Page images
PDF
EPUB

ville, le chemin des Pieux, la voye tendant de Vasteville à Bricquebet pour six deniers de rente seigneurialle par vergée. »>

D

Mre André Piquot, prêtre de la paroisse de Gréville prend à Biville 1o L'Aumosne contenant six vergées et demye quatorze perches; les Carrières, contenant trois vergées douze perches, jouxte le chemin du fief du Maretz, pour trois souls de rente par vergée.

Mre Thomas Le Regnet, prêtre de la paroisse de Biville, stipulant pour son père Laurent accepte au même prix la Croulte Beslet, contenant quatre vergées, jouxte les hoirs ou ayant cause de Laurent Regnet, Paul Regnet, Coll. de Villiers, André Regnet et le chemin de la Lande. »

A la haulte Biville se trouve le clos des Vesuys contenant neuf vergées et demye quinze perches passant, puis au trans de la maison ès nepveux, jouxte ledit prieur et Pierre Doguet une pièce contenant demye vergée huit perches, enfin le Vay d'une vergée treize perches jouxte Pierre Espaillard, qui sont fieffés à Thomas Le Regnet de la parroysse de Biville, toujours à trois sous la vergée. Enfin aux mêmes conditions, le prieur bailla et fieffa à André Le Pelletier de Biville, deux pièces de terre, la première nommée les Corbillons, contenant quatre vergées jouxte Thomas Gardin, led prieur et la commune, la seconde appelée la Loge, contenant deux vergées dix neuf perches.

C'était donc de cent vingt à cent cinquante vergées enlevées d'un seul coup au domaine propre du prieuré et ce n'est sûrement qu'une mince partie des fieffes créées le 12 mai 1546.

[ocr errors]

Malgré cela notre prieur n'échappa point à tous les embarras, car en 1549 et 1550 noble home et vénérable et discrepte personne Guille Géroesme eut à poursuivre Laurent Brochard sur les biens duquel il avait mis arrêt pour arrérages de trois

boisseaulx de forment non payés en temps voulu et le dit Brochard de la paroisse d'Héauville fut condamné après deux ans seuleument de procédures.

En cette année 1550, on rencontre à Héauville un prêtre, Mre Germain Colombel, qui possédait, au trans de la Vallée, une partie du fief à Lhoste, tandis que Germain Lechevallier tenait de nouvelle fieffe, une pièce de cinq vergées au Sault-Corbin et une autre de même étendue au bas des Vaulx avec une redevance de vingt deniers de rente, reliefs, etc.

[ocr errors]

Les Ravalet. Le sous-sénéchal de la sieurie d'Héauville était depuis quelques années Julien Ravallet, escuier.

Disons un mot de cette famille, puisque nous aurons bientôt, comme prieur, un de ses membres. Les Ravallet étaient de vieille noblesse portant: d'azur, à la fasce d'argent, chargée de trois croix de gueules et accompagnée en chef de deux croissants d'argent et en pointe d'une rose de même.

Leur auteur dans notre pays, Charles Ravalet, venu de Bretagne, avait épousé (1486) dle Perrine-Pharise d'Aragon. Il fut la souche des Ravallet de Sideville et de Tourlaville. Le premier de ceux-ci, Jacques, rendait en 1555 hommage de ce fief à Henri II. Ses descendants quittèrent un peu plus tard leur nom patronymique pour adopter celui de Tourlaville, qu'ils portèrent alors même qu'ils ne possédaient plus ce fief, mais étaient sieurs d'Eroudeville, du Flossel, de Saint-Germain et d'Ozeville. Cette branche semble s'être éteinte ou être tombée en quenouille » avant 1666 (1). Ceux de Sideville à qui, comme d'ailleurs aux Ravallet de Tourlaville on a imputé d'innombrables crimes durèrent plus longtemps.

«

Notre sous-sénéchal était donc fils de Charles et de Perrine d'Aragon. Chef de la branche de Sideville, il avait épousé en 1524 dlle Guillemette Le Lièvre (2), et en 1564, il maria son fils, Julien II, à dile Jeanne Dumoncel, fille de Berthole, sénéchal de la sieurie d'Héauville.

