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Juillet 1792. «Chrétienne, remise en pleine liberté, y ait pourvu

ultérieurement, ou qu'il en ait été autrement or

<< donné en son nom dans l'intervalle.

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« 7° Que les habitants des villes, bourgs et villages

qui oseront se défendre contre les troupes de leurs « majestés impériale et royale, et tirer sur elles soit en « rase campagne, soit par les fenêtres, portes et ouver«<tures de leurs maisons, seront punis sur-le-champ se«<lon la rigueur du droit de la guerre, et leurs mai«sons démolies ou brûlées. Tous les habitants, au <«< contraire, desdites villes, bourgs et villages, qui s'em<< presseront de se soumettre à leur roi, en ouvrant <<< leurs portes aux troupes de leurs majestés, seront à <«< l'instant sous leur sauvegarde immédiate; leurs per« sonnes, leurs biens, leurs effets, seront sous la pro<«<tection des lois, et il sera pourvu à la sûreté géné<<< rale de tous et de chacun d'eux.

« 8° La ville de Paris et tous ses habitants, sans dis<< tinction, seront tenus de se soumettre sur-le-champ « et sans délai au roi, de mettre ce prince en pleine et << entière liberté, et de lui assurer, ainsi qu'à toutes les << personnes royales, l'inviolabilité et le respect aux

quels le droit de la nature et des gens oblige les su<< jets envers les souverains; leurs majestés impériale «<et royale rendant personnellement responsables de « tous les événements, sur leur tête, pour être jugés mi« litairement, sans espoir de pardon, tous les membres « de l'assemblée nationale, du département, du district, « de la municipalité et de la garde nationale de Paris, <«<les juges de paix et tous autres qu'il appartiendra; << déclarant en outre leursdites majestés, sur leur foi

<< et parole d'empereur et de roi, que si le château des Août 1792. << Tuileries est forcé ou insulté, que s'il est fait la <<< moindre violence, le moindre outrage à leurs ma

jestés le roi, la reine, et à la famille royale; s'il n'est << pas pourvu immédiatement à leur sûreté, à leur con«<servation et à leur liberté, elles en tireront une ven<< geance exemplaire et à jamais mémorable, en livrant << la ville de Paris à une exécution militaire et à une << subversion totale, et les révoltés coupables d'attentats << aux supplices qu'ils auront mérités. Leurs majestés <«< impériale et royale promettent, au contraire, aux << habitants de la ville de Paris, d'employer leurs bons << offices auprès de sa majesté Très - Chrétienne pour << obtenir le pardon de leurs torts et de leurs erreurs, << et de prendre les mesures les plus rigoureuses pour << assurer leurs personnes et leurs biens, s'ils obéis<< sent promptement et exactement à l'injonction ci<<< dessus.

<«< Enfin, leurs majestés, ne pouvant reconnaître. << pour lois en France que celles qui émaneront du roi << jouissant d'une liberté parfaite, protestent d'avance <«< contre l'authenticité de toutes les déclarations qui << pourraient être faites au nom de sa majesté Très-Chré<< tienne, tant que sa personne sacrée, celles de la reine << et de toute la famille royale ne seront pas réellement <«<en sûreté; à l'effet de quoi leurs majestés impériale << et royale invitent et sollicitent sa majesté Très-Chré<<< tienne de désigner la ville de son royaume, la plus << voisine de ses frontières, dans laquelle elle jugera à « propos de se retirer avec la reine et sa famille, sous «< une bonne et sûre escorte qui lui sera envoyée pour

Août 1792. « cet effet, afin que sa majesté Très-Chrétienne puisse « en toute sûreté appeler auprès d'elle les ministres et <«<les conseillers qu'il lui plaira de désigner, faire << telles convocations qui lui paraîtront convenables, pourvoir au rétablissement du bon ordre et régler <«<l'administration de son royaume. >>

<«< Enfin, je déclare et m'engage encore, en mon << propre et privé nom, et en ma qualité susdite, de « faire observer partout aux troupes confiées à mon <<< commandement une bonne et exacte discipline; <<< promettant de traiter avec douceur et modération les « sujets bien intentionnés qui se montreront paisibles <«<et soumis, et de n'employer la force qu'envers ceux «< qui se rendront coupables de résistance ou de mau<< vaise volonté.

