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touchant la grâce et la prédestination. Mer Loménie de Brienne, successeur d'Eustache de Lesseville, fatigué de ces plaintes réitérées, jeta un interdit sur le séminaire en 1672, c'est-à-dire défendit d'y faire aucun exercice pour les ordinands. »

C'est à l'interdit du séminaire de Valognes que fait allusion
Santeuil (1) dans les vers suivants :

<< Religionis honos, pietas bene fida magistri
Extruere sacras plaudens quas conspicis ædes,
Vallonia, individiæ stimulis at cedere simplex
Quæ novit virtus optatis exsulat oris;

Exsulat, et Christo pugiles jam luget ademptos. >>

Il arrive souvent que l'on paie cher ce que l'on donne! M. de la Luthumière put le constater: à partir de 1672, il demeura dans son collège avec une vingtaine d'étudiants qui chantaient l'office. les dimanches et les autres jours, ainsi que l'on avait fait aupara

vant. En 1685, le roi lui ordonna, par une lettre de cachet, de faire 1695

sortir de la maison tous ceux qui portaient l'habit ecclésiastique. Depuis ce temps, il ne garda que quelques domestiques et se servit des clercs de la ville pour le service divin et l'acquit des fondations du séminaire. Tous les autres abbés ou clercs pensionnaires furent obligés de se retirer chacun chez soi.

M. de la Luthumière mourut, âgé de 82 ans, le 15 septembre 1699. Il fut inhumé le lendemain dans l'église du séminaire et déposé dans le caveau commun. L'office fut célébré par M. le Rosier, curé de Brix, assisté des prêtres du séminaire, en présence du clergé de Valognes, etc...

Il est mort, dit Mangon du Houguet, regretté de tout le monde pour ses vertus extraordinaires: Magnum lumen in Israel extinctum est. »

(A suivre).

J.-L. ADAM,
Chapelain des Augustines.

(1) Annales manuscrites de la congrégation de Jésus et Marie, t. I, p. 525 et t. II, p. 468.

TOME IX.

II. - 6.

Les derniers jours de deux abbayes normandes

SAVIGNY ET LE MONT SAINT-MICHEL

Il m'a été donné de terminer, il y a quelques mois, la publication d'un ouvrage considérable par son étendue, sinon par son importance: l'Histoire de la Congrégation de Savigny (1). Ces trois volumes, dus à la plume d'un moine du XVIIIe siècle, ne sont, malgré tout, qu'une introduction à l'histoire générale de la vieille abbaye normande.

En publiant le travail de Claude Auvry, j'ai résumé dans une étude préliminaire les annales du couvent, afin que le lecteur désireux de connaître le passé séculaire de cette maison ne fût pas arrêté dès les premiers pas. Je n'avais, évidemment, ni ne pouvais avoir la prétention d'écrire, en 45 pages, une histoire complète et documentée. Je me suis borné à signaler les grands faits qui ont illustré l'abbaye, en m'appuyant sur l'autorité des auteurs les plus recommandables qui ont touché ce sujet.

L'histoire de Savigny reste donc à faire. Qui assumera cette lourde tâche? Je ne sais; mais si toutes sortes de motifs me font un devoir de la décliner, au moins ne m'est-il pas interdit de glaner, dans le vaste champ du passé savinien, quelques épis que d'autres pourront réunir en gerbe.

Un érudit fort apprécié en Normandie et dans le Maine, M. Paul de Farcy, se propose de publier prochainement un recueil complet des chartes saviniennes des xe, xie et xive siècles. Ce

(1) Cette congrégation eut pour maison-mère l'abbaye de Savigny, située sur la paroisse de ce nom, près de Saint-Hilaire-du-Harcouët (Manche).

cartulaire sera sûrement la meilleure source d'information sur la vie du célèbre monastère pendant la période du moyen-âge.

Pour les temps modernes, les documents sont moins nombreux. Peut-être les lecteurs curieux de connaître jusqu'au bout les destinées d'une abbaye qui fut, au XIe siècle, rivale de Cîteaux, seront-ils heureux de trouver ici une pièce assez importante, relative aux derniers temps de Savigny.

Ce document fait connaitre en détail la situation temporelle du monastère en 1790, et donne l'état exact, je dirais presque la photographie, de cette maison, au moment même où elle va disparaître.

C'est le procès-verbal de l'enquête faite par les officiers municipaux, le 20 mai 1790, en vertu du décret du 26 mars de la même année. Ce décret, on le sait, avait pour but de faire connaître à l'Assemblée nationale l'état des biens des abbayes et les dispositions de leurs habitants au sujet des nouvelles lois.

Je vais citer cette pièce en entier. Malgré sa longueur et l'aridité de certains détails, elle présente, si je me trompe, un certain intérêt local, ne serait-ce qu'en faisant connaître les familles rurales qui vivaient autrefois sous la crosse ».

L'idée qu'elle donne des derniers moines de Savigny n'est pas fort avantageuse. Leurs réponses au maire et aux officiers municipaux trahissent, ou une profonde ignorance, ou une grande faiblesse vis-à-vis des pouvoirs publics. On aimerait, en particulier, à les voir réserver avec plus d'énergie les droits du SaintSiège relativement à l'avenir des couvents supprimés par l'Assemblée nationale. Mais peut-être faut-il expliquer leur attitude vacillante par l'éducation théologique du temps. En tout cas, leur langage ne diffère pas sensiblement de celui qui fut tenu, en pareille circonstance, par les religieux des autres couvents de la Manche, spécialement par ceux du Mont SaintMichel.

Au cours de mes recherches sur Savigny, j'ai découvert, aux Archives Nationales, un document analogue au précédent. Tout ce qui touche à l'abbaye du Mont Saint-Michel présente un vif attrait aux lecteurs normands. J'ai pensé qu'on parcourrait avec quelque intérêt l'inventaire des richesses qu'elle possédait au moment de la Révolution, et que la physionomie de ses derniers religieux éveillerait, sinon la sympathie, au moins la curiosité.

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