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1444

daté du mercredi avant la fête de l'Exaltation de la Ste-Croix 4444. Signé Pierre de Gruères, juré en la cour de Besançon.

Ramondet, abbe

Ruz et fait batir la

Le 14 avril 1444 mourut frère Guillaume Ramondet, abbé de Fon- Mort de Guillaume taine-André. Pierre des Granges lui succéda, qui, préférant le séjour deFontaine-André. de Fontaine-André à celui de Fontaines au Val-de-Ruz, où les moines Son successeur avaient habité depuis l'an 1326, fit bâtir l'abbaye de Fontaine-André quitte le Val-deau lieu où elle est présentement, avec un beau temple, dont le nouvelle abbaye. toit est de pierres de taille, et y alla ensuite faire sa demeure avec ses moines l'an 1450. Il n'y avait avant ce temps qu'une petite chapelle qui avait été dédiée à St-Michel, avec une maison pour y loger un moine, que l'abbé y envoyait depuis le Val-de-Ruz (V. l'an 1450). L'abbé, voyant qu'il possédait plusieurs biens, censes et rentes dans les châtellenies de Thielle et du Landeron, aima mieux la bâtir dans ce lieu-là, pour s'approcher des lieux où il avait la plus grande partie de ses revenus, que de la rebâtir dans le Val-de-Ruz. Le comte RO- Le comte Rodolphe dolphe de Hochberg, qui était encore fort jeune, posa la première pierre.

de Hochberg pose

la première pierre.

entre la maison

et Fribourg d'une

part, et les autres

cantons d'autre part.

Envoi d'un secours à Berne de la part des seign's Valangin.

envoyé contre eux

défait.

La guerre ayant recommencé en Suisse au commencement Guerre en Suisse de cette année 1444, entre la maison d'Autriche, Zurich et Fri- d'Autriche, Zurich bourg, d'une part, et les autres cantons, d'autre part, les comte de Neuchâtel et seigneur de Valangin envoyèrent leurs troupes au secours de Berne, qui, les ayant jointes avec les siennes, les envoya devant Farnsbourg, que les cantons assiégeaient, de euchâtel et de et qui appartenait au comte Thomas de Falkenstein. Mais Louis, dauphin de France, qui fut depuis Louis XI, étant venu contre la Suisse avec une armée de vingt-cinq à trente mille hommes, les cantons détachèrent 1600 hommes des troupes qui étaient devant Farnsbourg pour aller garder la ville de Bâle. Le dau- Un détachement phin, qui était près de là, envoya un gros détachement pour par le dauphin est les empêcher d'entrer dans cette ville. Les Suisses, quoique fort inférieurs en nombre, ne laissèrent pas d'attaquer ces Armagnacs. C'était ainsi qu'on nommait ces Français, parce que le comte d'Armagnac les commandait. Non contents d'avoir dé- Les Suisses attafait ce détachement, ils allèrent encore attaquer le corps d'ar- ensuite mée commandé par le dauphin. Ils en tuèrent cinq mille sur Is tuent cinq mille place et combattirent comme des lions, jusqu'à ce qu'ils furent obligés de céder au grand nombre. Le dauphin, quoique victorieux, fut si étonné de la valeur de ces Suisses, qu'il prit résolution de retourner en France et de ne plus combattre contre eux. En effet, chacun admirait comment un si petit nombre avait pu résister à un si grand, et c'est à juste titre qu'on a mis cette action au rang des plus héroïques des Suisses.

la

corps d'armée.

hommes et ne cenombre dans ce conta

dent qu'au grand

combat, appelé la bataille de Saint

Jacques.

1444

Le dauphin recherche l'amitié des Suisses.

Alliance.

furent compris.

Cette bataille se donna le 25 août 1444. Elle fut nommée la bataille de St-Jacques.

