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Les deux procès-verbaux ont été scrupuleusement relevés, avec leur style bizarre et leur orthographe souvent fantaisiste.

A. LAVEILLE, prêtre de l'Oratoire.

L'an mil sept cent quatre-vingt-dix, le vingtième jour de mai, vu les lettres patentes du roi sur un décret de l'assemblée nationale concernant les religieux, donné à Paris le vingt-six mars mil sept cent quatre-vingt-dix, à nous adressé par l'assemblée intermédiaire de Caen, Basse-Normandie, district de Mortain et canton du Teilleul, publiées, le dimanche seize du courant, à l'issue de la messe paroissiale de Savigny, et affichées aux lieux ordinaires, par lequel il est ordonné aux officiers municipaux de se transporter dans la huitaine de la publication des susdites lettres patentes dans toutes les maisons des religieux de leur territoire, pour s'y faire représenter tous les registres et comptes de régie, les arrêter et former un résultat des revenus et des époques de leurs échéances, sur papier libre et sans frais, concernant la description sommaire de l'argenterie, argent monnayé, des effets de la sacristie, bibliothèques, livres, manuscrits, médailles, et du mobilier le plus précieux de la maison, en présence de tous les religieux, à la charge et garde desquels ils laisseront lesdits objets, et dont ils recevront les déclarations sur l'état actuel de leur maison, de leurs dettes mobiliaires et immobiliaires, et des titres qui les constatent; comme aussi de dresser un état des religieux profès de chaque maison et de ceux qui y sont affiliés, avec leur nom, leur âge et les places qu'ils occupent, de recevoir la déclaration de ceux qui voudront s'expliquer sur leur intention de sortir des maisons de leur ordre ou d'y rester, et d'y vérifier le nombre des sujets que chaque maison pourroit contenir.

Nous, maire et officiers municipaux de la municipalité de Savigny, à la requête de maître Jean-Charles Brisset, prêtre, vicaire dudit Savigny, procureur de la commune de la dite municipalité (1), nous sommes transportés, en vertu du décret ci-dessus

(1) Jean-Charles Bricet, né à Savigny, était entré d'abord dans la Congrégation des Eudistes. Ordonné prêtre en 1765, il sortit de la congrégation quelques années plus tard. Il fut nommé vicaire à Savigny en 1768, prêta d'abord le serment constitutionnel, mais avec quelques restrictions, et resta à son poste

énoncé, à l'abbaye roïale de Savigny, de l'ordre de Citeaux, filiation de Clairvaux, diocèse d'Avranches, située dans le ressort de notre municipalité, où y étant arrivés, nous nous sommes informés de monsieur le prieur de ladite abbaye, qu'on nous a dit être absent, ce qu'on nous a constaté par une lettre dudit sieur prieur en datte du 17 mai présente année, adressée à Monsieur le procureur de la commune par Monsieur le président de ladite maison, dont nous avons pris lecture, par laquelle le dit sieur prieur nous atteste qu'à raison des ordres de ses supérieurs, il a été obligé de s'absenter pour aller en qualité de confesseur extraordinaire à l'abbaye de la Blanche, dit ordre de Citeaux, qui pour le présent se trouve sans directeur de l'ordre, et par ce moïen dépourvue de tous secours spirituels, dont ont le plus grand besoin les religieuses malades qni se trouvent dans cette abbaye, ledit prieur nous assurant de la peine qu'il ressent de son absence, et nous assurant du respect qu'il a pour tous les décrets de l'assemblée nationale, et de l'envie de se conformer scrupuleusement à tous les décrets qui lui en seront intimés. Vu son patriotisme, sur lequel nous n'avons aucun doute, nous nous sommes adressés à Monsieur le procureur de la maison, pour nous dire celui qui représentoit Monsieur le prieur en son absence, qu'il nous a dit être dom Capdeville, président, à qui nous avons lu, en présence de toute la communauté, les décrets de l'assemblée nationale cidessus dattés, comme aussi les lettres patentes du roi en conséquence dudit décret, et avons sommé ledit président de nous faire ouverture des lieux sujets à faire la notation des biens mobiliers, suivant ledit décret, en présence de toute la communauté assemblée, composée de quatorze religieux profès et un affilié, savoir : dom Louis Verdier, prieur, àgé de quarante-sept ans; dom JeanBaptiste Poullain, docteur en théologie de la Faculté de Paris, ancien prieur de la Vieuville, doïen, âgé de soixante-dix-sept ans; dom Alexandre-Nicolas Dupuis, âgé de soixante-douze ans; dom Claude Vincent, âgé de soixante-six ans; dom Guillaume Maupoint, âgé de cinquante-neuf ans; dom Marc-Antoine-Gilles Moutier (ou Moulieu?), âgé de cinquante-un ans; dom Jérôme

jusqu'en juillet 1792. Ayant refusé de prêter un serment plus explicite, il dut renoncer à ses fonctions, passa à Jersey en septembre 1792, et mourut à SaintHélier l'année suivante.

