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manque totalement. Sans moyens cependant nous ne pouvons rien, et avec les demandes que vous ferez en notre nom au ministère anglais, et qui probablement seront accueillies, nous pourrons accélérer l'instant heureux que nous desirons. Attendre la réponse de MONSIEUR, pour partir de la Vendée, ce serait reculer fort loin votre départ; vous rendre à la côte et y attendre sa ratification, me paraît concilier nos avis réciproques.

Je vois avec plaisir que l'établissement d'un bureau de correspondance, permanent et délibérant, a été écarté unanimement, et je sens comme vous les influences funestes et dangereuses qu'eût entraînées après lui cet établissement peu réfléchi.

Je ne puis en ce moment envoyer aux agens du roi, ni M. d'Andigné, ni M. Levaillant: il est impossible que le premier puisse s'y rendre; son utilité dans la division où il commande est un obstacle qu'on ne peut rompre sans que l'intérêt général en souffre; le second, contre lequel j'ai des sujets de mécontentement, a quitté mon armée sans dire mot.

A votre passage ici, j'aurai le plaisir de m'entretenir quelque temps avec vous; je vous communiquerai mes vues, et nous résoudrons ensemble les difficultés qui se présentent encore.

J'attends ce moment avec empressement, et suis, mon cher curé, avec un fidelle attachement, votre sincère ami, le vicomte DE SCEPEAUX, gén. en chef. A Bonnœuvre, ce 24 mars 1796.

P. S. Le chevalier de Colbert est parti depuis

quinze jours pour se rendre en Angleterre. Le moment où je pourrai m'entretenir avec vous sera le plus beau de ma vie.

Fonds à prendre sur ceux de l'armée d'Anjou

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et Bretagne, entre la Loire et la Vilaine.

A M. le marquis d'Andigné, capitaine au
régiment de Rohan-Brunswick, à l'ar-
mée de Condé........

A M. le vicomte d'Andigné, à Baroithien,

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1,200 liv.

3,600

1,200

Madame de Princé, à Bareith....

.......

2,000

A M. de Ronzay, sous le nom de Chate-
lais, à Duisbourg, duché de Clèves.
M. de Foitz-Bougard..

3,000

A M. de Goyon des Houlières, à Jersey,
pour M. de Lantivy...............

600

A madame de Morpard, à Essen, en West

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Pour moi, deux cent vingt livres sterling. 5,284

J'autorise M. de la Garde à prendre sur mes fonds le montant des sommes ci-dessus dénommées.

A mon quartier-général, ce 21 avril 1796.

Le vicomte DE SCEPEAUX, général en chef.

Lettre du comte DE CHATILLON, tieutenant général de l'armée DE SCEPEAUX, à M. le chevalier DE LA VIEUVILLE, général de l'armée royaliste, près Saint-Brieux (*).

Mon général, mon cher chevalier me charge de vous dire combien il est fâché de l'incartade du sieur Bodinier; j'en suis aussi fâché que lui. Nous lui avons lavé la tête. Oubliez cette insolence, et trouvez bon, je vous prie, que nous vous le renvoyions quelquefois; nous sommes obligés de nous en servir faute d'autre, et parce qu'il est très actif. S'il faisait quelque nouvelle sottise, quelques jours de prison au pain et à l'eau, dont nous le régalerions, lui apprendraient à conserver le respect qu'il nous doit. Le vicomte de Scepeaux se joint à moi pour vous prier en grâce de nous envoyer, le plus promptement possible, de la poudre, dont nous sommes entièrement dénués, ayant dépensé tout ce qui nous en restait, dans plusieurs combats que nous avons eus depuis votre départ. Nous sommes à présent obligés de nous replier devant l'ennemi, et la connaissance qu'il a de ce dénuement, redouble son audace. Depuis vous avoir vu, nous avons été inondés de colonnes mobiles, qui ont traversé, en se croisant, notre pays sur tous les points. Toutes nos divisions ont été attaquées

(*) Nous plaçons ici cette lettre parce qu'elle est écrite au nom du général vicomte de Scepeaux.

en même temps, ce qui nous a donné bien de l'ouvrage. Voici un instant de relâche, mais qui ne sera peut-être pas long; cependant ils ont tant dévasté, qu'il ne leur reste plus guère de pillages à faire. Jugez de ce que nous avons souffert, de manquer du plus nécessaire pour réprimer cet atroce brigandage. Lorsque vous partîtes, vous nous promites de nous envoyer des munitions; jamais nous ne pourrons en avoir un plus grand besoin; faites-nous en donc passer de suite par des cavaliers sûrs, nous ne pouvons les envoyer chercher pour le moment, nos hommes et nos chevaux étant sur les dents; nous vous en aurons la plus vive reconnaissance. Le vicomte de Scepeaux vous fait amitié et complimens; et moi je vous renouvelle, avec autant de sincérité que de 'plaisir, l'éternel attachement de votre serviteur et bon ami,

Le comte DE CHATILLON, lieutenantgénéral de l'armée de Scepeaux.

A Réallé, ce 6 mars 1796.

FIN DE LA CORRESPONDANCE DE SCEPEAUX.

DU COMTE DE BOTHEREL,

L'un des chefS DE LA VENDÉE.

Lettre du comte DE BOTHEREL, à S. A. R. Monsieur, comte D'ARTOIS.

Il est fâcheux pour moi d'annoncer à votre altesse royale une nouvelle, faite pour lui donner de l'inquiétude, et qui m'en donne beaucoup. Débarqués sur les côtes de Bretagne, le mercredi 16 de ce mois, nous rencontrâmes une patrouille de cinq hommes, sur laquelle nous fûmes obligés de faire feu. On pense que nous en tuâmes quatre; le cinquième cria aux armes. Nous fumes obligés de faire fausse route, et nous n'arrivâmes à la Gouanière, dans le marais de Dol, qu'à huit heures du matin. Les républicains eurent connaissance de notre arrivée; et comme ils avaient su que, peù de temps avant, on avait fait un débarquement de poudre, ils avaient fait venir, pour faire des fouilles dans le clos Poulet, beaucoup de troupes, qu'on rassembla pour venir nous surprendre. Nous en fumes instruits vers midi; nous fîmes route vers l'Ile-Mer. Au moment où nous allions pour passer

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