Le dauphin rechercha dès-lors l'amitié des Suisses, et pour cet effet il envoya le 6 septembre une députation de cinquante cavaliers à Bàle. Le 13 septembre, quelques cardinaux se rendirent à Ensisheim auprès du dauphin, qui voulut bien faire une alliance avec les Suisses, et elle fut conclue le 28 octobre. Les Neuchâtelois y Jean de Fribourg, comte de Neuchâtel, et Jean d'Arberg, seigneur de Valangin, y furent aussi compris, parce que leurs sujets avaient eu part à la bataille de St-Jaques, et que d'autre part ils étaient du Corps helvétique et alliés des cantons. Cette alliance a été la première entre la France et la Suisse. Zurich et Fribourg, qui étaient pour lors dans le parti de la maison d'Autriche, n'y furent point compris. Il y en a qui assurent que ce ne fut qu'un traité de paix qui fut fait entre la France et les Suisses et qui fut conclu à Zofingue le 10 octobre 1444; mais rien n'empêche que l'un et l'autre ne soit véritable et que le traité de paix n'ait été suivi d'une alliance.

1445

bier.

Il y eut l'an 1445 un différend entre messire Henri Grisel, Le curé de Colom- curé de Colombier, et ses paroissiens, au sujet du gage qu'ils lui devaient; sur quoi il y a une prononciation du comte Jean de Fribourg, qui porte: « Que les dits paroissiens, savoir: <«< ceux qui ont des bêtes tirantes à charrue, sont chargés de <«< trois corvées ou charrues, qu'ils devront faire annuellement <«< au curé, savoir: une au printemps, l'autre pour semorer, et <«< la troisième journée pour semer. Item doivent les dits pa<«<roissiens de Colombier et d'Areuse la couverture du temple « et le maisonnement de la maison de cure du dit lieu. » L'acte est du 15 juin 1445.

Ce que les parois

siens d'Auvernier

doivent à leur curé.

Agneaux.
Focage.
Prémices.

Setier de vin.

Chartues.

Les paroissiens d'Auvernier doivent encore à leur curé la et de Colombier dime des agneaux, savoir: tous ceux qui gardent des brebis ou qui en nourriront au dit lieu. Plus ils doivent encore au curé de Colombier, savoir: chaque feu-tenant et faisant focage au dit Auvernier, pour la moisson et prémices, chacun un setier de moùt, mesure de Neuchâtel, annuellement et perpétuellement. Plus ceux d'Auvernier doivent aussi les charrues, comme ceux de Colombier et d'Areuse. Ils doivent aussi la couverture du temple et le maisonnement de la cure de Colombier. Les communiers de Colombier et d'Areuse doivent encore au curé de Colombier, savoir: chaque feu-tenant deux rases de froment, bon blé et recevable, payables annuellement à chaque jour de St-Barthelémy, et ce pour les prémices et à la mesure de Neuchâtel. Ceux d'Auvernier qui n'avaient pas des champs s'en

Cure.

gagèrent à payer, chaque feu-tenant, un setier de moût pour 1445 les prémices.

nouveau au secours de Berne.

Elles assiégent le

chateau de Rhein

Jean, comte de Fribourg, envoya de nouveau ses troupes au Troupes de Neusecours de Berne, qui les fit marcher avec les siennes du côté chatel envoyées de de Rheinfelden. Elles assiégèrent, conjointement avec celles de Soleure, le château de Rheinfelden, nommé Stein, qui est dans le Rhin et qui appartenait à Guillaume de Gruningen, qui était un des principaux auteurs de la guerre. Ils prirent ce château et le démolirent le 14 septembre. Dé là ces troupes allèrent assiéger Seckingen; mais elles en levèrent le siége, parce que la saison était trop avancée.

felden.

Quoique la plupart des ceps eussent gelé pendant l'hiver Vivres à bas prix. précédent, que le froid eût causé bien du mal aux fruits de la terre et que la guerre fut en Suisse depuis plusieurs années, cependant les vivres furent toujours à très bas prix. Le pot de vin d'Alsace ne coûtait que dix ångster; le vin du pays, un schilling. A Lucerne, le muid de froment, qui est de douze émines, ne valait que trente plapparts, et le muid d'avoine, neuf plapparts. La peste fit cette année un grand ravage en Suisse.

La guerre continuant toujours entre Zurich et les cantons en l'année 1446, ces derniers prièrent le comte Jean de Fribourg, qui pour lors était à Berne pour d'autres affaires, de leur procurer du secours auprès de Philippe, duc et comte de Bourgogne; mais il leur témoignà qu'il n'y avait aucune apparence d'en avoir de ce côté.

