Page images
PDF
EPUB

mairement dans le rapport d'ailleurs si éloquent de M. BORÉLY. Tout en reconnaissant une grande valeur aux études classiques, M. DIGEON pense qu'elles sont peu en rapport avec les conditions d'existence de la Société moderne. Rejetant le systême de M. Matthew Arnold dont les bases d'enseignement seraient les langues anciennes, écartant aussi le systême de M. Ferneuil qui retarderait plus que de raison l'entrée des élèves dans l'enseignement classique et exigerait à la bifurcation un fractionnement multiple, M. DIGEON voudrait qu'après un passage à l'école primaire publique, les élèves puissent entrer à 12 ans dans l'un ou l'autre enseignement secondaire. Il voudrait une égalité parfaite entre ces deux enseignements qui l'un et l'autre conduiraient directement aux grandes écoles. Aux programmes actuels il ne trouve rien à reprendre, « car en supprimant une seule Faculté ou en l'amoindrissant, il résulterait un manque d'équilibre dans l'esprit des élèves ». Au reste, M. Bigot, dans ses articles de la Revue littéraire est beaucoup plus radical, il propose un enseignement secondaire unique d'où seraient exclus le grec et le latin.

M. MEYER estime que les raisons qui viennent d'être énumérées, pour être spécieuses, ne sont pas sans réplique. Les faits prouvent que l'enseignement secondaire français est inférieur dans son essence même, car on ne peut admettre que les élèves des cours spéciaux, recrutés au hasard, soient moins aptes que ceux de l'enseignement classique. Que les prétentions ambitieuses de l'enseignement spécial disparaissent; qu'il ait pour débouchés les écoles professionnelles, de commerce, d'agriculture, d'arts et métiers, les écoles vétérinaires, et il deviendra un enseignement utile et pratique.

M. BORÉLY défend l'enseignement primaire des lycées : c'est une pépinière obligatoire de l'enseignement secondaire; on découvre déjà dans ses programmes cet esprit de méthode qui fait la force de l'enseignement classique;

peut-être est-il moins complet que l'enseignement des écoles communales, mais il est une préparation meilleure pour les enfants qui veulent poursuivre leurs études. M. BORELY approuve ainsi les idées émises par M. MEYER, car il n'a demandé la bifurcation que pour atténuer le parallélisme des deux enseignements. Au reste, l'enseignement classique ne comprend pas seulement le grec et le latin, mais peut-être encore l'enseignement spécial presque entier ; les études dans l'un et l'autre enseignement ont la même durée.

M. le PRÉSIDENT résume la discussion: il y a des points sur lesquels tout le monde tombe d'accord: l'utilité incontestable des études classiques, mais aussi l'utilité non moins incontestable d'un enseignement en rapport avec notre développement industriel et commercial. L'enseignement spécial n'a donné que des résultats insuffisants puisque ses élèves, comme l'a fait remarquer M. MEYER ne sont pas suffisamment préparés à l'industrie et au commerce; mais avec des programmes remaniés dans ce sens, on arriverait à de tout autres résultats.

M. le PRÉSIDENT propose un amendement aux conclusions du rapport; mais il pense qu'il serait préférable, avant de passer au vote, de prier les Comités de voir si la discussion ne les engagera pas à apporter certaines modifications à leurs conclusions premières.

Cette proposition est adoptée.

Les autres questions à l'ordre du jour sont remises à la prochaine réunion; la séance est levée à dix heures et demie.

Le secrétaire des séances

TH. VALLÉE

Séance du 13 Février 1885.

Présidence de M. Jules SIEGFRIED, président.

Sont présents: MM. J. SIEGFRIED, BORÉLY, THILLARD, GAVOIS, JENNEQUIN, LEVAREY, DIGEON, DELAUNAY, SERRURIER, MEYER, LEFRANC, CH. QUIN, LORENTZ, LETELLIER, BARRAILLIER, BRUNET, TROUARD-RIOLLE VIERPONT, GERARD, BOUCQUILLON, MARTIN, DECAMPS, LEVENBRUCK, LELEU et VALLÉE.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

La correspondance comprend, entre autres: 1o une circulaire ministérielle relative à la réunion des Sociétés savantes à la Sorbonne, du 7 au 11 avril; 2o une lettre de M. MARTIN, demandant la souscription de la Société au 3o volume des Origines du Havre. On souscrit pour 5 exemplaires.

