Page images
PDF
EPUB

nos craintes n'ont malheureusement pas été mal fondées.

Toutes les causes des événemens qui nous affligent ne proviennent sûrement que de ceux qui nous ont juré une haine éternelle. Nous ne devons pas être surpris de leur conduite; il y a long-temps qu'ils nous ont appris à les connaître : mais quels que soient nos sujets de plaintes, quelques torts qu'ils aient envers nous, que devons-nous fairedans des circonstances aussi délicates?

Sangez-vous que nous ne sommes plus un parti isolé; QUE NOUS TENONS A TOUS LES ROYALISTES DE LA FRANCE; que nos démarches dépendent d'une décision générale.

Où nous mèneront les moyens que vous semblez, adopter? A une déclaration formelle de guerre qui, ou nécessiterait nos amis à se battre, et qui le fesant dans ce moment n'auront pas les ressources suffisantes, ou qui, s'ils ne le peuvent absolument, laisseront tomber sur nous tout le poids des forces qu'avec le temps nous pouvons nous partager: alors quelle terrible conséquence! Mais, me direzvous, le remède? J'avoue que c'est une réponse épineuse; mais je vais vous ouvrir mon cœur.

Est-il donc absolument impossible de contenir le peuple et de le détourner de ces rassemblemens qui effraient les républicains? Je vois que dans bien des cantons on y réussit; pourquoi chez vous n'y parviendrait-on pas? Que s'ensuivrait-il si l'on prenait cette mesure? que l'on ôterait d'abord

que,

tout prétexte d'excuse aux républicains, et leur méfiance étant moindre, nos affaires n'éprouveraient pas les entraves qui nous genent et qui finiront peut-être par nous être funestes.

Vous direz qu'il n'y aurait plus d'inconvéniens. Je ne me permettrais pas cette assertion; mais s'ils ne pouvaient être que ceux que l'on peut tolérer, les choses n'en iraient pas moins leur train.

En politique, les extrêmes sont les points de vue où l'on se fixe. Les détails ne sont rien. Ils n'affectent que ceux qui voient momentanément les choses. Quelque malheureuse que soit la mort de quelques hommes, que sont quelques particuliers contre la France entière?

Voilà quelle doit être notre manière de voir. Quelque douloureux qu'il soit pour nos cœurs de dissimuler...... nous y sommes contraints, et la nécessité partout est une loi irrévocable.

MM. de Boishardy et de Chantreau sont dans les mêmes sentimens, et nous invitent à ne pas nous écarter de nos projets et de nos plans de pacification.

Nous sommes avec l'estime et l'union la plus sacrée

Signé, CORMATIN, BOISHARDY,
DE CHANTREAU, JARRY.

La suscription de l'enveloppe est :

« A Messieurs les membres du conseil du Mor

« bihan. »

Rapport fait par le général de brigade HUMBERT, aux représentans du peuple GRENOT et BOLLET

A Rennes, ce 6 prairial, l'an 3me de la

république francaise, une et indivisible.

CITOYENS REPRÉSENTANS,

Depuis que j'ai été chargé de la mission d'accompagner les chefs de Chouans dans les départemens insurgés, il a été de mon devoir de vous rendre compte de la situation et de la disposition des habitans de ces pays, ainsi que de la conduite des chefs; et je crois avoir rempli cette tâche.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

Je dois également vous instruire, qu'au mépris de la pacification qui aurait dû faire rentrer tous les insurgés dans le devoir (puisque les chefs ont reconnu la république et promis de ne jamais prendre les armes contre elle), le désarmement • a redoublé plus que jamais, et ceux-ci ne m'ont « jamais paru y porter remède, non plus qu'aux mauvais traitemens que l'on a fait essuyer, tant aux officiers municipaux des campagnes et autres membres et soutiens de la république, ou en général à tout ce qui a été reconnu pour patriote. Cormatin, entre autres, me dit, il y a quelques jours, que, s'il recommençait la guerre, il cou< perait toutes les communications, empêcherait ⚫ les provisions d'arriver en ville, et qu'en levant le doigt, la Bretagne était à lui, "

[ocr errors]

Ces propos, ainsi que la conduite qu'il a tenue.

depuis la paix, m'ont tellement inspiré de méfiance sur le compte de Cormatin et des différens acolytes qu'il s'est choisis, qu'en parcourant depuis les mêmes départemens, j'ai prévenu les différens chefs que j'ai rencontrés, ainsi que les paysans, et principalement la jeunesse de Rennes et d'autres lieux, que les étrangers qui se trouvaient dans les Chouans, et qui s'en étaient proclamés les chefs, ne pouvaient avoir d'autres desseins que de satisfaire leur cupidité ou ambition particulière, et de sacrifier leur pays pour y parvenir; qu'ils aient à s'en méfier; que le spectacle de la Vendée devait leur servir d'exemple, ainsi que la scélératesse des Anglais, qui n'ont jamais eu d'autre but que d'allumer parmi nous le flambeau de la guerre civile.

Salut et fraternité,

Le général de brigade, HUMBERT.

1

FIN DE LA CORRESPONDANCE DE CORMATIN.

[ocr errors][merged small]
« PreviousContinue »