--

Compromis entre l'abbaye du Vou et le prieuré d'Héauville. L'an 1555, les différends étaient à l'état aigu entre l'abbaye de Cherbourg et le prieuré d'Héauville. Il s'agissait des redevances de certains tènements de Biville, que les deux maisons prétendaient leur appartenir; aussi des dimes de quelques terres et surtout de la partie assise sur Vasteville du domaine de la Calengerie, auxquelles les religieux du Voeu disaient avoir exclusivement droit comme decimateurs de Vasteville. Pour preuve de la légitimité de leurs prétentions, il arguaient « du paiement de ces dismes fait en la présente année par messire Robert Fabien, curé

(1) Voir Olim de Tourlaville, par M. de Pontaumont dans les Mémoires de la société Académique de Cherbourg. Année 1861, p. 66.

(2) de gueules, à la croix ancrée d'argent, accompagnée de deux croissants d'or en chef et d'un croissant d'or en pointe. Famille d'ancienne noblesse,

de Théville et propriétaire de quelques-uns des territoires de Vasteville dont le dimage était en litige.

L'affaire fut portée aux assises de Valognes, mais la justice de ce temps-là, nous l'avons souvent constaté, n'était point pressée, il fallut régler provisoirement la situation. A cette fin, les parties nommèrent pour arbitres, le prieur, André Bazan, escuier, sieur de Syouville; les religieux, un sieur Leconnestable. Ces messieurs firent une « compromission raisonnable départant à chacun ce qui lui était dû. A Biville, d'après les titres remis en leurs mains, ils furent plutôt favorables au prieur. A la Calengerie Cherbourg eut la dime d'un pré et de deux pièces de terre, le prieur le reste.

Cet arrangement fait le 1er décembre 1555 pour durer jusqu'à Pâques et prorogé jusqu'aux assises de septembre, sous les signatures de B. Dumoncel et de frère Jean Hubert (1) devint définitif l'année suivante, l'affaire ayant été retirée du baillage.

Échange.

-

Mais notre prieur était, comme beaucoup d'autres

(1) L'abbé du Voeu était alors Léobin Le Fillastre, dernier abbé élu par le chapitre de cette maison en charge depuis 1518, il succédait, suivant T. de Billy, III, p. 311, à Jean Hubert qui avait gouverné l'abbaye de 1492 au 16 juin 1518, époque de sa mort. Suivant la Gallia christiana, x1 col., 943, et le Neustria pia, p. 810, Jean Hubert serait mort en décembre 1517 et, après lui, Jacques Marette aurait occupé le siège abbatial depuis ce moment jusqu'au 6 juin 1518. En réalité, Jean Hubert, démissionnaire en 1504, fut remplacé sur le siège abbatial (20 juin) par frère François-Jean Noel, qui mourut le 1er décembre 1514 et eut pour successeur frère Jacques Marette ou Mariette que remplaça (1518) Léobin Le Fillastre. Le frére Jean Hubert, signataire de la prorogation était le neveu du précédent. Présenté le 22 avril 1536 au prieurécure de Barfleur à la place de frère Mathieu Leneveu qui venait de mourir, il y demeura quelques années, puis rentra auc ouvent où il fut pour les affaires le bras droit de son abbé.

[ocr errors]

Ces Hubert appartenaient à l'importante famille Hubert répandue dans les paroisses de Teurtheville-Bocage, Brillevast, Quettehou.

A Clitourps, Georges Hubert, « officier chez le roy », ayant épousé Anne Lamache devint par son mariage un des principaux propriétaires de la paroisse. Sa postérité s'y divisa en deux branches les Hubert de la Huberderie et les Hubert de Valhérou. Les premiers furent de riches cultivateurs; les autres, qui prirent leur surnom d'un tènement de terres situé auprès de l'église, furent surtout une famille d'avocats aux diverses cours de Valognes et plaidèrent souvent à la Haute-Justice de Grainthéville à Clitourps. Un de leurs derniers descendants est actuellement avocat à la cour d'appel de Paris et s'occupe beaucoup des questions sociales.

du temps, insatiable de bénéfices. Il avait ajouté à ceux qu'il possédait déjà un canonicat de Coutances (fin de 1553) et la cure de Vesly (1557). Nous lui voyons prendre tous ces titres dans un acte d'échange ou devant « maistres Jacques Bourdon et Robert Lefranc, tabellions royaulx en la vicomté de Vallongnes pour le siège des Pieulx noble et discrette personne maistre Guille Géroesme, prestre, chanoigne de Coustances, curey de Velly, de Sainte Opportune et seigneur prieur de Héauville donne sept << vergées trente deux perques de terre assises au dit lieu de « Heauville es trans du moulin à vent noble home Robert Le

Bourgeois, sieur de Grouchy, lequel en contre eschange cede <«< pareil nombre de vergées es trans de la Vallée à Lhoste.» C'était le 13 avril 1559. Les témoins furent Clément de la Mer et Robert Le Françoys d'Héauville.

