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thion et de Manuel. Le 28 juillet, les journaux annon- Juillet 1792. cèrent que, sur quarante-huit sections, quarante-sept avaient voté la déchéance de Louis XVI; le 31, la section Mauconseil prit l'arrêté suivant : « L'an quatrième Les sections << de la liberté, le 31 juillet, l'assemblée, réunie au << nombre de plus de six cents citoyens, délibérant sur au complot. <«<les dangers de la patrie; considérant que ce dan

<< ger s'aggrave tous les jours par l'insigne perfidie

<< du pouvoir exécutif et de ses agents; que la nation << ne peut sortir de la crise dangereuse où elle est que «< par un grand effort; - considérant qu'il est impos«<sible de sauver la liberté par la constitution; que << Louis XVI a perdu la confiance de la nation, etc.; «< déclare, de la manière la plus authentique et la plus solennelle, qu'elle ne reconnaît plus Louis XVI « pour roi des Français; déclare qu'en renouvelant le << serment si cher à son cœur, de vivre et de mourir <«< libre, et d'être fidèle à la nation, elle abjure le surplus de ses serments, comme surpris à la foi pu« blique, » etc.

elle

La section du Théâtre français (les anciens cordeliers) prit une délibération moins énergiquement offensive, mais qui avait une importance réelle décida que, dans cette portion de Paris, les citoyens qui faisaient partie de la garde nationale considéreraient comme leurs frères, sans distinction d'uniforme, tous les citoyens qui n'étaient pas inscrits sur les cadres de cette milice, et qu'ils les inviteraient à coopérer avec eux au triomphe de la liberté. Cet appel à la complicité des piques était fait au nom de Danton, président, et des deux secrétaires, Anaxagoras Chaumette et Momoro.

de Paris prennent une part active

Juillet 1792.

Manifeste du duc

Sur tous les murs on affichait des placards portant défense de tirer sur le peuple, sous peine de mort.

Le corps municipal de Paris, vivement stimulé par ces démonstrations révolutionnaires, y prêtait la main de tout son pouvoir. Un arrêté rendu par Péthion, et contre-signé par Royer-Collard, secrétaire greffier, venait d'établir, sous la direction et la surveillance de Manuel, le procureur de la commune, un bureau central de correspondance entre les quarante-huit sections. Ce premier pas accompli, la commune prit des mesures pour mettre la force armée au pouvoir des sections. Les choses en vinrent à ce point, que les sections correspondaient avec des communes étrangères, envoyaient et recevaient des adresses. Tout manifestait, pour les moins clairvoyants, les préparatifs d'une insurrection immense et formidable. La France entière était, d'ailleurs, en proie à la même agitation. A la tête de toutes les cités du royaume, la plus audacieuse alors, la plus remuante, Marseille, était le foyer d'une émeute permanente, accompagnée de meurtres et de démonstrations républicaines; le sang coulait à Bordeaux, et c'était celui de deux prêtres fidèles, dont le peuple, qui les avait mis à mort, promenait les têtes au bout de ses piques. A Angers et à Laval, le nombre des prêtres non assermentés, que la fureur du peuple avait jetés dans les prisons et réservait au bourreau, s'élevait déjà à huit cents. Partout éclatait la même ardeur révolutionnaire, partout apparaissait l'anarchie hideuse ou sanglante.

Soudain, au milieu de ce peuple délirant, tomba, Brunswick, comme l'étincelle sur un amas de poudre, le manifeste

de

lancé contre la révolution française par le duc de Juillet 1792. Brunswick, au nom de la Prusse et de l'Autriche, dont ce prince commandait les armées. Par ce document fameux, où les griefs de l'Europe étaient exposés avec une modération affectée, les puissances coalisées exigeaient des réparations et des garanties; et, faute par la France de se soumettre aux conditions qui lui étaient faites, il lui était annoncé que de terribles représailles seraient exercées contre elle.

