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de feigle ou méteil, il n'y en a que très-peu de froment pur.

Noyon, ville de la Picardie, fur l'Oife, eft un des plus forts marchés; il y a quelquefois jufqu'à cent cinquante & deux cents muids fur la place. Soiffons, à vingt-deux lieues de Paris, eft dans le même cas; c'est un des plus grands marchés. Chauny, ville de Picardie, a toujours beaucoup de bled à fon marché, ainfi que la Fère, qui eft à trente heues de Paris, fur l'Oife.

L'on peut encore mettre au rang des marchés qui peuvent fournir à l'approvifionnement de Paris, Châlons-fur-Marne, à trente-fix lieues de Paris; Vitry le-François, autre ville de Champagne, fur la Marne, à quarante lieues de Paris. Joignez-y Boffifur-Yon, à dix-neuf lieues, marché où l'on trouve vingt à vingt cinq muids de bled; Nogent-le-Roi, à douze lieues, trente à quarante muids; Montfort-l'Amaury, à douze lieues, foixante à quatrevingt muids; Rambouillet, à dix lieues, cinquante muids; Magny; à quatorze lieues, vingt-cinq muids; Marine, à douze lieues, une vingtaine de muids; Chaumont en Vexin, à quinze lieues, trente à quarante muids; Beaumont, à huit lieues une trentaine de muids; Clermont en Beauvoisis, à quatorze lieues, quarante muids, & quelques autres moins confidérables que nous omettons.

Au refte, on doit remarquer que ce n'eft que dans les témps d'une abondance ordinaire qu'on peut fe procurer, fur les marchés, les quantités de bled que nous venons d'indiquer à-peu-près; car dans le temps de gêne, d'inquiétudes, de cherté, il s'en faut de beaucoup que l'on ne les y trouve; mais dans tous les autres cas, il convient de les regarder comme les reffources de la capitale ; ils font d'ailleurs les lieux les plus proches pour l'approvifionnement.

Il eft encore un moyen d'empêcher les difettes momentanées telles que celles que produifent quelquintempérie, l'intrigue, la cupidité; c'eft de laifler aux boulangers des villes la liberté de s'approvifionner où & comme ils l'entendent, fans les aftreindre à acheter à un marché exclufivement.

Cette vérité vient d'être reconnue par l'affemblée des repréfentans de la commune de Paris. Sur la repréfentation de M. Mauriceau, député du diftrict de St. Etienne-du-Mont (1), nous avons fait affìcher dans tout Paris que les boulangers étoient les approvifionneurs naturels de la ville pour la partie du pain; qu'ils étoient libres de faire tel marché, achat, arrangemens qu'ils jugeroient à propos pour leur commerce, à condition que leurs farines feroient deftinées au fervice de la capitale. Et comme l'ancienne habitude de les forcer d'acheter à la halle, jettoit quelqu'ombrage fur leur liberté, & les empêchoit de faire leurs emplettes avec une

(16 En Août 1789.

pleine fécurité, nous les avons engagé à venir prendre des brevets, par un nouveau placard, en leur offrant toute protection, force & appui pous empêcher leurs voitures d'être pillées.

Cette liberté accordée à un commerce qui a be foin d'une activité continuelle, n'a pas empêché que la commune ou plutôt le comité de fubfiftances de l'hôtel-de-ville ne donnât fes foins à la fourniture de la halle aux farines, & ces deux efforts réunis ont empêché que la difette n'ait été aufli funefte qu'on l'auroit pu craindre dans un moment de révolution univerfelle & au milieu des manœuvres de nos ennemis. Mais ces réflexions nous conduifent à examiner ce qu'on doit faire dans le temps même de la difette, c'eft-à-dire, lorsqu'on n'a pas pu la prévenir. Réfumons avant, ce que nous venons de dire.

