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fire tous les auteurs feulement par la langue, ou même à entendre les auteurs, & à en expliquer les paffages difficiles, fans aller plus loin, ni en faire aucun ufage. Il y en a qui fe font arrêtés à la mythologie & aux autres antiquités que j'ai marquées, qui ont recherché des infcriptions des médailles, & tout ce qui pouvoit éclaircir les au teurs, fe bornant aux plaifirs que donnent ces curiofités. Quelques-uns, paflant plus avant, ont étudié fur les anciens les règles des beaux arts comme l'éloquence & la poéfie, fans toutefois les pratiquer. D'où vient tant de traités de poétiques de gens qui n'étoient rien moins que poëtes, & des traités de politique faits par de fimples particuliers. Enfin l'application à lire les livres anciens produifit en plufieurs un refpect fi aveugle, qu'ils fuivirent leurs erreurs, plutôt que de fe donner la liberté d'en juger. Ainfi l'on crut que la nature étoit telle que Pline l'a décrite, & qu'elle ne pouvoit agir que fuivant les principes d'Ariftote. D'autres au contraire, mais en petit nombre, ont affecté de contredire les anciens, & de s'éloigner de leurs principes. Mais, entre ceux qui les ont admirés, le défaut le plus ordinaire eft la mauvaife imitation. On a cru que pour écrire comme eux, il falloit écrire en leur langue, fans confidérer que les Romains écrivoient en latin, & non pas en grec, & non pas en égyptien ou en fyriaque. On s'eft piqué de faire de bons vers en latin, & même on en a fait en giec, au hafard de n'être entendu de perfonne; & de ceux qui, comme Ronfard & fes fectateurs, ont commencé d'en faire de françois, après la lecture des anciens, les ont remplis de leurs mots, de leurs phrafes poétiques, de leurs fables, de leur religion, fans fe mette en peine fi de telles poéfies pourroient plaire à ceux qui n'ont point étudié; il fuffifoit qu'elle fit admirer la profonde érudition des auteurs. On a imité de même les orateurs : on a harangué en latin, & on a farci des difcours françois de paflages latins; en un mot, on a cru que fe fervir des anciens, c'étoit les favoir par cœur, parler des chofes dont ils ont parlé, & redire leurs propres paroles; au lieu que pour les bien imiter, il falloit choifir les fujets qui vous conviennent, comme ils fe font appliqués à ceux qui leur convenoient Les traiter comme eux d'une manière folide & agréable, & les expliquer auffi bien en notre langue, qu'ils les expliquoient en la leur.

Cette nouvelle espèce d'études excita une manière de guerre entre les favans. Les humanistes, charmés de la beauté de auteurs antiques, & entêtés de leurs nouvelles découvertes, méprifoient le commun des docteurs qui fuivoient la tradition des écoles, négligeant te ftyle pour s'attacher aux chofes, & préférant l'utile à l'agréable. Les docteurs de leur côté, je dis les théologiens & les Canoniftes regardoient ces nouveaux favans comme

