Page images
PDF
EPUB

L'ordre du jour appelle la nomination des membres délégués à la 23° réunion des Sociétés savantes à la Sorbonne à l'unanimité, MM. THILLARD, CH. QUIN, LETELLIER et LEFRANC sont désignés pour représenter la Société.

M. LEVAREY, au nom du comité d'utilité publique, donne lecture de la première partie de son rapport sur les << Moyens de combattre l'alcoolisme. » Cette étude est d'une importance immédiate, car elle n'est pas seulement d'intérêt général, mais d'intérêt national, puisque l'alcoolisme, autrefois particulier aux pays du Nord, exerce aujourd'hui ses ravages en France et menace de s'étendre aux pays méridionaux.

Au Havre, plus que partout ailleurs, le péril est menaçant, la consommation de l'alcool y est devenue effrayante (18 litres par habitant et par an), et les statistiques judiciaires ne font que constater une recrudescence du mal depuis l'année 1880.

Le nombre des cas d'alcoolisme a doublé chez nous en 30 années.

Devant de si tristes résultats, on est pris d'un découragement profond. Pourtant, des efforts louables ont été faits, tant par le pouvoir législatif que par l'initiative privée.

En 1873, M. Th. Roussel a fait adopter la loi sur l'ivresse qui nous régit encore de nos jours; d'autre part, la Société de Tempérance de Paris, fondée en 1872, l'Ordre de la Tempérance, et diverses autres associations. semblables fondées aux Etats-Unis, en Hollande, en Angleterre, ont exercé une influence heureuse et appréciable.

Le rapporteur étudie ensuite la loi de Th. Roussel; avec autant de clarté que de compétence, il prouve l'excellence de cette loi sur toutes les autres lois similaires adoptées en Russie, en Prusse, en Autriche, en Suède, aux Etats-Unis ; en effet elle fuit toute extrêmité dans ses applications.

Dans la deuxième partie de son travail, M. LEVAREY étudiera les modifications dont la loi est susceptible, puis il discutera le système exposé par M. Alglave dans sa conférence de Janvier dernier; enfin, il proposera les conclusions du Comité d'utilité publique.

MM. BORÉLY, DÉCAMPS, MEYER et LETELLIER échangent incidemment plusieurs observations relatives à l'application du système Alglave.

M. LETELLIER demande la parole. Il ne pense pas que la question puisse se poser ainsi que l'a fait M. LEVAREY. La loi a-t-elle donné des résultats satisfaisants? Non! Eh bien cherchons ailleurs un remède au mal.

Quelles sont les causes de l'alcoolisme, sinon l'oisiveté? Car l'ouvrier sans travail est fatalement poussé au cabaret, où il dépense ses petites épargnes.

La bienfaisance exagérée n'encourage-t-elle pas aussi la paresse des malheureux? Il faut donc forcer les hom.mes au travail. Les communes, les départements, l'Etat ne peuvent-ils réserver certaines occupations pour l'été et certaines autres pour l'hiver? Dès lors il n'y aura plus de chômage ou il sera volontaire.

Cela ne porterait d'ailleurs aucune atteinte aux droits des particuliers. Par une telle organisation - qu'il ne faudrait pas confondre avec le droit au travail grand nombre de plaies sociales disparaîtront, et parmi elles, l'alcoolisme.

[ocr errors]

un

M. VALLÉE donne lecture d'un rapport sur les travaux de l'année 1884. Ce rapport est adopté et sera imprimé au bulletin en cours d'impression.

La séance est levée à dix heures du soir.

Le secrétaire des séances,

TH. VALLÉE.

Séance du 10 Avril 1885.

Présidence de M. BORELY, vice-président.

Sont présents: MM. BORÉLY, GAVOIS, GÉRARD, BOUCQUILLON, DIGEON, MEYER, MARTIN, JENNEQUIN, LELEU, DELAUNAY, GLANEUR, DECAMPS, MAGNIER et VALLÉE.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

M. le PRÉSIDENT donne lecture d'une lettre par laquelle M. le maire du Havre l'informe que, sur le rapport de M. LETELLIER, membre résidant, le Conseil municipal a décidé que le nom d'Ed. Morin serait inscrit sur les tables des illustrations havraises.