Disons en passant que la cure de Vesly comme celle de SainteOpportune était à la nomination de l'abbé de Lessay et qu'en 1557 Nicolas Géroesme vivait encore.

Les guerres de religion amènent la vente de la sieurie d'Héauville. - Cependant Luther entraîné par l'orgueil et des passions moins avouables encore avait, sous prétexte de réforme, prèché ses hérésies à l'Allemagne. Là, grâce à la connivence de princes avides à tous les points de vue de mettre à profit la facile morale du moine apostat, ces erreurs s'étaient rapidement répandues. Calvin, fils d'un tonnelier de Noyon, les aggrava en les acclimatant en France dès 1532 et, malgré les efforts de François Ier, leur acquit de nombreux partisans. La féodalité, déjà fortement ébranlée, y vit l'occasion de tenter un effort pour reconquérir son autorité diminuée et ce mélange de questions politiques et religieuses enfanta des guerres civiles qui ensanglantèrent le règne des trois derniers Valois. Car sous François Ier et Henri II, son fils, occupés par la lutte contre Charles-Quint et l'Angleterre, les protestants remuèrent relativement peu. Malheureusement la mort de Henri II (10 juillet 1559) laissait le trône à un enfant de seize ans, François II, qui d'ailleurs suivit de près (5 décembre 1560) son père dans la tombe. Son frère, Charles IX, âgé de dix ans, lui succède et le gouvernement ondoyant de Catherine de Médicis continue de laisser les Huguenots devenir plus nombreux, plus puissants; puis en 1562 commence, par le massacre si exagéré de Vassy, la première guerre de religion.

Sous prétexte de la soutenir, Catherine, au nom du roi, ne trouva rien de mieux que d'ordonner la vente de partie du tem< porel des ecclésiastiques jusqu'à concurrence de 300.000 livres

de rente. La paix fut signée à Amboise le 19 mars 1563, mais il fallait, disait-on, reprendre les villes dont les protestants avaient payé aux Anglais leur concours contre la France. L'ordonnance fut maintenue, le consentement du pape arraché et on procéda à cette vente. Certes le clergé n'était pas en arrière de payer les frais de la guerre dès 1561, il s'était engagé à fournir au roi pendant six ans 160.000 livres. N'importe, le gouvernement du temps, aussi raisonnable que le maître de la poule aux œufs d'or, non content du revenu s'attaqua au fond de production! Et pour un plus prompt recouvrement de deniers » l'aliénation ne se fit même pas au gré des propriétaires mais au choix des acquéreurs. Le diocèse de Coutances avait été en bloc taxé à 3000 escus sol de rente, Héauville le fut pour 600 livres de principal et les Lebourgeois, longtemps vassaux du prieuré, désirant à leur tour devenir seigneurs, demandèrent la mise en adjudication de la sieurie.

[ocr errors]

Voici la copie de son estimation et de la commission de vente : De par le Roy et monseig. le lieutenant général de mons. le le bailly de Costentin, commission du Roy nostre sire pour « vendre jusque à la concurrence de troys mil escus sol des biens patrimonyaulx des ecclésiastiques estant en ressort dud baillage. Il est faict scavoir que le fief terre et sieurie de héauville que tient et possède noble et discrepte personne mre G. Geroesme prieur et seigneur dud lieu de héauville sera vendu et adjugé au plus offrant et derain encherisseur le merquredy vingt troisième jour de ce présent d'aoust en l'auditoire royal es juridictions de Coustance suyvant l'acte des sieurs conseillers < publié en l'an mil cinq cent soixante et trois le 14e jour d'aoust ⚫ a Coustances devant nous Gilles Dancel, sieur d'Audouville, conseiller du roy, son lieutenant général au baillage de Costentin et commissionné pour vendre jusques à la concurrence de troys mil escus sol de rente du revenu temporel des ecclésias<«<tiques estans au ressort dud baillage présidant, presence de mre Robert Lantien docteur en theologie delegué par l'evesque de Coustances ou son vicaire comme deputes du roy a l'estimation, appreciation et liquidation des choses demandés en tant

« PreviousContinue »