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AVERTISSEMENT

DE LA HUITIÈME ÉDITION.

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LA nouvelle édition de l'Essai que nous offrons au public, a été revue avec tout le soin dont nous étions capable : et comme il faut enfin s'arrêter, quelque imparfait que soit un ouvrage, nous ne ferons désormais aucuns changemens à celui-ci. Nous l'avons divisé en cinq parties, pour rendre plus sensible l'ordre des idées. La nature du sujet indiquoit d'ailleurs cette division. A la suite de ́la Défense, on trouvera une table générale des matières. Voilà ce que nous avions à dire au lecteur. Il ne nous reste qu'à prier Dieu de bénir notre travail, que nous soumettons, d'esprit et de cœur, au jugement du SaintSiége apostolique.

INTRODUCTION.

Le siècle le plus malade n'est pas celui qui se passionne pour l'erreur, mais le siècle qui néglige, qui dédaigne la vérité. Il y a encore de la force, et par conséquent de l'espoir, là où l'on aperçoit de violens transports mais lorsque tout mouvement est éteint, lorsque le pouls a cessé de battre, que le froid a gagné le cœur, qu'attendre alors, qu'une prochaine et inévitable dissolution?

En vain l'on essaieroit de se le dissimuler, la société en Europe s'avance rapidement vers ce terme fatal. Les bruits qui grondent dans son sein, les secousses qui l'ébranlent, ne sont pas le plus effrayant symptôme qu'elle offre à l'observateur mais cette indifférence léthargique où nous la voyons tomber, ce

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profond assoupissement, qui l'en tirera? Qui soufflera sur ces ossemens arides les ranimer? Le bien, le mal, l'arbre qui donne la vie et celui qui produit la mort, nourris par le même sol, croissent au milieu des peuples qui, sans lever la tête, passent, étendent la main, et saisissent leurs fruits au hasard. Religion, morale, honneur, devoirs, les principes les plus sacrés comme les plus nobles sentimens, ne sont plus qu'une espèce de rêve, de brillans et légers fantômes qui se jouent un moment dans le lointain de la pensée, pour disparoître bientôt sans retour. Non, jamais rien de semblable ne s'étoit vu, n'auroit pu même s'imaginer. Il a fallu de longs et persévérans efforts, une lutte infatigable de l'homme contre sa conscience et sa raison, pour parvenir enfin à cette brutale insouciance. Arrêtez un moment vos regards sur ce roi de la création : quel avilissement incompréhensible! Son esprit affaissé n'est à l'aise que dans les ténèbres. Ignorer est sa joie, sa paix, sa félicité; il a perdu jusqu'au désir de connoître ce qui l'intéresse le plus. Contemplant avec

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