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unissez à la sublimité de vos leçons la force irrésistible de l'exemple: lisez souvent et méditez l'évangile : imitez notre maître et notre fondateur.

Il fut durant sa vie mortelle, compatissant pour les foibles', et miséricordieux pour les pécheurs. Par-tout il prêcha la paix et la concorde, le pardon des injures et l'amour de ses frères; il accomplissoit la loi, et donnoit le premier l'exemple de la soumission aux puissances qui gouvernoient alors la Judée. Voilà, mes frères, le chef et le modèle des vrais pasteurs.

Ses apôtres, témoins de sa vie et de sa mission, marchèrent sur ses traces, et se répandirent dans tout l'univers, pour y faire adorer Jesus mort et ressuscité. Sans distinctions et\ sans biens, riches de leurs seules vertus, ils fondèrent et étendirent l'empire de la croix par la douceur de la persuasion et la sainteté de leur vie : on les révéroit, on les chérissoit, on les croyoit, parce qu'ils pratiquoient les premiers ce qu'ils enseignoient aux autres, tant le pouvoir de la vertu et de l'exemple a de force sur les hommes.

Successeurs des apôtres et disciples du Christ, retraçons dans notre conduite la simplicité de leur vie, la sainteté de leurs mœurs, la douceur de leur zèle, la constance de leur charité; soyons leurs imitateurs, comme ils l'ont été de J. C.; revêtons-nous de leurs vertus, que rien n'en altère la pureté, et nous verrons bientôt renaître la vénération et l'amour des premiers fidèles, pour leurs pères, leurs consolateurs et leurs bienfaiteurs. Ce peuple religieux et bon ne s'est point éloigné de nous, il reviendra toujours chercher dans notre sein les seules consolations véritables. C'est le propre de notre ministère d'être constamment honorés, respectés et chéris. Eh! qui voudroit nous priver du pouvoir de faire du bien,

A.

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d'édifier et consoler! Nous serons toujours assez riches pour vivre, et trop pour mourir....

Fidèles à Dieu, à la nation, à la loi et au roi; amis de l'ordre, de la justice et de la paix ; tendres et bienfaisans pour nos frères; soumis à tout ce que la providence ordonnera, faisons revivre les beaux jours de l'église naissante; et dignes émules des fidèles de Corinthe et de Rome, nous verrons les pasteurs et le troupeau, unis des mêmes sentimens, ne faire qu'un corps et qu'un ame.

Ce mandement, écrit avec l'onction de Fénélon, auroit dû calmer les orages qui se préparoient dans cette séance. La fameuse affaire de Nîmes devoit être rapportée ce rapport avoit attiré une affluence prodigieuse de spectateurs; et le parti de l'opposition, qui s'attendoit à un grand coup, qui regardoit le décret qui devoit être prononcé par l'assemblée nationale, comme décisif, avoit rassemblé toutes ses forces pour le parer.

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Le rapport de cette affaire délicate, demandoit tout à la fois un esprit exercé, adroit, un orateur éloquent et capable d'entraîner ses au-" diteurs. Le comité des recherches, oubliant que dans les meilleures causes ces précautions sont, nécessaires, avoit chargé du rapport, un bon patriote, de bon sens, franc, franc, mais peu familiarisé avec l'art oratoire, et dont la mal-adresse

a causé le tumulte violent qui a signalé cette

L

séance. C'est la deuxième faute commise en ce genre par ce comité, discrédité par un précédent rapport sur les lettres séditieuses de l'évêque de Blois. M. de Macaye a exposé sous les yeux de l'assemblée toutes les pièces qui pouvoient la mettre à portée de juger les manoeuvres employées pour exciter une sédition religieuse. dans Nîmes. Parmi ces pièces s'en trouvoit une anonyme, mais jointe à une adresse et une lettre signées, Comme elle contenoit les faits les plus graves, le parti qui en redoutoit les effets s'est opposé violemment à la lecture. En vain les auteurs de cette vocifération étoient-ils rappellés à l'ordre. Ils continuoient à interrompre le rapporteur, lorsque M. de Mirabeau l'aîné a trouvé le moyen d'étouffer les cris et de parler ainsi :

