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incessamment les mesures que le roi sera prié de prendre, au nom de la nation, à l'égard des puissances limitrophes qui protégent les rassemblements des émigrés sur le territoire des frontières de l'empire français.

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N.° XVI. (Page 101.)

Rapport du comité militaire, sur la situation des frontières, du 29 novembre 1791.

Plusieurs pétitions nous ont été adressées pour connaitre l'état de nos frontières. Votre comité m'a chargé de vous en présenter le tableau. Il est dressé d'après les comptes rendus par les commissaires du génie et de l'artillerie, indiqués par l'assemblée nationale, et envoyés par le roi.

Je diviserai ce tableau en trois parties; la première comprendra les frontières depuis Dunkerque, jusqu'à Huningue; la seconde depuis Huningue, jusqu'au Var; et la troisième, depuis le Var, le long des côtes de la Méditerranée et de l'Océan, jusqu'à Calais et à Dunkerque. La frontière du Nord, qui s'étend depuis Dunkerque jusqu'à Charlemont, fait face aux Pays-Bas autrichiens. Dunkerque, le Fort - Louis, Bergues, Saint-Omer, Gravelines sont à l'abri d'un coup de main par le moyen des eaux, des palissades, et des réparations qu'on y a faites. Lille, le boulevart de l'état, pourrait soutenir un long siége. De Lille jusqu'à Valenciennes et Condé, la frontière présente un bon état de défense. Douai, Bouchain, Maubeuge, Lequesnoi ont été mis à l'abri d'un coup de main. Landrecies,

Charlemont, Rocroi, Mézières, Sédan, sont capables de faire une longue résistance, au moyen des travaux qu'on y a faits, des palissadements, et des estacades. Le poste de Carignan est en état de remplir sa destination, de protéger les convois jusqu'à Mont-Médi. Mont-Médi est dans une forte position. Longwi est palissadé. Quant aux places situées sur la Moselle et sur la Meuse, vou avez Metz, dont les fortifications sont de la plus grande beauté. On palissade les endroits accessibles du chemin couvert, et les eaux acheveront de la rendre inexpugnable. Verdun, quoique derrière, ne doit pas être négligé. A Sarre - Louis, on a fait beaucoup de travaux. Les remparts d'Enghien sont armés de 84 bouches à feu. De Landau jusqu'à Huningue, notre frontière offre l'aspect le plus formidable. Landau, place importante est en état de faire la plus vigoureuse défense. Phalzbourg, est une assez mauvaise place, mais on l'a mise à l'abri d'un coup de main, par le moyen des eaux. Strasbourg, grande ville, place importante, a un arsenal redoutable. On y continue les travaux et les approvisionnements. NeufBrissac a été fortifié et palissadé. A Béfort, on a rétabli les revêtements et les parapets, et palissadé les chemins couverts.

Tel est l'état des frontières depuis Dunkerque jusqu'à Huningue, dans un espace de 160 lieues. Cette partie de l'empire est gardée par 130 mille hommes effectifs, tant de troupes de ligne que de gardes nationales. Aucune puissance ne déploya jamais une plus formidable barrière. - Depuis Huningue jusqu'au Var, on trouve Besançon qui est à 10 lieues de la frontière ; on a rétabli ses hauteurs; le fort Barraux, à l'entrée de la vallée du.Graisivaudan; Grenoble, place de grand dépôt, mais dont les moyens de défense ne sont pas pro

portionnés à son importance; Briançon, place trèsforte, et Mont-Dauphin. La Méditerranée forme ensuite notre frontière, puis les Pyrénées qui présentent, dans cette partie, une barrière aussi redoutable que les Alpes dans la partie de l'Est. Perpignan, ville importante, a besoin d'approvisionnements. On répare les parapets, le fort et la redoute de Mont-Louis. Bayonne, extrémité de notre frontière de terre, a des revêtements en état ; elle sera bientôt aussi fortifiée que l'exige son importance. On a travail é à l'ile de Ré, et à la Rochelle. A Brest, le fort est palissadé, et en état de recevoir des troupes. Calais est bien fortifié. Partout les troupes de ligne, les gardes nationales et les citoyens de tous les états, se sont livrés avec transport aux travaux. Ce noble enthousiasme est le plus heureux présage des efforts qu'ils feront pour conserver la liberté.