« C'est par ces raisons que je requiers et exhorte << tous les habitants du royaume, de la manière la plus <«< forte et la plus instante, de ne pas s'opposer à la « marche et aux opérations des troupes que je com<< mande, mais de leur accorder plutôt partout une « libre entrée, et toute bonne volonté, aide et assis<<<< tance que les circonstances pourront exiger. »

Ce manifeste portait la date du 25 juillet 1792; il était donné au quartier général de Coblentz, et signé des noms du prince Charles-Guillaume-Ferdinand, duc de Brunswick-Lunebourg; de plus, une injonction additionnelle, publiée le 27 juillet, contenait la déclaration suivante: «< « Si, contre toute attente, par la

perfidie ou la lâcheté de quelques habitants de Paris, « le roi, la reine et toute autre personne de la famille << royale étaient enlevées de cette ville, tous les lieux et

«< villes quelconques qui ne se seront pas opposés à <«<leur passage et n'auront pas arrêté leur marche, su<< biront le même sort qui aura été infligé à la ville <«< de Paris; et la route qui aurait été suivie par les <«< ravisseurs du roi et de la famille royale sera marquée << par une continuité d'exemples des châtiments dus à << tous les fauteurs ainsi qu'aux auteurs d'attentats irré<< missibles.

Août 1792.

par ce

« Tous les habitants de la France en général doi<< vent se tenir pour avertis du danger qui les menace, <«<et auquel ils ne sauraient échapper s'ils ne s'op<<< posent de toutes leurs forces et par tous les moyens <«< au passage du roi et de la famille royale, en quelque « lieu que les factieux tenteraient de les emmener. >> L'effet produit par ces menaces fut d'exaspérer la Effet produit révolution, et de rallier beaucoup de ceux qui abhor- manifeste. raient ses excès, sinon à la cause du jacobinisme, du moins à celle de l'indépendance du territoire et de la dignité du pays. La révolution, ainsi attaquée et bravée, comprit qu'elle n'avait à espérer de salut que dans la victoire ou dans la mort; et plus le danger qu'on lui proposait était inévitable, plus on la poussait à tout oser. Au reste, il n'est pas inutile à l'histoire de dire que la déclaration dont le duc de Brunswick acceptait la responsabilité n'émanait pas de ce prince. Le duc de Brunswick était un homme de mœurs douces, partisan modéré des idées nouvelles, et fort peu disposé par caractère à irriter un peuple qui redoutait jusqu'à l'ombre du déshonneur. La première rédaction de ce manifeste était l'œuvre de deux émigrés français, le marquis de Limon et M. de Calonne; elle avait en

Août 1792. suite été revue et modifiée, dans un sens fort adouci, par l'empereur et le roi de Prusse, auxquels on l'avait soumise; enfin, le conseiller intime Reufner y ayant mis la dernière main, le duc de Brunswick n'avait consenti à la signer qu'à son corps défendant.

Déclaration

des princes du sang émigrés.

De leur côté, les frères du roi et les autres princes du sang, campés à Trèves, crurent devoir, tant en leur nom personnel qu'au nom de la noblesse émigrée, adresser à la France et à l'Europe une déclaration solennelle; il y était dit :

« Les princes frères de sa majesté Très-Chrétienne, <«<les princes de son sang, unis à eux, la valeureuse <«< noblesse qui marche à leur suite, et l'élite de la na<< tion qui est venue se ranger sous leurs drapeaux, ne « peuvent se joindre à des armées étrangères contre << leur patrie, sans lui rendre compte, et à l'Europe, de <«<leurs motifs, sans manifester leurs sentiments, sans << faire connaître l'intention qui les guide.

« Lorsque nous primes la résolution de sortir du « royaume, ce fut moins pour mettre nos jours en sû«< reté que pour sauver ceux du roi, en rendant in« fructueuse la scélératesse qui les menaçait, et pour <«< solliciter en sa faveur des secours que sa position ne << lui permettait pas de réclamer lui-même.

Lorsque aujourd'hui nous nous disposons à y ren«trer, c'est avec la satisfaction d'avoir rempli ces deux << grandes vues, et d'être à la veille de jouir de leur

«<< succès.

<< Notre expatriation est devenue la sauvegarde de « sa majesté. Notre retour annonce sa prochaine libé<<< ration et celle de ses peuples.

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