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M. Alexandre de Beauharno's: Le grand intérêt de la nation,, l'intérêt national & individuel est certainement que la constitution s'acheve, qu'elle s'acheve promptement & sans aucune se Cousse. Nous avons aussi bien certainement le droit, comme assemblée constituante, non-seulement d'organiser tous les pouvoirs, mais encore de surveiller tous les agens du pouvoir exécutif, de diriger même les rouages de la grande machine politique que nous avons été chargés

d'élever.

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Je dis donc qu'en qualité de convention nationale, nous avons deux responsabilités : la premiere, pour les mesures que nous adoptons; la seconde, pour le dégré de promptitude dans l'exécution. Si nous souffrons trop long-teins les agens du pouvoir exécutif s'opposer à l'achevement de notre constitution', c'est notre: lenteur qu'on accusera, tandis qu'eux seuls seront coupables. Je jette les yeux sur notre situation intérieure; & je ne vois que trop de raisons pour appuyer le projet de décret. Je jette les yeux sur les dangers de la guerre qui nous me nace, y trouve encore de nouvelles raisons pour l'appuyer. Combien alors j'ai besoin de me sou venir d'un mot heureux qui fut prononcé dans cette tribune, lors de la discussion du droit de paix & de guerre: Si nos ennemis ont de l'or, hé bien nous avons du fer. Je me repose donc en paix sur le fer de nos soldats, de nos marins.

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La source du mal est connue; & chose remarquable, c'est que l'orateur éloquent qui a insulté les ministrės pour les inieux defendre. Les a accusés d'une lâche neutralité. Si quelqu'un

de vous craignoit de nous voir prêts à rendre un décret qui les forcera de se retirer, qu'il se rassure en voyant ces hommes n'avoir pas même eu la prudence de prévenir ce décret par leur démission. J'appuie le projet de décret; & c'est au nom du salut de l'état que j'invite tous les amis de la liberté à s'y réunir.

M. de Clermont - Ton erre: La troisieme partie du décret proposé est coupable, permettez-moi l'expression, si son succès est certain; elle est indigne de vous, si elle ne réussit pas ou ce décret contient l'ordre du renvoi des ministres ; & alors tous les pouvoirs sont confondus ou le roi quoiqu'instruit les gardera; & alors la désobéissance aux ordres qu'ils transmettent est accréditée, le danger est aussi imminent. Je défie de répondre à ce dilemme.

Par quel hasard vos comités préférent-ils une mesure étrangere à la mission qu'ils avoient reçue de vous de chercher le fil des désordres qui ont eu lieu sur l'escadre ? Est-ce parce que vos ministres sont mauvais que les équipages refusent votre code pénal? Est-ce parce qu'il seroit plus facile d'éloigner les ministres que les séditieux, qu'on demande leur renvoi ?

Je ne suivrai point le préopinant dans ses distinctions de convention nationale & de législature. Je prétends que nous n'avons pas le droit de provoquer le renvoi des ministres ; & ce que je soutiens aujourd'hui, je le soutins également, l'année derniere, au milieu de l'assemblée nationale, lorsqu'il s'agissoit de ministres coupa bles ceux-ci ne sont que malheureux. Au seul nom des premiers, la France entiere se souleva d'indignation.

d'indignation. Ici aucun département ne s'explique; car ce n'est pas sans doute le vœu national qu'articulent 4 comités qui ne se sont trouvés réunis qu'au nombre de 25 membres, sur lesquels 15 seulement ont vôté pour le projet de décret.

Quand j'ai entendu M. de Cazalès traiter. L'un de ministre fugitif, les autres, de ministres morts, j'aurois cru qu'il ne se seroit permis aucune autre attaque. Quant à moi qui suis de ces hommes changeans qui n'épousent aucun parti, je ne réponds qu'un mot à ce reproche: Montrez-moi de quel côté est la justice, & je m'y fixerai invariablement ; mais si elle n'est constamment ni ici, ni là, je me bornerai alors à combattre pour le peuple; & s'il triomphe, je ne me flatterai pas.

M. Brevet de Beaujcur. Et moi aussi, je viens défendre, non les droits, mais les intérêts des princes, mais les droits des nations. Et moi aussi, je viens défendre des principes sans lequel ne peut subsister, je ne dirai pas tout gouvernement libre, mais tout gouvernement où l'on veut trouver encore quelque trace de justice et de raison.

J'avouerai avec M. Cazalès, que les ministres ont compromis la véritable gloire du trône, et mis l'état en péril.

Oui, dis-je, les ministres ont indignement trahi et leur devoir et leur serment, lorsque témoins de cette lutte longue et terrible, entre les plus viles passions et les plus nobles penchans du cœur humain, ils ont, par leur silence, leur inertie, leur négligence à envoyer les décre, Tome XVII. Ño. 2. B bis.

leur négligence plus grande à les faire exécuter ils ont soutenu et enhardi une poignée de patriciens et de prêtres rebelles et factieux.

De violens murmures, d'un côté, de l'autre des invitations de répéter ce qu'il disoit, ont engagé l'opinant à recommencer. Qui sont-ils, lui a-t-on crié ? les parlemens de Rouen, a-t-il dit,, de Metz, de Rennes, de Toulouse ; les évêques s de Tréguier, de Toulon, de Blois, d'Amiens &c. Il a repris ensuite : ils ont inquiété les peuples, ils ont retardé l'affermissement de la constitution, ils ont calomnié la probité du prince, qui jura si solemnellement & si sincérement de la maintenir.

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Et néanmoins ce n'est pas le renvoi de ces ministres si coupables ou si peu habiles, que l'on vous propose aujourd'hui de solliciter du monarque. Car, quoi qu'on ait pu équivoquer et dire à ce sujet, je maintiens qu'il n'y a nulle parité, nulle analogie entre cette demande de renvoi et cet autre discours ci: Sire, vos ministres ont manqué ou de bonne volonté ou d'activité suffisante dans l'exercice de leurs fonctions respectives

Cependant la méfiance est au cœur des citoyens les affaires languissent ou se désordonnent, & la chose publique est menacée. Sire, daignez

pénétrer vos ministres de votre amour pour les peuples, & de votre respect pour la loi.

Or, c'est à quoi se borne la proposition de votre comité.

Maintenant, si l'on met en doute qu'il soit du devoir du corps législatif d'adresser au prince un tel langage, je demande, moi à l'assemblée nationale, si telle sera chez nous la déplorable condition des rois que, jouets éternels de toutes les intrigues & séductions des cours, ils ne puissent jamais leur échapper.

Ah! seroit-il besoin de rappeller ici une maxime que le sang des nations à tant de fois & si cruellement justifiée ? Qui ne sait que le premier besoin des princes, est la connoissance prompte et nue de la vérité? qui ne sait toutefois que trop souvent séduits et égarés par les personnes qui ont la plus d'ascendant sur leur esprit & sur leur cœur ; entourés, obsédés de leurs ministres, seuls amis ou créatures de leurs ministres, ils se trouvent tellement enlacés de toutes parts, qu'ils n'ont de liberté que celle qu'on leur abandonne, qu'ils ne voient et n'entendent que ce dont on a intérêt de frapper, et de fasciner leurs yeux et leurs oreilles? Et combien de rois, pour le malheur de l'espèce humaine, ont poursuivi et achevé une

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