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L'objet de ces approvifionnemens ne doit pas d'ailleurs être confidéré par les corps contribuables, comme une levée faite fur leurs propriétés ou leurs revenus, parce que ceux qui auront fourni des grains feront remplacés en grains dans l'efpace de peu d'années ; & ceux qui auront fourni des fonds pour l'achat des grains qu'ils devoient fournir en nature, feront remboursés de leurs avances & intérêts par lefdits magafins d'abondance, ainfi qu'on le prouve ci-après.

Ces approvifionnemens pourront être facilités dans le principe par les communautés & maifons religieufes rentières, &c. qui prêteroient chacune, à charge de remplacement en deux récoltes au plus tard le quart de leur approvifionnement, ce qui équivaudroit fur le champ au moins à la moitié des quantités de grains que devront contenir lesdits magafins d'abondance, & faciliteront l'achat de l'autre moitié, qu'on obtiendra dans ce cas à un prix d'autant plus modéré que fans ce fecours il y auroit à craindre que l'achat des approvifionnemens entiers defdits magafins n'occafionnât une augmentation fenfible fur le prix des grains dans toutes les provinces où l'on répartiroit ces achats.

Il fera de plus très-prudent, lorfque l'on commencera à acheter pour former le premier approvifionnement des magafins d'abondance, de ne permettre aucune exportation chez l'étranger, par le commerce, ni par lefdits magafins; de ne laiffer fortir du royaume que ce qui fera jugé être indifpenfablement néceffaire à l'approvifionnement de nos colonies; on feroit même très-bien de furveiller que ce qui s'embarqueroit pour les befoins des équirages de nos vailleaux marchands ne foit que ftrictement proportionné auxdits befoins.

en faifant des demandes chez l'étranger, lorfque par des cas néceffiteux, ces magafins feront dans l'obligation d'en tirer des grains.

Leur bénéfice principal se trouvera dans la liberté du commerce d'exportation en farines, qu'il conviendra de leur accorder exclufivement à tous fpéculateurs & commerçans, fauf l'approvifionnement des colonies qui pourroit continuer d'être fait par le commerce.

Par cette liberté, ils jouiront d'une exportation annuelle d'environ 1300 mille fetiers.

On dit que l'approvisionnement de tous les magafins d'abondance iroit à environ deux millions de fetiers, qu'ils feroient aidés d'un pareil nombre par les communautés religieufes, &c. ainfi ils auront donc à leur difpofition une maffe d'environ quatre millions de fetiers. Que le tiers de ce nombre, qui excède 1300 mille fetiers, foit exporté en farines chaque année, du fort au foible, il procurera feul un bénéfice de neuf millions: en voici la preuve.

Le fetier de bled froment du poids de 240 liv. rend, par la mouture économique :

En toutes farines

En iffues..

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180 1.

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Toute la dépense ira au plus à 241. 5 f.

Produit en deniers par chaque fetier de bled, dont les farines blanches feront deftinées à l'exportation.

Des cent quatre-vingt livres de toutes farines que rend le fetier, il n'y en a que cent foixante livres qui conviennent pour la mer.

Quant aux ménagemens à prendre pour les achats nécellaires à l'approvifionnement des magafins d'abondance, ainfi que pour la confervation de leurs grains & farines; l'économie dans leur exploitation, celle des frais de régie & de manutention: ces ménagemens ne font point de notre objet, non plus Son prix étant ordinairement de to liv. le baril, que la grande police qu'il conviendia d'étabar du poids net de cent quatre-vingt livres, quand le pour ces magasins , comment ils devront correl-bled ne vaut que 20 liv. le fetier, ce prix porte cepondre entr'eux pour les fecours mutuels de lui de la livre de farine à fols 3 leurs provinces, la forme de leur comptabilité cent foixante livres de farine b'anche à 3 fols 4 den. économique, la prudence qu'on devra obferver donneront... 261. 13 f. 40.

deniers; ainfi

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De l'autre part, 261. 13 T. 48. | non cherté un bénéfice constant de 30 fols pár chaVinge livres de bise & bise blanque fetier, tel qu'on le voit ci-après.

che à fol 6 den.....

