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rez-vous la guerre? ils fuiront tous; aucun d'eux ne se procure d'armes, et ne se dispose à agir. Vous devez savoir la conduite que plusieurs de ces messieurs ont tenue à votre égard, lorsque Charette les somma de vous quitter. Les émigrés qui sont avec vous sont incapables de former aucun rassemblement; s'ils continuent à influencer le conseil, vous pouvez être assuré de voir échouer les opérations, parce que vos anciens officiers se disposent à se retirer. Il sont fâchés de voir que la correspondance, l'or et l'argent, les honneurs et les dignités, soient entre les mains de tous ces messieurs, dont quelques-uns les regardent déjà du haut de leur grandeur. Je ne crois pas, général, que ces mêmes hommes fassent jamais de grandes choses pour le pays et pour vous. On ne doit se fier qu'à ceux qui ont donné des preuves de ce qu'ils sont. Tous les jours, cependant, on tient conseil au Lavoir; on délibère, on discute, on réglera aussi, j'espère: alors il faudra que nous agissions et que nous allions à la distribution des coups de fusil. Général, vos officiers desirent voir tenir le conseil; mais ils veulent y voir ceux qui y ont droit.

Général, il n'y a point assez de secret dans votre conseil; des métayers, des domestiques savent que vous avez reçu de l'or, par les émigrés; que vous avez des relations avec les princes: cette conduite vous compromettra et tout le pays, en engageant la guerre avant qu'on ait les moyens de la faire, et qu'on se soit concerté avec les autres armées.

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Les émigrés devraient cacher leurs noms et leurs qualités; s'abstenir de prendre leurs titres, jusqu'à ce que les circonstances le leur permissent. Lorsque les républicains auront asservi le pays de Charette et de Sapinaud, soyez persuadé qu'ils vous reprocheront d'avoir caché ces messieurs et qu'ils agiront en conséquence. Que ferons-nous alors?

Voilà, général, une partie des réflexions que j'avais à vous faire; je desire que vous les preniez en considération, vous serez alors convaincu de la pureté des vues, et de l'attachement respectueux et inviolable de celui qui ne cessera d'être, général, votre très soumis.

Le 10 décembre 1795.

CHARLES.

Lettre d'envoi d'un cadeau fait à STOFFLET, par la femme DUPUY,

GÉNÉRAL,

Saint-Bonnet, ce 14 décembre 1795.

Mon mari, porteur de la présente, vous remettra un petit paquet contenant une paire de gants que je me suis fait un plaisir de vous faire; comme je n'avais point de modèle, c'est ce qui me fait craindre qu'il y manque quelque chose : si tout au contraire le hasard veut que je ne me sois point trompée, je serai satisfaite. Je desire, général, que vous les receviez avec autant de plaisir que j'en ai à vous les offrir, ainsi que le couteau que je joins à mon faible présent.

Fasse le ciel que vous ayiez le tout en bonne santé, et croyez moi avec le plus sincère attachement, général, votre très humble et très obéisDUMAS-DUPUY.

sante servante.

Lettre de STOFFLET au général HOCHE.

Movenzière, 5 frimaire, an quatrième de la république.

GÉNÉRAL,

Conformément à ma dernière lettre, je prie le citoyen Martin, qui veut bien se rendre à Nantes, de vous demander le jour, le lieu et l'heure à laquelle aura lieu la conférence. Utile au bien général, sous tous les rapports, elle sera précieuse à mon cœur, par la connaissance que je ferai de vous. J'y conduirai quelques amis qui m'entourent, et qui partagent avec moi les sentimens que vous me connaissez. Accélérons, s'il est possible, ce moment; il vous offrira des hommes aussi long-temps calomniés, que peu dignes de

l'être.

Je vous prie de vouloir bien charger le citoyen Martin de votre réponse; fidèle à ses engagemens, et animé du desir de procurer le bien, en conservant la paix, il mérite à tous égards la confiance des hommes faits pour apprécier ses sentimens. Salut, paix et amitié.

STOFFLET.

Lettre commune de STOFFLET et BERNIER, au général HOCHE.

Movenzière, 12 frimaire an quatrième de la république.

GÉNÉRAL,

Je viens d'éprouver une nouvelle satisfaction : elle est bien douce à mon cœur, parce qu'elle a pour objet le bien général. L'armée, dite du Centre, pénétrée du desir de rétablir la paix, vient de me demander, par l'organe de ses chefs, d'employer près de vous ma médiation, pour arracher cette malheureuse contrée aux maux qu'elle éprouve en

ce moment.

Vous voulez la paix, vous desirez voir les Français unis le moment ne fut jamais plus favorable pour parvenir à ce but. Instruits à l'école du malheur, et convaincus par l'expérience, qu'il n'est qu'un moyen d'être heureux, celui de vivre unis et paisibles, les chefs de cette armée redeviendront ce qu'ils étaient lors de la pacification. Ne négligez donc rien, je vous en conjure, pour parvenir à cette fin salutaire; vous ajouterez à votre gloire l'inestimable honneur d'avoir arraché à la misère et au désespoir des milliers d'individus; un tel bienfait est digne d'un cœur généreux et sensible. Je me hâte de vous présenter l'occasion de vous signaler, en l'accordant. Votre acceptation comblera le plaisir que je ressens de pouvoir obliger des Français; l'exemple gagnera de proche en

proche nous aurons bientôt la consolation de voir la trop malheureuse Vendée adopter définitivement un système de paix et de soumission dont elle n'aurait jamais dû so départir.

J'attends, d'un instant à l'autre, votre réponse pour le jour de notre conférence; mais impatient de rassurer des malheureux, je vous prie de me répondre si vous acceptez l'intervention qui m'est offerte, et de suspendre provisoirement toutes mesures hostiles à l'égard de cette contrée.

Si, comme vous l'annoncez, votre desir est de m'obliger, jamais bienfait de votre part ne peut m'être plus agréable, et jamais reconnaissance ne sera plus durable que la mienne.

Salut, paix, union et amitié.

STOFFLET, BERNnier.

Le général WILLOT, commandant (par intérim) l'armée de l'Océan, à M. STOFFLET.

Montaigu, 14 nivose, quatrième année républicaine.

Je n'ai reçu qu'aujourd'hui, Monsieur, la lettre du général Caffin, qui m'instruit de la prise de M. Duplanti, et de la réclamation que vous en faites, comme négociateur de la paix avec les Chouans. Le général Hoche m'a dit, en me remettant le commandement, qu'il croyait que je pouvais compter sur votre bonne foi; mais il ne m'a pas instruit que vous fussiez chargé de traiter avec

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