Peste.

1446

ver à la paix. Mẻ

Les Suisses, fatigués d'une longue guerre, s'assemblèrent à On cherche à arriLucerne, d'où ils écrivirent des lettres à l'archevêque de Mayence, diateurs étrangers. à celui de Trèves et à l'électeur palatin, de vouloir être les moyenneurs de paix. Ce dernier, en qualité de vicaire du StEmpire, assigna pour cet effet une journée à Constance, où il se trouva en personne, et fit la paix entre les parties, qui porta:

cer à l'alliance de

« Que ceux de Zurich renonceraient à l'alliance qu'ils avaient Zurich doit renon« faite avec la maison d'Autriche et qu'ils persisteraient dans la maison d'Au« celles qu'ils avaient avec les Suisses, et que toutes les villes

à qui avaient été prises pendant cette guerre retourneraient à « leurs premiers possesseurs.»

triche.

Berne et Fribourg suivies d'une

guerre.

Dès que la guerre de Zurich fut terminée, les Bernois, voyant Brouilleries entre que ceux de Fribourg avaient favorisé le parti de l'Autriche, en conçurent de l'indignation, qui augmenta par un mauvais traitement qui fut fait à des Bernois dans la ville de Fribourg. Et comme pendant ce temps les Fribourgeois emprisonnèrent Avoyer de Frileur avoyer, nommé Guillaume d'Avenche, de ce qu'il n'approuvait pas leur conduite à l'égard de leurs voisins, le dit Guil-se sauve et se laume s'évada et se réfugia auprès de Louis, duc de Savoie, duc de Savoie.

bourg emprisonne.

réfugie auprès du

ment d'apaiser ce différend.

1446 fils du pape Félix V, qui le reçut sous sa protection, comme Il lève des troupes, étant son vassal, qui tenait de lui des terres en fief. Louis lui permit de lever des troupes pour se venger de sa patrie, et Commerce interdit il défendit même tout commerce avec les Fribourgeois. Les On tache inutile- voisins s'efforcèrent d'apaiser ce différend, premièrement par une journée qui se tint à Genève, mais inutilement; et ensuite par une autre qui se tint à Lausanne par devant le pape Félix V, où se trouvèrent les députés du duc de Savoie et de Berne, comme aussi ceux de Bâle, Soleure et Bienne, qui étaient les moyenneurs de paix; mais cette journée ne réussit pas mieux Les Fribourgeois que la première. Les Fribourgeois, voyant que le duc de Sabrülent deux cha- voie leur avait interdit tout commerce, entrèrent dans ses terres avec les armes et lui brùlèrent les châteaux de Villarzel et de Berne se déclare Montenach; sur quoi Berne se déclara contre Fribourg et decontre Fribourg et manda du secours à ses alliés de Soleure, de Bienne et de de ses alliés, entre Neuchâtel, avec lequel les Bernois allèrent repousser les Friautres de Neucha- bourgeois, qui étaient entrés dans le baillage de Schwarzenbourg, où ils mettaient tout à feu et à sang; mais ils obtinrent sur eux une pleine victoire. Il se fit encore d'autres actes d'hostilité.

teaux.

demande le secours

tel.

Les Bernois sont victorieux.

Prononciation sur

les limites de

Grandson et de

Ste-Croix.

Le comte Jean fait

nel.

Le 20 février, Louis, duc de Savoie, prononça dans la ville de Morges sur un différend qu'il y avait entre les seigneurs de Grandson et de Ste-Croix pour les limites de leurs seigneuries; et comme l'une et l'autre étaient contigües au comté de Neuchâtel, il est dit dans l'acte que la séparation des dits lieux d'avec le comté de Neuchâtel est dès la Fontaine de Vuitel par le mont Bouclar à la Roche blanche, tendant tout droit à la Fontaine au Tissot, et de là au Rochat Voignerot à la Fontaine

du parc.

