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en minces fragments par le feu violent de la crémation; soumis à l'examen d'un jeune et savant anatomiste M. Bottard, du Havre, ces ossements lui ont paru ceux d'un vieillard, d'après l'aspect des extrémités des os longs, des plaques du crâne, des arcades sourcillières, et des débris de machoire, dont les alvéoles dénudées n'ont retenu ni laissé aucune dent parmi les débris.

Il s'y est trouvé une petite lame de fer, arme ou couteau, très oxidée, et une très petite douille en cuir brun.

Aucune médaille, inscription, ni signe de potier, n'ont fourni de renseignement ou indice; l'urne seulement, et son couvercle surtout, comparés avec d'autres vases funéraires analogues, mieux datés par des accessoires qui font défaut ici, dénotent pour cette sépulture, l'époque dite Gallo-Romaine, et plus spécialement le deuxième siècle de notre ère, 1700 ans environ d'antiquité.

Ce curieux spécimen d'incinération se découvre à nos yeux, après tant de siècles, à un moment où la crémation semble retrouver quelques adhérents.

Ce monument funéraire est reproduit au tiers de sa grandeur réelle sur la planche A ci-jointe :

La figure première représente l'urne, dont les dimensions réelles sont: 247 millimètres de hauteur sans le couvercle, et 285 millimètres avec le couvercle, environ.

Le diamètre du vase est de 20 centimètres à la panse.

La figure deuxième de cette planche A reproduit le couvercle sous deux aspects; son diamètre réel est de 15 centimètres et le bombement étagé de 38 millimètres de hauteur en tout.

VASE A OFFRANDES

Des recherches persévérantes dans les éboulis de la paroi, et le dépiècement attentif des blocs, accompli le

dit jour par le même membre de la Société, lui ont fourni, sans désemparer, la découverte espérée d'un de ces petits. vases à offrandes ou parfums, qui accompagnent ordinairement ce genre de sépulture.

Il est en poterie brune, peu cuite, l'humidité qui l'a pénétré, et le gonflement de la glaise foncée en couleur qui l'a rempli, par défaut de tout couvercle, présage une rupture partielle.

Mais ce petit vase n'est pas moins un échantillon des plus curieux de la fabrication locale à l'époque signalée.

Une forme pentagonale, en outre, a été donnée à la moitié inférieure par la simple pression du pouce de l'artiste sur la pâte encore assez molle, pour produire cinq creux et cinq reliefs parallèlement espacés.

Ce produit de la fantaisie ou caprice du potier, est unique ou au moins bien rare. Le Musée Gallo-Romain de St-Germain ne contient dans sa riche collection de cette spécialité, aucun spécimen qui lui soit comparable.

Des essais ont été tentés pour reconnaître la nature d'un dépôt terreux plus foncé, observé dans une partie de ce petit vase, mais aucun résultat n'a pu encore être obtenu.

La planche B ci-jointe représente ce petit vase à sa grandeur réelle dont voici les dimensions: 10 centimètres à peu près en hauteur; quant au diamètre, il est à la panse de 9 centimètres; à l'orifice de 6 centimètres environ; et à la base de 4 centimètres.

CONCLUSION

A la suite de cette communication, la Société Havraise d'Etudes Diverses, sur la proposition de M. Henri Meyer, son président, et à la demande de M. Charles Quin, mem

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bre résidant, a voté l'insertion de cette notice historique et descriptive, dans le bulletin de la Société de l'année 1885, en cours de publication, avec reproduction des deux planches de dessins représentant l'urne cinéraire et le vase à parfums.

Déjà le Comité d'Inspection et d'Achat, près la Bibliothèque et le Musée d'Antiquités, dans sa séance du jeudi 17 décembre 1885, avait voté l'achat de ce monument d'intérêt local et historique, lors de la présentation et de la description que fit devant le Comité M. Charles Quin, l'un de ses membres.

Mais ce vote de prévision est resté sans objet, par l'offre gracieuse et le don gratuit que les découvreurs de ces reliques en ont fait au dit Musée, dans l'intérêt du public et au profit de la science.

Il est intéressant de faire ressortir ici les avantages de cette sorte de concours qui s'est établi naturellement depuis nombre d'années entre le Musée d'antiquités et la Société Havraise d'Etudes Diverses.

Ce Musée possède certaines richesses et il en reçoit chaque jour de nouvelles, de la part des administrations, des armateurs, des capitaines et des particuliers, objets rares et variés qui ne requièrent pour être mieux appréciés, que des connaissances spéciales et une plume. exercée, dont la Société peut contribuer à fournir les éléments.

D'autre part, les membres de la Société Havraise d'Etudes Diverses qui se livrent à l'étude des antiquités et des objets d'art ou de curiosités se sont maintes fois, quand leurs recherches ont été heureuses, empressés d'enrichir le Musée du fruit de leurs découvertes, après les avoir décrites et figurées dans le bulletin publié par la Société.

C'est un échange où tout est profit de part et d'autre, et qui doit être pris en considération.

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