Nous avons vu que pour prévenir la difette dans les grandes villes, on devoit, 1°. avoir des gre niers de précaution adminiftrés par les municipalités; 2. encourager les travaux champêtres, en faifant refluer les ouvriers dans les campagnes, cn veillant à l'enfemencement des terres & protégeant les récoltes; 3°. en défendant toute efpèce de monopole; 4°. en s'inftruifant des fecours qu'on peut tirer des marchés voifins ; 5°. en accordant aux boulangers liberté, fecours & appui pour s'approvifionner cux-mêmes, fans ceffer de veiller à la four. niture du marché de la ville.

II. Les momens de difette font des temps orageux pour les adminiftrateurs publics. Au befoin réel ou factice fe joignent les craintes, l'inquiétude, les infurrections, le brigandage, l'accroiffement de la mendicité & tous les défordres de la fociété. Ccpendant les impôts font difficilement perçus, le peuple fe livre à des excès, les gens cupides profitent des circonstances, pour vendre chèrement le peu de bled qu'ils ont, & le mal public s'alimente ainfi de la dépravation des particuliers. L'état reffemble à un malade qu'une fièvre chaude agite, & qui s'épuife & fe confume par de vains efforts pour éloigner fes douleurs. Le médecin a befoin de toute La prudence, & pour calmer l'efprit du malade, & pour remédier à fes forces expirantes,

Qu'on le figure une ville comme Paris, où la faim s'accroît chez le peuple avec la crainte dé manquer de farine, où quatre cents mille individus perfuadés qu'on ne peut vivre fans pain, menacent de tous les défordres lorfqu'ils éprouvent la moindre fufpenfion dans le débit qui s'en fait; où la pauvreté hidcufe, l'abrutiffement populaire viennent encore jetter la confufion & la peur dans le public, par les excès dont on les fait capables dans ces momens qu'on ajoute à cela l'adrefle des hommes cupides & corrompus, qui efpèrent dans les malheurs

communs trouver leur intérêt particulier, l'indifférence des riches, la morgue & le mépris des puitfans, la fufpenfion des travaux, & l'on aura une idée des foins, des embarras de tout homme qui fe trouve à la tête d'une municipalité ou qui en partage feulement les foins.

C'eft auffi l'état de Paris depuis le recouvrement de fa liberté. La pauvreté de la récolte, l'exportation des grains & l'orage du 13 Juillet 1788 avoient prefque dégarni les marchés qui l'approvisionnent. Les bleds étoient chers; il en falloit faire venir des pays étrangers, les fommes qu'on y employa, jointes à la difficulté de la perception des impôts, & à leur médiocrité par la diminution des travaux, épuiferent le tréfor public. Alors il fallut rallentir ces achats. Le commerce, fur qui on auroit pu compter, manqua, & le royaume fe trouva gêné pour sa subsis

tance.

A ces maux réels fe joignirent les arts du monopole ou du moins de l'infatiable cupidité. Ce ne furent pas feulement des capitaliftes qui fe couvrirent de cet opprobre, de gros fermiers, de riches la boureurs fpéculèrent fur leurs grains, & auffi indifférens an bien public que s'il euffent vécu dans un pays de conquête, ils prirent des mcfures pour vendre cher aux françois le bled que l'arrêt du confeil du mois de novembre 1788, leur défendit de porter à l'étranger.

ne

Cependant une grande révolution s'effectue dans la capitale, elle gagne les provinces, le defpotifme eft attaqué jufques dans les arfenaux ; la Baftille cft piife, la liberté affurée, la France libre & le peuple fouverain. Cette crife terrible, mais falutaire, put s'effectuer fans ébranler tout l'édifice de la fociété. Le peuple, devenu maître, fe fit juflice des tyrans qui avoient opprimé & dépouillé; mais impétueux dans les paflions, il poufla trop loin les char mens, il s'expola à devenir la victime de fon ardour & de fa rage. Les villes furent agitées d'une violente fecoufle, les campagnes troublées par les faites de la révolution, & des troupes de bandits qui fufcitèrent de nouveaux embarras à la nation.