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des grammairiens & des poëtes, qui s'amufoient à des jeux d'enfans, à de vaines curiofités. Mais les humaniftes fe faifoient écouter, parce qu'ils écrivoient poliment, & qu'ils avoient appris par la lecture des anciens à railler de bonne grâce. L'héréfie de Luther, qui s'éleva peu de tems après, échauffa ces querelles, & les rendit plus férieufes. Luther vouloit réformer les études, auffi bien que la religion. Il ne falleit, fuivant lui, ni philofophie, ni fciences profanes; il falloit bruler Platon Ariftote, Ciceron, & tous les livres des anciens, pour n'étudier que l'écriture, & donner tout le refte du tems au travail des mains. C'est ainsi que pouffant tout à l'excès, il rendoit odieux fon fyftême & fa perfonne. La réfiftance qu'il trouva dans les docteurs de théologie, & les cenfures de la Faculté de Paris, & des autres Univerfités, le rendirent leur ennemi irréconciliable. Il les traita avec le dernier mépris; & Melancton, fon fidèle difciple, employa tout fon cfprit & toutes fes belles lettres pour les tourner en ridicule. Mais les réformateurs ne perfiftèrent pas long-tems dans leur févérité contre les études littéraires. Ils furent bientôt les plus ardens à étudier les humanités, voyant que l'éloquence & l'opinion d'une érudition diftinguée leur attiroient grand nombre de fectateurs. Ils regardèrent ces études comme des moyens néceflaires a la réformation de l'églife, & voulurent faire paffer le renouvellement des lettres pour le premier figae que Dieu cût donné de sa volonté fur ce point. Il fembloit, à les entendre, que cette connoiffance des langues & de l'hiftoire, qu'ils acqueroient par un travail aflilu, fur une marque affurée dune million extraordinaire; & fe faifant admirer des ignorans, ils leur perfuadoient aiféles docteurs catholiques ne favoient non plus la religion que les belles lettres. Mais ils n'eurent pas long-tems ce foible avantage. Les Catholiques les combattirent bientôt par leurs propres armes, & fe fervirent très-utilement contr'eux de la connoiffance des langues originales & des auteurs anciens, dont ils eurent foin de faire faire de belles éditions. On a donc recommencé à étudier les auteurs grecs & latins, trop peu connus dans les fiècles précédens: dans les fiècles précédens: on a étudié l'hiftoire eccléfiaftique, les conciles, les anciens canons, les poëtes, les auteurs, & le goût des lettres a épuré les études les plus fauvages; les écoles ont parlé un langage plus pur, & la politeffe s'y eft introduite, avec la connoiffance des bons auteurs.

ment que

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Si, d'un côté, le renouvellement des humanités a rendu nos études plus folides & plus agréables qu'avant, il les a rendues d'ailleurs plus difficiles; car on a plutôt augmenté que changé, & l'on a voulu tout conferver. Ainfi s'eft formé peu-à-peu, & par une longue tradition, ce cours d'études, qui eft en ufage dans les écoles publiques. D'abord, la grammaire avec la langue latine, la poétique, c'eft-à-dire, la ftructure des vers latins, la rhéso

tique, & par occafion Thiftoire & la géographie, puis la philofophie, les mathématiques, & enfuite la théologie, le droit ou la médecine, fuivant les différentes profeflions.

C'eft pour enfeigner ces différentes parties des études qu'ont été fondés, à différentes époques, les collèges ou écoles publiques, tant dans la capitale que cans les provinces ; l'hiftorique n'en fera furement pas inutile ici, & pourra jetter du jour fur ce que nous aurons à dire de la réforme des études aux articles qui les concernent. Voy. EDUCATION ET INSTRUCTION PUBLIQUE.

Des écoles publiques établies à Paris, les unes font destinées à enfeigner les fciences; d'autres les humanités; & l'on trouve réunies les unes & les autres dans prefque toutes, & fur-tout dans celui qui doit fa naifance à François Ier., le père

des lettres

par la reine Jeanne, époufe de Philippe - le - Bel, roi de France & de Navarre; il fut auffi nommé collège de Champagne, parce que cetre reine étoit fille & feale héritière de Henri-le-Gros, roi de Navarre, & comte de Champagne. On y enfeigne les humanités, la philofophic & la théologie, & de Sorbonne, Des quatre profeffeurs en théologie, il y a une fociété de docteurs comme au collège quatre font de fondat ons royales. La reine Jeanne fonda un maître dans ce collège pour enfeigner la théologie, un auue la philofophie, & le troisième pour les humanités. On a pelle encore ces deux derniers maitres le principal des philofophes & le principal des grammairiens. Celui qui porte le nom de grand maître tient apparemment la place de celui qui enfeignoit la théologie au commencement de l'inftitution de ce college.