Après avoir, disait le duc de Brunswick, supprimé «< arbitrairement les droits et possessions des princes <<< allemands en Alsace et en Lorraine, troublé et ren<< versé dans l'intérieur le bon ordre et le gouverne<< ment légitime, exercé contre la personne sacrée du << roi et contre son auguste famille des attentats et des << violences qui se sont perpétués et renouvelés de jour << en jour, ceux qui ont usurpé les rênes de l'adminis«<tration ont enfin comblé la mesure en faisant dé<«< clarer une guerre injuste à sa majesté l'empereur, et «< en attaquant ses provinces situées en Pays-Bas : quel<«< ques-unes des possessions de l'empire germanique << ont été enveloppées dans cette oppression; et plusieurs << autres n'ont échappé au même danger qu'en cédant << aux menaces du parti dominant et de ses émissaires.

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<< Sa majesté le roi de Prusse, unie avec sa majesté impériale par les liens d'une alliance étroite et défensive, et membre prépondérant elle-même du corps germanique, n'a donc pu se dispenser de marcher au << secours de son allié et de ses co-États; et c'est sous «< ce double rapport qu'elle prend la défense de ce mo<<< narque et de l'Allemagne.

Juillet 1792.

« A ces grands intérêts se joint encore un but égale<«<ment important, et qui tient à cœur aux deux souve« rains: c'est de faire cesser l'anarchie dans l'intérieur « de la France, d'arrêter les attaques portées au trône « et à l'autel, de rétablir le pouvoir légal, de rendre <«< au roi la sûreté et la liberté dont il est privé, et de le <«< mettre en état d'exercer l'autorité légitime qui lui <<<< est due.

<< Convaincus que la partie saine de la nation fran<«<çaise abhorre les excès d'une faction qui la subjugue, « et que le plus grand nombre des habitants attend << avec impatience le moment du secours pour se dé<< clarer ouvertement contre les entreprises odieuses de «<leurs oppresseurs, sa majesté l'empereur et sa ma« jesté le roi de Prusse les appellent et les invitent à re<< tourner sans délai aux voies de la justice et de la rai<«< son, de l'ordre et de la paix. C'est dans ces vues que «< moi, soussigné, général commandant en chef les deux << armées, déclare :

«< 1° Qu'entraînées dans la guerre présente par des <«< circonstances irrésistibles, les deux cours alliées ne << se proposent d'autre but que le bonheur de la France, << sans prétendre s'enrichir de ses conquêtes.

«< 2° Qu'elles n'entendent point s'immiscer dans le << gouvernement intérieur de la France, mais qu'elles << veulent uniquement délivrer le roi, la reine et la << famille royale, de leur captivité, et procurer à sa « majesté Très-Chrétienne la sûreté nécessaire pour qu'elle puisse faire sans danger, sans obstacle, <«<les convocations qu'elle jugera à propos, et tra<< vailler à assurer le bonheur de ses sujets, suivant

<< ses promesses et autant qu'il dépendra d'elle. Juillet 1792. «<3° Que les armées combinées protégeront les villes, « bourgs et villages, et les personnes et les biens de << tous ceux qui se soumettront au roi, et qu'elles con« courront au rétablissement instantané de l'ordre et « de la police dans toute la France.

« 4° Que les gardes nationales sont sommées de veil<«<ler provisoirement à la tranquillité des villes et des «< campagnes, à la sûreté des personnes et des biens de <«< tous les Français, jusqu'à l'arrivée des troupes de «<leurs majestés impériale et royale, ou jusqu'à ce qu'il en soit autrement ordonné, sous peine d'en être << personnellement responsables; qu'au contraire ceux « des gardes nationaux qui auront combattu contre les « troupes des deux cours alliées, et qui seront pris les « armes à la main, seront traités en ennemis, et punis « comme rebelles à leur roi, et comme perturbateurs du « repos public.

«< 5° Que les généraux, officiers, bas-officiers et sol«dats des troupes de ligne françaises, sont également << sommés de revenir à leur ancienne fidélité, et de <«< se soumettre sur-le-champ au roi, leur légitime sou<< verain.

<< 6° Que les membres des départements, des districts « et des municipalités seront également responsables, << sur leur tête et sur leurs biens, de tous les délits, in<«cendies, assassinats, pillages et voies de fait qu'ils << laisseront commettre, ou qu'ils ne se seront pas no<<< toirement efforcés d'empêcher dans leur territoire; « qu'ils seront également tenus de continuer provisoire<<ment leurs fonctions, jusqu'à ce que sa majesté Très

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