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PAR ORDRE DE MATIÈRES; PAR UNE SOCIÉTÉ DE GENS DE LETTRES, DE SAVANS ET D'ARTISTES;

Précédée d'un Vocabulaire univerfel, fervant de Table pour tout l'Ouvrage, ornée des Portraits de MM. DIDEROT & D'ALEMBERT, premiers Editeurs de l'Encyclopédie.

PARSONS

LIBRARK

METHODIQUE.

JURISPRUDENCE.

TOME DIXIÈME,

CONTENANT

LA POLICE ET LES MUNICIPALITÉS.

A PARIS,

Chez PANCKOUCKE, Libraire, hôtel de Thou, rue des Poitevins.

M. DCC XCI

DANSE, f. f. Mouvement mefuré du corps accompagné de différentes poftures, qui le font ordinairement au fon de quelqu'inftrument mufical.

La danse a de tout temps été regardée comme un amusement utile à la fanté & à la beauté corporelle. On fait le cas fingulier qu'en faifoient, fous ce point de vue, les anciens.

D

Elle a encore d'autres avantages, dont nous avons parlé quelque part; c'eft qu'inftituée comme amufement public, elle entretient dans la fociété la joie, la gaieté, donne lieu à la fréquentation des fexes, ce qui ne peut manquer d'adoucir les mœurs & de multiplier les jouiflances parmi les hommes. C'eft en conféquence de certe remarque que nous avons fait le vœu de voir établir dans chaque village des danfes réglées & publiques, les fêtes & dimanches; c'est par la même raison que nous avons cru que les officiers de police devoient prêter fecours & protection à toutes celles du même genre qui ont lieu dans les villes.

Il feroit jufte même qu'on prît fur les deniers communs une légère fomme pour avoir, à certains jours fixés, des petits bals publics où la jeunesse & tout le monde pût aller fe divertir, fans avoir à preffurer a bourfe pour en tirer quelques fommes modiques à la vérité, mais enfin qui privent les petits particuliers d'autres plaifirs qu'ils auroient fu Le procurer avec.

Cette morale n'eft fans doute pas du goût de bien des gens; l'habitude de ne prêcher au peuple que fervitude & privation eft tellement ancienne, qu'on ne conçoit pas comment un homme en fon bon fers peut confeiller de confacrer des fonds aux plaifirs du public. Mais cet étonnement vient de l'ignorance du befoin, des paffions & des droits de l'homme, qui ne doit pas travailler feulement pour vivre, mais pour vivre avec plaifir.

L'argument que l'on oppose à l'établissement de danfes publiques & communes eft précisément celui qui devroit les faire admettre, je veux dire la fréquentation des deux fexes, ufage infiniment utile au bonheur focial, comme nous l'avons prouvé dans notre difcours préliminaire.

L'on peut voir le mot BAL, où nous avons configné quelques idées analogues à cet article; on y trouve auffi quelques réglemens de police relatifs aux maîtres de danfe, & à ce qu'ils font obligés d'ob

ferver dans les bals qu'ils donnent pour le refte, voyez le Dictionnaire de danfe, qui contient tout ce qui a rapport à l'art même & aux détails qui le compofent.

DAUPHINE, f. m. Province de France. gouvernée par des états particuliers.

C'est le Dauphiné qui dans ces derniers temps a commencé la révolution, par fon courage & par l'exemple d'une conftitution libre. Nous devons donc fingulièrement nous attacher à faire connoître les principes de cette conftitution; c'eft ce que nous allons tenter, après avoir réfumé quelques-unes des caufes qui ont porté la province aux démarches vigoureufes & fages que nous lui avons vu faire, & qui l'ont conduite à la liberté (1).

Depuis plus de cent cinquante ans les états de Dauphiné avoient ceffé d'être convoqués. Le vice de leur conftitution, la difproportion entre le tiers & les deux autres ordres, la taille qui pefoit exclufivement fur la perfonne du roturier; la prétention de la noblefle & du clergé d'être affranchis de toute espèce d'impôts, avoient fait naître fréquemment de violens débats, qui avoient fucceffivement conduit le tiers à defirer un meilleur ordre de chofes, & la province avoit été changée en pays d'élection. Il eft d'autant moins pénible de parler de ces anciens abus, que les deux ordres qui réclamoient alors ces privilèges exorbitans, en ont fait aujourd'hui le facrifice avec empreffement qui n'a coûté aucun effort à leur patriotifme, à leurs lumières.

de

D'un autre côté la nation elle-même avoit perdu, depuis 1614, l'ufage de s'affembler aux états-généraux; les miniftres la redoutoient, & la nation dégoûtée de l'inutilité de fes réclamations & du peu fruit qu'elle en avoit retiré, fatiguée des difcuffions qu'avoient produites le choc des intérêts particuliers, avoit laiflé échapper de fes mains un droit devenu fi souvent infructueux. Le defpotifme des religieux, en humiliant la nobleffe, avoit acheté par cette politique le filence du tiers-état, qui voyoit en lui le vengeur d'une longue oppreffion. Les troubles grands; le règne long & abfolu de Louis XIV, qui de la Fronde, qui n'avoient été que la querelle des mêlé de fuccès & de revers, continuellement agité par des guerres, n'avoit jamais laiflé à la nation ni affez de calme, ni aflez de temps pour réfléchir fur fes droits; l'enthoufiafme aveugle qu'il avoit fu infpirer, & qui n'a pu s'affoiblir qu'après un demi

(1) Nous nous fervirons en partie, pour compofer cet article, d'un bon écrit publié en 1788, & intitulé : Observations fur les états de Dauphiné.

Jurifprudence, Tome X. Police & Municipalité.

A

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