L'ordre du jour appelle la lecture des conclusions et amendements du rapport présenté au nom du Comité des lettres, par M. BORÉLY. Le Comité estime que l'enseignement classique doit être conservé dans son intégrité, mais qu'un enseignement technique, dont les programmes soient un peu plus élevés que celui des écoles primaires supérieures, est indispensable pour les jeunes gens destinés plus spécialement au commerce et à l'industrie. La durée des études serait de 3 ou 4 ans.

M. DIGEON craint qu'il y ait dualité et par conséquent rivalité entre les deux enseignements technique et primaire supérieur.

M. BORÉLY ne croit pas que ce danger puisse exister: les procédés pédagogiques sont différents, les élèves de l'enseignement technique seront formés suivant les méthodes de l'enseignement secondaire.

M. MEYER est d'avis que la discussion des procédés d'enseignement n'est pas de notre compétence, c'est à l'autorité scolaire de s'en inquiéter; le rapport de M. BoRÉLY rend compte exactement de l'opinion générale.

M. le PRÉSIDENT voudrait que cet enseignement technique eût une sanction, qu'un diplôme fùt institué qui serait exigé pour l'admission à certaines écoles spéciales et qui donnerait aux titulaires les mêmes avantages que ceux accordés aux bacheliers pour l'engagement conditionnel.

Après un échange d'observations entre MM. J. SIEGFRIED, THILLARD, BORÉLY, TROUARD-RIOLLE et LEVAREY, la Société, sans donner d'indications précises sur la valeur de ce diplôme au point de vue du service militaire, exprime le vœu qu'il en soit tenu compte dans les examens du volontariat. D'ailleurs, nous ne savons pas à quelles modifications seront soumises les lois actuelles sur le recrutement.

M. le PRÉSIDENT pense qu'il serait utile que cet enseignement technique fût sous une direction spéciale, dans un local particulier. M. Gréard et plusieurs autres sommités universitaires sont de cet avis. Si la direction est unique, n'est-il pas à craindre que l'un des deux enseignements absorbe plus ou moins que l'autre ? Si un local est commun, les professeurs spéciaux ne seront-ils pas amenés à élever le niveau de l'enseignement technique, pour ne paraître pas inférieurs à leurs collègues les classiques? Il faut donc deux directions et deux locaux. Il n'y a d'ailleurs pas d'inconvénients à ce que ces deux locaux soient dans un même bâtiment scolaire; on pourra utiliser ainsi les lycées de construction récente, qui sont fort vastes pour la plupart.

La Société se rallie aux observations de M. le PRESIDENT et décide que ces amendements seront ajoutés aux conclusions du rapport, qui est adopté, et qui sera en

voyé à M. le ministre avec prière de bien vouloir le prendre en haute considération.

M. LETELLIER présente au nom du comité des lettres un rapport demandant l'inscription d'Edmond Morin sur les tables de marbre de nos illustrations havraises; il propose que, par l'intermédiaire de son honorable président, la Société adresse cette demande à la municipalité du Havre. Cette proposition est adoptée.

Relativement à l'article IV des statuts, la Société après un échange d'observations entre MM. BORÉLY, MARTIN, MEYER, LETELLIER et SERRURIER, décide qu'il y a lieu d'insérer au prochain bulletin, certains extraits des travaux de MM. BORÉLY et MARTIN sur l'histoire du Havre; le choix en devra être approuvé par le comité des lettres.

M. BORÉLY et M. DECAMPS proposent M. JOIN-BELLANGER en qualité de membre résidant. Il sera statué sur son admission à la prochaine réunion.

La séance est levée à dix heures et demie.

Le secrétaire des séances,

TH. VALLÉE.

Séance du 12 Mars 1885.

Présidence de M. Jules SIEGFRIED, président.

Sont présents: MM. J. SIEGFRIED, BORÉLY, THILLARD, BOUCQUILLON, BRIEN, DECAMPS, DELAUNAY, DIGEON, GAVOIS, GÉRARD, GLANEUR, LEFRANC, LETELLIER, LEVAREY, LEVENBRUCK, LORENTZ, LOYSE, MAGNIER, MARTIN, MEYER, CH. QUIN, VIERPONT et VALLÉE.

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.

« PreviousContinue »