbé Maury se distingua par son éloquence et par son énergie, il fut décidé qu'Avignon et le Comtat Venaissin ne faisaient point partie de la France.

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