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dimanche dernier, M. de Maillebois ne voyant pas reparoître le déclarant ; et ayant su la recommandation faite pour le porte-feuille de lui déclarant, en avoit forcé la serrure; que M. de Maillebois étoit ensuite parti le lundi de grand matin, sans avoir indiqué l'endroit où il alloit, et avoit écrit à madame de Maillebois de ne point remettre à lui déclarant, les lettres qui viendroient sous son nom; qu'il en avoit vu une qui étoit entre les mains de madame de Maillebois. Ajoute le déclarant, que M. de Saint-Mauris, conseiller au parlement, rue Vivienne, lui avoit remis l'argent nécessaire pour ce voyage; qu'il le croit dans le secret de cette affaire, ainsi que M. l'ambassadeur de Sardaigne; que le mémoire d'instruction contenoit, e entr'autres choses, ce que lui déclarant a consigné, d'après sa mémoire, dans la note annexée aux présentes, et qu'il a paraphée; note dans laquelle M. de Maillebois est désigné sous le nom d'un militaire et M. le chevalier de Bonne sous celui d'un courier. Et ledit sieur Massot nous a positivement déclaré que le patriotisme seul l'a engagé à faire la présente déclaration, et qu'il n'entend en recevoir aucune récompense, quelle qu'en puisse être l'issue; et le déclarant a signé avec nous. Ainsi signé, Massot-Grand' Maison, Brissot de Warville, Garran de Coulon, et Perron. ·

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Suit la teneur du projet annexé à la déclaration précédente.

PRÉCIS du mémoire copié par le sieur Massot-Grand Maison, d'après l'original de M. de Maillebois, qui a été remis surle-champ à M. le chevalier de Bonne.

Le 22 février dernier, il est parti pour Turin un cou

sier chargé de différentes dépêches, entr'autres, d'une lettre adressée à M. le comte d'Artois, dans laquelle il est prié de donner croyance et confiance au courier sur les objets dont il lui fera les propositions.

Voici un résumé très-succint des principaux articles con tenus dans l'instruction du courier.

Un militaire éclairé offre à M. le comte d'Artois ses services pour le faire rentrer en France d'une manière convenable à sa dignité ( au cas que le prince n'eût pas d'autres vues). Ce militaire, qui croit la chose possible, propose d'engager le roi de Sardaigne à prêter vingt-cinq mille hommes de troupes ou en faisant une avance de six millons;

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D'engager l'Espagne à entrer dans ce projet, soit en fournissant des troupes, ou en faisant une avance de six millions 3

De tâter l'empereur, pour savoir s'il seroit aussi dans l'intention de fournir des secours de l'une ou de l'autre espèce.

On paroit sûr que les duc des Deux-Ponts, margrave de Baden, landgrave de Hessen, etc. appuieront de toutes leurs forces le plan, puisqu'ils sont décidés à soutenir leurs droits en Alsace.

Cette confédération formée, il est question de fabriquer un manifeste dans le cabinet du prince, rédigé par MM. Mounier et Lally-Tollendal, et fondé sur la déclaration du mois de juin (1).

Ce manifeste, après avoir été revu par le militaire seroit publié avant d'entrer en campagne.

(1) Du 23 juin, publiée à la séance royale..

On commenceroit par marcher vers Lyon, où l'on n'espère éprouver que peu de difficultés, par les privilèges qu'on accorderoit d'abord à cette ville pour son commerce.

Un autre corps d'armée seroit dirigé par le B rabant,
Et le troisième marcheroit par la Lorraine.

On compte que ces trois corps d'armée se grossiroient, infiniment par tous les gens du parti anti-patriotique.

On gagneroit, par les menées de gens adroits, et à force d'argent, les troupes qui sont sur les frontières.

Les trois corps d'armée s'avanceroient jusqu'à Corbeil, Senlis et Meaux, désarmeroient, sur leur passage et aux environs, toutes les municipalités, leur feroient prêter serment au roi, et les forceroient à rappeller leurs députés, au cas que les états-généraux tînssent encore leurs séances.

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Paris seroit bloqué; et on espère, par ce moyen, faire venir la nation à résipiscence. ·

RÉCIT fait par M. Bonne-Savardin, de sa conversation avec Farcy.

