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redoutes à la tête du pont de Cologne, pour protéger le passage du Rhin, en cas qu'il fût forcé à la retraite. Il en confia la garde à la légion de Bourbon, émigrée, en lui disant : « Je sais que je vous donne un poste extrêmement difficile à garder; mais le cas pressant où je suis, et la haute opinion que j'ai de votre bravoure, me persuadent que je ne puis le mettre en de meilleures mains. En effet, cette légion conserva son poste pendant cinq heures, repoussant tous les efforts de l'ennemi, qui essaya de tomber sur son arrière-garde, et ne se retira que toute l'armée n'eût passé le fleuve.

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« Le 7 septembre, il y eut une adresse présentée à milord Beleare, par un grand nombre d'émigrés, afin d'obtenir de n'être pas dans la légion de M. du Dresnai, qui devait recruter dans les prisons; vu qu'il serait désagréable pour MM. les gentilshommes, qui sont faits pour commander, d'être associés, et de servir avec des hommes qui ont mal pensé jusqu'à présent, et dont la conduite n'est pas intacte; afin d'être conservés en l'état où ils se trouvent, soit pour servir pour leurs roi et princes, soit soit pour la défense de l'île. De plus on débitait que cette légion devait aller en Allemagne; et presque aucun des émigrés ne voulait y aller; mais tous étaient disposés à se rendre auprès des royalistes de la Vendée.

On a frappé à Paris grand nombre de médailles, qui ont été envoyées aux armées du Nord et de la Moselle; on les fait circuler actuellement

dans les pays nouvellement conquis. Elles représentent le génie de la république française, appuyé sur une urne, de laquelle découle le Rhin; sur le fond, sont gravés ces mots latins: Nec plus ultra. Le but est d'annoncer que les Français se proposent de pousser leurs conquêtes jusqu'au Rhin, et que ce fleuve, par ses différens cours, depuis Huningue jusqu'à la mer, doit servir de bornes à leur vaste empire.

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« Les lettres de Paris du 1" décembre, assurent que la convention nationale a dessein de décréter qu'elle ne rejettera pas les propositions qu'on fera pour la paix. On parlait à Paris, le 17, du retour des émigrés, et même de leur restituer leurs biens, dont la vente serait déclarée nulle, à l'exception d'un dixième, qui serait retenu pour les frais de la révolution.

• Paris, 21 janvier 1795. Dans le cours du mois dernier, la dépense publique excédait la recette de l'énorme somme de deux cent huit millions quatre cent soixante mille deux cent vingt livres. Le nombre des hommes mis en réquisition, ou levés par tous autres moyens, pour le service militaire, depuis le premier janvier 1792, monte, y compris l'ancienne armée, telle qu'elle était alors, à 1,778,000 hommes: cent dix-neuf mille n'ont pas rejoint, 53,000 ont déserté, 167,000 ont péri dans les hôpitaux militaires, et 610,000 ont été tués par l'ennemi ou faits prisonniers de guerre; toute l'armée est donc à présent de 829000 hommes.

Par jugemens des différens comités et tribunaux militaires, 16,660 personnes ont été condamnées. La perte de notre capitale seule monte à 12,600 personnes; et suivant le dernier dénombrement, la population de Paris est de 683,461 personnes.

FIN DES MÉMOIRES.

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LORSQUE leurs majestés l'empereur et le roi de Prusse, en me confiant le commandement des armées, que ces deux souverains alliés ont fait marcher en France, me rendirent l'organe de leurs intentions, déposées dans les deux déclarations des 25 et 27 juillet 1792, leurs majestés étaient bien éloignées de supposer la possibilité des scènes d'horreur qui ont précédé et amené l'emprisonnement de leurs majestés le roi, la reine et la famille royale.

De pareils attentats, dont l'histoire des nations les moins policées n'offre point d'exemple, n'étaient cependant pas le dernier terme que l'audace de quelques factieux, parvenus à rendre le peuple de Paris l'instrument aveugle de leurs volontés, avait prescrit à sa coupable ambition.

La suppression du roi, de toutes les fonctions qui lui avaient été réservées par cette même constitution, qu'on a si long-temps prônée comme le vœu de la nation entière, a été le dernier crime de l'assemblée nationale, qui a attiré sur la France les deux terribles fléaux de la guerre et de l'anarchie. Il ne reste plus qu'un pas à faire pour les perpétuer; et l'esprit de vertige, funeste avant-coureur de la chute des empires, vient d'y précipiter ceux qui se quali

fient du titre d'envoyés par la nation, pour assurer ses droits et son bonheur sur des bases plus solides. Le premier décret que leur assemblée a porté a été l'abolition de la royauté en France; et l'acclamation non motivée d'un petit nombre d'individus, dont plusieurs même sont étrangers, s'est arrogée le droit de balancer l'opinion de quatorze générations, qui ont rempli les quatorze siècles d'existence de la monarchie française. Cette démarche, dont les seuls ennemis de la France devraient se réjouir, s'ils pouvaient supposer qu'elle eût un effet durable, directement opposée à la ferme résolution que leurs majestés l'empereur et le roi de Prusse ont prise, et dont les deux souverains alliés ne se départiront jamais, de rendre à sa majesté très chrétienne sa liberté, sa sûreté et sa dignité royale, ou d'en tirer une justę et éclatante vengeance de ceux qui oseraient y attenter plus long-temps.

A ces causes, le soussigné déclare à la nation française, en général, et à chaque individu en particulier, que leurs majestés l'empereur et le roi de Prusse, invariablement attachés au principe de ne point s'immiscer dans le gouvernement intérieur de la France, persistent également à exiger que sa majesté très chrétienne, ainsi que toute la famille royale, soient immédiatement remises en liberté, par ceux qui se permettent de les tenir emprisonnées. Leurs majestés insistent de même, pour que la dignité royale, en France, soit rétablie, sans délai, dans la personne de Louis XVI et de ses successeurs; et qu'il soit pourvu à ce que cette dignité se trouve désormais à l'abri des avanies auxquelles elle a été maintenant exposée. Si la nation française n'a pas tout à fait perdu de vue ses vrais intérêts; et si, libre dans ses résolutions, elle desire de faire cesser promptement les calamités d'une guerre qui expose tánt de provinces à tous les maux qui marchent à la suite des armées, elle ne tardera pas un instant à déclarer son opi

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