Une des plus fameufes écoles de Paris, eft celle que l'on nomme collège d'Harcourt, fondé par Le collège de Sorbonne, où l'on apprend à dif- Raoul d'Harcout, docteur en droit, & chanoine puter fur des matières abftraites, fans s'entendre de l'églife de Paris; il étoit iffu des comtes d'Har& fans s'inftruire, fut fondé lan 1256 par Robert court, famille des plus illuftres & des plus anSorbon ou de Sorbonne, confeileur de S. Louis, ciennes de Normandie. Il voulut que les écoliers, & depuis rebâti par les libéralités du cardinal de admis dans fon collège, faflent tirés des diocèfes; Richelieu. Cette maifon, qui eft belle & fpa- 1o. de Coutances, ou il avoit été archidiacre; cieufe, contient plufieurs logemens pour trente- 2. de Bayeux, où il avoit été chancelier; 3°: fix docteurs en théologie, qui font ceux qu'on d'Evreux, où il avoit été chantre; 4°. de Rouen, appelle focii forbonici, fociété de Sorbonne. Ce où il avoit été grand archidiacre. Son frère Rocollège a fix profeffeurs qui enfeignent la théolo-bert, évêque de Courances, acheva ce qu'il avoit gie, & partagent entr'eux les heures du jour pour faire leurs leçons publiques; leurs chaires ont été fondées en divers tems, & par diverfes perfonnes. Les rois de France en ont fondé trois. La maifon de Sorbonne en entretient une. Jean de Rouen, natif du pays de Caux en Normandie, étant procureur du collègé des tréforiers, fonda une chaire pour les cas de confcience, à l'exclufion de toute autre matière, le 20 octobre 16:2. Ce favant homme mourut l'an 1615, & fut enterré dans réglife des Cordeliers de Paris, vis-à-vis la chapelle du S. Sépulcre. Claude de Pejai, maître des comptes, fonda une autre chaire de théologie,

l'an 1606.

On voit toujours en Sorbonne un grand concours d'étudians, parce que tous ceux qui veulent avoir quelque réputation de théologien, tâchent d'y obtenir les degrés de bachelier & de licencié, pour être enfuite reçus docteurs de Sorbonne. Le proviseur de cette maifon eft toujours un prélat choisi par les docteurs assemblés.

Une autre école publique de théologie eft le collège de Navarre. Il fut fondé, vers l'an 1285,

fi heureusement commencé. Par les ftatuts qu'il drefla le 9 feptembre 1311, il veut qu'il y ait dans ce collège vingt-huit étudians aux arts & philofophie, & douze théologiens. Marin de Marigny, obtint du pape Clement V, en faveur du college d'Harcourt, la permiffion de faire célébrer l'office divin dans la chapelle de ce collège, de nuit & de jour; en notes & fans notes, fauf le droit de l'évêque de Paris & du curé de S. Côme, de la parole duquel ce collège étoit alors; il eft préfentement de la paroiffe de S. Hilaire, quoiqu'enclavé dans la paroiffe de S. Côme. La nation de Normandie, l'une des quatre qui compofent, avec celle de France, de Picardie & d'Allemagne, le corps entier de la faculté des arts dans l'univerfité de Paris, regarde le collège d'Harcourt, comme fa maison propre, fondée en fa faveur (1). Elle y ticht fes affemblées, y fait célébrer les fêtes particulières & les fervices folemnels pour les morts.

Un autre collège, réuni depuis au collège de Louis-le-Grand, c'eft le collège des Cholets, fondé en 1292, ainfi nommé de Jean Cholet, cardinalprêtre, du titre de Ste. Cécile, & légat en France,

(1) L'étude des fciences & des arts fut jadis, comme l'administration de la justice, affujettie à des divifions des bornes vuides d'objets ; il faut espérer que l'affemblée nationale délivrera Pune & l'autre de ces fottifes trop long-tems refpectées,

qui

en

!

