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Lisieux. Il prit possession le 7 janvier 1730 et reçut l'accueil le plus gracieux de la part des anciens professeurs et de tous les Ordres de la ville de Valognes.

III

RÉUNION

DE L'ANCIEN COLLÈGE DE VALOGNES AU SÉMINAIRE

EN 1731

Dans la première moitié du XVIIIe siècle, le vieux collège de Valognes fut réuni au séminaire dans le somptueux édifice qu'avait fait construire l'abbé de la Luthumière, soixante-quinze ans auparavant.

En 1730, dit le P. Costil, dans les Annales manuscrites de la congrégation de Jésus et Marie, les habitants de Valognes prirent des mesures pour faire unir et entretenir le collège dans l'enclos du séminaire, comme ils le souhaitaient. Ils s'assemblèrent pour cet effet, en l'hôtel de ville, le 21 septembre, tant messieurs du clergé que les officiers et autres bourgeois et arrêtèrent les articles suivants sous le bon plaisir de Mer l'évêque :

« 1° Que le collège, fondé le 7 juin 1534, par noble homme Nicolas Le Poitevin, sieur du Moustier, et sa femme, pour la bonne doctrine et instruction des mœurs et sciences de musique, grammaire, logique et autres, tenu par le passé par deux personnes sous le titre de Maitres des Grandes et Petites Écoles, qui régentaient toutes les humanités, demeure uni au séminaire avec ses revenus et dépendances, pour y être les dites classes tenues, comme elles l'ont été depuis 1723, par des prêtres séculiers non membres de communauté, ni de congrégation;

« 2° Que les régents seront originaires de la ville, tant que faire se pourra;

3o Que la vacance de chaque classe arrivant, la ville présentera à Mer l'évêque trois sujets, pour en être choisi un par Sa Grandeur, laquelle a fait espérer d'agréer cette condition;

(1) Annales, tome II, livre XVI, chap. xvII, p. 692 et seq.

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«< 4° Que les régents seront disponibles (sic), s'ils négligent leur devoir, selon que Monseigneur l'a arrêté;

5 Qu'aux termes du Règlement fait par Monseigneur, il sera payé 10 livres annuellement par chaque écolier, savoir: 9 livres pour le Régent et 1 livre au séminaire, outre ce qui se paie pour la chandelle, réparations de vitres, de bancs et portes (1).

« 6° Que sur la demande faite par la ville de conserver aux Régents deux habitudes de Saint-Malo de Valognes, on s'en rapporte à Monseigneur.

7° Que le supérieur du séminaire souffrira à un ancien professeur, sa vie durante, la maison attachée au collège.

8° Que ceux de la famille des Srs Le Poitevin, bienfaiteurs du collège, seront instruits gratuitement.

<< Pour exécution desquels articles, la ville mettra incessamment des copies collationnées des revenus du collège entre les mains des prêtres du séminaire, etc. »

On députa dans la mêmê assemblée M. de la Vallée du Loup pour passer l'acte d'union du collège au séminaire, avec le député de Monseigneur et des Pères Eudistes, avec un plein pouvoir à M. de la Vallée de faire tel changement qu'il jugerait à propos.

Tous les délibérants signèrent ces articles, à la réserve des ecclésiastiques qui le refusèrent, ce qui n'empêcha pas la ville de persister dans sa première résolution. Les députés s'étant assemblés à Coutances, au palais épiscopal, ils ratifièrent cette union, le 26 septembre de cette année 1730, à ces conditions dont nous ne rapporterons que ce qu'il fut ajouté ou expliqué plus au long que dans ceux de la délibération précédente.

Après le premier article qui donne les revenus du collège au séminaire, on ajoute que les classes, dépuis la sixième jusqu'à la rhétorique seront professées par des ecclésiastiques qui ne seront point des Eudistes, dans le séminaire ou lieu adjacent en attendant que les prêtres de cette maison fassent bâtir sur le même terrain des classes convenables dont ils auront la direction et supériorité, pourquoi ils proposeront un préfet de leur congréga

(1) En 1769, les professeurs demandèrent et obtinrent 10 livres pour chaque éléve; en 1776, ceux de rhétorique, puis en 1777, ceux de troisième, quatrième, cinquième et sixième obtinrent 12 livres.

tion pour y veiller sauf au seigneur évêque de donner telles règles qu'il voudra pour la police intérieure du collège.

Pour la réception des professeurs, on arrête qu'ils seront reçus à la pluralité des voix au concours, conjointement avec le seigneur évêque ou autre de sa part, par les maire et échevins et bourgeois et par les Srs Eudistes; en sorte que la ville et le séminaire ne fassent qu'une voix, chacun pour décider avec le seigneur évêque ou son député de la capacité du professeur. Pour cet effet, quand une classe vaquera, le préfet indiquera, 15 jours au moins avant, le jour du concours et de l'examen, qui se fera dans la grande salle du séminaire; dans lequel on préfèrera les ecclésiastiques de la ville à ceux de la campagne, en cas d'égale capacité. Les uns et les autres seront déponibles [révocables] par le seigneur évêque, en cas qu'ils ne remplissent pas le devoir de leur classe ou qu'ils ne soient pas de bonnes mœurs ou de saine doctrine.

On accorde le privilège de l'habitude pour deux régents, avec cette condition que ceux d'entre eux qui tomberont malades, seront tenus durant qu'ils le seront, de présenter à leurs frais une personne capable de tenir leur classe.

Sur les appointements des régents, on détermina 15 livres par chaque écolier pour la réparation des classes, outre les 10 livres spécifiées au cinquième article et on permet de prendre 16 livres au lieu des 15 livres en cas que le séminaire ne pût jouir des 46 livres dues à l'ancien collège.

Tels furent, dit le P. Costil, les principaux changements qui se firent dans cet accord, que M. de Coutances approuva et ratifia en tout son contenu, le 3 mars de l'année 1731.

Les Eudistes firent alors construire des classes contiguës à la ferme. L'accession se faisait par une ruelle aboutissant directement à la rue. Le séminaire et le collège formèrent toujours deux établissements distincts, réunis seulement, dit le P. Costil (1), par une porte de communication servant de passage au écoliers, lorsqu'ils allaient à la messe, après la classe. »

Le supérieur du séminaire prenait le titre de principal du collège dont il avait la direction. Un prêtre Eudiste, sous le nom de préfet des études, était chargé de la surveillance et de la police des classes.

(1) Annales manuscrites, t. II, p. 696.

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