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en maçonnerie, sur les gradins une croix avec son Christ et deux chandeliers de cuivre, deux nappes sur l'autel, un tapis, un canon, lavabo et évangile saint Jean, un missel romain avec son pupitre, un devant d'autel de camelot blanc et marchepied de bois de chêne, le dit autel entouré d'une balustrade de bois peint, pourvue d'un calice et patène d'argent, une chasuble complète de gros de Tours fond blanc à fleurs, une autre de satin à fleurs, une vieille aube, amict et ceinture, un corporal, quatre purificatoires et quatre lavabo, deux burettes et un plat d'étain, tous les dits ornements renfermés dans une petite armoire en bois de chêne. Le chœur séparé de la nef par une balustrade de bois à hauteur d'appui, un banc pour le seigneur commandeur, un prie-Dieu de bois de chesne et un bénitier de fonte. La dite chapelle carrelée en carreaux de briques, éclairée de trois vitraux, voûtée en voûtes d'ogires et arcs doubleaux, construite en pierres avec piliers butans à l'entour et couvertes de tuiles: au pignon une petite lunette où est une cloche bien sonnante; chargée de deux messes par semaine, régulièrement acquittées par le curé de la paroisse (1) auquel il est payé par rétribution la somme de 50 livres par an. Ordre sera fourni à la dite chapelle une aube, amict et ceinture, six corporaux, six purificatoires, six lavabo et une nappe pour l'autel.

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Joignant la dite chapelle est un grand corps de logis flanqué d'une tour ronde au milieu, dans le bas de laquelle règne un passage conduisant à une cuisine dans la cheminée de laquelle est un four, carrelée en carreaux de pierres dures, avec un grand lavoir. A côté une salle à cheminée, également carrelée, éclairée de trois croisées sur la grande et petite cour. Au bout dudit bâtiment une salle pour l'audience et à côté un cellier.

Sommes montés par un escalier en pierres formé dans la tour, communiquant à une grande chambre à cheminée au dessus de laquelle sont les armes du feu commandeur Davernes, laire de la dite chambre en plâtre; éclairée de deux croisées, l'une sur la cour, l'autre sur le clos; à droite du carré dudit escalier sont deux autres grandes chambres à cheminées se communiquant, laire également en plâtre, éclairée de deux croisées. Dans l'angle de la

(1) Elle se disaient le mercredi et le vendredi, tous les dimanches on disait la messe à la chapelle comme à l'église de Chanu.

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dernière un cabinet servant de tribune avec une petite croisée sur la chapelle. Au dessus règnent deux greniers dont laire est en plâtre; la dicte maison construite en pierres et couverte de tuiles.

A l'angle de la maison, derrière la dite maison et joignant la chapelle est appliqué un pavillon quarré construit en pierres et couvert d'ardoises, composé de trois chambres formant trois étages, dont deux à cheminée auxquelles on communique par un escalier en bois et plâtre.

« A l'angle de l'autre pignon, du côté de la cour, est une petite tourelle en avant-corps, dont le bas sert de prison (1) et au dessus deux petits cabinets formant deux étages, construite en pierres et couverte de tuiles.

« Meubles d'Etat trouvés à la dite commanderie :

« Une grande armoire de bois de chesne à quatre panneaux, quatre chenets de fer, un replats de différentes grandeurs et quatre assiettes, deux chandeliers, une salière et deux fourchettes, le tout d'étain.

A droite de la grande porte charretière règne une aile de bâtiment à usage d'une bouverie, d'une écurie aux chevaux et de deux bergeries de suite, au-dessus deux greniers à fourrage.

A peu de distance une grande grange à bled, au pignon de laquelle est adossé un poulailler, en retour une grange aumars, et formant equerre un bâtiment à usage d'un grand ceillier et d'un pressoir, au dessus un grenier à fourrages.

A gauche de la dite grande porte, une charterie sur piliers de bois, avec un grenier au dessus en bois et plâtre, couvert de tuiles. A quelques pas un colombier à pied, couvert de tuiles en face un bâtiment à usage de fournil avec four et cheminée, de suite deux petites bergeries et, détaché, un puits entouré d'une charpente couvert de tuiles.

(1) On donnait aux prisonniers le pain, l'eau et la paille suivant les règlements comme dans les prisons royales. Chanu avait en effet droit de haute justice s'exerçant par un bailli, un procureur fiscal, un greffier et un sergent, sur tous les vassaux de la commanderie. Les officiers étaient nommés par le commandeur et ne pouvaient exercer que sur ses provisions. Il avait droit aussi de faire élever des fourches patibulaires au lieu nommé : la haute justice, sur une pièce de terre appartenant à Marie-Madelaine Cadot, veuve du sieur de la Salle.

<<< Tous les dits bâtiments construits en pierres dures et couverts de tuiles.