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Cent foixante livres de farine

L'exportation en farines pouvant être annuelle-blanche, à 2 f. 9 den.... ment du produit de 1300 mille fetiers de grains, donc le plus bas bénéfice ne peut être moindre de sliv.

liv. 15 f. 10 den. par fetier, les magafins d'abondance pourront avoir entr'eux un bénéfice net & annuel de plus de 7 millions 500 mille liv.

Ces évaluations n'étant faites que fur le plus bas prix du bled & de la farine, & cette dernière production laiffant un bénéfice plus fort quand le bled eft à 24 liv. le fetier, taux que l'on peut prendre pour commun, on peut estimer fans aucun doute que le bénéfice annuel des magafins d'abondance ira au moins a 9 millions, ce qui en fept années leur procurera.. 63,000,000 1. Leurs frais de conftruction pouvant aller à....

....

Leur mife en grains devant être de 1920 mille fetiers dont l'achat pourroit revenir à 22 liv. le ferierf'un dads Fautre, leur occafionnera

12,800,000

des rembousemens ensemble de..... 42,240,000
Les intérêts de cette dernière fom-
me, qui aura été remboursée par par-
tie au fur & mefure des bénéfices,
pouvant monter au plus qu'à...... 7,960,000

ne

On voit que tous les paiemens enfemble de.... 63,000,000l. pourront être effectués en fept années par les bénéfices ci-deflus, d'où il fuit qu'après la feptième année de la création des trente-deux magafins d'abondance, la France jouira gratuitement de trentedeux établissemens, qui repréfenteront entr'eux une valeur de plus de 55 millions, fufceptible de confacrer chaque année au moins 9 millions à fon bien-être, & à lui aflurer pour toujours la plus grande fécurité fur la partie des grains.

Vingt livres de bife & bife blanche, à 1 f. 6 den.............

Cinquante-quatre livres d'iffues, attendu que le déchet feroit moins fort que lorsqu'il s'agit de mouture & de manutention pour exporter par mer; lefdites cinquante-quatre livres d'illues, à 9 den.......

La dépenfe étant de 241.
Le bénéfice fera de 1

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ር. d.

1Ο 6

251. 10f. 6d.

En fuppofant que ces magafins vendent en farines l'équivalent de 20 mille fetiers de grains, ils auront, en vendant à des prix fufceptibles de maintenir toujours ceux des marchés à un taux modéré, un autre bénéfice annuel de 30 mille liv. chacun, 'ce ́ qui fera pour l'ensemble defdits magasins une fomme de 960 mille liv. qu'ils auront à confacrer de plus au bien & à la fécurité publique.

Par ce fecond avantage, ils éviteront des déchets de manutention & autres pour conferver leurs grains en nature, puifque leur vente journalière les mettra à même de les renouveller auffi fouvent que leur adminiftration le jugera à propos.

Les maisons & communautés religieufes s'épar gneront auffi ces mêmes déchets, fi elles fe déterminent à confier aux magasins d'abondance les quantités de grains qu'elles voudront renouveller, pour que le remplacement leur en toit fait par cux, dans un temps convenu de gré à gré, par des grains en qualités femblables à celles qu'elles auront données.

Avec le produit de ces grains, que les magafins Les revenus de ces magafins pourroient auffi s'ac-d'abondance convertiront en farines à leur conve*croître en leur attribuant la liberté non exclufive du commerce des farines dans l'intérieur du royaume,

Par cette liberté ils pourroient fournir des farines au public en tout temps, foit en vendant fur les marchés, foit en vendant auxdits magafins même,

Cette vente leur procurera dans des temps de

nance, ils en achetteront d'autres pour les remplacemens à faire aux communautés; & cette opération économique pour les maifons religieufes, pourra accroître auffi les revenus des magalins d'au moins. un million par année.