Ces grandes fcènes détournèrent un moment l'attention du gouvernement des achats qu'il étoit inftant de ne pas rallentir; mais le tréfor étoit épuité, les convois difficiles & difpendieux, d'ailleurs la récolte approchoit, & l'on efpéroit, non fans raifon, de voir l'abondance renaître avec elle. L'on le trompa; la dificulté des approvifionnemens continua, la difette dans la capitale en fut l'effet, & les émeutes populaires la fuite inévitable.

Alors les travaux de l'adminiftration municipale furcat rallentis, interrompus, la terreur s'empara des efprits à la vue d'un peuple agité bien plus de la crainte de mourir de faim que du befoin actuel; car au milieu de la difette de farine, il y avoit une abondance d'autres denrées, de riz, de fruits, de pommes de terre. Mais l'habitude de faire du pain,

l'aliment principal, ferme les yeux à la multitude, & elle ne croit pas pouvoir vivre sans lui.

Des mécontens de toutes efpèces profitèrent des difpofitions du peuple pour ajouter de nouveaux troubles à ceux qui défoloient l'état, & la faim ne fut plus qu'un prétexte du mouvement dont la haine & la vengeance étoient le mobile.

La fûreté publique fut compromife, le repos s'enfuit de la capitale; & comme c'eft un des principaux avantages qu'on vient chercher dans les villes, les gens riches défertèrent Paris & la mifère se doubla avec le nombre des pauvres.

On reconnut alors qu'il ne fuffit pas dans les momens de difette de chercher à l'éteindre, à ramener l'abondance, mais qu'il faut encore pourvoir au foin des pauvres & à la fureté publique..

Ce font, en effet, deux des premiers objets dont doit s'occuper une adminiftration municipale paternelle, dans un temps de mifère; mais avant tout il faut qu'elle prenne des mefures contre la difette & contre tout ce qui pourroit la faire durer.

Le fiècle de Louis XIV a vu, fans doute par l'effet des guerres, par la dépopulation des campagnes, l'avidité des traitans, des capitaliftes & l'efclavage des peuples qui portent par-tout la ftérilité, le découragement; ce fiècle a vu, dis-je, plufieurs difettes déloler le royaume & fur-tout la capitale.Prince & de fes mandataires ont été, il faut en Le pouvoir exécutif, l'autorité inconteftée du convenir, la fauve-garde du peuple alors; & les réglemens qui nous restent des cours & des compagnies fouveraines de ce temps préfentent une pré conduite, qui peuvent vraiment fervir de guide aux, cifion d'idées, un choix de moyens, une vigueur de, ferons donc pas difficulté de les prefenter à nos lec-, magiftrats municipaux de tous les temps. Nous ne cautions à prendre dans les temps de difette pour en teurs comme autant d'inftructions folides fur les prédiminuer l'intensité, ou même la tarir entièrement.

L'année 1661, fut une année de cherté plutôt que. de difette, mais enfin il fallut faire cefler la détrefle, & ccla donna lieu à une fuite de réglemens, d'at-, rêts & de lettres-patentes, dont tous ceux qui fui, virent ne furent que la répétition.

L'hôtel-de-ville défendit aux marchands de grains de s'aflocier enfemble pour achat & vente de bleds, à peine de nullité des marchés, comme aufli de faire aucuns achats defdits grains dans Paris, fur les ports ou marchés, ni autres lieux dedans ou de hors, finon au-delà de dix licues, fans qu'en quelque lieu que ce foit, ils puiffent acheter ceux qui fefont chargés pour l'approvisionnement de la capi tale. On ordonna que les marchands feroient tenus incontinent après leurs achats de grains, de les faire voiturer & tranfporter à Paris, avec obligation de prendre des lettres de voiture pour les repréfente: à la ville & juftifier de la deftination des grains. Sitat