Incertain du motif ou des soupçons que l'on avoit conçus contre moi, puisque l'on ne mandoit au comité des recherches, je crus qu'il étoit prudent d'en prévenir Farcy. J'y fus, et eus avec lui une conversation intéressante à mettre sous vos yeux.

Vous ce terme ?

--

Quand, lui dis-je, cela finira-t-il? Il faudra bien qu'il y ait un terme, me dit il; et si cette espérance ne nous soutenoit, il faudroit mettre la clef sous la porte, et attendre l'instant d'être égorgés. Mais prévoyezLe printemps puisque c'est cette époque que le roi a choisie pour aller visiter les proMais ne craignez-vous pas que toute cette milice n'y mette des entraves? qu'elle ne veuille vous suivre, et rendre vos projets sans effets? Hé bien, si elle est tentée de suivre, nous la laisserons faire; et quand une fois nous

vinces.

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Mais,

aurons le cul sur la selle nous verrons. Oui Juí dissje, je conçois qu'alors il y auroit des moyens, si vous aviez des troupes: mais où en trouverez-vous ? Il ne ré pondit pas. Comment vous débarrasserez - vous de Betville (1) Son ambition est vaste, et il est en mesure. Eh! le pauvre diable, a-t-il repris, est plus embarrassé que nous. On parle de ses projets; qu'il veur être connétable. Et moi, dit-il, je crois qu'il veut être ce qu'il pourra, jusqu'à ce que la constitution soit faite, et qu'alors il plantera là toute la multitude. Monsieur, il ne la plantera là, que pour mettre quelque chose à la place; son activité et son ambition ne lui permettront ni d'être sans rien faire, ni de ne pas faire quelque chose d'utile. Quand nous n'aurons que lui, les moyens ne nous manqueront pas. Mais vous manquerez de général, si vous ne vous attachez Adrien (2). Ah! je suis en ce moment bien en mesure d'une pareille besogne, et sûr de triompher des obstacles. Des obstacles, Monsieur! il n'y en a point; il ne peut y en avoir. Personne en France ne lui disputera en talens, fertilité de ressources, en moyens de conciliation; et je crois qu'il y a long-temps que l'on auroit dû faire les sacrifices les plus considérables, si sa position les eût exigés. Vous prêchez un converti, je le connois : mais cela n'est pas dans ma mesure. Au reste, je ne dis pas que cela ne soit pas. Mais, si malheureusement il en étoit autrement, prendrez-vous M. de Culand (3)? Quelle folie, me répondit-il! Il s'est conduit d'une manière à en ôter J'envie aux plus entêtés. J'ai voulu prendre son parti, et nous nous sommes long-temps débattus. Enfin, a-t-il repris, que fait-il depuis cet instant ? Pourquoi est-il où il s'est Forté? Qu'en espère-t-il? Avec de l'énergie, une tête, il seroit allé habiter les mêmes lieux que Hermand (4); là, il auroit été convenablement, puisqu'il y a des possessions. Mais la tête n'y est plus. Adieu. Quand vous aurez été à la ville, venez me dire ce qui se sera passé.

M. la Fayette.

M. Maillebois.

(3) M. Broglie.

M. d'Artois ou de Condé.

en

COURIER DE PROVENCE.

No. CLX V.

Séances du 13 au 16 juillet 1790.

C'EST une des grandes preuves de la liberté d'un pays, que l'accusation portée contre des ministres ou des hommes en place au tribunal qui doit les juger. La fréquence de ces accusations est une autre preuve de la surveillance et du patriotisme des citoyens (1). Les refor 'mes n'ont point encore malheureusement amené cet ordre de choses parmi nous. On n'a point encore vu de citoyens accusateurs dénoncer aux tribunaux les malversations publiques des ministres. La coutume fait qu'on se repose de ce soin important sur un officier de justice inamovible, que des intérêts privés engagent presque toujours à écarter ces sortes d'accusations.

Il est bien à desirer qu'il ne soit pas seul `un jour chargé de ces fonctions, et que la carrière des accusations publiques soit ouverte à tous les citoyens.

(1) Accusatores multos esse in civitate utile Cicérón.

est,

Gg

disoit

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