Enfin, pour ajouter encore à l'intérêt de ces magafins ceux de divers corps & établissemens d'hu ma¬

aité, il conviendroit de leur attribuer la fourniture

alors il faut avoir néceffairement recours à l'étran

du pain des troupes de terre & de mer, & des hô-ger, & pour cela on s'y prend de deux manières ; pitaux & prifons.

Ces corps feroient, pour la plupart nourris d'un meilleur pain; le prix reviendroit moins cher à leurs administrations particulières; les magafins y trouveroient, finon un avantage pécuniaire, du moins un debouché conftant qui leur facilitera le renouvellement de leurs anciens grains contre de nouVeaux; & l'on eftime que la mafle de la nation trouvera par ces fournitures, très-compatibles avec l'établissement des magafins d'abondance, une économic annuelle de plufieurs millions.

ou en encourageant l'importation étrangère, ou en envoyant des commissaires nationaux dans les ports de nos voifins chercher ce qui nous manque en bled ou farine.

C'eft ainfi qu'ayant eu l'imprudence de ne point fufpendre l'exportation des grains, tout de fuite après l'orage du 20 juillet 1788, nous avons été obligés d'avoir recours aux étrangers, & de propofer des primes pour les déterminer à apporter du bled dans nos ports. L'arrêt du confeil, du 23 novembre 1788, accorde pour fix mois une gratification de 30 fols, par quintal de bled & 40 fols par quintal de farine qui viendront des états-unis de l'Amérique en France, pour y être vendus.

Par ces divers moyens, les magafins d'abondance pourront fe former un revenu annuel de 12 millions au moins, qui, dans des années de rareté, qu'on fuppofe être au plus d'une année fur huit, les mettra dans la poffibilité de facrifier au bien de la nation un capital de 80 millions au moins, auquel ils pourroient en joindre un autre de 30 à quarante millions par emprunt ou anticipation fur leurs revenus futurs, & devenir, dans des temps de détreffe en grains, beaucoup plus fecourables que n'auroit jamais pu l'être le roi en obérant les revenus, dont les antici-jouet de ceux qu'il emploie. C'eft ainfi que Louis pations refluent tôt ou tard für la nation même.

Un autre avantage national pourroit auffi fe trouver par l'effet des bénéfices de ces magafins: le voici.

Dans les années où ils n'auroient pas de facrifices à faire en faveur du public, ils pourroient verfer, fans rétributions d'intérêts, leurs bénéfices dans la caiffe nationale d'amortiffement, afin de contribuer d'autant à éteindre la dette de l'état, mais fous la condition que cette caifle rendra fans délai les capitaux qui lui auront été confiés par lefdits magafins, lorfqu'ils feront dans la néceffité d'en disposer pour l'objet de leur conftitution, qui ne peut jamais être autre que de confacrer les revenus au bien géneral de la nation.

L'on conçoit que fi, par cès moyens ou d'autres femblables, on parvenoit à avoir en réferve une certaine quantité de grains pour parer aux momens de difette, non-feulement le peuple n'auroit point tant à fouffrir, les accapareurs feroient déroutés, & fur-tout le gouvernement n'auroit point à craindre dans des momens de révolution, les agitations, les murmures, les menaces d'un monde d'ouvriers d'hommes délœuvrés, perpétuellement mûs par les ennemis da repos public, qui s'en fervent comme de machine à qui la peur de manquer de pain fait zout faire, comme nous aurons occafion de le détailler plus bas.

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Mais lorfque, faute de greniers de précaution, on a à craindre les fuites d'une mauvaise récolte,

La voie des commiffionnaires eft plus difpendieufe; elle expofe le gouvernement aux manœu vres de la cupidité & met la tranquillité du royaume entre les mains de quelques agens fouvent avides. Cependant, malgré ces défauts, on les a quelquefois utilement employés ; mais il faut que le prince ait de l'activité & foit craint pour ne pas être le

XIV, qui, defpote par principe & par caractère, favoit néanmoins agir avec fageffe & intelligence, envoya plufieurs fois, & notamment dans la difette de 1692, des perfonnes dans le nord & à Dantzick, chargées de faire des achats confidérables de bled. C'eft la flotte qui les portoit que le célèbre JeanBart fit pafler hardiment au milieu des efcadres ennemies à l'aide de quelques bâtimens armés en guerre, dont il avoit le commandement.

