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les barrières.

Sept. 1792. mement de tous les habitants signataires de la pétiOn ferme tion contre les attentats du 20 juin; par un autre -On fait arrêté, on fit battre la caisse pour annoncer à tous tions. On les citoyens absents de leur domicile qu'ils eussent à les suspects. s'y rendre, sous peine de n'y pouvoir rentrer tant

des perquisi

arrête

Dispositions prises

pour assurer

prisonniers.

que durerait le danger de la patrie. On décida ensuite que les barrières de Paris seraient fermées pendant quarante-huit heures, et qu'en dehors de l'enceinte, au delà des villages les plus rapprochés de la ville, il serait formé une ligne de circonvallation composée de gardes nationaux, afin d'arrêter toute personne suspecte qui tenterait de s'échapper. Ces mesures prises, la commune fit procéder pendant la nuit à des visites domiciliaires, pour s'assurer des armes que les particuliers auraient cachées, et en réalité, pour arrêter et conduire dans les prisons de Paris tous les individus soupçonnés de royalisme, tous les prêtres non sermentés ou réfractaires. Et comme si ce n'était point assez de placer cette multitude de citoyens de tout âge et de tout sexe sous la menace d'un jugement, la commune fit suspendre, malgré la loi, les séances du jury et les procédures commencées par le tribunal criminel. Qu'était-il besoin de tribunaux et de juges lorsque la révolution allait elle-même tenir ses assises?...

Les prisons regorgeaient de malheureux suspects; le massacre pour faire place à ceux qu'on y traînait à chaque des heure de la journée et de la nuit, on rendit la liberté aux détenus pour dettes, à tous les criminels vulgaires qui ne méritaient pas d'occuper un moment la justice du peuple. Dans les cachots et dans les cellules demeurés vides, on entassa les royalistes, les

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prêtres, les nobles, les feuillants, les femmes de la Sept. 1792. cour, les vaincus du 10 août. L'assemblée nationale, épouvantée elle-même de ces excès, eut un moment d'énergie le 31 août, elle rendit une loi qui cassait. la commune provisoire, et lui enjoignait de se dissoudre; mais dès le lendemain, cédant à la crainte, et dominée par le terrible ascendant de Marat, de Robespierre, de Camille Desmoulins, de Panis, de Sergent, de Tallien, d'Osselin, et de tout ce que les clubs et l'hôtel de ville comptaient de jacobins implacables, elle revint sur cette résolution, et continua d'abandonner le gouvernement de Paris et de la France aux fureurs de la commune et au hasard des événements. C'était le jour où l'on venait d'apprendre Verdun assiégé, et Longwy livré par la lâcheté de ses habitants; d'un moment à l'autre on s'attendait à recevoir la nouvelle d'une grande bataille perdue, à voir l'ennemi camper sur les hauteurs de Montmartre; le délire de la vengeance et de la peur troublait toutes les âmes, et rendait facile l'œuvre des tyrans et des assassins.

Le 1er septembre, Danton annonça en termes mystérieux au conseil exécutif les mesures prises pour perdre les ennemis de la révolution. « Le canon son«<nera, dit-il, mais ce n'est point le canon d'alarme; <«< c'est le pas de charge sur nos ennemis. Pour les vaincre, pour les atterrer, que faut-il? de l'audace, « encore de l'audace, toujours de l'audace! » Les ministres, émus d'un vague pressentiment d'horreur ou de crainte, gardèrent le silence.

Dominé par cette pensée fixe que, pour assurer le

Sept. 1792. triomphe de nos armées et la résistance du pays, il fallait frapper d'une profonde terreur tous les partisans de la royauté, Danton, secondé par Marat et les autres membres du comité de surveillance institué par la commune, organisa tout, disposa tout pour les attentats du lendemain. Le sanguinaire Tallien, le procureur général de la commune Manuel, qui poussait au crime par calcul, et consentait, par pitié, à sauver un petit nombre de malheureux; Camille Desmoulins, dont la mémoire restera à jamais flétrie de ce souvenir, leurs obscurs, mais ardents complices, prirent toutes les mesures propres à assurer la vengeance populaire, à accroître le nombre des victimes que la bête fauve allait dévorer. Puis, par une sinistre mansuétude, en même temps qu'il veillait à ce que les prisonniers fussent mis sous bonne garde et privés de tous moyens de résistance, le fatal comité donna des ordres pour que leur nourriture fût abondante, et servie avec délicatesse et recherche. C'est ainsi que les sacrificateurs des temps païens en usaient avec les martyrs destinés au supplice.