Derrière la maison un jardin potager entouré de murs en pierres dans lequel est une cave voûtée sous terrasse.»

Telle, ou à peu près, se présente encore de nos jours la commanderie de Chanu avec sa monumentale porte-cochère, son intéressante chapelle, ses nombreux bâtiments, ses deux jardins, clos de murailles, nommés l'un Thiéry, l'autre Poré. A l'exception du colombier et des tourelles ainsi que du mobilier de la chapelle qui sert aujourd'hui de grange, rien n'est changé et on pourrait encore se croire à la fin du xve siècle, alors que frère Nicole Louchart, chapelain et commandeur de Chanu, venait de remettre à neuf son castel et tout ce qui en dépendait.

Outre les membres dont nous avons parlé plus haut : Brécourt, Bueil, Fontaine-Heudebourg, Heurgeville, le Val-Saint-Denis, Prunay-le-Temple, etc, la commanderie de Chanu possédait comme domaine fieffé deux fiefs nobles: 1° Le fief Bataille appartenant en 1763 à Louis-Antoine-François Doublet, seigneur du Breuil. Il s'étendait sur les paroisses de Chanu, Villiers, SaintChéron et Bueil. Le fief avait droit de cens annuel sur les vassaux tenant héritage, droit de lots et ventes, gants, mets de mariage, saisine, défaut, amende, etc, et relevait noblement de Chanu en sorte que le propriétaire devait foi et hommage avec aveu et dénombrement. 2o Le fief Hallot sur la paroisse d'Heurgeville appartenant à M. l'abbé Pierre-Charles de Bence du Hallot (1). chanoine de la cathédrale d'Évreux, relevant noblement de Chanu. Son seul droit était de percevoir dans la dite paroisse des droits de champarts à moitié sur plusieurs héritages, Jean de Bence, seigneur du Hallot, comparut le 25 mai 1705 pour rendre de son fief foi et hommage. « Il a ôté son épée posée près de lui, est venu la tête nue, a mis genou en terre, a frappé à la dite porte de la commanderie de Chanu trois coups en disant à haute et intelligible voix Monseigneur, Monseigneur, Monseigneur, je suis venu pour vous rendre mes devoirs accoutumés, foi et hommage comme il est requis par la coutume à raison dudit fief de Hallot. » En

(4) Du Hallot blasonnait d'argent à deux fasces de sable, surmontées de 3 annelets de même.

l'absence du commandeur, Me Leblanc accepta la soumission de Jean de Bence (1).

Le domaine non-fieffé contenait environ 159 arpents 65 perches en labours, vignes, prairies, bois à Chanu, Bueil et Gadencourt. A quatre lieues de Pacy, la commanderie avait un bois de 35 ou 36 arpents dépendant de Fontaine-Heudebourg, plus un autre faisant partie de la ferme achetée de l'Hôpital ayant 12 arpents 90 perches en bon état, borné d'un côté par les bois de Me la baronne de Boudeville, d'un autre côté par un friche dépendant de la comman lerie de Chanu, enfin par le chemin du Meny au Plessis-Hébert. (Arch. de l'Eure, maîtrise de Pacy, 36o liasse).

La commanderie de Chanu possédait encore deux moulins, l'un dit d'en haut, l'autre d'en bas. « Moulin que nous avons trouvé faisant farine au moyen d'un petit étang grossi par plusieurs sources, s'écoulant par des auges de bois sur la roue. » (Invent. de Caen) Ces deux moulins fonctionnaient par le même système et avaient leurs dépendances.

(A suivre).

L'abbé C. GUÉRY,
Aumônier du Lycée d'Evreux,

(2) Ce fief appartenait en 1764 à Charles de Bence, chanoine d'Évreux, à J. B. de Bence, curé de Serez, son frère et autres et comprenait une maison avec des terres sur le chemin d'Heurgeville à Lommoye.

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Nous n'avons jamais publié dans la Revue catholique de Normandie de discours prononcés dans la chaire chrétienne. Il n'est pas cependant de règles sans exception. Le P. Lallemand est trop connu et apprécié de nos lecteurs pour que nous ne soyons assurés de leur être agréable en mettant sous leurs yeux les lignes qui vont suivre. Rarement en effet il a été parlé des cloches en termes plus élevés; on retrouve dans ces lignes, avec le style impeccable de l'agrégé de l'Université, tout le cœur de l'Alsacien, patriote enthousiaste. Cela vous fait du bien, au milieu des tristesses de l'heure présente, de sentir qu'il est encore des âmes hautes et fières, ayant foi dans l'avenir.

Monseigneur (1),

Mes Frères,

Pertransiit benefaciendo:

Là où passe son action, le bien se fait. (Act. Apostol. X, 38).

D'appliquer à la cloche catholique cette parole qui résume la

(1) Mar Amette, évêque de Bayeux et Lisieux.

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