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Messieurs, je me serois bien gardé d'interrompre le rapporteur, si, contre toute discipline, il ne l'avoit déjà été avec un acharnement qui ne peut être vaincu qu'en posant la question d'une autre manière. Au moment où j'ai été provoqué par un rappel à l'ordre, je demandois s'il peut y avoir quelqu'espèce de raison à exiger que le comité des recherches ne puisse présenter qu'une pièce signée, lorsqu'elle n'est que l'initiative de l'information; comme si le rapporteur étoit libre dans son choix! Je vous demande s'il n'auroit pas prévariqué, s'il se réservoit particulièrement telle ou telle pièce? Je vous demande si l'assemblée n'est pas juge de leur validité, si le comité n'a pas été institué

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pour ces sortes d'informations, malheureusement si néces saires? Les faits sont vrais ou ils sont faux; s'ils sont vrais, comme certaine crainte, certaine opiniâtreté, certain tumulte nous donnent droit de le présumér, ils ne peuvent être connus qu'en laissant achever paisiblement l'énonciation, développer leur information. S'ils sont faux, qu'en redoute-t-on? quel étrange scrupule pourroit on arrêter la lecture au milieu des libelles qui nous environnent?

Cet orateur avoit à peine fini ce discours judicieux, que M. d'Eprémenil crut lui répondre, en disant qu'il lui sembloit rêver en entendant de pareils principes. L'assemblée croyoit au contraire qu'il rêvoit en les contestant; et ce rêve n'avoit rien qui étonnât dans M. d'Eprémenil, dont le somnambulisme est l'état habituel. Un membre vouloit le rappeller à l'ordre, parce qu'il ne portoit pas le deuil de Franklin. Il ne voyoit pas que cette distinction étoit une flétrissure. Les méchans seuls, les esclaves et les ignorans peuvent se dispenser de porter le deuil d'un homme qui fut bon, savant, et fondateur de la liberté.

Enfin après un long combat, la raison l'a emporté, et le rapporteur a lu la fatale pièce. Elle a fait frémir d'horreur. Elle constatoit une foule de manœuvres et d'attentats. Elle constatoit des assemblées nocturnes, des distributions d'argent et d'écrits, des exhortations de prêtres pour ex->

citer une sédition; elle constatoit que ces prêtres avoient l'esprit aussi sanguinaire que du temps des Vaudois et de Jean Hus, et qu'ils ne demandoient qu'un Simon de Monfort pour écraser les protestans. Ils disoient qu'il falloit du sang, et qu'ils ne quitteroient pas leurs cocardes blanches qu'elles ne fussent teintes du sang des protestans. Elle constatoit le rassemblement secret d'armes des meurtres impunis, des attroupemens séditieux, en présence du maire, non prévenus. Enfin elle constatoit que l'esprit d'insurrection étoit monté au plus haut degré dans Nîmes, et que loin, par la municipalité, de l'arrêter, elle le provoquoit au contraire.

Ce qui mit le comble à l'indignation dont une pareille lecture pénètre tous les esprits, fut celle d'une nouvelle protestation des soi-disans catholiques de Nîmes, en date du premier juin. Je dis, avec les rapporteurs, soi-disans catholiques; car c'est déshonorer le catholicisme que de croire que de pareils fanatiques en soient les vrais partisans. Ils y persistent dans leur déclaration du 20 avril; ils étoient même surpris qu'on les inculpât; ils répétoient avec emphase leurs sentîmens anti-patriotiques.

Après avoir lu ces pièces, le rapporteur dit qu'il étoit inutile d'ajouter aucuns développe

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