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qu'ils feroient arrivés au port par bateau, les mar laboureurs refufent de faire battre leurs grains, potr chands feroient obligés de les vendre, fans pouvoir, avoir un prétexte de ne pas vendre. Comme l'état de les mettre en magafin, & fans pouvoir hauffer le prix befoin & de fermentation où fe trouve Paris, ne qui auroit été fixé à l'ouverture du bateau. Sembla-permet pas de livrer la fubfiftance populaire aur blement il fut défendu à ceux qui amèneroient des péculations outrées de la cupidité, l'aflemblée géné. grains ou farines à Paris, par terre, de les vendre rale des repréfentans de la commune vient de pren ailleurs qu'au marché de la halle, laquelle vente ils ne dre un parti que nous allons faire connoître. Voici pourroient retarder plus loin que le troifième mar- le fait : cette digreffion n'eft point déplacéo. ché..... Il fut également défendu aux meûniers, boulangers, pâtiffiers, braffeurs & autres d'aller au-devant des voitures de grains ou farines, &c.

Les officiers municipaux des petites villes de province s'oppofent quelquefois ou plutôt font naître des difficultés au tranfport des grains pour l'approvifionnement de la capitale. Alors il eft important que l'adminiftration municipale s'adreffe au roi ou fes miniftres pour obtenir des arrêts ou lettres-patentes qui les autorifent à procéder convenablement dans ces circonstances.

C'eft encore la conduite que tint la ville de Paris dans la circonftance que nous venons de citer. Plufieurs municipalités de Picardie, de Normandie, avoient mis oppofition à l'enlèvement des fubfiftances achetées pour Paris, foit par des commiffaires, foit par des membres de l'hôtel-de-ville. Arrêt & lettres-patentes portant exécution des arrêts, qui forcèrent les officiers municipaux à céder au droit & à la convenance.

L'on renouvella & fit exécuter la défenfe à toutes

perfonnes de quelque qualité & condition qu'elles fullent, à la réferve de ceux qui fort chargés des ordres du roi pour la fubfiftance de fes troupes & munition de fes places, de faire des magafins de bleds, outre & par-d -deffus ce qui fera néceffaire pour la

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fubfiftance de leurs familles même d'en acheter des fermiers, laboureurs & de tous autres avant qu'ils foient recueillis ou battus, fous les peines portées par les ordonnances, & déclare nul tout marché ainfi contracté.

Ces précautions & d'autres femblables prifes par les miniftres de Louis XIV ou les magiftrats de police de Paris, font d'aurant plus effentiels en temps de difette, que l'avarice du laboureur s'accorde prefque toujours avec celle du marchand, & qu'ils s'entendent l'un & l'autre pour foutenir le haut prix des grains.

que

On en vit des exemples fameux fous ce règne, ainfi de nos jours. Le commilaire la Marre en rapporte plufieurs, jufques là qu'en 1693, de trèsriches propriétaires ruraux aimèrent mieux laifler gâter d'immenfes quantités de grains que de les vendre au prix de fo liv. le fetier, ce qui feroit aujourd'hui 75 livres, efpérant que cette cherté augmenteroit encore, & qu'ils gagneroient davantage.

Nous voyons, dans ces jours de troubles & de difette, quelque chofe d'à-peu-près semblable. Des

MM. Bourdon de la Crofnière & Charpentier, repréfentans de la commune de Paris, députés par l'hôtel-de-ville auprès de l'affemblée nationale & du premier miniftre des finances, pour aviter aux moyens d'aflurer la fubfiftance de Paris, ont rapporté à la commune que l'affemblée nationale a, par fon arrêté du jour d'hier (7 feptembre 1789), renvoyé lefdits députés à fe pourvoir vers le pouvoir exécutif, l'aflemblée a en conféquence arrêté que le roi foroit fupplié de prendre en confidération la pofition dans laquelle fe trouve la ville de Paris, relativement à fes fubfistances, & de venir à son secours par les moyens les plus prompts & les plus fürs que fa fageffe lui fuggérera: qu'en conféquence, il plût à fa majefté ordonner entr'autres chofes :

1°. que chaque laboureur & fermier, dans l'étendue de la généralité de Paris, fera tenu, à compter du jour de la publication de l'arrêt à intervenir,

de

porter, chaque femaine, au marché qu'il eft dans l'ufage de fréquenter, la quantité de trois fetiers au moins par charrue, & ce par provifion, & jufqu'à blir de nouvelles proportions dans ladite fixation, ce qu'il en ait été autrement ordonné, fauf à étas'il y a lieu, d'après l'obfervation des municipalités dans, fur la quantité plus ou moins forte que des lieux dans lefquels lefdits laboureurs font réfichacun d'eux pourra fournir.

