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saisi et arrêté. La ville de Perpignan demande cè qu'elle en fera.

L'assemblée nationale décrète que le maire sera élargi; que les soldats de Touraine reprendront leur poste; que M. de Mirabeau le jeune sera élargi, sur sa promesse de venir rendre compte de sa conduite à l'assemblée.

Ce décret a subi, dans les séances suivantes quelques changemens. Il en est un entr'autres, suggéré à M. de Mirabeau l'aîné pár l'attachement fraternel, que les divisions politiques n'ont pas encore étouffé. Il a réclamé pour son frère le décret qui assuroit l'inviolabilité de la personne des députés, et a demandé qu'on le rappellât aux municipalités ; ce qui a été décrété.

VARIÉTÉ..

Extrait de l'éloge de Franklin, par M. de la Rochefoucauld.

PRESQU'AU sortir de l'enfance, le jeune Franklin, garçon. imprimeur, étoit philosophe, sans s'en rendre compte à luimême, et se formoit, par l'exercice continuel de son génie à ces grandes découvertes qui ont associé son nom dans les sciences à celui de Newton, et à ces grandes méditations politiques qui l'ont placé à côté des Lycurgues et des Solons.

Peu de temps après son arrivée en Amérique, Franklin y établit, avec quelques autres jeunes gens, un petit club, ou chacun, après son travail ou dans les jours de repos, apportoit le tribue de ses idées, qui y étoient soumises à la

discussion. Cette société, dont le jeune imprimeur étoit l'ame; a été la source de tous les établissemens utiles, tant au progrès des sciences, qu'à celui des arts mécaniques, et sur-tout au perfectionnement de l'intelligence humaine.

Il quitta la France en 1785, et son retour sur cette térré, devenue libre, fut un triomphe dont l'antiquité ne nous fournit point d'exemple. Il a vécu cinq ans encore; il a rempli trois ans la place de président de l'assemblée générale de Pensylvanie; il a été membre de la nouvelle conven. tion qui a établi la nouvelle forme de gouvernement fédé ratif, et son dernier acte public a été un grand exemple pour ceux qui coopèrent à la législation de leur pays. Son avis, dans cette convention, avoit différé sur quelques points de celui de la majorité; mais lorsque les articles furent définitivement arrêtés, il ne doit plus régner qu'un sentiment, dit-il à ses collègues, le bien de la patrie exige que la résolution soit unanime, et il 'signa.

Des souffrances presque continuelles pendant les deux dernières années de sa vie, n'avoient altéré ni son esprit, ni son caractère, et jusqu'au dernier moment, Franklin a conservé l'usage de toutes ses facultés. Son testament, qu'il avoit fait pendant son séjour en France, et qui vient d'y être ouvert, commençoit par ces mots : Moi, Benjamin Fraklin, imprimeur, maintenant minisrre plénipotentiaire th France, etc. C'est ainsi qu'en mourant il rendoit encore hommage à l'imprimerie, et ce même sentiment l'avoit porté à instruire dans cet art son petit-fils Benjamin Peach, qui, fier des leçons de son illustre maître, est maintenant imprimeur à Philadelphie.

Le plus volumineux de ses ouvrages, c'est l'histoire de sa vie, qu'il avoit commencée pour son fils, et dont on doit

la continuation aux ardentes sollicitations de M. le Veillard, l'un de ses amis les plus chers; elle a été l'occupation de ses derniers loisirs, mais le mauvais état de sa santé, et les douleurs cruelles qui ne lui donnoient presque aucun relâche, ont souvent interrompu ce travail, et les deux copies, dont l'une avoit été adressée par lui à Londres au docteur Price et à M. Vaughan, et dont l'autre est entre les mains de M. le Veillard et dans les miennes, s'arrêtent à 1757. Il y parle de lui comme il auroit parlé d'un autre; il y trace ses pensées, ses actions et même ses erreurs et ses fautes; il y peint le développement de son génie et ses talens, avec la simplicité d'un grand homme qui se rend justice, et avec le sentiment d'une conscience pure, qui n'a jamais eu de reproche à se faire.

En effet, messieurs, la vie entière de Franklin, ses méditations, ses travaux, tout a été dirigé vers l'utilité publique; mais ce grand objet, qu'il avoit toujours en vue, ne formoit pas son ame aux sentimens particuliers; il aimoit sa famille, ses amis; il étoit bienfaisant; les charmes de sa société étoient inexprimables : il parloit peu; mais il ne se refusoit point à parler, et sa conversation, toujours intéressante, étoit toujours instructive. Au milieu de ses plus grands travaux pour la liberté de son pays, il avoit toujours près de lui, dans son cabinet, quelque expérience de physique; et les sciences, qu'il avoit découvertes plus encore qu'étudiées, ont été pour lui une source continuelle de plaisirs.

De l'Imprimerie du PATRIOTE FRANÇOIS, Place du Théâtre Italien.

COURIER DE PROVENCE.

No. CLVII.

Séance du vendredi 18, au 21 juin 1790.

EN considérant les nombreux travaux de l'assemblée nationale, et en comparant les divers résultats entr'eux, on est étonné de la distance qui règne entre ceux que donnent les discussions sur l'état des finances, et ceux qui concernent la constitution, ou les loix civiles, criminelles, féodales. La lumière la plus brillante environne ces dernières; une foule d'auteurs y déployent connoissances et talens, tandis que dans les finances vous ne rencontrez que ténèbres, incertitudes, tâtonnemens, pas rétrogrades et souvent contraires. La cause de cette différence prodigieuse n'est pas difficile à saisir; elle est dans la nature même des matières. « D'excellens ouvrages, a dit un des meilleurs esprits de ce siècle (1), avoient préparé les esprits à la discussion des questions relatives à la constitution de l'état. Les idées qu'il faut combiner pour les résoudre, sont tout

(1) Voyez réponse à l'adresse aux provinces, ou réflexions sur les écrits publiés contre l'assemblée nationale,

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à la fois plus simples, plus précises et moins positives. La raiosn seule suffit pour juger. Il n'est pas d'objet sur lequel un esprit droit, accoutumé à la réflexion, ne puisse, en peu d'heures, acquérir des lumières suffisantes.

» Les finances, au contraire, exigent plus de connoissances positives; les idées y sont plus vagues, plus compliquées, les préjugés plus enracinés, et d'ailleurs n'y sont pas si évidemment repoussés par ces principes sacrés de la liberté, de l'égalité entre les hommes; car un des préjugés les plus communs, les plus enracinés, est de dédaigner ces principes, pour les sacrifier aux fausses vues d'une prospérité commerciale.

» Ces mêmes préjugés sont défendus par des gens intéressés aux abus, forts en argumens tirés de la routine, et habitués, depuis deux siècles, à obscurcir les principes, et à compliquer le langage et les opérations.

» Il existe peu de bons ouvrages sur les finances, et ceux qui existent ont été décriés par la ligue puissante des hommes à qui il est utile que la perception soit compliquée, et la répartition inégale.

» Un ministre qui auroit eu des lumières, des vues, des ressources, pourroit seul empêcher l'assemblée de commettre les erreurs où elle s'est laissé entraîner ».

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