Il faut maintenant vous parler des arsenaux. Les bouches à feu sont au nombre de 10,716, sans compter celles de la marine. Il y a, dans les magasins 18,500, 200 livres de poudre, et 245,450 fusils. Lorsque toute l'armée en sera fournie, il en restera encore 125,193, pour les réparations et les remplacements. Venons à la force active. Troupes de ligne, 100,500 hommes; artillerie 37,700 hommes ; volontaires nationaux, 83,024 hommes; total 224,024 homines. Il reste 54 bataillons à former, ces bataillons porteront le total à 255,247 hommes; mais remarquez que vos troupes de ligne ne sont pas encore completes; lorsqu'elles le seront, l'armée sera composée de 340,000 hommes, sans compter les auxiliaires. Avec de tels moyens en activité, notre constitution repose sur des bases inébranlables, et triomphera de toutes les attaques du dehors. Il me reste à vous parler en peu de mots de la demande faite d'en

voyer des commissaires pris dans votre sein pour aller visiter les frontières. Cette mesure que l'assemblée constituante adopta dans des moments d'orages, ne doit pas être prodiguée, et d'ailleurs elle serait inutile actuellement. En conséquence, votre comité m'a chargé de vous présenter le projet de décret suivant: L'assemblée décrète, etc.

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N.o XVII. (Page 104.)

Déclaration de Condorcet.

A l'instant où, pour la première fois, depuis le jour de sa liberté, la nation française peut se voir réduite à la nécessité d'exercer le droit terrible de la guerre, ses représentants doivent au peuple le compte des motifs qui leur ont fait approuver des mesures dignes de son 'courage, et à l'Europe, l'exposition des principes qui dirigeront la conduite de la France.

"La nation française renonce à entreprendre aucune guerre dans la vue de faire des conquêtes, et n'emploiera jamais ses forces contre la liberté d'aucun peuple. Tel est le texte de la constitution.

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Tel est le vœu sacré par lequel nous avons lié notre bonheur au bonheur de tous les peuples, et nous y serons fidelles.

Mais qui pourrait regarder encore comme un territoire ami, celui où il existe une armée qui n'attend pour nous attaquer que l'espérance du succès ? Et n'estce donc pas nous avoir déclaré la guerre, que de préter volontairement ses places, non-seulement à des ennemis qui l'ont déclarée, mais à des conspirateurs qui l'ont commencée depuis longtemps.

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"Tout impose donc aux pouvoirs établis par la constitution pour le maintien de la paix et de la sureté, loi impérieuse d'employer la force contre les rebelles qui, du sein d'une terre étrangère, menacent de déchirer leur patrie.

«Les droits des nations offensés, la dignité du peuple français outragée, l'abus criminel du nom du roi, que des imposteurs font servir de voile à leurs projets désastreux, la défiance que ces bruits sinistres entretiennent dans toutes les parties de l'empire, les obstacles que cette défiance oppose à l'exécution des lois et au rétablissement du crédit, les moyens de corruption employés pour égarer, pour séduire les citoyens, les inquiétudes qui agitent les habitants des frontières, les maux auxquels les tentatives les plus vaines, les plus promptement repoussées, pourraient les exposer; les outrages toujours impunis qu'ils ont éprouvés sur des terres où les Français révoltés trouvent un asile; la nécessité de ne pas laisser aux rebelles le temps d'achever leurs préparatifs, et de susciter à leur patrie des enne mis plus dangereux; tels sont nos motifs jamais il n'en a existé de plus justes, de plus pressants; et dans le tableau que nous en présentons ici, nous avons plutôt atténué qu'exagéré nos injures; nous n'avons pas eu besoin d'exciter l'indignation des citoyens pour en flammer leur courage.

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« Cependant la nation française ne cessera point de voir un peuple ami dans les habitants des territoires occupés par les rebelles, et gouvernés par des princes qui les protégent. Les citoyens paisibles dont ses armées occuperont le pays, ne seront point des ennemis. pour elle; ils ne seront pas même ses sujets. La force publique dont la nation française deviendra momentanément dépositaire, ne sera employée que pour as

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