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CHRONOLOGIQUES

POUR SERVIR

A L'HISTOIRE
DE DIEPPE,

ET A CELLE

DE LA NAVIGATION

FRANÇOISE;

AVEC un Recueil abrégé des Priviléges
de cette Ville.

TOME SECOND.

A PARIS,

Chez DESAUGES, Libraire, rue St Louis du Palais;
AROUEN, Chez RACINE, Libraire, rue Ganterie.
A DIEPPE, chez DUBUC, Imprimeur du Roi

M. DCC. LXXXV.

Avec Approbation & Privilége du Roi

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MÉMOIRES

CHRONOLOGIQUES.

Hydrographie.

E PREMIER qui ait cultivé cette fcience avec fuccès, & qui lui ait donné les principes qui l'ont fait parvenir au point de perfection où elle eft aujourd'hui, c'eft Defcaliers. Ce grand homme né dans Dieppe, vers 1440, étoit doué de ce génie qui a la force de lever le voile dont la nature fe couvre pour cacher fes fecrets. Il fut le premier qui connut l'abfolue néceffité de la rondeur de la terre & de l'exiftence d'Antipodes. Ce ne fut même que fur la fuppofition de cette Tome II. A

vérité, qu'il pofa fes principes d'hydrographie, au moyen de la découverte que l'on avoit faite alors de la bouffole.

Defcaliers étoit Prêtre: mais dès qu'il avoit rempli les devoirs de cet état, il donnoit à l'étude des mathématiques, tout le temps dont il pouvoit difpofer. Il devint le meilleur aftronome de fon temps. Il compofa une fphère céleste & une fphère terreftre, & y défigna les côtes d'Afie, à peu de chofe près, telles qu'on les a découvertes depuis.

La gloire de Defcaliers a perdu beaucoup de ce qu'il a vécu dans un temps d'ignorance, où le trop de connoiffance à cet égard, étoit taxé ou de magie, ou de folle imagination: mais Defcaliers, malgré ce préjugé, étoit trop certain de la vérité des connoiffances qu'il avoit acquifes, pour n'en pas faire part à deux jeunes-gens, en qui il connut du mérite. Prefcot & Coufin furent les premiers qui profitèrent de fes lumières. L'un étoit dans l'état eccléfiaftique, & l'autre dans celui de la navigation. Nous avons rendu compte des découvertes que ce dernier fit dans l'Afrique, l'Afie & l'Amérique, à l'aide des leçons de ce grand maître.

Après la mort de ce favant homme,

Prefcot fon difciple, continua de donner des leçons d'hydrographie aux jeunes marins. Ceux-ci s'y portoient avec ardeur, parce qu'ils en entendoient tous les jours vanter l'utilité à leurs pères, qui, au moyen de cette fcience, couroient dans toutes les

mers.

Un fait digne de notre admiration c'eft qu'il n'y a eu que le zèle patriotique qui ait engagé Defcaliers Prefcot & ceux qui vont les fuivre, à l'enfeignement de l'hydrographie, afin de former & inftruire des élèves pour la Marine Dieppoife. Ils n'en exigèrent ni n'en tirèrent d'autre récompenfe, que celle qui flatte les grandes ames: favoir; le plaifir d'être utile à fon pays & d'avoir droit à la reconnoiffance des cœurs vraiment citoyens. Alors le gouvernement François ne fe doutoit feulement pas qu'il pût y avoir une fcience qui apprît à connoître l'endroit où l'on étoit au milieu des mers les plus éloignées, auffi sûrement que l'on connoiffoit celui où l'on étoit quand on voyageoit par terre.

Prescot, après la mort, fut remplacé pour l'enseignement de l'hydrographie dans Dieppe, par le capitaine Coufin,

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