Poésies: premières poésies - poésies philosophiques

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A. Lemerre, 1874 - 154 pages
 

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Page 5 - O notre âme immortelle! Où jeter tes désirs et tes élans secrets ? Tu voudrais posséder, mais ici tout chancelle, Tu veux aimer toujours, mais la tombe est si près!
Page 71 - Il lui faut un demain ! Pour cet éclair de vie et pour cette étincelle Qui brûle une minute en vos cœurs étonnés, Vous oubliez soudain la fange maternelle Et vos destins bornés. Vous échapperiez donc, ô rêveurs téméraires ! Seuls, au pouvoir fatal qui détruit en créant? Quittez un tel espoir ; tous les limons sont frères En face du néant. Vous dites à la Nuit qui passe dans ses voiles : J'aime et j'espère voir expirer tes flambeaux. La Nuit ne répond rien, mais demain ses étoiles...
Page 73 - Heureux, vous aspirez la grande âme invisible Qui remplit tout, les bois, les champs de ses ardeurs ; La Nature sourit, mais elle eSt insensible ; Que lui font vos bonheurs ? Elle n'a qu'un désir, la marâtre immortelle, C'eSt d'enfanter toujours, sans fin, sans trêve, encor. Mère avide, elle a pris l'éternité pour elle, Et vous laisse la mort. Toute sa prévoyance eët pour ce qui va naître ; Le règle eSt confondu dans un suprême oubli.
Page 98 - II sait où s'assouvir. Qu'ai-je affaire vraiment de votre là-haut morne, Moi qui ne suis qu'élan, que tendresse et transports ? Mon ciel est ici-bas, grand ouvert et sans borne ; Je m'y lance, âme et corps. Durer n'est rien. Nature, ô créatrice, ô mère ! Quand sous ton œil divin un couple s'est uni, Qu'importe à leur amour qu'il se sache éphémère...
Page 141 - Non à la Croix sinistre et qui fit de son ombre Une nuit où faillit périr l'esprit humain, Qui, devant le Progrès se dressant haute et sombre, Au vrai libérateur a barré le chemin; Non à cet instrument d'un infâme supplice Où nous voyons, auprès du divin Innocent, Et sous les mêmes coups, expirer la Justice; Non à notre salut s'il a coûté du sang.
Page 78 - Mais ton triomphateur expiera ta défaite. L'homme déjà se trouble, et, vainqueur éperdu, II se sent ruiné par sa propre conquête : En te dépossédant nous avons tout perdu. Nous restons sans espoir, sans recours, sans asile, Tandis qu'obstinément le Désir qu'on exile Revient errer autour du gouffre défendu.
Page 45 - Serait-ce un autre cœur que la nature donne A ceux qu'elle préfère et destine à vieillir, Un cœur calme et glacé que toute ivresse étonne, Qui ne sait plus aimer et ne veut pas souffrir.
Page 9 - Ciel pur dont la douceur et l'éclat sont les charmes, Monts blanchis, golfe calme aux contours gracieux, Votre splendeur m'attriste, et souvent à mes yeux Votre divin sourire a fait monter les larmes. Du compagnon chéri que m'a pris le tombeau Le souvenir lointain me suit sur ce rivage. Souvent je me reproche, ô soleil sans nuage ! Lorsqu'il ne te voit plus, de t'y trouver si beau.
Page 39 - Les yeux baissés, rougissante et candide, Vers leur banquet quand Hébé s'avançait, Les Dieux charmés tendaient leur coupe vide, Et de nectar l'enfant la remplissait. Nous tous aussi, quand passe la Jeunesse, Nous lui tendons notre coupe à l'envi. Quel est le vin qu'y verse la déesse? Nous l'ignorons; il enivre et ravit. Ayant souri dans sa grâce immortelle, Hébé s'éloigne; on la rappelle en vain. Longtemps encor sur la route éternelle, Notre œil en pleurs suit l'échanson divin.

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