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du livre fait croire que c'eft plûtôt un défaut de réflexion qu'une faillie philofophique. Quoiqu'il en foit, fi l'art d'obferver peut s'enfeigner, on l'apprendra de Mr. Sennebier. L'art d'observer eft effentiellement dans l'homme fage & éclairé. C'eft l'art de bien voir. Une ame pure, un jugement fain, les leçons de l'expérience; voilà l'art d'observer aucun livre ne le donnera à quiconque ne le pofféde déja par lui-même. C'est ce que notre Auteur a trèsbien reconnu & exprimé en ces termes "La nature femble fuir l'homme fans génie quoiqu'elle foit fous fa main; parce que fa main n'eft pas affez forte pour l'empoig ner. Il ne fuffit pas d'effaïer la nature pour la dévoiler, il faut la pénétrer de toutes parts, conduire les phénomenes par des obfervations raifonnées à ce point de dévelop→ pement, où ils font forcés de s'expliquer eux-mêmes, faifir tous leurs rapports directs ou éloignés avec les phénomenes connus, & faire jaillir fur eux la lumiere de tous les points qui peuvent les éclairer

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ces Généraux Romains qu'on nommoit Afiatique, Africain Germanique &c., parce qu'ils avoient dévafté ces Régions.

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I. Part.

6. Eneid.

Paradoxes par un Citoïen. A Amsterdam.

1775..

IE Citoien eft l'Auteur vraiment fana

Crique de l'Effai fur le corps humain,

dont nous avons parlé dans le dernier Journal (a). La chaleur de fon imagination s'eft confidérablement accrue par la fage & judicieufe critique que l'Année littéraire a faite de fes écarts philofophiques. Le jeune Ecrivain, à la vûe des leçons qu'on lui donnoit, eft entré dans une efpéce de fiévre violente, & déclame avec un anthoufiafme qui le rend fouvent inintelligible à lui-même. C'est l'image véritable de la Prêtreffe de Cume dans les convulfions de l'efprit prophétique.

Cui talia fanti Ante fores fubitò non vultus, non color unus, Nec compta mansère comæ ; fed pectus anhelum, Et rabie fera corda tument.

La redoutable déclamation que l'Auteur appelle fa défense, eft une collection de

(a) Nous nous fommes trompés en confondant La Philofophie de la nature dont cet effai doit faire le fupplément, avec le Traité De la nature de Mr. Robinet. Il réfulte de cette erreur que nous ne connoiffions pas la Philosophie de la nature. Cela eft un peu humiliant; mais enfin il y a aujourd'hui tant de Philofophies, qu'on femble pouvoir en ignorer quelques-unes : & puifque cette Philofophie de la nature eft de la même main que le fupplément, nous ne perdons rien à n'y ̊ riem connoître.

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tout ce que le langage d'un Auteur épris du charme de fes ouvrages, peut avoir de fuffifance & de folie. On en jugera par ce morceau qu'il adreffe aux amis de la Religion of fenfés de fes impiétés & de fes abfurdes fureurs." Croïez-moi, hommes droits qui êtes mes juges, je n'ai aucun intérêt à trom,, per, & j'ai trop réfléchi fur cet objet pour être trompé moi-même; mais il me femble ,, que ce n'eft point rendre fervice à la terre, que de mutiler le génie, de coëffer la fageffe des ferpens de Mégère & d'ana, thématifer la raifon. Du moins fi obfedés ,, par des fourbes adroits & puiifans, vous n'ôfez faire fortir de vos entrailles le cri de la vérité; ne fachez pas mauvais gré ", aux Gens de Lettres qui ont quelque éner,gie dans le caractére, de montrer à la poftérité les ennemis de l'homme & d'être à cet égard les derniers des Romains „.

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Notre Auteur prouve clairement que cé qu'on appelle aujourd'hui Philofophes, c'està-dire, les petits-maîtres fans principes, fans Religion, fans conduite, font des êtres bien refpectables; & cela parce que Newton nc doit pas être confondu avec Spinosa, p. 25; & parce que lui perfonnellement s'eft mis à la fuite des Sages qui ont fait le Y-King ou le Vedam , p. 32. A cela on comprend affez qu'il n'y a pas de réponse à faire.

Diroit-on que dans cet amas de galimatias & d'imprécations il puiffe fe trouver une affertion bien fage, bien vraie, & bien oppofée à toutes les extravagances dans lef

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quelles elle eft noïée ? "L'indifférence ef le principe de l'homme qui n'en a pas; ,, c'eft peut-être le plus grand mal que le "Pyrrhonifme ait pû faire à la terre l'indifférence dans les Arts conduit à la barbarie dans la vie fociale elle produit des êtres vils & fans caractéres : dans la Religion elle fait des Athées,,. Nous venons de voir que pour éviter cette funefte indifférence l'Auteur profeffoit fermement la for de l'Y-King.

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Après la défenfe vient la liberté ou plûtôt. Ja licence de la preffe, dont les Philofophes ont un grand befoin; celui-ci en prouve la néceffité & anathématife dans toutes les formes les Gouvernemens qui ôfent défendre les écrits pernicieux. Les fiens ne font pas à craindre, fa plume eft honnête, il l'afsûre plus de vingt fois dans le cours de ces deux paradoxes qui comprennent 121 pages, & autant d'injures pour le moins.

La lettre de Brutus, qui fait la féconde partie du volume, contient des chofes affez. Taifonnables fur les excès du luxe & l'exceffive multiplication des carroffes; c'eft dom mage que maîtrifé par le feu de fon impérieufe imagination le jeune Ecrivain les ait défigurées par le jargon de la fecte qu'il préconife. On jugera de la grande idée que les Philofophes conçoivent de leurs productions par ce début modefte. Dialogue entre l'Auteur & l'Editeur. L'Aut. Vous avez donc lu mon manufcrit ? L'Edit. Oui, fans doute. Aut. Quoi! tout entier. L'Edit. Oui, tous

entier. L'Aut. Et vous pensez

mais

je tremble de vous interroger. L'Edit. O Brutus ! je vous embraffe & voilà ma réponse.

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Préceptes fur la fanté des Gens de guerre, ou Hygienne militaire; par M. C. Docteur Régent de la Faculté de Médecine en l'U niverfité de Paris, &c. A Paris 1775, chez Lacombe Libraire rue Chriftine. in-8°.

R. Colombier Auteur de cet ouvra

MR, eft deja connu par un autre très

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intéreffant & deftiné aux Gens de guerre, comme celui que nous annonçons; il eft intitulé Code de médecine militaire. Ce n'est pas affez de prefcrire des remédes, pour rétablir la fanté des Soldats; il faut tâcher de prévenir les maladies auxquelles ils font fujets, & qui font également nombreuses & dangereufes; c'eft l'objet particulier de ce nouyel ouvrage; nous nous contenterens de Pannoncer; il ne nous appartient pas de le juger; ce font les Médecins feuls qui peuvent l'apprécier, & ils l'ont déja fait. Mrs. Bercher, Petit, de Gevigland, Alleaume, de la Poterie & Guilbert, chargés d'en rendre compte à la Faculté de Médecine de Paris, en ont porté le jugement le plus avantageux. Leur rapport qui eft très-bien fait Emérite de trouver place ici; il mettra mieux

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