Page images
PDF
EPUB
[merged small][ocr errors][merged small]

Péninsule contre les Arabes : ils la

⚫ seule bataille.

quis l'Espagne, les Arabes se ment que les barbares de nord, et que se fit entre monde civilisé. Il

ers, en 732, que les

pe dans leur lot. Rejetés

Arabes y furent suivis par les

mé la Gaule et avaient arrêté leur

d. Les Carlovingiens descendirent jus

dèrent, sur le revers méridional des Pyré

issements chrétiens qui concoururent plus tard

ormation de la Péninsule. Ils érigèrent le comté de one; ils jetèrent à Jaca les bases du royaume d'Aragon, à Pampelune celles du royaume de Navarre; mais ce furent surtout les montagnes des Asturies qui servirent de berceau à l'Espagne chrétienne. C'est de ces montagnes, derrière lesquelles s'étaient retirés les restes indomptés des anciens Goths, que devait s'opérer la principale dépossession des Arabes. Avant de perdre l'Espagne, les Arabes en changèrent l'aspect : ils y introduisirent leur civilisation, qui fut en grande partie, comme leur croyance, le résultat d'un emprunt. Mis en rapport par le commerce avec les juifs de la Palestine et les chrétiens de la Syrie, ils avaient enfanté l'islamisme; mis en communi cation, par les armes, avec les Grecs, les Indous, les Chinois, ils créèrent cette civilisation mélangée, sans originalité et sans profondeur, mais non sans éclat ni surtout sans utilité, qui rattacha les unes aux autres les découvertes des trois civilisations isolées et rétablit le mouvement suspendu de l'esprit dans le moyen âge. Ils prirent aux Grecs leur astronomie, leur géométrie, leur mécanique, leur physique, leur philosophie, leur médecine, leur architecture; aux Indous, leur arithmétique et leur algèbre; aux Chinois, leur papier pour écrire,

là vint qu'elle eut pour objet l'assimilation de deux races ennemies par l'établissement de l'uniformité de croyance, et pour résultat l'incorporation partielle du territoire. La guerre étant religieuse, le principe de la monarchie fut catholique, et la dépossession des Arabes se poursuivant par trois endroits, il se forma trois États distincts. L'esprit exclusif de la croyance victorieuse domina dans le gouvernement, et la séparation des royaumes d'Aragon, de Castille et de Portugal se maintint dans la Péninsule. Il y eut moins d'unité et plus d'autorité qu'en France.

Envahie par les Carthaginois, qui colonisèrent ses côtes, par les Romains, qui, après y avoir rencontré une résistance plus prolongée que partout ailleurs, y établirent leur puissante domination, elle le fut en dernier lieu par les peuples germaniques et par les Arabes, qui débordèrent en sens inverse sur l'occident et sur l'orient du monde ancien. C'est là qu'ils se rencontrèrent dans leur marche conquérante. Les Germains y portèrent un peu de leur force régénératrice; mais c'est surtout aux Arabes qu'elle dut son existence moderne.

Les Arabes étaient sortis de leur péninsule pour conquérir la terre à leurs croyances. Mûs par le double besoin de s'étendre et de convertir, ayant l'avidité de la conquête et l'enthousiasme de la foi, l'organisation qui vient de l'armée, et l'obéissance qui vient de Dieu, ils marchèrent à l'occupation du monde, l'épée à la main et la confiance dans le cœur, sous un général qui était en même temps leur pontife. Il n'y avait pas eu encore d'impulsion plus irrésistible sous une unité plus forte aussi, après avoir conquis les principaux États d'Asie, les Arabes s'emparèrent de tout le nord de l'Afrique, et de là, continuant leur course victorieuse, ils descendirent en Espagne au commencement du viIIe siècle.

:

Ils trouvèrent ce pays occupé par les Goths, qui en étaient les maîtres depuis deux cent cinquante ans, et qui étaient devenus semblables à ceux qu'ils avaient vaincus ; aussi ne pu

rent-ils pas défendre la Péninsule contre les Arabes : ils la perdirent en 712, dans une seule bataille.

Après avoir entièrement conquis l'Espagne, les Arabes se jetèrent en Gaule. Ce fut là seulement que les barbares de l'orient rencontrèrent les barbares du nord, et que se fit entre eux, par la voie des armes, le partage du monde civilisé. Il fut décidé, dans les champs de Poitiers, en 732, que les races germaniques auraient l'Europe dans leur lot. Rejetés dans la péninsule espagnole, les Arabes y furent suivis par les Francs, qui leur avaient fermé la Gaule et avaient arrêté leur mouvement de conquête. Les Carlovingiens descendirent jusqu'à l'Ebre, et fondèrent, sur le revers méridional des Pyrénées, trois établissements chrétiens qui concoururent plus tard à la transformation de la Péninsule. Ils érigèrent le comté de Barcelone; ils jetèrent à Jaca les bases du royaume d'Aragon, et à Pampelune celles du royaume de Navarre; mais ce furent surtout les montagnes des Asturies qui servirent de berceau à l'Espagne chrétienne. C'est de ces montagnes, derrière lesquelles s'étaient retirés les restes indomptés des anciens Goths, que devait s'opérer la principale dépossession des Arabes. Avant de perdre l'Espagne, les Arabes en changèrent l'aspect : ils y introduisirent leur civilisation, qui fut en grande partie, comme leur croyance, le résultat d'un emprunt. Mis en rapport par le commerce avec les juifs de la Palestine et les chrétiens de la Syrie, ils avaient enfanté l'islamisme; mis en communi cation, par les armes, avec les Grecs, les Indous, les Chinois, ils créèrent cette civilisation mélangée, sans originalité et sans profondeur, mais non sans éclat ni surtout sans utilité, qui rattacha les unes aux autres les découvertes des trois civilisations isolées et rétablit le mouvement suspendu de l'esprit dans le moyen âge. Ils prirent aux Grecs leur astronomie, leur géométrie, leur mécanique, leur physique, leur philosophie, leur médecine, leur architecture; aux Indous, leur arithmétique et leur algèbre; aux Chinois, leur papier pour écrire,