Il communique ensuite un rapport dans lequel M. Elisée DUVAL, membre correspondant, a consigné ses observations astronomiques de l'hiver de 1884-1885. Ces deux documents seront publiés dans le premier fascicule de l'année courante.

On procède à l'élection de M. Jean MACK, qui est nommé membre résidant.

M. le PRÉSIDENT appelle l'attention de la Société sur un travail de M. JOYAU, membre correspondant, il demande s'il y a lieu de publier le mémoire, ayant pour titre : « Du libre arbitre, d'après les philosophes de l'Inde et de la Chine.

La Société estime qu'il y a lieu de faire d'abord une analyse de ce mémoire et nomme M. JENNEQUIN, rapporteur.

Différentes observations sont ensuite échangées sur les questions en cours d'études.

La séance est levée à dix heures moins un quart.

Le secrétaire des séances,

TH. VALLÉE.

Séance du 8 Mai 1885.

Présidence de M. BORELY, vice-président.

Sont présents: MM. BORÉLY, DELAUNAY, DIGEON, GAVOIS, GÉRARD, GLANEUR, JENNEQUIN, LETELLIER, LEVAREY, LOVENBRUCK, MAGNIER, MARTIN, MEYER, CH. QUIN, TARDIF, TROUARD-RIOLLE et VALLÉE.

M. l'abbé MAZE, membre honoraire, assiste à la séance.

L'ordre du jour appelle l'admission de MM. DUBOIS, DEGOY, RODAYS.

Ces Messieurs sont nommés membres résidants.

M. LETELLIER lit un compte-rendu fort intéressant du Congrès des Sociétés savantes à la Sorbonne, puis la parole est donnée à M. LEVAREY.

Le rapporteur du comité d'utilité publique donne lecture de la deuxième partie de son mémoire sur « les moyens de combattre l'alcoolisme. » Il fait une critique fort ingénieuse des théories de M. Alglave: Sans doute, ce qu'il faut combattre, ce n'est pas seulement le vice luimême, c'est encore l'empoisonnement sur les boissons alcooliques, tout le monde est d'accord sur ce point; mais, pour arriver au but proposé, le systême si compliqué de M. Alglave est-il bien pratique? M. LEVAREY ne le pense pas, aussi propose-t-il, en les motivant, différentes mesures qui se trouvent résumées dans ces conclusions de son rapport.

« La Société havraise d'Études diverses,

» Confiante dans les excellents résultats de la loi du 23 janvier 1873, mais convaincue de son insuffisance;

» Rendant justice à l'heureuse influence exercée par la Société française de Tempérance, mais ne la croyant pas assez énergique ;

» Désireuse de voir mettre hors de la consommation les alcools chimiquement supérieurs, mais n'estimant pas qu'il soit indispensable, pour obtenir ce résultat, de recourir à l'établissement d'un monopole;

» Pense que le moyen le plus efficace de combattre les progrès de l'alcoolisme serait de moraliser la vente de l'alcool et la tenue des débits, et, dans cette vue, croit qu'il est urgent:

» 1° Tout en maintenant la licence à son taux actuel pour les débitants ne vendant que des cidres, vins, bières ou toutes autres boissons rafraîchissantes. d'exiger pour ceux qui débitent des alcools une licence spéciale et dont le prix varierait entre 50 et 200 fr., suivant l'importance des villes. Resterait à fixer le degré d'alcool au-dessus duquel toute boisson serait considérée comme boisson alcoolique.

[ocr errors]

» 2o D'assimiler, au point de vue de la mise en vente et de la répression pénale, les alcools supérieurs aux boissons falsifiées et d'inviter l'autorité à organiser une inspection sérieuse des boissons alcooliques;

» 3o D'autoriser l'administration municipale à faire fermer les débits qui ne rempliraient pas les conditions d'hygiène déterminées par un réglement arrêté par le Conseil d'hygiène. »

Les conclusions ci-dessus sont soumises à la Société qui les adopte à l'unanimité moins une voix, M. LETELLIER déclarant ne pouvoir s'associer à plusieurs de ces conclusions et s'en tenir aux moyens indiqués dans le travail qu'il a présenté sur la question.

Après une intéressante communication de M. l'abbé MAZE, concernant les qualités pétrifiantes des eaux d'Harfleur, la séance est levée à 10 h. 3/4.

Le secrétaire des séances,

TH. VALLÉE.

« PreviousContinue »