qui lailla, après la mort, de grands biens, pour 1322, par Jacques-Geoffroy du Pleffis, fecrétaire être employés en diverfes fondations. Les exécu- du roi Philippe-le-Long. Il le fit d'abord nommer teurs de fon teftament, Jean de Bulles, archi- le collège de Saint Martin: il avoit donné fa diacre du Grand-Caux, dans léglife de Rouen; maison & tous fes biens pour l'entretien de quaEvrard de Nointel & Gerard de S. Juft, cha- rante bourfiers; mais voulant fe rendre religieux noines de celle de Beauvais, fondèrent, avec ces en l'abbaye de Marmoutier, il fit un fecond teflegs, un collège dans l'univerfité de Paris, tament, par lequel il divifa fa maison en deux faveur des écoliers des diocèles de Paris & d'A- parties, & en donna la moitié aux religieux de miens, après en avoir obtenu la permiffion du Marmoutier, étudians à Paris; ce qui fut nommé pape Boniface III. Ils drefsèrent des ftatuts, ache- le collège de Marmoutier, que les Jéfuites ont tèrent l'hôtel de Senlis, ainfi appellé de Gautier acheté du cardinal de Richelieu, abbé de Marde Chambly, évêque de Senlis, à qui il avoit ap- moutier, & des religieux, pour être uni à leur partenu. Le pape Boniface VIII confirma cette fon- collège. On ne compte guère que douze bourfiers dation par fa bulle du 26 janvier 1296; ce font dans le collège du Pleffis, qui font pris des dioles chapitres des églifes d'Amiens & de Beauvais, cèles d'Evreux, de Saint-Malo de Laon & de qui nomment aux quatorze bourfes de ce collège. Tours. Ce collège a été rebâti à neuf par les liLe collège des Cholets a donné à l'églife de cé-béralités du cardinal de Richelieu, & mis fous lèbres théologiens, comme Jean d'Auffy, bourfier la direction des docteurs de Sorbonne; c'est pour de ce collège; il fut confeffeur de Charles VII, quoi on le nomme le collège du Pleffis-Sorbonne. fon grand aumônier & tréforier de la Ste. Chapelle de Paris, en 1449, & enfuite évêque de Langres. Thomas Courcel, chanoine d'Amiens, & depuis doyen de l'églife de Paris, député au concile de Bafle; Robert Fournier, chanoine d'Amiens, l'un des théologiens du concile de Trente; Louis Bail, auteur d'une collection des conciles & d'autres favans, qui ont honoré & fervi les lettres.

Le collège du cardinal Lemoine fut fondé par le cardinal de ce nom, pendant le féjour qu'il fit à Paris, en qualité de légat du pape Boniface VIII, l'an 1310. 11 acheta, pour cet effet, l'emplacement qui avoit appartenu aux Auguftins. Etant à Rome, il dreffa des ftatuts que ce pape approuva. La nomination aux bourfes de ce collège appartient au doyen & au chapitre de S. Vulfron d'Abbeville, qui doivent tirer ceux qu'ils y nomment du diocèle d'Amiens, ou des plus proches; mais l'élection des maîtres de ce collège appartient au chapitre de l'églife de Paris. Le corps du fondateur eft inhumé dans la chapelle du collège.

Le collège de Lizieux fut fondé, en 1336, par les libéralités de Guy d'Harcourt, évêque de Lizieux, pour vingt-quatre écoliers ; & par Guillaume d'Eftouteville, auffi évêque de Lizieux; par l'abbé de Fécamp & par Colard d'Eftouteville, feigneur de Torchi. La nomination des bourfes de ce collège appartient à l'évêque de Lizieux & à l'abbé de Fecamp.

Le collège de Beauvais fut fondé, en 1370, par Jean de Dormans, cardinal & chancelier de France, dans le quartier de l'Univerfité. Suivant les ftatuts de la première fondation, les bourfiers devoient vivre en commun, porter la tonfure & l'habit bleu ou violet. Après la mort de Jean de Dormans, arrivée le 8 novembre de l'an 1373 . Milès de Dormans, fon neveu, évêque de Beauvais, chancelier de France, fit conftruire la chapelle du collège, & employa à cet édifice trois mille florins d'or, légués à cet effet par fon oncle. Le roi Charles V pofa la première pierre ; & comme cette chapelle fut dédiée fous l'invocation de S. Jean l'Evangélifte, la rue qui y répond, en a pris le nom de S. Jean de Beauvais. La préfentation de toutes les places de ce collège appartient à l'abbé de S. Jean des Vignes de Soiffons, & la collation à la cour du parlement de Paris, fons la protection duquel ce collège fut mis.