Tous ces foins, au refte, feroient peu fructueux, & la difette deviendroit l'état habituel d'un royaume, fi l'attention publique ne fe portoit point fur les travaux de la culture, fource de toutes richesses & de tout bien.

Pour les entretenir ces travaux dans un degré d'activité, tels que la fécondité de la terre réponde à nos befoins, il faut trois chofes principales, 1o. des hommes en nombre fuffifant; 2°. que ces hommes aient le courage & la capacité néceffaires ; 3°. enfin qu'ils aient les inftrumens & les moyens propres à leurs travaux. De là la néceffité de ne point arracher les hommes à la terre, soit par le grand nombre de domeftiques, foit par un état militaire trop nombreux, ou tout autre moyen; de là encore le befoin d'hommes forts & inftruits dans les travaux champêtres, encouragés par des prix ou des récompenfes, tels qu'en procure l'établiffement des comices agricoles. Voy. AGRICUL

TURE.

Mais un moyen qui peut quelquefois prévenir les malheurs d'une difette réelle, parce qu'il en peut

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que

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le plus beau fans doute de tous eft le plaidoyer de Lyfias, célèbie orateur athénien: fi la matière n'étoit point déja trop abondante, mes lecteurs me fauroient gré fans doute de le rapporter ici. Ils y verroient les précautions que les athéniens prenoient de leur approvisionnement, les loix prononcées contre les accapareurs, & enfin la haine qu'infpiroit ce nom au peuple. Ce qu'il y a de très-remarquable. dans ce plaidoyer, c'eft qu'il eft clair & qu'il prouve bien ce que l'orateur veut prouver, mérite rare dans les ouvrages de ce genre qui nous restent des

L'on a pu voir, au mot ACCAPAREUR, les loix prononcées contre eux par notre légiflation, ainfi nous ne les rapporterons, pas ici. J'ajouterai feulement qu'un des plus fürs moyens d'anéantir cette vermine, c'eft l'établissement des municipalités électives; elles feules peuvent mettre la fubfiftance nationale à l'abri des atteintes de l'avarice, en maintenir le commerce libre & immune, & prévenir les écarts que l'inquiétude populaire fait naître dans les temps de cherté.

été informé ayant « Le roi, y eft-il dit,' plufieurs particuliers & laboureurs peu inftruits que la cherté des bleds ne provient que de l'artifice des marchands & autres qui font commerce & qui les ont recelés pour en faire augmenter le prix, appré-anciens. hendant d'en manquer, & qu'il ne leur en reftât pas Luffisamment après qu'ils auroient enfemencé leurs terres, pour la fubfiftance de feurs familles pendant toute l'année, fe propofoient de ne point femer leurs terres, ce qui cauferoit par la fuite la ruine defdits particuliers & laboureurs & porteroit un préjudice confidérable au public. D'ailleurs fa majefté ayant reconnu, par l'examen des procès-verbaux de vifite qui font faits journellement en exécution de la déclaration dus feptembre dernier (1693) qu'il y a fuffifamment de bled dans le royaume, non-feulement pour les femences, mais encore pour la nourriture entière des peuples..... En conféquence, enjoint à tous laboureurs, fermiers & autres perfonnes tenant & faisant valoir leurs terres par leurs mains, de femer toutes celles qui par l'ufage des pays & des cantons doivent être femées, & ce dans le temps convenable, fuivant la nature des grains & l'ufage des lieux.... autrement & faute de ce faire fa majesté permet à toutes fortes de perfonnes de les enfemencer, moyennant quoi ils en recueilleront tous les fruits, fans qu'ils foient tenus d'en donner aucune part ou portion aux propriétaires & fermiers defdites terres, &c. ».

....

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Cette ordonnance; dont les difpofitions paroiflent à quelques égards, contraires aux droits de propriété, produifit néanmoins un bon effet, parce qu'on favoit que le roi avoit le pouvoir de la faire exécuter. Dans des temps orageux ou ceux d'une autorité contestée, peut-être feroit-elle déplacée.