2°. Que la ville de Paris qui, par la population; ne peut être affimilée à aucune des autres villes du royaume, & qui ne peut être approvifionnée que par des mefures extraordinaires, que les circonftances préfentes rendent encore plus néceffaires, fera maintenue dans le droit d'appliquer à fa confommation, les grains récoltés dans l'enceinte de fon arrondissement.

3°. Que cet arrondiffement, que les anciennes loix avoient fixé à dix lieues, fera, eu égard à l'aggrandiffement fucceffif qu'elle a reçu depuis ces loix, à la difette des récoltes précédentes & aux approches de l'hiver, étendu à vingt-cinq lieues.

4. Qu'il fera donné aux troupes & aux maréchauffées tous les ordres néceffaires pour la fûreté des fermiers & des laboureurs, des boulangers & des marchands pour l'approvifionnement de Paris, & pour la tranquillité & le bon ordre fur les routes, dans les marchés, les moulins & en général pour tout ce qui concerne la circulation intérieure des grains & farines.

5°. Qu'à l'effet d'aflurer l'exécution des mefures

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l'afage de fréquenter, une quantité de grains proportionnée à l'étendue de fon exploitation.

» II. Ordonne, fa majefté, que tous les marchés exiftans dans la généralité de Paris, dans une étendue de quinze lieues de rayon, feront & demeu→ reront spécialement affectés à l'approvifionnement de fa bonne ville de Paris, & qu'en conféquence, après les deux premières heures des marchés, pendant lefquelles il fera loifible aux habitans des lieux cù fe trouvent lefdits marchés, & aux habitans des lieux circonvoifins de fe pourvoir des grains dont ils auront befoin pour leur confommation, les boulangers, marchands & commitlionnaires, munis d'un billet de la municipalité de Paris, foient admis à l'exclufion de tous autres, à acheter les grains qui resteront invendus dans leídits marchés.

-L'arrêt du confeil intervenu porte: « Sa majefté a bien voulu avoir égard aux demandes des repréfantans de la commune de Paris, perfuadée qu'ils ne feront ufage qu'avec ménagement des moyens dont ils ont deflein de fe fervir, & qu'ils fe concerteront avec les autres municipalités de la généralité de Paris, afin que l'approvifionnement de toutes les parties de cette généralité ne foit jama's compromis. Sa majefié eft inftruite, par l'expé- II. Excepte néanmoins des difpofitions de rience, que fi la fubfiftance d'une ville auffi confidérable que Paris, peut être confiée dans les temps l'article ci-detlus, la ville de Verfailles, dont les ordinaires à la parfaite liberté du commerce, il étoit boulangers & autres perfonnes fpécialement charindifpenfable de prendre des précautions plus affu-gées de fon approvifionnement, pourront concur

remment ou de concert avec les boulangers & les marchands chargés de celui de Paris, acheter des grains & farines dans toute l'étendue de l'arrondiffement ci-deflus fixé, en juftifiant feulement par eux des pouvoirs qui leur feront donnés à ce fujet par la municipalité de Verfailles.