Le collège de Montaigu fut établi à la fin de l'année 1314, par les difpofitions marquées dans le teftament de Gilles Arcelin de Montaigu, archevêque de Rouen, & auparavant de Narbonne, en date du 13 décembre 1314. Pierre de Montaigu, cardinal de Laon, & avant évêque de Nevers, contribua de fa part à l'avancement de la fondation de ce collège, par fon teftament fait à l'abbaye de S. Thierri de Reims, le 7 novembre 1388; c'eft de lui que ce collège a tiré fon nom. Le chapitre de l'églife de Paris eft feul fupérieur de ce collège. Le pénitencier de N. D. le prieur des Céleftins & celui des Chartreux nomment aux bourfes de ce collège. Les ftatuts Le collège de Ste. Barbe fut fondé au mois de qui le gouvernent, font de Jean Standone, maître novembre 1546. Dès qu'il fut bâti, on y vit s-arts, & régent dans la même faculté. jufqu'à quatorze claffes à la fois; neuf d'humaniLe collège du Pleffis-Sorbonne fut fondé, l'antés, tés, une de grec, & quatre de philofophic. Les Jurifprudence, Tome X. Police & Municipalité.

Le collège de la Marche fut fondé l'an 1423, tant par Guillaume de la Marche, que par Beuve de Vintimille, qui en font regardés, à jufte titre, comme les fondateurs, Jean de la Rochetaillée, adminiftrateur de l'évêché de Paris, en ratifia la fondation, & en confirma les flatuts.

N

lettres-patentes de la fondation de ce collège font de février 1546, enrégiftrées au parlement le 9 décembre fuivant. Le premier principal fut Robert Certain, curé de S. Hilaire, qui a donné fon Bom au puits certain qui eft auprès. Il y a eu dans ce collège jufqu'à deux cents écoliers, ou environ, appellés Gilotins, du nom de Germani Gillot, docteur de Sorbonne, qui, le premier rafiembla dans ce lieu quantité d'écoliers, qu'il faifoit fubfifter & inftruire; charité qui a été continuée depuis, avec fuccès, par Thomas Durieux, docteur de Sorbonne, & principal du collège du Pleffis.

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&

Outre les penfionnaires qui étoient dans ce collège du tems des Jéfuites, il y avoit aufli dix enfans françois qui y étoient inftruits & éleyés dans les langues orientales: on les appelloit les enfans de langues. Par arrêt du confeil du 18 novembre 1669, il avoit été ordonné que pendant trois ans on enverroit, chaque année, fix jeunes gens nés françois aux Capucins de Conftantinople & de Smyrne, pour y être inftruits dans la connoiffance des langues orientales, fe rendre capables de fervir de drogmans aux confuls de France dans les Echelles du Levant. Un autre arrêt du 31 octobre 1670 avoit réglé qu'il ne feroit plus envoyé que fix jeunes gens, de trois ans en trois ans; & par autre arret du 17 juin 1718, le nombre de ces enfans de langues, envoyés aux Capucins de Conftantinople, avoit été fixé à douze, & la penfion de chacun réglée à 350 livres, outre 120 livres pour fon habillement, une fois feulement. Le roi fut enfin informé que quelques-uns de ces enfans, envoyés à Conftantinople, manquoient des difpofitions naturelles, pour apprendre les langues orientales, & qu'après une longue & inutile inftruction, l'on étoit obligé de les renvoyer en France. L'on n'étoit pas plus content de douze jeunes orientaux, qu'on avoit fait élever aux Jéfuites de la rue S. Jacques, depuis l'an 1700. On crut que les libéralités du roi feroient mieux employées à faire inftruire au même collège des Jéfuites, dans la langue turque & arabe, dix enfans françois; c'est pourquoi, par arrêt du confeil du 2 Juillet 1721, it fut ordonné qu'on éleveroit à Paris au collège des pères Jéfuites dix enfans françois, de l'âge de huit ans, ou environ, choifis alternati

(1) Voyez, dans cet ouvrage, CONSUL

vement dans les familles du royaume, & dans celle des drogmans & négocians françois, établis dans les Echelles du Levant, auxquels deux maîtres des langues arabe & turque iroient tous les jours donner les leçons & qu'ils feroient enfuite envoyés à Conftantinople, pour fe perfectionner (1).