Quoi qu'il en foit, l'on voit par les plaintes du roi, qu'alors comme aujourd'hui, comme de tous les temps, accapareurs, non-feulement cherchoient à s'enrichir aux dépers du public, mais encore femoient des bruits propres à plonger le royaume dans les plus grands malheurs.

C'est quelque chofe d'étonnant que la cupidité des marchands de grains dans les temps de difette! Ces lâches femblent ne tenir ni à l'honneur ni à l'état; leur avidité eft quelquefois la caufe de leur perte, fans cependant les corriger.

Il nous refte un nombre confidérable de monumens des maux qu'ils ont caufés à Rome, dans la Grèce, & fous les règnes de notre monarchie. Mais

La prudence demande encore des officiers municipaux, qu'ils connoiffent les marchés fur la fourniture defquels on peut habituellement compter afin que lorfqu'elle paroîtra manquer ils portent leur attention fur le befoin & ne laiflent point fouffrir la fubfistance.

C'eft fur-tout la capitale qui exige particulièrement ce soin, parce que c'est là que les progrès du défordre font les plus fenfibles au moindre figne de difette, à la moindre détreffe dans les fubfiftances. Je dois donc, pour donner à mon ouvrage un des genres d'utilité qui lui convienrent davantage, railembler içi quelques notions fur les marchés qui approvifionnent Paris, ne me flattant pas d'une exactitude géométrique à leur égard; dans pareille matière des à-peu-près fuffifent ou du moins guident le raifonnement & la pratique d'une manière à ne pas commettre des écarts inattendus.

Du nombre des lieux d'où Paris tire sa subsistance,

les uns font près, les autres éloignés, & tous enfemble ils forment un cercle d'environ cinquante lieues de circonférence dont cette grande ville eft à-peu-près le centre : les voici dans l'ordre de leurs

distances.

Goneffe, le plus proche de fes marchés, eft à quatre lieues de Paris. C'eft un gros bourg environné de plufieurs groffes fermes qui s'étendent fur d'autres terroirs des meilleures terres de l'ifle de France. Une partie de fes habitans eft boulangers, mais for commerce en pain n'est point auffi confidérable aujourd'hui qu'autrefois il l'eft plus de moitié moins. Ce marché ne paffe guère cinquante à foixante muids, y compris le bled que les forains picards y apportent quelquefois.

Lagny

Lagni eft un lieu des plus commodes pour le commerce des grains; c'eft une ville de Brie, à fix ou fept licucs de Paris. Elle eft environnée de groffes fermes dans un pays fertile en bled, fur les bords de la Marne, & d'où l'on peut en un jour defcendre aux ports de Paris. Les plus forts marchés ne patfent pas vingt-cinq muids; ils fe tiennent trois fois la femaine, le mercredi, le vendredi & le famedi.

Brie-Comte - Robert eft auffi fituée en Brie, à fept lieues de Paris, & dans un très-bon terroir : le marché s'y tient le vendredi, & il s'y trouve louvent jufqu'à cent muids de bied.

Montllery, gros bourg en Hurepoix, à sept lieues de Falis, cit un des forts marchés des environs de Paris; il s'y trouve quelquefois jufqu'à trois à quatre cents muids de bled (1). Tout ce bled n'eft pas le produit de fon terroir; il en vient d'Etampes & de quelques endroits de la Beauce.

Dammartin cft un gros bourg de l'Ile-de-France, à huit heues de Paris aufli-bien fitué que Goneffe pour l'abondance; l'on y trouve au jour de marché foixante à quatre-vingt muids de bled.

Tournau eft un bourg dans la province de Brie, à neuf lieues de Paris; le marché y tient le lundi, il eft ordinairement de vingt à trente muids au moins.