Disons-le cependant, pour que la responsabilité de tant d'horribles scènes ne soit attribuée à chacun des acteurs qu'en proportion de sa part de crime, la commune tout entière, les jacobins eux-mêmes, alors même qu'ils remplissaient les prisons et organisaient un régime de terreur, ne songèrent pas tous à en finir par un grand massacre. L'humanité, qui aura tant à se voiler la face au récit de ces atrocités, pourra éprouver un peu de soulagement en réduisant avec justice le nombre de ces grands criminels. Jusqu'au

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La stupeur

règne

dans Paris.

dernier moment peut-être, et sauf la poignée d'égor- Sept. 1792. geurs qui étaient dans le secret, la plupart n'allaient pas au delà d'une incarcération, suivie d'une déportation en masse, et n'osaient pas faire des vœux pour une exécution populaire sans formes de justice. Quand Manuel adressait aux victimes des paroles d'espérance, il était peut-être de bonne foi; et, quand il promettait à la commune de purger bientot le sol de la patrie de la présence des royalistes et des prêtres, il est permis d'admettre qu'il ne songeait qu'à les chasser vivants du territoire français, et non à creuser leur fosse. Quoi qu'il en soit, une anxiété sombre régnait dans Paris le peuple, frappé d'une crainte mystérieuse, sentait fermenter dans ses entrailles des instincts de vengeance et de mort; la plupart de ceux qui s'enrôlaient pour aller combattre sur la frontière hésitaient à partir, craignant qu'à la faveur de leur absence les royalistes prisonniers ne fussent mis en liberté, et ne répandissent le sang de leurs enfants et de leurs femmes. Ces absurdes terreurs étaient réelles, parce que les agents du crime les fomentaient avec adresse, et qu'il n'est aucune rumeur assez folle, assez fausse, que la multitude n'accepte avec l'empressement de l'ignorance et de la peur. Nous insistons sur ces détails préliminaires, parce qu'ils sont indispensables pour rendre croyables des événements que l'histoire ne voudrait pas accepter si les témoignages vivants ne subsistaient pas encore.

de la

Le dimanche 2 septembre 1792, la proclamation Proclamation suivante était adressée au peuple de Paris, par ordre commune. du conseil général de la commune :

Sept. 1792.

<«< Citoyens, l'ennemi est aux portes de Paris! Ver«< dun, qui l'arrête, ne peut tenir que huit jours. Tous <«<les citoyens qui défendent le château ont juré de << mourir plutôt que de se rendre. C'est vous dire que, quand ils vous font un rempart de leurs corps, il est « de votre devoir de voler à leur secours.

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Citoyens, aujourd'hui même, à l'instant, que tous << les amis de la liberté se rangent sous les drapeaux, <«<allons nous réunir au champ de Mars qu'une « armée de soixante mille hommes se forme sans « délai, et marchons aussitôt à l'ennemi, ou pour « périr sous ses coups ou pour l'exterminer sous les

<<< nôtres ! >>>

A deux heures après midi, la commune faisait publier et placarder l'arrêté que nous allons transcrire :

« Aux armes, citoyens!... aux armes, l'ennemi est «‹ à nos portes!

« Le procureur de la commune ayant annoncé les « dangers pressants de la patrie, les trahisons dont <<< nous sommes menacés, l'état de dénûment de la ville <«< de Verdun, assiégée en ce moment par les ennemis, << et qui, avant huit jours, sera peut-être en leur pou<< voir;

« Le conseil général arrête :

<< 1° Les barrières seront à l'instant fermées» (elles l'étaient depuis deux jours).

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«<< 2° Tous les chevaux en état de servir à ceux

qui se rendent aux frontières seront sur-le-champ << arrêtés. ⚫

<< 5° Tous les citoyens se tiendront prêts à marcher « au premier signal.

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