Le comte Jean de Fribourg fit cette année 1446 grâce à un grâce à un crimi- criminel; ce qui fait voir qu'il exerçait la justice criminelle et qu'elle lui appartenait aussi bien que la justice civile. Lecomte accorde au Le comte Jean accorda le 8 septembre 1446 au Grand Jacques Grand Jacques du de Vautravers la permission de pouvoir remettre son fief à ses timation de ses deux bàtards, Guillemin, surnommé de Plancone, et Pierre. deux derniers bå- Le comte nomme dans cet acte ce Grand Jacques son bien

Vautravers la légi

tards (V. l'an

1440).

aimé écuyer. Ce Guillemin de Plancone épousa Hugonette de Cormondrèche, fille de Hugonin de Rambevaulx, mais il n'en eut point d'enfants. Ce Grand Jaques était petit-fils de Jacquesle-Grand. Il y a de l'apparence que l'un et l'autre furent ainsi nommés parce qu'ils étaient de grande stature; c'est de ces deux hommes que le fief Grand Jacques a pris le nom. Ce Grand Jacques bâtit à Mòtiers une belle maison, dont il fit une hôtellerie.

L'été de l'an 1446 fut extrêmement sec, tellement que la plupart des rivières de la Suisse étaient devenues guéables. On eut des moissons abondantes et peu de vin, mais qui fut très bon.

1446

Eté sec.

1447

Cortaillod doivent

Par un acte daté du 25 janvier 1447 et signé Jean Marquis, clerc, il paraît que ceux de Cortaillod doivent s'aider à main- Aide que ceux de tenir le pont, la maison de ville, les portes et les murailles à ceux de Boudry. de la ville de Boudry, et il y est dit que chaque feu-tenant à Cortaillod doit payer annuellement une émine de froment à la bourgeoisie de Boudry, pour être employée à cet usage, et c'est ce qui se paie encore aujourd'hui (1). Par cet acte, qui est proprement une transaction, Boudry se relâcha du droit d'exiger à volonté des charrois de ceux de Cortaillod et renonça au pâturage sur les trois fins de Cortaillod. De leur côté, ceux de Cortaillod, demeurant hommes commands, bourgeois du dit Boudry, s'engagèrent de payer annuellement, par chaque feu, à ceux de Boudry, une émine de froment pour la porte, et de payer et aider à refaire le chauffaulx, les murs de la dite ville de Boudry, le pont et la porte (V. l'acte dans les archives de Boudry).

baye de Fontaine

Ce fut en ce temps que Pierre des Granges, abbé de Fon- Le temple de l'abtaine-André, acheva de bâtir le temple de cette abbaye, qui André est achevé. est au-dessus de la Coudre, qu'il construisit pour y aller demeurer (V. les ans 1450, 1466 et 1470). Cela paraît par une épitaphe qui est dans le dit temple et qui contient ce qui suit:

Hic jacet frater Petrus de Grangiis, abbas hujus loci, qui hoc Epitaphe de l'abbé. presbyterium ædificavit, pariterque ecclesiam, et obiit anno Do

mini 1450.

Cherte.

Le froid fit cette année beaucoup de mal au vin et au grain, Froid violent. ce qui causa une grande cherté. Hafner, historiographe du canton de Soleure, dit qu'on débita dans cette ville 4517 muids et demi de vin, qui à cent pots le muid, font 454,750 pots de vin.

1448

Savoie et Berne,

de l'autre.

Il se tint l'an 1448 une journée à Bàle, où il se fit un traité de paix entre le duc de Savoie, le canton de Berne et la ville Paix faite entre la de Fribourg, et cela par la médiation des ambassadeurs du roi d'une part, et la de France et du duc de Bourgogne. Fribourg fut condamné ville de Fribourg à donner 40,000 goulden au duc de Savoie pour les frais de A quoi cette ville la guerre, et 4000 goulden pour les châteaux de Villarzel et de Montenach qu'ils avaient brûlés, et de céder entièrement aux Bernois la seigneurie de Grasbourg, au lieu qu'avant cela

(1) Cela dérive de ce que lorsqu'on bâtit le pont de Boudry, qui était auparavant à Pont-Areuse, tous les paroissiens s'engagèrent de donner chacun une émine de froment pour le maintenir (V. l'an 1506).

est condamnée.

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