» IV. L'intention de fa majefté, eft qu'il foit donné toute fûreté & protection aux fermiers & cultivateurs, Four l'apport & la vente de leurs grains aux marchés, & aux boulangers, marchands & commiflionnaires ci-deffus défignés pour l'achat, l'enlèvement & tranfport deldits grains; veut en conféquence fa majefté, que, quiconque entreprendroit de mettre obftacle à la vente & circulation defdits grains, foit réputé perturbateur du repos public, & puni comme tel, fuivant la ri gueur des ordonnances.

rées dans une circonstance difficile & à la fuite d'une année de difette. Le roi guidé par ce principe a garanti, par fes foins prévoyans, la ville de Paris des malheurs auxquels elle auroit été foumife, fi, dès la fin de l'hiver dernier, le roi n'avoit pas pourvu à la plus grande partie de fa fubfiftance, par des bleds achetés dans l'étranger; & fi l'immenfité des fecours que le roi s'étoit procuré fucceflix ement D'avoit pas fuffi depuis quelques mois à l'approvifionnement entier de Paris, de Verfailles & d'une grande partie de la généralité, & ces lecours y auro ent répandu la plus grande abondance, fi les befoins qui fe font en même temps manifeftés en Normandie, n'avoient pas obligé de deftiner à la fubfiftance de cette province, une portion des convois qui empruntoient fon territoire pour venir jufqu'à Paris. Les pays étrangers, dont on peut tirer des fecours prochains, le trouvant dans ce moment abfolument épuisés, il faut attendre que les récoltes tai dives du nord procurent de nouvelles reffources; mais comme ces geffources, par les foins vigilans & paternels de fa majefté, mettront en état de procurer à la ville de Paris un fecours extraordinaire de cont ou cent vingt mille fetiers dans les mois de novembre & de décembre, & qu'un pareil fecours permettra aux repréfentans de la commune de fe difpenfer des moyens extraordinai-joint en outre fa majefié aux différentes municipalires qu'ils font obligés d'employer, en ce moment pour l'approvisionnement de la capitale, le roi a jugé à propos de n'autorifer que jufqu'à la fin de cette année les difpofitions particulières qu'ils follicitent. A quoi voulant pourvoir ouï le rapport, le roi étant en fon confeil, a ordonné & ordonne ce qui fuit:

» 1°. A compter de la publication du préfent aret, tout propriétaire, cultivateur ou fermier fidant dans la généralité de Paris, fera tenu de de porter chaque femaine au marché, qu'il eft dans

» Vo. Pour affurer l'exécution, tant des difpofitions ci-deffus, que des autres mefures relatives à l'approvifionnement de la ville de Paris, attribue fa majefté à la municipalité de ladite ville, tous les pouvoirs & toutes les fonctions qu'exercoient ci-devant, relativement à fon approvifionnement, tant le lieutenant de police d'icelle, que l'intendant & commiffaire départi en la généralité de Paris; en

tés de ladite généralité, de correfpoddre & fe concerter avec celle de Paris, & de veiller & tenir la main à l'exécution du préfent arrêt. Enjoint pareil lement aux maréchauffées répandues dans toute l'é tendue de ladite généralité, & en cas de befoin aux commandans des milices bourgeoifes & des trocpes réglées, de prêter main-forte toutes les fois qu'ils en feront requis.

» VI. Les difpofitions ordonnées par le préfent arrêt ne fubfifterent que jufqu'à la fin de cette année, à moins qu'il n'en foit autrement ordonné. »

C'est en conféquence de cet arrêt du confeil que l'aflemblée des repréfentans de la commune a pris l'arrêté fuivant, le jeudi 10 septembre 1789.

» Art. VI. Les mêmes commiflaires pourront fe tranfporter aux mêmes fins, par-tout ailleurs, fur les inftructions qui leur feront données par le comité de fubfiftance.

& affiché. »

&

Sur ce qui a été représenté à l'assemblée, qu'indépendamment des anciennes caufes de la di- » Art. VIII. L'affemblée ordonne que M. le fette préparée par les mauvaises récoltes & les gens commandant-général donnera tous les ordres mal intentionnés, la cupidité dé quelques proprié-fournira tous les fecours néceffaires pour affuter taires & fermiers fouftrait aux approvifionnemens l'exécution du préfent arrêté, qui fera imprimé & du peuple les récoltes dont la fociété ne leur garantit la fureté que pour le bonheur public, auquel le leur eft néceffairement attaché & fubordonné ; &, ce qui eft bien plus fàcheux encore, que les violences d'un grand nombre de mauvais citoyens repouflent loin d'eux labondance qui leur eft offerte par les honnêtes propriétaires & fermiers, d'où il réfulteroit néceflaitement une difette factice, & une famine réelle au milieu de la plus belle récolte; l'aflemblée voulant pourvoir tout enfemble à l'approvifionnement de Paris & de toutes les villes & villages de fon arrondiffement dont les intérêts ne lui font pas moins chers que ceux de la capitale, a arrêté qu'il feroit à l'infant nommé par elle douze de fes membres à l'effet qui fuit.

