Page images
PDF
EPUB

Tous les braves Vendéens la desirent, et prodigueront pour elle le sang que la rage de nos ennemis a jusqu'ici épargné. Votre présence, monseigneur, est indispensable pour le soutien de la cause. Sans elle, les efforts seront vains, les succès balancés, et le découragement inévitable. Avec elle, l'union se consolide, les cœurs s'enflamment, l'esprit public se vivifie, et la cause triomphe. Daignez donc, en secondant nos desirs, hâter un moment aussi précieux pour nous, que favorable pour les intérêts de votre gloire. C'est alors que nos cœurs sa tisfaits exprimeront, avec toute l'effusion du sentiment, le profond respect avec lequel nous sommes, monseigneur, de votre altesse royale, les très humbles et très obéissans serviteurs ;

Du Lavoir, le 27 janvier 1796.

STOFFLET, BERNIER.

STOFFLET, à M. CHALON, chef de division à Chauzeau.

VIVE LE ROI!

Aussitôt la présente reçue, monsieur, je vous prie de faire passer les proclamations (*) aux adresses ci-incluses; vous ferez votre rassemblement de suite, en l'ordonnant pour le bourg de Nevi. Je ne doute nullement qu'avec votre zèle et votre activité, vous ne remportiez une victoire

(*) Cette proclamation se trouve ci-après.

complète sur les ennemis de votre religion et de votre roi.

Je suis, en espérant de vous la plus grande diligence, monsieur, votre affectionné serviteur, STOFFLET.

P. S. Vous signerez les adresses et les proclamations, et en remettrez aux soldats que vous ferez prisonniers, en leur déclarant qu'on n'en veut qu'aux chefs de la république.

Le petit livret est pour les républicains, et la feuille pour les convocations.

PROCLAMATION DE STOFFLET.

AU NOM DU ROI.

Le général STOFFLET à ses compagnons d'armes.

BRAVES AMIS,

Le moment est venu de vous montrer. Dieu, le roi, le cri de la conscience, celui de l'honneur, et la voix de vos chefs vous appellent au combat.

Plus de paix ni de trève avec la république. Elle a conspiré la ruine entière du pays que vous habitez. Vous enchaîner sous ses loix barbares, vous associer à ses crimes, arracher de vos mains le fruit de vos travaux, vos grains, vos subsistances, vos dernières ressources; tels sont ses projets. Vous abandonner pour quelques jours pour écraser, par la masse entière de ses forces, vos compagnons d'armes, et revenir ensuite subju

guer, vexer, affamer, désarmer vos contrées, tel est son but.

Mais le souffrirez-vous? Non. Les braves soldats que pendant deux années j'ai conduits au combat, ne deviendront jamais républicains. Jamais le déshonneur ne flétrira les lauriers qu'ils ont moissonnés.

Ressaisissez donc, avec l'énergie dont vous êtes capables, ces armes terribles que vous ne déposâtes qu'en frémissant: volez au combat, je vous y précéderai; vous m'y distinguerez aux couleurs qui décoraient Henri IV à Yvri. Puissent-elles être pour nous, comme pour lui, le signal de la victoire! Vive le roi Louis XVIII !

Signé, STOFFLet.

FIN DE LA CORRESPONDANCE DE STOFFLET.

INTERROGATOIRE DE STOFFLET

ET DE CINQ INDIVIDUS ARRÊTÉS AVEC CE CHEF DE ROYALISTES.

Ce jourd'hui, 5 ventose, an quatre de la république, etc.

Le conseil militaire, convoqué par ordre du général de brigade Baillot, commandant la 5°. subdivision de l'Océan, à l'effet de juger les nommés Stofflet et ses complices, a procédé à leur interrogatoire, ainsi qu'il suit :

[ocr errors]

Interrogé de ses nom, prénoms, âge, qualités et demeure? — A répondu s'appeler Nicolas Stofflet, âgé de 44 ans, natif de Lunéville, département de la Meurthe, cidevant province de Lorraine; qu'il a servi pendant 18 ans, après lequel temps il s'est retiré à Maulevrier, département de Maine et Loire."

[ocr errors]

Interrogé ce qu'il faisait au pays de Maulevrier? A répondu avoir servi en qualité de garde - chasse, jusqu'à l'époque de la révolution; que depuis, il a fait la guerre, en prenant les armes contre la république, jusqu'au moment que la pacification fut faite entre lui et les représentans du peuple.

Interrogé, si depuis la pacification faite avec les représentans, il n'a pas repris les armes contre la république, et s'il n'a pas, par une proclamation qui a la date d'environ un mois, engagé tous les royalistes et habitans du pays insurgé, à se réunir à lui pour marcher contre les républicains? A répondu, qu'oui; parce qu'on n'avait pas tenu les conditions de la pacification, passée avec les représentans du peuple à Monglande.

Interrogé au nom de qui il combattait contre la république ? A répondu que c'était au nom du roi, c'est-à

dire, du premier homme qu'on aurait pu mettre sur le

trône.

Interrogé s'il n'a pas provoqué la dissolution des armées républicaines, en faisant proposer aux chefs de cantonnemens ou garnisons, des appointemens considérables, s'ils voulaient passer au service du roi, sous le commandement de lui Stofflet? A répondu que non; d'ailleurs, ajoutet-il, où voudriez-vous que j'aie pris de l'argent.

Interrogé en quelle qualité il commandait dans les armées royales? A répondu, en qualité de commandant, depuis le commencement.

Interrogé de nous dire les noms des principaux chefs qui servaient sous son commandement ? A répondu, qu'ils se nommaient Nicolas, de la commune de Cholet; Nicolas Blin, de Tousol; Guichard, de Soloire.

Interrogé si, lorsqu'il a été arrêté dans la commune de la Potevinière, il n'avait pas le dessein, avec le rassemblement qu'il avait ordonné, d'attaquer les postes, et sur lesquels il avait jeté ses vues? - A répondu qu'oui, et d'attaquer le poste qu'il aurait cru le plus faible; et que le rassemblement qu'il avait fait, pouvait monter à 300 ou 400

hommes.

Interrogé quelles fonctions remplissait Bernier, ci-devant curé ? Celle de commissaire général, et que sa demeure habituelle était au Lavoir.

[ocr errors]

Interrogé où il prenait ses munitions, s'il n'avait pas des agens dans les villes environnant le pays insurgé, ou dans celles qui sont au milieu du pays occupé par les troupes républicaines? A répondu qu'il les achetait du premier venu, c'est-à-dire, des habitans du pays, qui s'en procuraient dans différens endroits; qu'il n'avait point d'agens dans les villes environnant le pays insurgé; que la poudre qu'il achetait n'était point en cartouches.

Interrogé quelles fonctions remplissaient auprès de lui les cinq autres accusés? A répondu qu'ils n'en remplis

« PreviousContinue »