leur boussole pour naviguer, et leur poudre pour combattre; et ils placèrent à Bagdad et à Cordoue les deux grands centres de cette civilisation intermédiaire.

Les Arabes d'Espagne se détachèrent dès le viie siècle du reste de l'empire. Ils fondèrent, sous un membre de la dynastie renversée des Ommiades, le califat de Cordoue, qui devint indépendant du califat de Bagdad, occupé par la dynastie des Abassides. Ce fut pendant la durée du califat de Cordoue, de 755 à 1044, que la domination arabe acquit en Espagne toute sa splendeur. Sous ses vainqueurs, plus industrieux, plus civilisés et encore unis, la Péninsule devint le pays le plus riche et le plus avancé de l'Europe : elle reçut d'eux le palmier, le carroubier, le cotonnier, la canne à sucre, le mûrier, et leur dut une agriculture aussi ingénieuse que productive. Les Arabes ne fécondèrent pas seulement ses plaines, ils cultivèrent les pentes stériles de ses montagnes en y faisant arriver, par des canaux d'arrosage, les eaux, élevées avec un art habile, au-dessus de leur niveau naturel. Les villages se multiplièrent dans les vallées de ses fleuves; les manufactures, les bains, les mosquées, les bibliothèques, les écoles se répandirent dans ses villes, animées et prospères, mais dont la population et la magnificence furent singulièrement exagérées par l'imagination orientale. Les chrétiens y consacrèrent leur culte tout en y adoptant les mœurs et en y parlant la langue des Arabes, et les Européens en tirèrent un peu plus tard la science imparfaite qui servit à remettre chez eux l'esprit en

mouvement.

Pendant que les Arabes s'établissaient en Espagne sous un calife indépendant, les débris des Goths, retirés vers l'extrémité septentrionale de la Péninsule, au milieu des Asturies, dans la Sierra de Cabadungo, et abrités par la forte chaîne de Peña Marella, commençèrent, de cette position presque inaccessible, une lutte qui dura huit siècles et qui forma leur caractère opiniâtre et aventureux. Ils élurent pour premier

chef Pelayo, que les historiens arabes surnommèrent el Roumi, le Romain, et dont la belliqueuse race régna longtemps sur eux. L'éloignement, la défaite et la division de leurs vainqueurs, qui avaient débordé en Gaule et s'étaient battus les uns contre les autres en Espagne, servirent leur inimitié et facilitèrent leur agrandissement. Ils étendirent d'abord leurs possessions de droite à gauche, depuis Cangas jusqu'à la mer ; ils descendirent ensuite dans la vallée du Minho, et, dès le milieu du huitième siècle, leur quatrième et vaillant chef Alonzo, appelé par eux le Catholique, et par les Arabes le Fils de l'épée, atteignit dans ses excursions la grande ligne du Douero.

Depuis le huitième siècle jusqu'au onzième, ils ne cessèrent pas de combattre et de s'avancer du nord au sud. Ils avaient placé vers 760, à Oviedo, entre la mer et les monts Asturiens, le siége de leur petit royaume, qu'ils transportèrent de 910 à 914, dans la cité de Léon, entre les monts Asturiens et le Douero, Ils avaient occupé les principales villes placées sur les bords ou dans le voisinage de ce fleuve depuis San Estevan de Gormaz et Aranda jusqu'à Toro et Zamora. Ils avaient même poussé leurs excursions victorieuses au delà des montagnes de la Galice et de la chaîne du Guadarama, pénétrant d'un côté dans le pays qui a formé plus tard le royaume de Portugal, où ils s'étaient rendus maîtres de Porto, de Viseu, de Coïmbre, et de l'autre sur le plateau central où ils avaient commencé à élever ces châteaux qui lui firent donner le nom de Castille.

Mais, triomphants lorsque les Arabes étaient affaiblis dans la Péninsule par des entreprises extérieures ou des divisions intestines, les chrétiens étaient battus et refoulés dans leurs montagnes lorsque les Arabes réunissaient leurs forces contre eux. Il y eut ainsi pour eux plusieurs alternatives de succès durant lesquels ils s'établirent toujours plus avant, et de revers qui les forcèrent à reculer mais sans les abattre. Le plus grand et le plus long désastre qu'ils essuyèrent fut celui

« PreviousContinue »