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» Art. III. Les commiffaires fe tranfporteront auffi, de fuite, dans les fermes de l'arrondiffement pour y faire battre faus interruption, faire conduire d'abord dans les marchés, par chaque femaine, la quantité des grains que comportera chaque ferme, au terme de l'arrêt, & acheter le furplus, à mefure des battages, & le faire conduire dans les moulins de l'arrondiffement,

» Art. IV. Le prix des grains conduits directement dans les moulins, pour le compte de la ville de Paris, fera payé par les facteurs de la halle, ou par le tréforier de la ville, fur les reconnoiffances qui feront données, foit par les commiflaires, foit par les meuniers, ou autres prépofés aux moulins qui auront été indiqués par les commiflaires, & ce, au prix courant des marchés,

Art. V. Les commiflaires procéderont auffi au recenfenient, dans chaque arrondiflement, de la quantité de grains que chaque fermier peut fournir,

Il eft quelquefois néceflaire, dans les inflans de difette, de veiller à ce qu'il ne fe fafle pas un trop grand gafpillage de grains dans certaine partie des arts, comme font les brafleries, les amidoneries, les diftilleries de grains, &c. car, quoique quelques-uns de ces emplois ne foient qu'en grains dont on ne fait pas toujours ufage four le pain, il eft cependant utile d'en empêcher l'abus; puifqu'on pourroit, fi la difette augmentoit, en tirer une utilité réelle. Un arrêt du confeil du premier mai 1693 ↑ par les motifs que nous venons d'énoncer, fait trèsexpreffes inhibitions & défenfes à toutes perfoones fans diftinction, de braffer & fabriquer aucunes bières, de quelque nature & qualité qu'elles foient, dans toute l'étendue du royaume, ni aucune caude-vie de bled jufqu'au premier janvier prochain, à peine de confifcation & de ;000 liv. d'amende en exceptant feulement les provinces de Flandres, Artois, Hainault & Luxembourg.

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moyens à prendre en temps de difette pour en Nous ne nous étendrons pas davantage fur les fième divifion que nous avons propofée, c'est-àarrêter la continuité, & nous pallerons à la troidire, aux foins à donner aux pauvres & à la fûreté publique, après que nous aurons réfumé ce que nous venons de dire des mefures à prendre en temps de difette. Eiles le réduilent en général à ceci. 1. Empêcher les fociétés qui veulent faire de grands achats de bled; 2°. obliger les marchands à appor ter leurs grains au marché; 3°. favoriler le commerce des blatiers, & la circulation de province à province; 4°. faire vendre fur le port ou au marché fans permettre l'emmagafinage; 5o. empêcher les boulangers de faire des amas, & les forcer à cuire au jour la journée, en les menaçant de rendre, à tous ceux qui voudront l'exercer, le droit de faire & vendre du pain; 6o. faire intervenir le pouvoit exécutif quand les municipalités s'opposent au tranfport des grains; 70. obliger les laboureurs à battre s'ils le refufent; 8°. empêcher les brafleries, difti'leries, &c. d'employer des grains jufqu'à nouvel ordre; 9o. donner appui & protection aux convois de bled, foir qu'ils viennent au compte de la ville, des marchands ou des boulangers, ainfi que vient de le faire fagement l'aflemblée des représentans de la commune de Paris.

III. Nous avons dit qu'il falloit calmer le pou ple, le fecourir & empêcher les defordres publics,

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