Le collège de Louis-le-Grand eft devenu le chef-lieu de l'Univerfité, celui où elle tient fes féances depuis le 10 octobre 1754, en vertu des lettres-patentes de cette époque. Par les mêmes lettres, on a réuni dans le même collège les bourfiers de tous les collèges, où il n'y avoit point de plein exercice, à l'exception du collège de Boncourt, dont les bourfiers font réunis à celui de Navarre, & de ceux des Ecoffois & des Lombards, qui fubfiftent féparément par des confidérations particulières.

Les collèges de non plein exercice, réunis à celui de Louis-le-Grand, font ceux 1°. de N. D. 2o. des Bons-Enfans, 3°. des Tréforiers, 4°. des Cholets, 5o. de Bayeux, 6°. de Laon, 7°. de Prefle, 8°. de Narbonne, 9o. de Cornouailles, 10. d'Arras, 11°. de Treguyer, 120. de Bourgogne, 13o. de Tours, 14. du Ban ou de l'AveMaria, 15°. d'Autun, 16°. de Cambrai, 17°. de Juftice, 18°. de Boifly, 19°. de Maître-Gervais, 20°. d'Ainviile, 21°. de Fortet, 22°. de Chanaçon de S. Michel, 23°. de Reims, 24°. de Seès, 25o. du Mans & de Ste. Barbe.

Il y a un bureau pour l'adminiftration du collège de Louis-le-Grand, & des collèges qui y font

réunis.

Les lettres-patentes du 20 août 1767 veulent que les bourfiers du collège de Louis-le-Grand & collèges y réunis, ne puiffent être admis ni renvoyés que par délibération du principal, & de quatre examinateurs qui s'aflembleront toutes les fois que le principal le requerra.

Le collège des Graffins fut fondé en 1569 par Pierre Grallin, confeiller au parlement. Ce collège eft de l'Univerfité; il eft compofé d'un principal, d'un chapelain & de fix grands bourfiers, étudiant en théologie; de douze petits, étudiant en humanité & philofophie, & d'un portier, Les bourfes font pour les écoliers de la ville & du diocèle de Sens, à la collation de l'archevêque de la même ville. La chapelle a été dédiée fous l'invocation de la Ste. Vierge, par un évêque de Dignes, dont nous ignorons le nom, auffi - bien que l'année de la Dédicace de cette chapelle.

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La fondation de ce collège cft du 16 octobre pourroient point exercer fans lui; indépendamment 1569.

Le collège des quatre Nations, ou le collège Mazarin, fut établi & fondé par le cardinal Jules Mazarin ou Mazarini, premier miniftre en France, le 6 mai 1661. Ce collège eft de l'Univerfité. Le deffein de ce cardinal a été qu'on y entretint & inftruisît gratuitement foixante jeunes gentilshommes des familles les plus nobles, de quatre nations différentes: favoir, quinze de Vigociolle en Italie, territoire & vallées y jointes ́; de Cazal, & de l'état eccléfiaftique; quinze du pays d'Alface, Strasbourg & autres pays d'Alle. magne contigus, & Franche-Comté; vingt du pays de Flandres, Artois, Cambrai, Hainault & Luxembourg, & dix du pays de Rouillon, Conflans & Cerdaigne: ils font preuve de nobleffe, pour être reçus audit collège. On dit que ce n'eft pas le roi qui nomme, mais la branche aînée des ducs de Mazarin Les fonds affectés pour l'entretien de ce collège font, outre l'abbaye de S. Michel-enIHerm, diocèfe de Luçon, qui y eft unie, des rentes fur l'hôtel de ville de Paris, & fur les cinq groles fermes, & plufieurs maifons bâties aux environs de ce collège on y a ouvert les claffes au mois d'octobre de l'année 1688; depuis ce tems, les études y ont toujours flcuri; des profeffeurs capables y enfeignent, avec beaucoup de fuccès & de réputation, les humanités, la rhétorique, la philofophie & les mathématiques à toutes fortes d'écoliers, qui y font en très grand nombre, & dont les claffes fe font toujours trouvées remplies. Ce collège eft compofé de vingt officiers, qui reçoivent tous leurs appointemens fur les biens du collège, outre leur nourriture & leur logement. Les trois premiers officiers font favoir: le grand maître, qui a la fupériorité & la préléance fur tous les officiers du collège, le procureur & le bibliothécaire. La maifon & lociété de Sorbonne a la direction générale de tout le collège; à l'effet de quoi, elle nomme quatre docteurs, qui ont la qualité d'inspecteurs, & eu font, pendant quatre ans feulement, les fonctions, s'il n'eft jugé à propos de les continuer. MM. les procureurs & avocats - généraux ont le droit de vifite dans ledit collège.

