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» pour défendre l'Alsace. L'historique très- 1792. » court de ma campagne va vous mettre à » portée de juger pourquoi je préférois mon plan au vôtre.

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» J'ai pris, le 28 août, le commandement de » l'armée de la Fayette, et je ne peux pas » vous peindre à quel point elle étoit désor»ganisée et foible. Dix-sept mille hommes » qui la composoient étoient placés dans le » camp de Vaut, au-dessus de Mouzon. Ce » camp auroit exigé quarante mille hommes » pour être tenu; il n'y avoit ni vivres, ni >> chevaux, ni fourrage, ni moyen d'avancer, » ni moyen de rester. J'avois en tête Clairfait >> avec vingt-cinq mille Autrichiens. Les Prus>> siens assiégeoient Verdun, et je n'avois pas » pu y jeter un commandant : je ne doutois >> pas que cette place ne dût être bientôt prise, >> assiégée par cinquante mille prussiens. C'est >> devant ces quatre-vingt mille hommes que j'ai entrepris, le premier novembre

» mouvement très-hardi.

un

» J'ai marché par Mouzon sur Stenay, où >> les Autrichiens venoient de passer la Meuse. >> Mon avant-garde les a un peu battus, et les >> a fait replier dans le camp de Brouchenu; Tome II. T

Ire. année

de la

Répub.

Ire.

de la

>>

1792. » de là j'ai filé par-derrière, leur montrant toujours des têtes imposantes, et j'ai ocannée »cupé les défilés de l'Argonne; j'y ai reçu, Répub. » le 8, un renfort de cinq mille hommes des » troupes de Flandre. J'attendois avec impa»tience Kellermann d'un côté et Beurnonville » de l'autre. Verdun s'étoit rendu le 2, et si >> j'avois eu affaire au grand Frédéric, dès le » 3 j'aurois été chassé jusqu'à Châlons.

» Mais, mon ami, les Prussiens ne savent >> plus faire la guerre, et ne valent guère >> mieux que nous. Leur grande armée a pa>> ru devant moi le ro, et pendant cinq jours » je les ai battus à toutes les attaques de postes » qu'ils m'ont faites.

>> Les secours n'arrivoient pas, et je gar» dois quinze lieues de terrain, et cinq ou » six défilés, dont un très-spacieux, celui de » Grand - Pré, avec moins de vingt-cinq >> mille hommes. Le 13, le plus fort de mes » défilés a été forcé; il a été repris le lende» main, reforcé une seconde fois, et j'ai été >> tourné sur mes derrières par plus de vingt » mille hommes, n'en ayant que dix - sept » mille dans un camp devenu détestable.

» Dans la nuit du 14 au 15, j'ai entrepris

Ire.

» la retraite la plus hardie et la plus dange- 1792. >> reuse; elle a été exécutée parfaitement. >> Tout étoit hors de danger, lorsque l'appari- année » tion de quinze cents hussards a renouvelé Répub. » la déroute de Mons.

>> J'y ai très-peu perdu, car une partie des » équipages, et des corps entiers, avoient » fui jusqu'à Rhetel, Rheims, Châlons et Vi» try. Les ennemis ont encore fait la sottise >> de ne pas me poursuivre, et le 17, j'ai en>> core été joint par Beurnonville.

» Le 19 au soir, Kellermann est venu se >> camper à ma gauche, sur les hauteurs de » Valmies. Le 20, nous y avons été attaqués, >> et l'ennemi a été vivement repoussé. Nous >> sommes à présent réunis soixante mille hom» mes au camp de Sainte-Menéhould, tenant >> en échec devant nous l'armée prussienne et » les émigrés, avec un corps autrichien for» mant un peu plus de cinquante mille hom» mes. Ils meurent de faim, sont très-rebutés » de la guerre, et ils n'ont pas osé avancer vers Rheims ni Châlons, quoique m'ayant >> coupé l'un et l'autre, de peur que je ne les » suive. Depuis quatre jours nous avons ar» rangé une espèce de trève entre les Prus

année

de la

1792. » siens seulement et moi, et nous sommes Ire. » entrés en espèce de négociation, qui n'a » abouti qu'à une cessation de trève que je Répub. » viens de leur notifier ce soir, parce que » le duc de Brunswick a tout gâté en m'en» voyant un manifeste insolent. J'ai profité » de ce temps pour rétablir ma communica» tion, et voici ma position actuelle :

K

>>

» Le général d'Harville arrive demain avec » quinze mille hommes à Anbrive, sur la Suippe, où il se retranchera : le général » Sparre se retranchera, avec dix mille hom» mes, dans l'excellent poste de Notre-Damede-l'Épine; du Bouquet, maréchal-de-camp, » est actuellement, avec dix-huit mille hom» mes, à Furne; et la Barolière, avec cinq » mille hommes, est à Bar, et je compte, sous » peu de jours, faire un mouvement par ma » gauche, qui débordera la droite des Prus» siens et les forcera à changer de position. » J'ai donc réuni cent mille hommes, avec

lesquels je mine cette armée et je la fais » mourir de faim ; je ne doute pas qu'ils ne » reviennent aux négociations. Je fais imprimer toutes les pièces de celle que je » viens de lui notifier, et je vous les enver

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année

» rai. Si vos quinze mille hommes, au lieu 1792. » d'aller courir les hasards en terre étran- Ire. > gère, étoient venus par-derrière ma droite, de la » je les aurois fait marcher sur Verdun, et Répub, » j'aurois pu répondre de terminer la guerre > en trois semaines de temps par une capi» tulation, au lieu d'une négociation. Voilà » pourquoi je trouve que ce que vous avez > entrepris, quoique très-utile en soi, n'est » pas assez lié avec un plan général comme je l'aurois désiré. Au reste, j'ai toujours l'avantage de la position, soit que les en» nemis marchent en avant, soit qu'ils ten» tent une retraite, soit qu'ils veuillent ris» quer une bataille. Ils sont en général très» avares de leurs hommes, et ils ont raison, » car ils ne se recruteront pas chez nous.

» Je vais les harceler plus que jamais, et » tous les jours je ferai la petite guerre avec » eux. Voilà, mon ami, le récit d'une cam>pagne que j'ai commencée avec dix-sept » mille hommes, et que je finirai avec plus » de cent mille. Les ennemis l'ont commen»cée avec plus de quatre-vingt mille hommes » et en ont déjà perdu plus de vingt-cinq mille. Pour peu que cette progression arith

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