Santerre, procureur de ladite maison, âgé de quarante-quatre ans; dom Pierre-Augustin Capdeville, président de la maison et dépensier, âgé de cinquante-un ans; dom Bernard Prévost, âgé de quarante-cinq ans; dom Guillaume Achart, âgé de quarante ans; dom Louis Lenglet, professeur en théologie, âgé de quarante-trois ans; dom Hyacinthe Vallée, sacristain, âgé de quarante-six ans; dom Pierre Sauvée, âgé de cinquante ans; dom Bernard de Poilvillain, âgé de trente ans, et dom Alexandre Merlin, affilié et profès de l'abbaye du Val-Richer, absent, âgé de trente-six ans (1).

Ensuite, nous avons sommé les ci-dessus dénommés de nous dire leur intention, si elle est de sortir des maisons de leur ordre ou d'y rester. Alors s'est présenté dom Jean-Baptiste Poullain, lequel a déclaré que, ne pouvant plus se promettre de vivre dans l'ordre de Citeaux sous l'obéissance qu'il a vouée aux supérieurs légitimement établis suivant la constitution du dit ordre, il préfère à tout autre état le parti qu'il compte prendre de se retirer pour vivre en son particulier, se soumettant du reste, pour ce qui concerne la pension alimentaire, aux conditions énoncées dans les sages décrets de l'assemblée nationale, et a signé f. Poullain.

2o A comparu dom Claude Vincent, qui a déclaré désirer de demeurer dans cette maison, en cas qu'elle soit conservée. Si autrement il fût obligé d'aller habiter une autre maison désignée par l'assemblée nationale, il préfère et est dans la résolution de se retirer dans sa famille pour y vivre en son particulier, et a signé : D. Vincent.

3o A comparu dom Guillaume Maupoint, qui déclare profiter de la liberté que l'assemblée nationale accorde aux religieux de sortir de leur cloître; cependant son intention est de rester dans sa maison de Savigny jusqu'au tems que l'auguste assemblée lui ait désigné le lieu et l'époque où il doit recevoir le premier quartier de sa pension alimentaire, pour ensuite vivre en son particulier, et a signé : f. Maupoint.

40 Ont comparu dom Marc-Antoine-Gilles Moutier, dom Jérôme Santerre, procureur, dom Guillaume Achart, dom Pierre-Augustin

(1) Il faut ajouter à ces religieux le prieur-curé qui desservait l'église paroissiale, et qui était toujours un religieux profès de Savigny. En 1790, le titulaire de ce bénéfice était Charles Le Gemble, né à Beauficel et pourvu du prieurécure de Savigny le 12 janvier 1771. Il prêta le serment constitutionnel, se retira à Mortain vers la fin de l'année 1792, et y décéda vers 1795.

Capdeville, dom Bernard Prévost, dom Hiacinthe Vallée, dom Pierre Sauvée, dom Louis Lenglet, dom Bernard de Poilvilain, lesquels ont déclaré adhérer à la déclaration de dom Maupoint ci-dessus énoncée, ce qu'ils ont signé f. Santerre, procureur, f. Moutier, f. Prevost, f. Achard, f. Vallée, f. Sauvée, f. de Poilvilain, f. Capdeville, président et dépensier, f. Lenglet, professeur (2). 5o Dom Alexandre Dupuis, présent, a déclaré ne faire sa déclaration qu'à la fin du présent procès-verbal, et à prendre ses dernières résolutions.

Tous les dits religieux assemblés nous ayant ainsi fait leurs déclarations, nous, suivant l'article cinq du décret, avons sommé ledit sieur procureur de nous représenter tous les registres et comptes de régie, afin de les arrêter et former le résultat des revenus et l'époque de leurs échéances, et de recevoir les déclarations sur l'état actuel de leur maison, de leurs dettes mobiliaires et immobiliaires, et des titres qui les constatent, à quoi ledit sieur procureur ayant obtempéré, nous nous sommes transportés dans la chambre dudit procureur, en présence de toute la communauté, qui nous a mis sous les yeux toutes les dettes actives et passives de la dite maison dont la teneur s'en suit

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(1) Dom Lenglet était le professeur de théologie des novices et scolastiques (à l'époque où il y en avait encore à Savigny). Ses cahiers de théologie sont entre les mains de M. Hippolyte Sauvage, auteur de diverses publications sur le Mortainais.

Et devra à la Saint-Jean 1790 soixante livre, ci

François Tancé, fermier d'Alleray, devra à la Saint-Jean 1790 quarante livres, cy

Jean Hamel, fermier d'Alleray, devra à la Saint-Jean 1790 cinquante livres, cy Michel Boulanger, fermier d'Alleray, devra à la Saint-Jean 1790 cinquante livres, cy.

Guillaume Poullain, fermier d'Allerey, doit trente livres échus de Noël 1789.

Et devra à la Saint-Jean 1790 trente livres, cy.

Jean Le Pauvre, fermier à la Hayette, doit deux cens vingt-quatre livres quinze sols, échus de Noël 1789, cy.

Et devra à la Saint-Jean 1790 quarante

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