Melun eft une ville de la Brie, fur la Seine, à dix lieues de Paris: c'eft le lieu le plus commode que l'on puifle defirer pour le commerce des grains, tant par la fertilité de la terre des environs qui en produit abondamment, que par la commodité de la rivière pour les conduire à Paris. Le marché s'y tient toutes les femaines le mercredi & le famedi, mais le famedi eft le plus fort. Il s'y trouve ordipalement de cent-vingt à cent cinquante muids

de bled.

Meaux, ville de la Brie, fur la Marne, à dix lieues de Paris, peut fournir chaque jour de marché cent muids de bled.

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Lify, petit bourg de la Brie, à deux licues de Meaux & douze de Paris eft dans une fituation des plus avantageufes qui fe puifle defirer pour le commerce des grains; il eft limitrophe de l'ific de France, du Mulcien & de la Brie, rois des plus fertiles provinces du royaume. La rivière d'Ourcy pafle au milieu, & peut y amener les grains des licux les plus éloignés du Mulcien & d'une partie du Valois. Le port de Marri fur la Marne n'en eft qu'à un demi-quart de lieue, où ces mêmes bleds peuvent être chargés pour Paris: aufi étoit-ce autrefois l'un des plus forts marchés de la province; l'on y trouvoit fouvent jusqu'à trois cents muids de bled; mais ce commerce eft déchu, & l'on n'y trouve guère qu'une vingtaine de muids à préfent.

Dourdan eft une petite ville de la Beauce, à douze lieues de Paris; elle peut fournir, chaque jour de marché, cent a cent cinquante muids de bleds. Mantes, à douze lieues, offre une fourniture à peu-près auffi forte ainfi que Houdan, ville à égale distance de Paris.

Coulommiers, petite ville de la Brie, à treize lieues de Paris; le marché fe tient le mercredi: le plus fort n'eft que de vingt-cinq à trente muids.

Farmoutiers, en Brie, à douze lieues; le marché tient le lundi: le plus fort ne paffe pas ordinairement cinq à fix muils.

La Ferté-fous Jouare, à quatorze lieues de Paris, fur la rivière de Marne. Le plus fort marché n'est que de cinq à fix muids. Rebuis, autre petite ville du même pays, à la même diftance, per offrir un marché de cent muids; mais Nangis n'offre que dix ou douze fetiers.,

Etampes, en Beauce, à vingt lieues de Paris: fa fituation dans un pays très-fertile en bled, rend le marché qui s'y tient chaque femaine fort abondant. Il s'y trouve jufqu'à cent cinquante muids de bled.

Château-Thierry, petite ville de Champagne, à dix-huit lieues de Paris, peut fournir chaque jour de marché cinquante muids.

Montercau-Fault-Yonne, petite ville limitrophe de la Brie, du Gatinois & de la Bourgogne, à dixhuit lieues de Paris, fur les rivières de Seine & d'Yonne qui entre dans la Seine en cet endroit. Le marché s'y tient le famedi, il eft ordinairement de quatre-vingt à cent muids de bled.

Provins, quoique dans une partie de la Brie trèsfertile, n'a cependant qu'une foible fourniture de grains; elle ne paffe pas quinze à vingt muids.

Nogent-fur-Seine, petite ville limitrophe de la Brie & de la Bourgogue, à vingt-deux lieues de Paris. Sa fituation avantageute & fon port la devroient rendre. fort marchande; cependant les plus forts marchés ne montent pas à cinquante ou foixante' muids de bled.

Sens, ville de Bourgogne & capitale du Senonois à vingt-deux licucs de Paris, fur la rivière d'Yonne; le marché s'y tient le famedi, peut aller jufqu'à

cent muids tout au plus.

il

Merri, petite ville de Champagne, fur la rivière de Seine, à vingt-quatre licues de Paris: le mar ché va depuis quatre-vingt jufqu'à cent muids.

Arcis-fur-Aube, petite ville de la province de Champagne, à vingt-fept lieues de Paris: le mar che s'y tient le vendredi; il eft habituellement de trente à quarante muids, mais c'eft ordinairement

(p) L'on fait que le muid de Paris contient douze feriers, pefant chacun 40 livres. Jurifprudence, Tome X. Police & Municipalité.

F

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