de ces collèges, dis-je, il en eft un confidérable encore par l'étendue des connoiffances qu'on y enfeigne, & par la célébrité des profeffeurs qui y ont occupé des chaires: c'eft le collège royal. It fut fondé par François ler., en 1530, pour l'étude des fciences & des langues favantes. Le nombre des profefleurs fut d'abord porté à douze; favoir, quatre pour les langues, deux pour les mathématiques, deux pour la philofophic, deux autres pour l'éloquence, & autant pour la médecine, avec les mêmes appointemens chacun de 200 écus d'or. On leur donna la qualité de confeillers du roi, le droit de committimus, & on les fit mettre fur l'état comme commenfaux; c'eft ce qu'on voit par les lettres-patentes de François Ier., en date du mois de mars 1545. Les deux premiers profeffeurs en grec furent Pierre Danez, natif de Paris, & Jacques Touffaint, Champenois; en hébreu, Paul le Canoffe, Juif; Agathias Guidacerius, Elpagnol; Oronce Finé, Dauphinois; en langue latine, le premier fut Barthelemi Maffon, Allemand. La médecine fut d'abord enfeignée par Vidius, Florentin, auquel fuccéda Jacques Silvius, d'Amiens. Charles IX fonda auffi une chaire de chirurgie, & Henri IV une d'anatomie & de botanique. Henri III avoit fondé auparavant, en 1587, une chaire de profeffeur en langue arabe, qui fut remplie par Arnould de Lifle, Allemand. Louis XIII en fonda une feconde, & une autre en droit canon. Pierre Ramus ou la Ramée fonda dans ce même collège une chaire pour un profeffeur en mathématiques. On ne peut l'obtenir que par la difpute qui fe fait en préf nce de mon-, fieur le premier préfident, de monfieur l'avocatgénéral du parlement, & de monfieur le maire de la ville de Paris, qui la confèrent au plus capable. Le bâtiment du collège royal fut projetté, comme nous l'avons dit, par le roi François ler.;. mais les guerres qui furvinrent, l'empêchèrent d'accomplir fon deflein. Henri II ordonna que les collèges de Cambrai, ou des Trois, Evêques, & de Tréguier, feroient deftinés aux profefleurs pour y faire leurs leçons; & Henri IV, l'an 1609 voulut exécuter ce projet ; mais la mort interrompit cette entreprife. Enfin, Louis XIII pofa la première pierre du collège royal, le 18 août, de l'an 1610, au licu même où étoit anciennement le collège de Treguier. Les premiers profeffeurs connus en philofophic font François Vicomerçat, Milanois, prédéceffeur du célèbre Pierre de la Verdure ou de la Ramée, natif de Cuch en Vermandois. Il y a préfentement au collège royal dixneuf profeileurs royaux, qui font placés par le roi; il n'eft point de l'Univerfité.

Le cardinal Mazarin laiffa, par fon teftament, la fomme de deux millions de livres pour bâtir ce collège: Louis XIV denna fes lettres patentes à ce fujet, au mois de juin 1665; elles furent enrégiftrées au parlement le 14 août fuivant. Tous les bâtimens de ce fameux collège ne furent entiérement achevés qu'en 1674.

Indépendamment des collèges que nous venons de défigner, & où les jeunes gens peuvent acquérir le droit de maître-ès-arts, & s'ouvrir par ce titre l'entrée à certaines fonctions qu'ils ne

Le collège royal eft une des écoles la ptas wife & la plus fréquentée aujourd'hui dans la capitale. On y trouve des inftructions fur prefque toutes les connoiffances humaines & les lettres. En cfter

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